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  • cours - matière potentielle : des rencontres
- 1 - ANALYSE DES INTERACTIONS E53MCM EAD (Cours de Mme Béal-Hill) 3. LE FONCTIONNEMENT DE LA POLITESSE LINGUISTIQUE 3.1- La notion de politesse linguistique La politesse nous intéresse dans l'analyse des interactions verbales parce qu'elle exerce un certain nombre de contraintes sur la construction de l'énoncé. En effet, ce ne sont pas seulement les règles grammaticales qui gouvernent ce qui peut ou non être dit : si l'énoncé « Marc et moi aller au cinéma ce soir » est effectivement incorrect, l'énoncé « Moi et Marc allons au cinéma ce soir » l'est également, mais sur un autre plan, celui des convenances et
  • face négative du demandeur
  • question de degré
  • face du destinataire
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  • stratégie

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Langue Français

Extrait

- 1 -
ANALYSE DES INTERACTIONS
E53MCM EAD
(Cours de Mme Béal-Hill)
3. LE FONCTIONNEMENT DE LA POLITESSE LINGUISTIQUE
3.1- La notion de politesse linguistique
La politesse nous intéresse dans l’analyse des interactions verbales parce qu’elle
exerce un certain nombre de contraintes sur la construction de l’énoncé. En
effet, ce ne sont pas seulement les règles grammaticales qui gouvernent ce qui
peut ou non être dit : si l’énoncé « Marc et moi aller au cinéma ce soir » est
effectivement incorrect, « Moi et Marc allons au cinéma ce soir » l’est
également, mais sur un autre plan, celui des convenances et de la politesse au
sens large.
Cependant, l’aspect qui nous intéresse ici est à la fois plus restreint et plus large
que celui de la politesse telle qu’on peut la trouver décrite dans les manuels de
savoir-vivre : plus restreint parce que les manuels de savoir-vivre incluent toutes
sortes de comportements non verbaux qui relèvent de l’étiquette et des
conventions (comment mettre la table, quelles fleurs offrir en quelles
circonstances etc…) et plus large parce qu’en ce qui concerne les manifestations
linguistiques de la politesse, ces mêmes manuels se contentent de quelles
formules toutes faites à usage écrit ou oral. Dans le cadre de la pragmatique, la
politesse englobe tous les aspects de la production langagière qui sont régis par
des règles dont la fonction est de préserver le caractère harmonieux de la
relation sociale. Par exemple, on voit bien que l’énoncé suivant « Dis, puisque tu
vas à la poste, est-ce que ça ne t’ennuierait pas de mettre ces deux lettres à la
boîte pour moi ? » aura plus de chances de recevoir un accueil favorable que- 2 -
« Tiens ! Poste-moi ça ! ». De plus, nous savons bien que ce qui est considéré
comme poli dans une culture peut ne pas l’être dans une autre. Mais comment
décrire et expliquer ces types de phénomènes ? Le but d’une théorie de la
politesse est précisément de trouver un modèle qui puisse prendre en compte et
résoudre la disparité apparente des comportements par l’application de principes
universels sous-jacents. De nombreux chercheurs se sont penchés sur ce
problème et ont proposé différents modèles avec des adaptations successives.
Goffman puis Leech en particulier ont proposé chacun le leur. Le dernier en
date, qui constitue le cadre théorique le plus cohérent, est celui de Brown &
Levinson : Politeness, Some universals in language usage (1987). Il a inspiré
depuis de nombreuses recherches dans ce domaine. C’est celui que nous
présenterons ici.
3.2 La notion de face et de FTA
Le point de départ de la réflexion est que dans la rencontre entre des individus
et dans leurs échanges langagiers, les désirs et les images que cherchent à
projeter chacun d’eux risquent d’être incompatibles. Ils vont donc s’efforcer
mutuellement d’éviter les actions offensantes et de réparer celles qui auront pu
être commises.
Ce qui correspond aux désirs et à l’image de soi de l’individu est traité par la
notion de « face ». Tout individu possède deux « faces » :
- Une face dite « négative » qui correspond au territoire au sens large
(spatial mais aussi corporel, temporel, bien matériels, savoirs secrets ou
relevant de l’intimité). C’est le désir d’autonomie : être libre de ses
actions, protéger son intégrité personnelle.
- Une face dite « positive » qui correspond à l’image qu’on se fait de soi-
même et qu’on tente d’imposer aux autres. C’est le besoin de
reconnaissance de chacun, son côté narcissique.- 3 -
Ces deux types de désir sont complémentaires mais également parfois
incompatibles : ainsi la visite est-elle une marque d’intérêt pour nous (flatteuse
