A propos de l Auto de los Reyes Magos - article ; n°1 ; vol.7, pg 555-561
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Description

Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 1988 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 555-561
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 119
Langue Français

Extrait

Maurice Molho
A propos de l'Auto de los Reyes Magos
In: Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume 7, 1988. Hommage à Bernard Pottier. pp.
555-561.
Citer ce document / Cite this document :
Molho Maurice. A propos de l'Auto de los Reyes Magos. In: Annexes des Cahiers de linguistique hispanique médiévale, volume
7, 1988. Hommage à Bernard Pottier. pp. 555-561.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0180-9997_1988_sup_7_1_2153PROPOS DE L'AUTO DE LOS REYES MAGOS A
(Note pour une histoire raisonnée de la graphie)
L'Auto de los Reyes Magos est transcrit sur les deux derniers
feuillets d'un codex qui appartenait à la Bibliothèque du Chapitre
de Tolède. Il y fait suite à une glose du Cantique des Cantiques et au
commentaire de Gilbert l'Universel aux Lamentations de Jérémie.
L'écriture serait de la fin du xne ou des premières années du xnie siècle.
La présence de l'Auto à la suite d'un commentaire de Jérémie
n'est sans doute pas due au hasard, puisqu'il se trouve que, contrair
ement à toute tradition, Jérémie est le seul prophète nommément
invoqué dans le texte (1).
A quoi il faut ajouter que l'essentielle originalité de l'Auto tolédan
est la polémique qui oppose en présence d'Hérode deux rabbins,
dont l'un nie la vérité proclamée par les Rois Mages, tandis que
l'autre invoque en faveur du Christ Jérémie et sa prophétie (2).
Des traits tels que l'épisode des deux rabbins ou l'interjection
arabe Hamihala (138) (3), sont des indices qui donnent à entendre
qu'on a affaire à un texte autochtone, vraisemblablement composé
et transcrit à Tolède, qui était alors l'un des Heux marqués pour la
rencontre et l'affrontement des trois monothéismes et des habitudes
culturelles qui leur sont liées.
Cette prémisse une fois posée, notre objet sera d'examiner l'une
des difficultés linguistiques majeures que soulève le texte de l'Auto (4).
* * *
1) c i Hamihala, cumo eres enartado / ¿ por que eres rabí clamado ? / Non
entendes las profecías, / las que nos dixo Ieremias» (138-141). Cf. M. Stukdbvant,
The Misterio de los Reyes Magos, Baltimore, 1927, p. 71 sq.
2) On observera que l'Auto fait preuve d'une assez grande habileté dans le
maniement des textes sacrés. L'apostrophe : ¿ Por que eres rabi clamado 1 (139) renvoie
à Isaie 61,6: Vos autem sacerdotes Domini vocabimini, ce qui permet d'établir une
correspondance littérale et morale satisfaisante entre Jérémie 23, S : Et regnabit rex,
et les Lamentations du même prophète (2, 6) : « Oblivioni tradidit Dominus in Sion
festivitatem et sabbatum; et in opprobrium et indignationem furoris sui, regem et
sacerdotem ». L'incroyance du rabbin aveugle à la vérité de l'Ecriture se trouve ainsi
identifiée, litteraliter et moraliter, au péché du roi Hérode et, du même coup, opposée
à la juste foi des Mages et du rabbin déjà converso.
3) On se rallie à l'hypothèse d'Entwistle (MLR, XX, 1925, p. 465) qui inter
prète hamihala comme la transposition en roman de HAMA W - ALLAH! 'Equidem
per Deum ', ou HAMIY - ALLAH ' My protector is Allah 1 ' (HAMY serait alors une
forme de la racine HMY, qui signifie 'protéger').
4) On se servira de la dernière édition du texte : celle qui figure dans la
Crestomatía del español medieval de R. Menéndez Pidal (Madrid. Gredos, 1965), I.
pp. 71-77). 556 MAURICE MOLHO
Le trait le plus saillant de l'Auto est le refus formel opposé à
toute notation digraphique ou j< diphtongale » des vocalismes respec
tivement issus de E ~ AE et Q latins toniques.
Est noté e le résultat de E ~ AE dans les mots suivants : seglo
(43, 113), certas (23), entendes (140), acenso (68), encenso (72), decem-
ber (16) [à la rime zvecfembra], celo (36) [à la rime avec strelero). De
tra (23, 80, 84) on ne saurait préjuger en l'absence de toute voyelle
écrite (5), non plus que de scfo.
Est noté i le résultat de Ë ~ AE dans les mots suivants : timpo
