Epreuve de Synthèse 2008 IPAG
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Examen du Supérieur IPAG. Sujet de Epreuve de Synthèse 2008. Retrouvez le corrigé Epreuve de Synthèse 2008 sur Bankexam.fr.

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Publié le 14 février 2009
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Langue Français

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CONCOURS IPAG 2008   EPREUVE DE SYNTHESE  
Durée : 3 heures  Coefficient attribué à cette épreuve : 3
    Il est demandé au candidat de faire lasynthèse en 450 motsde plus ou moins 10%) de une tolérance  (avec l’ensemble des documents.chaque groupe de 50 mots et indiquer, enLe candidat doit mettre un signe après fin de copie, le nombre total de mots.   La synthèse demandée ne saurait être un résumé successif des différents documents. Elle doit être un texte entièrement rédigé,construit autour d’une problématique posée en introduction, ordonné selon un plan clair et s’achevant par une conclusion. faire référence aux documents (“ le document deIl n’est pas nécessaire 1 précise…, “ Untel s’oppose à… ”).   Au final, le lecteur de la synthèse doit pouvoir comprendre, sans avoir à se reporter aux documents, les enjeux du débat posé par les différents documents.    Nous attirons l’attention du candidat sur :   la nécessité absolue de poser une problématique d’ensemble ensuite d’ordonner de permettant manière logique et nuancée les arguments ;   
 
 l’importance desqualités d’orthographe et de rédaction. 
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  Document 1 :   Les eaux du Nil sont pour l'instant partagées inégalement entre le Soudan (dotation de 18 km3) et l'Égypte (56 km3) en vertu d'un accord international entre les deux pays (1959). L'Éthiopie, véritable château d'eau, fournit 86% du débit annuel du Nil et 95% de ses eaux de crue... mais n'utilise que 0,3% des eaux du grand fleuve. Le barrage d'Assouan s'avère insuffisant : les nouvelles superficies irriguées en Égypte ont permis tout juste de faire face à l'accroissement démographique. Depuis le début de la construction du barrage, la population égyptienne est passée de 30 à 72 millions d'habitants et pourrait atteindre 100 millions en 2025. Avec les nouveaux projets de la “ Nouvelle Vallée ”, les experts estiment que les besoins en eau pourraient atteindre 100 km3 si les charges d'irrigation à l'hectare restent au niveau actuel. La seule solution technique consisterait à construire de nouveaux barrages en amont de la frontière égyptienne et à aménager l'ensemble du bassin fluvial partagé entre dix pays riverains totalisant plus de 300 millions d'habitants... lesquels sont loin de partager ce point de vue. Le Soudan à des projets d'expansion de ses superficies irriguées. L'Éthiopie, dont la population en 2025 devrait dépasser la population égyptienne, tient aussi à tirer profit du Nil et a des projets d'irrigation pour faire face à ses besoins alimentaires. Plus en amont, les pays des “ grands Lacs ” (Ouganda, Kenya, Tanzanie) veulent tirer parti des eaux du lac Victoria qui alimentent le Nil Blanc. C'est la question du partage des eaux du Nil qui est donc posée. On mesure l'ampleur du problème égyptien : le pays ne peut pas compter sur des dotations supplémentaires et la réalisation des projets des pays en amont risque même de diminuer les quantités dont le pays peut disposer actuellement. Cette question alourdit considérablement les relations interétatiques notamment avec l'Éthiopie. Sous les auspices de l'Agence pour le développement des Nations unies, une structure de concertation a été mise en place en 1999 : “ l'initiative du Bassin du Nil ”. Elle a pour l'instant le mérite de rassembler les pays riverains à l'occasion de forums de réflexion, sans pour autant régler les problèmes pressants du partage des eaux du grand fleuve.  V. Thébaut et Alii :Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient, Nathan, 2006   Document 2 :    Les menaces de pénurie sont renforcées par la constante augmentation des besoins. Alors que la consommation de la population (4 %) et celle de l'industrie (7 %) sont en forte hausse, du fait de la croissance démographique et urbaine, de l'élévation du niveau de vie et du développement industriel et touristique, l'agriculture continue d'utiliser 80 % des ressources pour l'irrigation par submersion, laquelle entraîne un énorme gaspillage. Ces dernières décennies, l'intégration croissante de l'économie espagnole à l’Europe a encore favorisé le développement de nouveaux périmètres, valorisant l'avantage thermique dont dispose le sud pour se spécialiser dans des productions agricoles de masse à faible coût de production : ainsi, 3,5 millions d'hectares irrigués, soit 16% de la surface agricole utile, produisent 60% de la valeur agricole totale (fruits et légumes, céréales, riz, coton et canne à sucre). Pour remédier à cette situation, Madrid a lancé en 2000 un vaste plan hydrologique. L'objectif est d’atténuer les disparités régionales en assurant une meilleure répartition de l'eau sur l'ensemble du territoire. Le plan hydrologique national préconise la modernisation de l'irrigation et la remise en état des canalisations (20 % de l'eau est perdu du fait de canalisations défectueuses). Il insiste également sur le développement de l’assainissement et de l'épuration des eaux, la prévention des inondations et la restauration hydrologique forestière. (...)  - 2 -