pour notre face positive) qui peut aussi potentiellement être une imposition
(atteignant alors la face négative). Nous verrons plus loin que c’est justement
une des fonctions des stratégies de politesse que de réconcilier l’inconciliable…
Au cours des rencontres, les individus doivent veiller sur les faces de chacun, y
compris d’eux-mêmes. C’est là qu’intervient la notion de Face Threatening Act
(« FTA »), un acte de langage qui menace l’une ou l’autre des faces des
participants. En fait, dans toute rencontre, il y a quatre faces à prendre en
considération :
- Les deux faces du locuteur
Certains actes de langage risquent de venir empiéter sur le territoire, l’autonomie
ou la liberté d’action de celui qui les produit, constituant ainsi un FTA pour sa
propre face négative. C’est le cas par exemple de l’offre ou de la promesse, qui
l’engagent pour l’avenir.
D’autres actes de langage peuvent endommager la face positive de celui qui les
produit : c’est le cas de tout ce qui est « auto-dégradant » ou qui rabaisse
l’individu aux yeux des autres comme par exemple l’excuse, l’aveu ou l’auto-
critique.
- Les deux faces du destinataire
De même, tous les actes de langage qui constituent une violation territoriale de
l’espace personnel, de la propriété ou une imposition sur le temps du destinataire
constituent des FTA pour sa face négative. On peut citer en exemple parmi
d’autres les questions indiscrètes, les requêtes, les emprunts.
Enfin, tous les actes de langage qui peuvent atteindre le narcissisme du
destinataire sont des FTA pour sa face positive. C’est le cas des critiques,
reproches, moqueries ou insultes.- 4 -
Un même acte peut endommager une face ou l’autre ou les deux. C’est ainsi
qu’en ce qui concerne les faces du destinataire, la critique est un FTA pour la
face positive, la requête un FTA pour la face négative, mais l’ordre atteint les
deux : la face négative car c’est une imposition sur l’autonomie de la personne et
la face positive car cette personne est mise en position subalterne.
Un même acte peut également être menaçant à la fois pour l’émetteur et le
récepteur. Dans le cas de l’emprunt par exemple, la face positive du demandeur
est menacée par l’humiliation d’un éventuel refus et la face négative du
demandeur est menacée par l’imposition que constitue la demande.
Enfin, il faut noter que beaucoup d’actes de langage sont ambivalents : ils sont
potentiellement menaçants pour une face mais flatteur pour l’autre. C’est
l’aspect contradictoire des désirs représentés par les deux faces, qui demandent à
la fois que les autres nous portent des marques d’intérêt mais qu’ils ne nous
« envahissent » pas : l’invitation, suivant qu’elle est ou non bienvenue, présente
plus ou moins ce double aspect de contrainte (face négative) et de flatterie (face
positive).
Comme on le voit, les risques potentiels d’offense sont nombreux. Or, comme
on cherche au maximum à préserver les faces, on va avoir recours à des
stratégies verbales pour compenser ces risques.
3.3 Les stratégies de politesse dans l’interaction
Pour résoudre le dilemme entre le désir mutuel de préservation des faces et le
caractère potentiellement dangereux de la plupart des actes de langage, les
locuteurs ont recours à différentes stratégies.- 5 -
3.3.1. Les trois facteurs intervenant dans le choix des stratégies de
politesse
- Le premier facteur est le degré de gravité du FTA : plus l’imposition est
grande, plus on prendra de précautions oratoires. Par exemple, il serait
possible dans certaines circonstances d’emprunter un euro en employant
une formule comme « T’as pas un euro ? », par contre on imagine
difficilement un contexte dans lequel on pourrait dire « T’as pas 1000
euros ? ».
- Le deuxième facteur est la distance sociale (qui correspond également
dans l’approche interactionniste à ce qu’on appelle la relation
horizontale). Celui-ci renvoie au fait qu’à degré d’imposition égale, il est
plus facile de produire le FTA à l’égard d’un proche qu’à l’égard d’un
étranger. Si l’on reprend l’exemple précédent, il est plus vraisemblable
que l’on puisse dire « T’as pas un euro ? » à une copine qu’à sa voisine, et
dans le cas des mille euros, essayer de les emprunter à ses parents restera
relativement plus facile qu’à ses voisins. Dans tous les cas, plus la
distance est grande, plus les précautions oratoires seront nombreuses.
- Le troisième facteur est la relation de pouvoir (qui correspond également
à ce que l’on appelle la relation verticale dans l’approche
interactionniste). Cette dimension renvoie au fait qu’il est plus

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