Brûlée vive pour une dot, une victime se rétablit dans un hôpital
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Brûlée vive pour une dot, une victime se rétablit dans un hôpital indien. Les véritables raisons qui motivent ces actes sont souvent dissimulées. De nombreuses victimes d’« accidents » liés à la dot craignent des représailles de la part de leur mari et de leur belle-famille, dont certains vont jusqu’à corrompre les représentants des forces de police pour couvrir leurs crimes.. Photo : LC Visuals Crimes liés à la dot et maltraitance due au prix de la fiancée « Jeune femme au foyer brûlée vive pour une dot » (27 mai) « Harcelée pour une dot, une femme met fin à ses jours » (7 juin) « Un cadavre dans l’eau » (7 juin)1 Voici les gros titres de trois articles de presse parus en l’espace de 11 jours dans le journal Times of India, en 2001 ; une goutte d’eau parmi les milliers d’articles publiés chaque année pour dresser la liste toujours plus longue des femmes qui ont perdu la vie en Inde, victimes de crimes liés à la dot. La persistance des crimes liés à la dot national des statistiques criminelles, rattaché aux autorités indiennes, a enregistré 6 917 Comme ne manquent pas de l’indiquer de nombreux analystes et défenseurs des droits décès liés à la dot en 1998, soit une hausse de 15 pour cent par rapport au nombre 3de la femme, les fémicides perpétrés par les maris ne sont pas l’exclusivité de l’Inde. Il enregistré en 1997. Par ailleurs, ces incidents n’étant quasiment pas signalés, ces n’y sont d’ailleurs pas plus répandus que dans bien d’autres régions du monde. Aux statistiques ne représentent vraisemblablement qu’un petit échantillon des violences États-Unis, par exemple, le taux de violence exercée par le partenaire intime – calculé perpétrées chaque jour en Inde. En 1999, le fondateur de l’International Society against 2sur la base de la population – est au moins proportionné à celui de l’Inde. En Inde, Dowry and Bride Burning in India estimait à 25 000 le nombre de fiancées tuées ou 4néanmoins, le mouvement féministe a fait tout son possible pour sensibiliser l’opinion mutilées chaque année à la suite de querelles liées à la dot. Selon un rapport publié par publique à cette forme de violence à l’égard des femmes, mettant ainsi au jour les les Nations Unies en 2000, cinq Indiennes en moyenne trouveraient la mort chaque facteurs qui se conjuguent pour exposer certaines femmes et filles au risque d’être tuées jour dans des incendies de cuisine « accidentels » provoqués par leurs époux, dont les 5par leur partenaire – et notamment le manque de droits fondamentaux dont pâtissent exigences dotales n’ont pas été satisfaites. « Mina » fait partie de ces statistiques : les femmes et la tolérance des violences qui leur sont infligées. Battue et harcelée par son mari pendant près de quatre ans pour une dot jugée En Inde, le système moderne de la dot est interdit depuis 1961. Pourtant, cette insuffisante, Mina a fini par le quitter et a porté plainte pour harcèlement auprès des pratique, qui transgresse les barrières religieuses, socioéconomiques et ethniques, autorités de police locales. Son mari est cependant parvenu à la convaincre de revenir. connaît une recrudescence au sein d’une classe moyenne en plein essor. Le Bureau Peu après, Mina a été victime d’un « accident » mortel : à en croire son mari et sa belle- Crimes liés à la dot et maltraitance due au prix de la fiancée 103 Chapitre 8 famille, Mina serait « tombée sur une cheminée ». Sur son lit de mort, tandis qu’elle d’imitation des hautes castes. La dot était devenue le symbole d’un statut, qui conférait agonisait de ses brûlures, qui recouvraient plus de 94 pour cent de son corps, Mina a à la fiancée et à sa famille plus de respectabilité et augmentait les chances de la fiancée 12été interrogée par la police : comme il est de coutume, on lui a demandé de faire une de « se marier au-dessus de son rang. » Aujourd’hui, cette pratique est perpétuée par 13déclaration concernant l’accident. Ce qu’elle a fait, déchargeant entièrement son mari des systèmes de répartition des richesses en fonction des castes. Selon une autre 6et sa belle-famille de la responsabilité de sa mort. hypothèse, le colonialisme et l’essor d’une économie de marché dominée par les hommes, deux phénomènes étroitement liés, ont conduit à la dévaluation des femmes, 14qui ont perdu leur valeur productive. De l’émancipation à l’exploitation Dans le passé, en Grèce antique, à Rome, en Inde et en Europe médiévale, la dot Pour d’autres, ce changement a pu être provoqué par les évolutions démographiques obéissait, entre autres, à une motivation principale : elle permettait de procurer un qui se sont opérées en Asie du Sud. Le taux de mortalité global diminuant depuis une certain degré d’autonomie financière à la future mariée, qui n’avait que peu, voire pas soixantaine d’années, la population de cette région est constituée d’une majorité de 7de droits de propriété après le mariage. Selon plusieurs traditions, la dot pouvait être jeunes. Parce que les femmes sont