Le coeur de ce plan hydrologique repose sur le transvasement de 1 milliard de mètres cubes annuels de l’Ebre, qui traverse cinq régions du Nord, vers les zones déficitaires du littoral méditerranéen (Valence, Murcie, Almeria, l'Andalousie...). (...) Si tout le monde s'accorde, en Espagne, pour admettre désormais que le développement économique et agricole de ces dernières décennies a négligé les questions environnementales et hydrologiques, l'accord est loin d'être établi sur les solutions à mettre en oeuvre.  L. Carroué : “ Les canaux de la discorde ”,Alternatives économiques, janvier 2002    Document 3 :   Un constat : la dotation en eau ne devrait pas changer à moyen terme, mais les hommes seront plus nombreux ; par conséquent, la dotation par homme va diminuer au cours du XXIe siècle. Par ailleurs, ce qui importe, c’est que la répartition en eau ne suit pas la répartition des hommes : certaines zones sont bien pourvues, d’autres au contraire sont en déficit (rapport besoins/ offre). Sur les 1,435 milliard de m2 d’eau de la planète bleue, 97% est de l’eau de mer et seul 3% de l’eau existante est douce. L’eau douce est répartie comme suit : 69% pour les glaciers, 30,7% pour les nappes d’eau profondes, 0,3% pour l’eau superficielle.  Il s’agit d’une eau recyclée en permanence, mais qui connaît plusieurs fluctuations et des oscillations. D’après l’UNESCO et la FAO, chaque homme dispose (en 1990) de 6700 m3 d’eau par an. Or, d’après les prévisions démographiques, ce chiffre devrait baisser et atteindre 4 800 m3 vers 2025. Cependant, la disponibilité en eau varie considérablement selon les régions du globe : un Canadien dispose d’environ 94 000 m3/an, un Israélien de 270 m3, un Maltais de 80 m3. Au sein d’un même Etat, les disparités sont marquées : la partie nord de l’Espagne tournée vers l’Atlantique dispose de 4 000 m3 d’eau par habitant et par an, alors que la partie méditerranéenne n’en a que 900 m3. Par ailleurs, on estime qu’entre 1 000 m3 et 1 600 m3, des stress hydriques saisonniers peuvent apparaître, et qu’entre 500 et 1000, le stress hydrique pose de véritables problèmes. En dessous de 500, c’est la catastrophe, sauf recours à des techniques correctives.  L’absence de ressources est d’autant plus préjudiciable qu’un Etat est pauvre. Or, environ 2 milliards d’hommes sont dans ce cas et l’on estime que ce chiffre pourrait s’élever à 4 milliards d’ici 30 ans. Malgré l’apocalypse annoncée, on peut toutefois espérer que la situation ne va pas continuer à se dégrader car l’espèce humaine a su s’adapter et innover. Les conséquences sont cependant multiples. L’un des premiers problèmes concerne l’accès à l’eau potable. Dans certaines régions d’Afrique, la situation est dramatique, car l’accès n’est pas continu dans le temps. Dans une ville des environs d’Alger, par exemple, l’accès à l’eau n’est possible que 3 heures chaque semaine. Un autre problème concerne les maladies liées à l’eau. Le choléra est présent dans 58 pays et tue environ 30 000 personnes par an. Mais la dysenterie est bien plus mortelle (3 millions par an) ainsi que la bilharziose (1 million par an). Or, l’introduction de l’irrigation dans certaines régions en Afrique noire se traduit également par un développement de la bilharziose (qui s’attrape dès la plus tendre enfance).  La dégradation par les aménagements est réelle. Toutes les prises d’eau sont affectées par les rejets de produits phytosanitaires, d’engrais et par la pollution. Le problème est bien connu en Bretagne, puisqu’il devient un enjeu de santé publique en étant à l’origine directe de décès. En Beauce, la nappe phréatique s’est effondrée : le niveau supérieur est passé de 101 m de profondeur en 1960 à 120 m en  - 3 -  
2000. Des pompages importants ont été effectués et continuent d’être opérés. Les exploitants agricoles, moyennant une redevance de 200 euros par an, ont l’autorisation de pomper de l’eau à volonté. Cette eau réintègre les nappes mais elle est "enrichie" d’engrais azotés ce qui explique que la nappe se réduise et qu’elle soit polluée. Une résurgence du Loiret rejette aujourd’hui un bouillon infâme. Le Texas est devenu un grand producteur de céréales et la productivité est élevée grâce à la présence de l’irrigation provenant d’une nappe très étendue dans laquelle les agriculteurs ont pompé avantageusement. Or, en l’espace de 30 ans, cette nappe a perdu 20 % de son étendue. La nappe du Texas, appelée autrefois la mer du Texas quand elle s’étendait sur 2500 km du Nord au Sud, a aujourd’hui régressé de 300 km au Nord et 200 km au Sud. Les fermiers texans sont persuadés qu’ils peuvent ravitailler le monde entier en céréales mais dans 20 ans, ils n’auront plus d’eau car la nappe est en voie d’épuisement. Les aménagements ont parfois des effets pervers : citons les déplacements humains provenant de la construction de barrages mais aussi les prélèvements excessifs du secteur agricole. Le cas du lac Tchad est moins connu que celui de la mer d’Aral mais partage avec cette dernière un triste record : il a perdu les 3/4 de sa surface en 20 ans. Des prés et des pâturages ont surgi à la place de l’eau modifiant les pratiques des habitants, agriculteurs ou pêcheurs.  