13- Bertheuil PCN 165-186
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13- Bertheuil PCN 165-186

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ime dans le cUinnédméasirfrdanhçisatiosir(e1,9l0A8n-c1i9e1n4r)ég Bruno Bertheuil Lycée Pierre Corneille - Rouen
Entre 1908 et 1914, 108 films ont pour cadre l’Ancien régime. Le genre connaît surtout un certain succès après l’intérêt suscité parL’Assassinat du duc de Guised’André Calmette, film proposé par le“Film d’Art”. Le cinéma historique participe alors à la légitimation du cinéma, cependant, il ne s’agit pas forcément de mettre en scène les grands moments de l’Histoire mais plus souvent d’utiliser le passé comme un cadre propice à générer des drames. Les dif-férents thèmes abordés par ce cinéma renvoient assez explicitement à un discours historique marqué par le syncrétisme républicain qui rassemble dans une même histoire nationale, le passé monarchique et le présent républicain. Le consensus recherché par cette France radicale trouve alors dans ces films un lointain écho.
Bruno Bertheuil enseigne l’histoire-géogr aphie au Lycée Pierre Corneille à Rouen et prépare une thèse sur l’Ancien régime dans le cinéma français (origines, construction, mise en scène et réception d’un discours historique). Il a déjà publié quelques articles sur l’histoire et le cinéma dans les “Cahiers de la cinémathèque” (surLa Marseillaise de Jean Renoir), dans les “Cahiers d’histoire” (surLes CamisardsetQue la fête com-mence), dans “Vertigo” (sur Sacha Guitry) ou dans “l’Homme et la Société”.
De 1908 à la veille de la première guerre mondiale, le cinéma historique devient un genre majeur. Certes, il ne domine pas numériquement la production française, mais, il est de loin un des genres qui permet au cinéma de s’affirmer comme un art et d’acquérir reconnaissance et respectabilité. L’Ancien régime prit une part importante dans cet engouement pour la reconstitution historique. Si l’on s’en tient aux catalogues des principales maisons de pro duction françaises (Gaumont, Pathé, Lux et Eclair) et aux scénarios déposés dans le cadre du dépôt légal1, il sert ainsi de cadre à 108 sujets de films. L’étude des films qui utilisent l’Ancien régime, parce qu’ils offrent quelques-unes des reconstitutions les plus marquantes de la période, à commencer par le célèbreAssassinat du duc de Guiseont conféré au cinéma une légi -, peut servir de prolégomènes aux stratégies qui timité sinon intellectuelle au moins morale. Cependant, l’ amen de ce corpus, somme ex toute important, induit, au-delà d’une approche sur ces quelques cas particuliers, une double réflexion. D’une part, il oblige à nuancer ce propos en particulier par une étude sta-tistique des thèmes évoqués et par la recherche d’une typologie qui doit mettre en éviden-ce les différentes postures que ce cinéma entretient avec l’Histoire. D’autre part, il permet
Un désir d’histoire, L’Ancien régime dans le cinéma français (1908-1914)Le discours sur l’histoir e
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d’inscrire plus largement le discours cinématographique dans l’ensemble des discours his-toriques et politiques qui accompagnent la genèse et la sortie de ces films.
EHISTOIRELÉGITIMANTE
UN Présenté le 19 novembre 1908,L’Assassinat du duc de Guised’André Calmette, sur un scé-nario d’Henri Lavedan, marque assurément le départ véritable d’une nouvelle orientation du cinéma. Le film présente l’événement tragique des Guerres de Religion en six tableaux qui vont des adieux d’Henri de Guise à la Marquise de Noirmoutier jusqu’à la crémation de sa dépouille dans l’âtre de la salle d’arme en passant par le guet-apens et son organisation par Henri III. “Le Film d’Art” qui propose avec ce film son premier programme est une société anonyme, constituée en février 1908. Elle avait, ainsi que son nom le suggère, l’ambition de donner au cinéma une reconnaissance artistique. Il semble même qu’elle entame avec ce program-me une véritable stratégie de légitimation du cinéma. Plusieurs éléments dont l’affiche se fait en grande partie l’écho, caractérisent cette volonté de donner une justification intel-lectuelle au cinéma: l’écriture des scénarios est confiée à des écrivains reconnus (par ailleurs membres de l’Académie française) et les rôles sont interprétés par des acteurs de renom (les noms des théâtres auxquels ils sont affiliés sont à chaque fois précisés, accordant une place de choix à la Comédie française). Enfin, une partition musicale est spécialement créée pour le film, et celle deL’Assassinatconfiée à un compositeur pour le moinsest renommé: Camille Saint-Saëns. Dans le célèbre article qu’Adolphe Brisson consacra à cette soirée («Le T emps», 23 novembre 1908), Henri Lavedan justifie la politique artistique de cette jeune société de production. Il explique ainsi à propos des œuvres programmées: Elles sont marquées par l’estampille fr ançaise. Il faut qu’elles soient belles. Demandons aux écrivains en réputation d’en inventer, d’en combiner de choisies et de rares, aux acteurs et aux actrices célèbres de les réaliser et à tous de leur appliquer l’ingéniosité de leur esprit et la fines -se de leur goût. Il apparaît ainsi assez clairement qu’en toile de fond de cette stratégie de légitimation – tous les éléments sont annoncés et défendus, il y a certes une volonté de donner au ciné -ma ses lettres de noblesse, mais peut-être tout autant, de lui conférer une identité fran-çaise. C’est sans doute dans cette logique qu’il faut comprendre la présence abondam-ment revendiquée parmi les collaborateurs du “Film d’Art” de membres de deux institu-tions du panthéon national: L’Académie française et la Comédie française. À côté du théâtre et de l’Académie qui font figure de sources légitimantes pour le cinéma, l’Histoire semble, elle aussi, se voir confier un rôle majeur . Dans cette recherche identitaire telle que l’évoque Henri Lavedan dans l’article d’Adolphe Brisson, l’Histoire fournit des sujets de prédilection. Il est assez symptomatique de noter que “Le Film d’Art” puise certes ses sujets historiques dans le répertoire théâtral mais les complète par des références ico -niques inspirées par la peinture pompière et historique du XIXe siècle. Les films ren-voient ainsi aux spectateurs des images connues et référencées, comme le tableau d’Hyppolite Delaroche sur le meurtre du duc de Guise, dont il trouve un écho explicite dans le film de Calmette.
Bruno Bertheuil
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