susceptibles de se marier plus tôt que les hommes, versée par le futur marié ou sa famille à la future mariée – assurant ainsi son bien-être les femmes épousables sont en surnombre. Les dots, de plus en plus importantes, économique en cas de décès du mari ou de dissolution du mariage – ou bien par les représentent parfois six fois les revenus annuels de la famille de la future mariée ; elles parents de la future mariée à celle-ci et à son nouvel époux, comme une forme de legs fonctionnent aujourd’hui comme un prix du fiancé et sont un moyen, pour les jeunes 8 15ou d’héritage pré-mortem destiné à leur fille. femmes, de rivaliser entre elles pour obtenir un époux respectable. D’après cette hypothèse, avec le temps, le déclin récent du taux de fécondité et la recrudescence des Aujourd’hui principalement observée dans les cultures asiatiques, la coutume de la dot, avortements sélectifs en fonction du sexe devraient inverser la tendance à l’inflation tel qu’elle est pratiquée actuellement, implique généralement un transfert de richesse des dots. Ces deux phénomènes pourraient même susciter un retour au prix de la 9des parents de la mariée au marié et à la belle-famille. Bien que les femmes et les filles fiancée : en effet, au vu de la pénurie de femmes et de filles à marier, les hommes n’en soient plus les bénéficiaires directes, certains chercheurs maintiennent que cette rivaliseraient alors pour se trouver une épouse. pratique confère encore certains avantages à la jeune mariée car elle lui permet 10 d’acquérir un meilleur statut au sein du foyer conjugal. Toutefois, selon certaines La dot : une forme de violence données recueillies en Inde, les conséquences positives de la dot pour les épouses ont plus que diminué. Autrefois, la dot était considérée comme un acte généreux voire Le versement de la dot est une pratique spécifique à chaque culture. Pourtant, un grand spirituel, pratiqué uniquement par les castes les plus riches et les plus pieuses : les castes nombre des circonstances qui contribuent à favoriser les violences liées à la dot, inférieures pratiquaient, quant à elles, la tradition du prix de la fiancée, plus infligées aux femmes en Inde sont semblables à celles auxquelles sont confrontées les femmes dans le reste du monde : absence de Sur son lit de mort, tandis qu’elle agonisait de ses brûlures, qui recouvraient plus de 94 certains droits fondamentaux de la personne humaine, notamment le droit à l’éducation etpour cent de son corps, Mina a été interrogée par la police : comme il est de coutume, on le droit de propriété ; manque de services lui a demandé de faire une déclaration concernant l’accident. Ce qu’elle a fait, d’appui aux victimes ; impunité des déchargeant entièrement son mari et sa belle-famille de la responsabilité de sa mort. coupables. Selon la tradition indienne, une fois que le mariage a été célébré et que la pragmatique, qui consiste, pour la famille du marié, à verser une somme à celle de la jeune mariée a emménagé chez son époux, elle ne peut plus demander le divorce, ni mariée pour compenser la perte de capital humain. Aujourd’hui, pourtant, le système retourner chez ses parents. Dans certains cas, la mariée captive devient alors un outil de la dot fonctionne souvent davantage comme une transaction commerciale. Qui plus de marchandage qui permet au marié et à sa famille de continuer d’extorquer le 11 16est, il a été résolument adopté par les classes moyennes et défavorisées. montant de la dot. En fait, les violences faites à l’épouse risquent d’être plus fréquentes si le mari et/ou sa Le prix du fiancé ou la version moderne de la dot en Inde famille estiment que les versements dotaux sont insuffisants : au cours d’une étude Plusieurs théories ont été émises pour expliquer pourquoi les classes moyennes et réalisée en Inde, par exemple, il s’est avéré que les hommes étaient plus susceptibles de défavorisées d’Inde ont remplacé la coutume du prix de la fiancée par le système de la battre leurs épouses, issues de familles aisées, lorsqu’ils considéraient que les parents de dot. D’aucuns suggèrent qu’il s’agissait, pour les castes inférieures, d’une tentative celles-ci devaient verser une dot plus abondante. Cette étude démontrait en outre 104 Crimes liés à la dot et maltraitance due au prix de la fiancée Cadavre d’une femme enveloppé d’une étoffe de coton, transporté jusqu’au Ganges, pour y être jeté. Après quatre jours passés à l’hôpital, en réanimation, cette femme est morte des suites de brûlures qui auraient été provoquées lors d’une querelle liée à la dot. Nul n’a été poursuivi en justice pour ce meurtre, et le corps de la victime n’a pas été réclamé. Photo : LC Visuals Brûlée vive, « Asha », originaire d’Inde centrale, est parvenue à échapper à ses bourreaux et à éteindre les flammes. Tremblante de peur et gravement brûlée, Asha s’est blottie sous une couverture dans un coin de sa hutte, sombrant dans un semi-coma. Lorsqu’elle est revenue à elle, trois jours plus tard, ses bras, carbonisés jusqu’à la chair
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