L’eau est un enjeu majeur : elle est source de conflits. D’une part, une concurrence se fait entre les usagers : industrie, agriculture, consommation urbaine. Si les superficies irriguées ne composent que 15% des surfaces cultivées dans le monde, elles représentent 50 % de la valeur ajoutée par l’agriculture. Tous les produits délicats sont cultivés avec de l’eau pompée par ailleurs mais cette économie est condamnée à terme, comme le prouve le cas des huertas en Espagne, disparues au profit de la ville de Murcie. A l’échelle mondiale, l’agriculture utilise 70 % de l’eau, l’industrie 22 %, et les villes 8 % mais la proportion va s’inverser et les villes utiliseront 15 % dans les décennies à venir. Ainsi en Egypte, l’irrigation est concurrencée par le développement urbain du Caire. La ville prélève une partie de son eau dans le fleuve et cela se traduit par une diminution du déversement du Nil dans la Méditerranée car la population du Caire est passée de 3 millions d’habitants en 1960, à 14 millions en 2000. Les villes assèchent leurs alentours et c’est particulièrement sensible notamment dans le monde méditerranéen. (…)  L’accès à l’eau se traduit par de profondes inégalités. Dans les grandes villes d’Afrique, l’accès constant à l’eau n’est réservé qu’à une minorité de la population. Au Sénégal, en Tunisie, au Burkina Faso, les quartiers des ambassades, les hôtels internationaux ne connaissent pas de problème d’eau. Dans un quartier bourgeois de Dakar, on peut disposer 24h/24 de l’eau au robinet. Dans les quartiers plus modestes, on dispose d’un robinet par étage ; dans les quartiers pauvres où habitent 80 % de la population, l’eau est dans la rue, distribuée par des robinets. De longues files de petites filles font la queue pour une calebasse d’eau. On parle de “ robinet-bagarre ” car les femmes, épuisées par les files d’attente au soleil, se battent souvent entre elles.  Peut-on mieux utiliser l’eau ? Des expériences menées dans le Vaucluse ont démontré l’intérêt d’irriguer par aspersion (1100 m3/an) plutôt que par gravité (1700 m3). Une autre méthode est encore moins gourmande : l’irrigation capillaire (700 m3) mais l’équipement goutte-à-goutte coûte beaucoup plus cher qu’un processus classique. Le changement technique est donc source de progrès, mais celui-ci a un coût très élevé. Seuls les États riches peuvent se payer ces techniques et ces équipements. Faire payer l’eau permet de limiter les gaspillages. Cependant, payer l’eau entre en contradiction avec certaines croyances : l’eau est un don de Dieu dans le droit coranique et ne peut donc être monnayée. Or, il ne faut jamais négliger le contexte culturel.  On a fait un choix au Burkina Faso : plutôt que de payer de l’eau pour cultiver du riz sur de grands périmètres à un coût supérieur au cours mondial, certaines coopératives ont remplacé le riz par le  - 4 -
haricot vert. C’est une bonne idée mais il n’est payé qu’un centime le kilo au producteur alors qu’il est vendu 2 à 3 euros sur le marché européen. Les producteurs n’ont ni la maîtrise du marché, ni celle du milieu. Les modifications génétiques sont des pistes intéressantes. L’amélioration génétique des plantes permettrait de réaliser des économies : il est possible de planter des céréales en sec dans des zones moins humides. Mais en raison du moratoire imposé en Europe, les Etats-Unis sont en train de renforcer leur avance sur les OGM. A Malte, on dessale l’eau de mer comme dans la péninsule arabique, mais l’eau coûte 1 $ le m3. Cela est possible dans les pays riches et pour un usage urbain mais ce n’est pas utilisable pour l’agriculture dans les PED.  Et les icebergs ? On a essayé, un iceberg grand comme la Corse a rétréci et a dû être scié pour passer le Golfe Persique ; il en a coûté 20 $ le m3. En Turquie, dans le golfe d’Adana, deux petits fleuves ont beaucoup d’eau car la région reçoit beaucoup de précipitations. La Turquie et Israël ont inventé des tubes de 1 km de long avec 30 000 m3 d’eau, remplis en Turquie et transférés à Haïfa, mais le procédé est cher et les tubes se cassent facilement quand la mer est agitée. Une autre solution serait l’eau de l’aqueduc de la paix qui pourrait traverser la Syrie pour arriver en Israël.  Conclusion : un droit de l’eau a été préparé par le Club d’Helsinki mais il est confus, il n’y a pas de droit international ; on s’accorde entre pays au cas par cas soit par partage, soit par prime au premier utilisateur. La seule solution reste les transferts de techniques et de capitaux du Nord riche vers le Sud pauvre, en quantité suffisante et non au compte goutte. Il faut donner aux gens du Sud la possibilité de vivre chez eux. L’émigration va se renforcer si on n’intervient pas par des transferts et une aide financière large.  Conférence de Jacques Bethemont, café géographique de Mulhouse, 7 mai 2003   Document 4 :  Les experts du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) placent au premier rang des conséquences du réchauffement les difficultés d'approvisionnement en eau. Or dix grands fleuves, dont le Danube, le Nil et le Gange, sont menacés par la surexploitation et la pollution.  Ce sont dix fleuves, répartis sur tous les continents. Leurs noms évoquent la force des flots s'écoulant vers la mer. Pourtant ils sont affaiblis, pollués et pillés. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) les désigne comme les “ dix fleuves les plus en danger au monde ”,dans un rapport sorti fin mars. Ils constituent “ les meilleurs exemples des menaces qui pèsent sur tous les cours d'eau ”, explique Jamie Pittock, directeur du programme eau douce de l'organisation écologiste. “ Il y a aujourd'hui une focalisation de la communauté internationale sur l'accès à l'eau potable, qui pose la question des infrastructures d'approvisionnement des populations, poursuit M. Pittock. Si rien n'est fait, nous risquons le crash sur la ressource naturelle elle-même ”. A l'avenir, les besoins en eau seront en hausse et les quantités utilisables en baisse. Déjà, 40 % de l'humanité vit dans des zones confrontées au stress hydrique. La population mondiale, de 6 milliards aujourd'hui, devrait atteindre 9 milliards en 2050, pour le même volume d'eau. Dans le même temps, si rien n'est fait, sa qualité sera altérée par de multiples sources de pollution. Et les conséquences du réchauffement climatique pèseront. Les scientifiques du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), réuni jusqu'au 6 avril à Bruxelles pour étudier les conséquences du réchauffement, placent au premier rang les difficultés d'approvisionnement en eau. Ils prévoient “ une augmentation de la disponibilité dans les latitudes élevées et certaines zones tropicales humides et une baisse sous les latitudes moyennes et les 5 -- 
zones tropicales sèches, qui sont déjà des “ zones de stress hydrique ”. Les sécheresses et les épisodes de précipitations intenses seront plus nombreux. Les volumes d'eau stockés dans les glaciers et la neige en altitude baisseront, ce qui réduira les débits au printemps et à l'automne. Les besoins pour l'irrigation des cultures augmenteront. L'ampleur de ces phénomènes dépendra bien sûr de l'intensité du réchauffement. Ce dernier n'est pas seul en cause. Les grands fleuves, leurs affluents, les zones humides, nappes souterraines et lacs qui y sont associés subissent des dégradations multiples, liées à leur surexploitation par l'homme, auquel ils rendent de multiples services. 70 % de l'eau douce prélevée sont utilisés pour arroser des terres irriguées, qui produisent 40 % de l'alimentation mondiale. Les poissons d'eau douce constituent aussi une source importante de protéines pour les populations pauvres du sud de la planète. Les grands fleuves sont aussi utilisés comme voies de transport et fournissent de l'énergie. L'hydroélectricité représente 17% de la production mondiale, autant que le gaz et le nucléaire. Ils rendent également des services, moins visibles mais précieux, comme l'épuration de l'eau et l'irrigation grâce aux crues, et abritent une part importante de la biodiversité. Dans son rapport, le WWF classe les causes de dégradation en catégories distinctes. Mais, la plupart du temps, les menaces s'accumulent sur un même fleuve, leurs effets se conjuguent et s'amplifient mutuellement. Les barrages, les canalisations et les digues entraînent de multiples dommages. En modifiant l'habitat naturel des espèces, ils fragilisent la biodiversité, tout comme la surpêche et l'invasion d'espèces exotiques. L'assèchement de zones humides supprime aussi d'utiles “ éponges ” en cas de crue. “ On ne doit pas forcément arrêter la construction de barrages, mais on ne peut plus les mettre n'importe où ”, affirme Denis Landerbergue, responsable du programme zones humides du WWF. L'organisation recommande d'en construire seulement sur les affluents, de limiter leur taille et de prévoir des aménagements pour préserver la circulation de la faune. Les barrages freinent aussi l'évacuation des polluants accumulés dans les fleuves, qui jouent souvent le rôle de décharges et d'égouts. Le Yangtsé (Yangzi Jiang) en est le meilleur exemple. Bien qu'il alimente 40 % du territoire chinois et fournisse l'eau nécessaire à 70 % de la production rizicole, 25 milliards de tonnes d'eaux souillées urbaines et industrielles y sont déversées chaque année. Ce type de contamination menace tous les cours d'eau de la planète. Avant son rejet dans le milieu naturel, l'Afrique traite moins de 10 % de son eau, l'Amérique latine 14 %, l'Asie 25 %, contre 66 % pour l'Europe et 90 % pour l'Amérique du Nord. Au total, 2,4 milliards de personnes ne disposent pas d'un assainissement de base. Mais le plus fort risque pour les grands fleuves est tout simplement leur assèchement. Quatre présentent les signes typiques des fleuves surexploités : le Rio Grande, le Gange, l'Indus et le Nil. Ils ont parfois du mal à rejoindre la mer. Des pratiques agricoles inadaptées sont en cause. (…) Les solutions techniques existent : réduction de l'impact des constructions, quotas de pêche, construction de stations d'épuration des eaux usées, etc. L'agriculture est en première ligne. Selon de nombreux experts, elle doit désormais effectuer une “ révolution bleue ”, après la révolution verte, qui permit une formidable augmentation des rendements grâce à la chimie et à la sélection variétale. Des techniques d'irrigation plus efficaces doivent être généralisées. Cela pourrait ne pas suffire. “ Il s'agit de penser l'implantation des cultures en fonction des quantités d'eau disponibles, et non l'inverse ”, résume le journaliste anglais Fred Pearce, dans son ouvrage Quand meurent les grands fleuves (Calmann-Lévy, 2006).  Aucune de ces solutions ne peut être mise en oeuvre sans moyens, ni surtout sans la volonté politique d'imposer de nouvelles règles de partage de l'eau. Remettre en question des usages anciens, en particulier agricoles, se révèle souvent extrêmement difficile, même quand le dialogue entre les différents usagers de l'eau est rodé, comme c'est le cas dans les pays riches. Or, dans la plupart des pays en développement, ces instances de dialogues n'existent même pas.