(4), bine (10, 1 1, 38, 50, 67, 101), uinet (19), tine (20), quin (20, 79, 107),
facinda (33), cilo (41), quiro (53). A ces mots, il est permis d'ajouter
marauila (1), dont il n'est pas exclu que 1'/ représente l'E du suffixe
-ellu (cf. v. cast, maraviella), ce qui rendrait raison de la rime : : : strela (6). w
Est noté o le résultat de O dans les mots suivants : bono (37),
longa (76), nostros (81, 128), nostras (147), morto (109).
Est noté u le résultat de O dans les mots : pudet (13),
cumo (65, 88) [cf. v. cast, cuerno], pus (102), pusto (110). A quoi on
ajoutera des formes telles que cudo (45) etfure (17, 69, 70), où u ne
note pas la dérivation d'un O, mais un vocalisme secondaire dont le
timbre est sans doute identique.
En présence de ces faits, on a parfois formulé l'hypothèse (R. Me
néndez Pidal, R. Lapesa) qu'il n'y aurait pas eu de « grafía perfecta »
pour les diphtongues ie, uo ~ ue (7). Cette malhabileté expliquerait
l'aberrante fluctuation graphique du manuscrit. Mais, à vrai dire, ce
n'est point d'imperfection qu'il s'agit, mais bien d'un refus strict
de noter la diphtongue et ce dans un texte romanceado qui, sous
ce rapport, serait le seul de son espèce.
Comment interpréter le phénomène que constitue l'Auto ?
Les graphies e ~ o et i ~ u dénotent-elles une prononciation variable,
indifféremment non-diphtongale ou diphtongale des dérivés romans
de E ~ AE et de O ? Ou la double opposition graphique e/i et ofu
réfère-t-elle, au contraire, à une prononciation, respectivement
non-diphtoneale (e, o) et diphtongale (i, w), des dérivés romans de
E ~ AE et O ?
Dans un système phonologique donné et tout état de langue
en un moment donné de son histoire a le sien , on ne saurait penser
que pourraient s'immiscer des pratiques aberrantes, ex-orbitées,
hétérogènes, qui ne relèveraient pas des exigences du système. C'est
pourquoi on rejette ici l'hypothèse que les graphies de l'Auto seraient
le résultat d'une approximation malhabile et tâtonnante.
5) La forme tirra qui figure dans Crestomatía aux v. 23 et 84 est une reconsti
tution dénuée de tout fondement (résolution arbitraire de l'abréviation).
6) C'est du moins l'hypothèse de J.D.M. Ford, Old Spanish Readings, 1906.
7) R. Lapesa, Sobre el «.Auto de los Reyes Magos*: sus rimas anómalas y el
posible origen de su autor, in Homenaje a Fritz Krüger (Mendoza, 1954), U, pp. 593-
594. PROPOS DE L'«AUTO DE LOS REYES MAGOS» 557 A
Il suffit du reste d'examiner cas par cas les graphies e ~ o du
texte pour se persuader qu'elles dénotent plausiblement un vocaHsme
non-diphtongal. Auquel cas, i ~ u, partout où ils apparaissent en
position de diphtongue, noteraient les diphtongues correspondantes.
Il restera alors à comprendre et à expliquer les raisons de ce choix.
Graphèmes e ~ o. Dans un texte dont l'origine ecclésiastique
ne fait pas doute, il est plausible de supposer une prononciation
étymologique dans des mots tels que : seglo, encenso, acenso, ou
même, à la limite, morto, encore que la rime assonnante morto : :
pusto (109-110) ne laisse pas de faire problème (8). De même l'adjectif
longa dans longa uita (76) est un latinisme évident. Ceci vaut aussi
pour celo (36) qui se Ht dans une phrase dont la latinité est transpa
rente : non es in celo (= non est in caelum), en raison de la préposition
in qui partout aiUeurs se présente sous sa forme romane : en.
La forme verbale entendes (140) pourrait résulter d'une réfection
analogique et ce d'autant du paradigme plus plausiblement sur les formes que l'Auto, faibles ainsi non que diphtongantes, l'a montré
R. Lapesa, est fortement marqué par un adstrat gallo-roman méri
dional. Cet adstrat rendrait également compte de certas (23) et de
december (16) (9).
Quant aux possessifs nostros (81, 128) et nostras (147), l'anté-
position pourrait avoir entraîné le traitement «prétonique» de la
voyelle et le maintien du timbre étymologique.
.11 en va de même de l'adjectif bono (37), qui se présente antéposé
au substantif: bono strelero. On sait que l'antéposition entraîne,
dans le cas d'adjectifs aussi subductifs que celui-ci, une depletion qui
en espagnol moderne suscite l'effacement du cas morphologique
marqué

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