Rôle de la religion dans l’harmonisation du droit des pays arabes. Réflexions à propos du droit égyptien et des travaux de la Ligue Arabe - article ; n°2 ; vol.59, pg 259-283
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Rôle de la religion dans l’harmonisation du droit des pays arabes. Réflexions à propos du droit égyptien et des travaux de la Ligue Arabe - article ; n°2 ; vol.59, pg 259-283

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Description

Revue internationale de droit comparé - Année 2007 - Volume 59 - Numéro 2 - Pages 259-283
La religion musulmane a été et reste un des facteurs d’unité politique des Arabes, mais cela n’est pas le cas sur le plan législatif en raison de la vision musulmane du droit selon laquelle Dieu a fait pour chaque communauté une loi qui doit la régir. C’est le système de la personnalité des lois et des juridictions fixé par le Coran. Ce système a pris fin après la création de la Turquie moderne qui abolit les lois et les tribunaux religieux et institua un système législatif et judiciaire unifié régissant tous ses citoyens, quelle que soit leur religion. Mais d’autres pays qui faisaient partie de l’empire ottoman continuent à l’appliquer. C’est le cas de l’Egypte qui, tout en abolissant les tribunaux religieux en 1955, ne parvient pas à unifier les lois des différentes communautés religieuses, des lois forcément divergentes et conflictuelles. La ligue arabe et le Conseil de coopération des pays arabes du Golfe tentent aussi d’unifier le droit arabe, mais en partant du droit musulman. Ceci a pour conséquence le maintien de normes discriminatoires à l’égard des femmes et des non-musulmans.

Islamic religion was and remains one of the factors of political unity of Arabs, but it is not the case on the legislative level because of the Islamic vision of law according to which God made for every community a law that must govern it. This is the system of the personality of laws and jurisdictions fixed by the Koran. This system ended after the creation of the modern Turkey which abolished the religious laws and courts and instituted unified legislative and judicial system governing all its citizens, regardless of their religion. But other countries which were part of the Ottoman empire continue to apply it. This is the case of Egypt which, while abolishing the religious courts in 1955, is unable to unify the laws of the different religious communities, laws which are necessarily divergent and conflictual. The Arab league and the Cooperation council for the Arab States of the Gulf also try to unify the Arab law, but on the basis of the Islamic law. This has for consequence maintaining discriminatory norms towards women and non-Muslims.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2007
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Langue Français

Extrait

R.I.D.C. 2-2007
    RÔLE DE LA RELIGION DANS LHARMONISATION DU DROIT DES PAYS ARABES  RÉFLEXIONS À PROPOS DU DROIT ÉGYPTIEN ET DES TRAVAUX DE LA LIGUE ARABE    Sami A. ALDEEB ABU-SAHLIEH      La religion musulmane a été et reste un des facteurs dunité politique des Arabes, mais cela nest pas le cas sur le plan législatif en raison de la vision musulmane du droit selon laquelle Dieu a fait pour chaque communauté une loi qui doit la régir. Cest le système de la personnalité des lois et des juridictions fixé par le Coran. Ce système a pris fin après la création de la Turquie moderne qui abolit les lois et les tribunaux religieux et institua un système législatif et judiciaire unifié régissant tous ses citoyens, quelle que soit leur religion. Mais dautres pays qui faisaient partie de lempire ottoman continuent à lappliquer. Cest le cas de lEgypte qui, tout en abolissant les tribunaux religieux en 1955, ne parvient pas à unifier les lois des différentes communautés religieuses, des lois forcément divergentes et conflictuelles. La ligue arabe et le Conseil de coopération des pays arabes du Golfe tentent aussi dunifier le droit arabe, mais en partant du droit musulman. Ceci a pour conséquence le maintien de normes discriminatoires à légard des femmes et des non-musulmans.  Islamic religion was and remains one of the factors of political unity of Arabs, but it is not the case on the legislative level because of the Islamic vision of law according to which God made for every community a law that must govern it. This is the system of the personality of laws and jurisdictions fixed by the Koran. This system ended after the creation of the modern Turkey which abolished the religious laws and courts and instituted unified legislative and judicial system governing all its citizens, regardless of their religion. But other countries which were part of the Ottoman empire continue to                                                   Docteuret musulman à lInstitut suisse de droit en droit, responsable du droit arabe comparé, Lausanne. Professeur invité aux Facultés de droit dAix-Marseille III et de Palerme. Dernier ouvrage:Introduction à la société musulmane: fondements, sources et principes, Paris, Eyrolles, 2005 email: saldeeb@bluewin.ch. Site: http://www.sami-aldeeb.com/.
 
260 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARÉ 2-2007
apply it. This is the case of Egypt which, while abolishing the religious courts in 1955, is unable to unify the laws of the different religious communities, laws which are necessarily divergent and conflictual. The Arab league and the Cooperation council for the Arab States of the Gulf also try to unify the Arab law, but on the basis of the Islamic law. This has for consequence maintaining discriminatory norms towards women and non-Muslims.  
    INTRODUCTION   Il est certain que la religion musulmane a été et reste un des facteurs dunité politique des Arabes. Le Coran dit à cet égard : « Rappelez-vous la grâce de Dieu envers vous. Lorsque vous étiez ennemis, il a rallié vos curs. Puis, par sa grâce, vous êtes devenus frères (3:103)1». « Si tu avais dépensé tout ce qui est sur terre, tu naurais pu rallier leurs curs; mais Dieu les a ralliés (8:63) ». Ibn-Khaldoun (d. 1406) explique : « En raison de leur sauvagerie innée, ils [les Arabes] sont, de tous les peuples, trop réfractaires pour accepter lautorité dautrui, par rudesse, orgueil, ambition et jalousie. Leurs aspirations tendent rarement vers un seul but. Il leur faut linfluence de la loi religieuse, par la prophétie ou la sainteté, pour quils se modèrent deux-mêmes et quils perdent leur caractère hautain et jaloux. Il leur est, alors facile, de se soumettre et de sunir, grâce à leur communauté religieuse. Ainsi, rudesse et orgueil seffacent et lenvie et la jalousie sont freinées2». Si le rôle unificateur de la religion est indéniable sur le plan politique, cela nest pas le cas sur celui législatif, hier comme aujourdhui, en raison de la vision musulmane du droit3.                                                       1 Leschiffres cités dans cet article sans autres précisions renvoient au Coran dont nous utilisons notre traduction. 2  IBN-KHALDOUN,Discours sur lhistoire universelle, trad. MONTEIL, Beyrouth, Impr. catholique, 1967, p. 298. 3Pour les développements qui suivent nous renvoyons le lecteur à Sami A. ALDEEB ABU-SAHLIEH,Introduction à la société musulmane: fondements, sources et principes, Paris, Eyrolles, 2005, notamment pp. 15-53.
 
 
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