 
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Source d'antagonisme au niveau local ou national, le partage de l'eau peut devenir conflictuel quand plusieurs pays sont concernés. Deux grands fleuves sur trois sont partagés entre plusieurs nations. Les motifs d'affrontements sont donc nombreux. “ A mesure que la pénurie va s'aggraver, les tensions iront croissant, note M. Landenbergue. Il est difficile de prévoir jusqu'à quel point. Nous ne connaissons pas aujourd'hui de véritable guerre de l'eau, mais des tensions entre les gouvernements, les ministères. ” Pour les plus optimistes, l'eau sera au contraire, à l'avenir, un facteur de coopération. “ Même si les espaces de conciliation sont difficiles à mettre en place, il n'y a pas d'alternative, juge M. Landenbergue. Aucune solution ne fonctionnera, nulle part, si elle n'est pas négociée et mise en oeuvre par-delà les frontières sociales, économiques et politiques. ”.  Gaëlle Dupont,Le Monde, 06.04.07   Document 5 :   L'explosion de la consommation, l'existence de pénuries qui s’aggravent, la nécessité de capter, purifier et assainir l'eau, font prendre conscience de la valeur de cette ressource, un bien rare, cependant longtemps considéré comme ne l'étant pas, pour des raisons d'équité, de droit, de tradition ou de religion. Ce n'est qu'à partir de 1992 (conférence internationale de Dublin) que la dimension économique de l'eau a été renforcée pour en faire une véritable marchandise soumise à production et à distribution. Les grands aménagements hydrauliques, les usines de production et de traitement des eaux sont autant de structures qui nécessitent des moyens techniques importants et des investissements considérables pour la production de cette marchandise. À l'exception notable de la France, les services de distribution d'eau et d'assainissement étaient jusqu'à une date récente massivement assurés par des structures publiques.  La population desservie par des opérateurs privés est passée de 90 millions en 1988 à 250 millions en 2000, soit 5 % seulement de la population mondiale. (...) L'activité de traitement de l'eau a permis aux grandes firmes multinationales de dégager d'importants bénéfices, réinvestis le plus souvent dans d'autres domaines. La question du prix est désormais posée par de nombreux experts qui pensent que son augmentation peut être un frein au gaspillage, notamment en matière d'irrigation, où l'eau est souvent vendue à bas prix. Mais l'action par les prix a cependant des limites soulignées par les institutions internationales et les ONG : pénalisation des pays sous-développés, maintien de consommations excessives liées aux niveaux de vie. Comment définir une nouvelle gestion de l'eau ? La volonté d'une action internationale concertée s'est concrétisée par la réunion d'un forum mondial de l'eau à La Haye (Pays-Bas) en 2000 qui a réuni 130 pays. À l'occasion de ce forum, il est apparu que, pour satisfaire les besoins en eau de 6 milliards d'hommes, un doublement des moyens financiers consacrés à la gestion de l'eau s'imposait au cours des 25 prochaines années. Pour certains, ce doublement est financièrement réalisable à condition de développer un plus grand partenariat entre les pouvoirs publics et les entreprises privées, accompagné d'une réforme de l'aide internationale plus favorable aux aménagements. Cette ambition est manifestée dans une charte sociale de l'eau qui énonce quatre principes : l'accès à l'eau est un droit qui doit être garanti pour tous ; le service de l'eau a un coût économique mais aussi social ; une solidarité financière Nord-Sud doit exister ; une gestion commune de l'eau entre décideurs publics et privés doit être développée à toutes les échelles. Par ailleurs, des économies d'eau paraissent indispensables pour éviter des prélèvements toujours plus importants et déséquilibrants. Réduire les gaspillages de la consommation paraît être une nouvelle priorité des dirigeants politiques de la plupart des pays, et ce dans les différents secteurs utilisateurs :  - 7 -  
l'agriculture avec une irrigation plus efficace, l'industrie avec un recyclage et un retraitement des eaux usées, la consommation domestique, en particulier celle des citadins à haut niveau de vie. Au final, l'eau est devenue une matière première stratégique, facteur de puissance, d'instabilité, mais aussi d'espoir. Assurer la paix, lutter contre la soif et la faim seront de plus en plus un seul et même défi.  L. Carroué, D. Collet, C. Ruiz,La Mondialisation, Bréal, Paris, 2005   Document 6 :   Plus de 1,1 milliard d'êtres humains ne bénéficient pas de l'eau potable et 2,4 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires décentes. Cette précieuse ressource semble abondante, mais ses réserves sont réparties de façon très inégale. Alors que quelques pays se partagent 60% des réserves d'eau douce, l'Asie, qui concentre près de 60 % de la population mondiale ne dispose que de 30 % de ces ressources. Le manque d'eau est structurel dans le triangle qui s'étend de la Tunisie au Soudan et au Pakistan. Chaque habitant y dispose en moyenne de moins de 1 000 m3 d'eau douce par an, une situation dite de “ pénurie chronique ”. Le problème de l'eau est aussi qualitatif. Plus sa consommation augmente, plus les rejets d'eaux usées sont importants. Dans les pays en voie de développement, 90 % des eaux résiduaires et 70 % des déchets industriels sont rejetés sans traitement préalable dans les eaux de surface. En conséquence, plus de 5 millions de personnes meurent chaque année de maladies liées à l'eau, soit 10 fois plus que le nombre de victimes tuées dans les conflits. Or, la population mondiale doit passer de 6 milliards d'individus en l'an 2000 à 8 milliards en 2025. La quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an va donc décroître de presque un tiers. Si la tendance actuelle à l'augmentation des prélèvements se poursuit, les Nations unies prévoient que, dans vingt ans, 1,8 milliard d'êtres humains vivront dans des régions affectées par une pénurie totale d'eau et 5 autres milliards dans des régions où il sera difficile de répondre à tous leurs besoins. La situation va aussi s'aggraver en raison de la poursuite de l'exode rural et de la concentration croissante des populations dans les mégapoles. En 2005, 27 des 33 villes de plus 8 millions d'habitants seront situées dans les pays du Sud, ce qui entraînera 40 % d'augmentation de la consommation domestique. Le gaspillage croît avec le niveau de vie des populations : les nombreux équipements qui apparaissent dans les foyers aisés poussent à un usage de l'eau qui n'y est modéré ni par la conscience de sa rareté relative ni par son coût (alors que celui-ci, augmenté par les opérateurs privés, peut s'avérer prohibitif pour des populations pauvres). Les Européens consomment actuellement pour leur usage quotidien 8 fois plus d'eau douce que leurs grands-parents. Un Australien utilise en moyenne plus de 1 000 litres d'eau potable par jour, un Américain de 300 à 400 litres, et un Européen de 100 à 200 litres, alors que dans certains pays en voie de développement la consommation quotidienne moyenne par habitant ne dépasse pas quelques litres. (...) Les solutions purement technologiques à la pénurie d'eau, comme le dessalement de l'eau de mer, n'auront qu'un effet limité en raison de leur coût. Il faut améliorer l'efficacité de l'utilisation, en particulier l'irrigation, rénover les structures de production et de distribution d'eau potable et en reconstruire de nouvelles, préserver les réserves, lutter contre la pollution. (...) Mais les avis divergent sur les remèdes à promouvoir. La “ privatisation ” de l'eau, préconisée par les institutions financières internationales et certains gouvernements, ne concerne encore que 5 % des ressources mondiales. De nombreux mouvements issus de la société civile condamnent cette vision marchande et prônent l'accès à l'eau comme un “ droit fondamental de l'être humain ”, qui doit être  - 8 -
gratuit ou tarifé à prix coûtant. Même dans ces conditions, payer l'eau restera hors de portée des populations les plus pauvres. Le défi est donc double : assurer une gestion rationnelle de l'eau, tout en garantissant aux plus pauvres le droit à cette ressource vitale.  L’Atlas du Monde diplomatique, 2006   Document 7 :   Pour les trois quarts de nos contemporains, qui habitent aujourd'hui en milieu urbain ou semi urbain, l'eau potable ne tombe plus du ciel. Elle coule du robinet, que celui-ci se trouve à la borne-fontaine, au-dessus de l’évier ou, pour les plus riches, dans la salle de bains. Si plus de 1 milliard d'hommes continuent à puiser de l'eau à la rivière, à la citerne ou dans un puits, les cinq autres milliards sont peu ou prou branchés sur l’eau courante. Donc sur un réseau construit de main d’homme. Or cette eau, matière lourde, fluide et délicate, exige des systèmes de production lourds, des réseaux étanches et des contrôles sanitaires constants pour être distribuée au robinet. Aucun particulier, aucune petite entreprise ne peut s'en charger. La distribution d'eau potable et le traitement des eaux usées relèvent toujours d'une démarche collective, qui fait appel à de lourds investissements. Dans les pays industrialisés, les grandes villes ont en général les moyens financiers et techniques pour se doter d'un réseau et l’exploiter elles-mêmes. Dans les pays émergents ou en développement, les grandes villes font appel au budget de l’Etat ou à l’aide internationale. Car, en matière d'eau, le rendement des capitaux investis est à très long terme. L'essentiel de l’eau courante, cependant, est aujourd'hui destinée à l’irrigation, qui absorbe les trois quarts de la ressource. Or les réseaux d'irrigation, eux aussi, nécessitent des travaux lourds, coûteux, qui ne peuvent être entrepris que par l'Etat ou de grands établissements publics. Et qui entrent en concurrence avec la distribution d'eau potable et les besoins industriels. De nouveaux marchés sont apparus ces dernières décennies : le dessalement de l'eau de mer, devenu indispensable dans certaines îles et les pays arides ; la vente des eaux minérales et, plus généralement, des eaux de table en bouteille, dont le marché a explosé dans le monde entier ; et, dernièrement, la vente de l'eau purifiée en bonbonnes, proposée en service aux collectivités. L'eau, sous toutes ses formes, est devenue un marché mondial. (...) La plupart des grandes villes du monde (85 %) ont des services d'eau gérés par des sociétés publiques ou d'Etat, qui se bornent à leur compétence géographique et n'entrent donc pas en compétition sur le marché international. Ces entreprises publiques peuvent atteindre localement la puissance de grandes firmes car les services de l'eau, dans une métropole, requièrent un financement et des compétences très larges. Les compagnies des eaux de Munich, Madrid, Amsterdam ou New York, par exemple, sont devenues localement des puissances telles qu'il est impensable pour une multinationale de venir chasser sur leurs terres. (...) En revanche, ces compagnies publiques peuvent faire appel à des sociétés privées pour résoudre tel ou tel problème technique, commander un équipement ou une étude. C'est alors qu'interviennent les sociétés privées qui font commerce des technologies de l'eau et qui, aujourd'hui, s'attaquent d'autant plus aux marchés étrangers qu'elles sont spécialisées. On voit donc fleurir des bureaux d'études qui peuvent concevoir et dessiner une station d'épuration mais qui ne l'installent pas. On voit aussi des sociétés d'ingénierie ou de construction qui mettent en place un équipement mais ne l'exploitent pas. Enfin, il existe toutes sortes de sociétés spécialisées dans la fabrication d'équipements qui permettent de transporter, traiter ou contrôler l'eau, mais qui se contentent de livrer leurs produits aux distributeurs.
 
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Ces sociétés spécialisées existent dans tout le monde anglo-saxon et germanique au sens large. Mais les seuls groupes qui se sont développés verticalement sont anglais ou américains. Certains, comme Ionix pour les membranes sont très spécialisés. D'autres, comme American Waterworks, plus généralistes. Aucun d'eux, cependant, n'a atteint la taille et n'offre la panoplie que proposent les deux géants français de l'eau, à savoir Vivendi, ex-Compagnie générale des eaux, et Suez-Lyonnaise des Eaux. Ces deux multinationales spécialisées dans les “ services urbains ” ont bâti chacune un empire en vendant d'abord tous les services de l'eau, depuis la conception des réseaux jusqu'à leur exploitation. Il est à cet égard étonnant de constater que des industriels français, généralement peu enclins au grand capitalisme et souvent timides à l'exportation, ont constitué des groupes multinationaux qui peuvent rivaliser avec n'importe quel trust américain et qui, même, l'emportent sur tous les autres dans le secteur de l'eau.  Roger Cans,La ruée vers l’eau, Folio, 2001   Document 8 :  L'affrontement entre Palestiniens et Israéliens pour le contrôle de leur territoire historique recouvre également une rivalité pour l’eau : celle du Jourdain, pourtant le plus petit fleuve de la région proche-orientale (215 km), celle des terrains aquifères du plateau du Golan et de Cisjordanie et celle du lac de Tibériade. Mais des acteurs étrangers sont partie prenante dans le conflit. En effet, les trois rivières qui se jettent dans le lac de Tibériade prennent leur source dans des pays arabes voisins (Liban pour l’Hasbani, Syrie pour le Yarmouk et l’Oronte). Un plan de partage des eaux échoue en 1953. En 1955, les Israéliens lancent le projet de construction d'un grand aqueduc national devant irriguer l’ouest et le sud du pays achevé en 1964 : il est alimenté par une immense station de pompage puisant l'eau du lac qui est rehaussée et transportée par un canal à ciel ouvert sur 16 km avant d'être stockée dans un réservoir de 800 000 m3 ; de là, une conduite en béton blindé de 16 mètres de diamètre conduit l’eau de la Galilée jusqu’au Néguev. En 1965, la “ guerre de l'eau ” débute entre Israéliens et Arabes. Un commando palestinien tente de saboter l'ouvrage puis, en 1967, l'aviation israélienne détruit un barrage construit par les Syriens sur le Yarmouk pour détourner les zones de l’affluent. Israël tient uncasus belli une guerre régionale. pour Le motif de l'eau a ainsi une grande part dans le déclenchement de la guerre des Six Jours en 1967. Les Israéliens prennent le contrôle du “ château d'eau ” qu'est le Golan aux dépens de la Syrie et refusent de le rendre de peur que les Syriens ne privent d’alimentation le lac de Tibériade, point stratégique de tout le réseau d'adduction d'eau d’Israël. De longues canalisations irriguent ainsi une bonne partie du territoire depuis le lac de Tibériade jusqu'à la côte à Haïfa, Tel-Aviv-Jaffa et au désert du Néguev. Le Jourdain est contrôlé tout le long de son tracé jusqu'à la mer Morte par les autorités israéliennes. De plus, à l'occasion de la guerre des Six Jours, les Israéliens contrôlent les nappes phréatiques de Cisjordanie placées sous le contrôle de l'armée. Le contrôle de l'eau du Golan et de Cisjordanie est essentiel à l'alimentation des villes modernes et à la poursuite d'une agriculture irriguée et intensive. La répartition de l'eau devient alors très inégalitaire : en moyenne, 530 m3 par personne et par an pour les Israéliens contre 137 pour les Palestiniens. Les voisins jordaniens doivent également gérer les pénuries en achetant de l'eau par bateau à la Turquie et en travaillant sur des projets de dessalement de la mer Rouge.  C. Tellenne : “ La gestion de l’eau dans le monde ”, : genèse, acteurs, enjeuxLa Mondialisation, Ellipses, 2004   
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 Document 9 :   La construction du barrage hydroélectrique des Trois-Gorges sur le fleuve Yangzi (fleuve Bleu) a été déclarée, samedi 20 mai, “ achevée ” par les autorités chinoises, soit 9 mois avant la date prévue. Il s'agit du plus monumental projet hydroélectrique chinois qui, dans la droite ligne de la tradition qui fit creuser le Grand Canal de Pékin à Hangzhou, prévoit des milliers de centrales sur les fleuves d'un pays dont l'Himalaya, et donc le Tibet, est presque l'unique château d'eau. Pour autant, le barrage, rempli à mi-hauteur et dont 14 des 26 turbines tournent déjà, ne devrait être totalement opérationnel qu'en 2008, lorsque l'ensemble des usines sera achevé, et que le lac aura été rempli, prudemment.  Le coût du plus grand barrage du monde - long de 2 309,5 m, haut de 185 m et ayant nécessité 27 millions de m3 de béton - a lui aussi galopé pour atteindre 25 milliards de dollars (de 50 à 75 milliards selon certaines sources officieuses). Contreparties positives annoncées : ce mastodonte devrait être capable de produire 84,7 milliards de kWh d'électricité par an, de réguler les eaux du plus long fleuve de Chine - redouté pour ses inondations récurrentes et meurtrières -, et de contribuer à irriguer une Chine qui craint autant la panne sèche que la pollution.  Contreparties négatives : des conséquences sans précédent, qu'elles soient écologiques, humaines (2 millions de personnes déplacées), ou culturelles (disparition de 160 sites archéologiques majeurs, de milliers d'ensembles patrimoniaux, et du paysage immémorial et périlleux de la passe des Trois-Gorges). Mais aussi la menace que ferait courir à des dizaines de millions d'habitants la rupture accidentelle du barrage (un réservoir qui pourrait varier de 40 milliards de m3 à 116 milliards de m3, taux de remplissage maximal), voire sa destruction volontaire pour les plus inquiets.  En même temps que son achèvement, les responsables du barrage ont simultanément annoncé que 43 experts ont été envoyés par le Comité de construction du projet, relevant du gouvernement central, pour inspecter la qualité des travaux sur la partie sud de l'ouvrage. L'inspection sera dirigée par l'académicien Pan Jiazhen, 80 ans, ancien opposant devenu partisan du projet.  Sur place, rien n'annonçait, il y a 15 jours encore, l'imminence de la fin des travaux. A 40 km en aval du barrage, les 700 000 habitants de Yichang (Hubei), principaux bénéficiaires de la manne financière induite par le chantier - dont les rives ont été choyées -, n'ont pas eu l'occasion de mesurer les premières conséquences relevées sur le cours inférieur du fleuve : principalement l'érosion et le recul des berges du Yangzi, que ne compense plus l'apport de limon arrêté en amont.  FRUSTRATION DES RIVERAINS  C'est un des points les plus difficiles à traiter à Sandouping, le site même du barrage, où un circuit panoramique comprenant cinq sites permet à des milliers de touristes de voir le monstre de plus près. Ils s'approchent ainsi des grues impressionnantes qui continuent de tourner autour des centrales sud.  Du site du barrage à Chongqing (situé à 600 km à l'ouest en amont), le lac de retenue a été l'objet de travaux proportionnels à la taille du barrage, créant sur des centaines de kilomètres un paysage stupéfiant. Certains sites historiques ont été artistiquement reconstitués, comme Zigui, le village “ natal ” et le mémorial du poète et ministre Qu Yuan (IVe siècle av. J.-C.), dans la forme (agrandie en 1982) que lui aurait donnée la dynastie Tang au IXe siècle. Mais des villes et des villages ont disparu ou vont disparaître à la prochaine montée des eaux - une première phase de l'inondation des berges a eu  - 11 -  
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