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Langue Français

Extrait

LES ECHOSONEVBMERJEUDI12
IDÉ
LIVRES Désillusions Ces deux livres, enfants de la crise, partagent un même regard sans illusion sur le monde mais ne véhiculent pas pour autant un message de résignation. Deux regards modernes.
SURVIVRE AUX CRISEStsar«se.»étigL’époque va donner lieu, d’un par Jacques Attalicôté, à des stratégies du repli ou du renon-Fayard, 286 pages, 14,90 euroscement ± le sage antique cherchait à se reti-rer du monde pour ne plus en être affecté ±, Les banques françaises restituent, intérêtsde l’autre à des stratégies de révolte, de compris, les sommes prêtées par le gouver-contestation, d’engagement politique pour nement. La croissance semble repartir. On aun monde meilleur. Jacques Attali propose échappé à la révolution. La crise est finie.un troisième chemin, celui de stratégies po-Tout est prêt pour qu’on se reprenne à espés-itives quipassent par cinq concepts : res-rer, à rêver même. Comme avant ? Non pas.pect de soisavoir s’apprécier à sa juste Lesnouvellesrégulationsfinancièressevaleuretêtrecapabledeladéfendre),inten-mettent en place : on a presque tordu le cousité vivredebout, résolument), empathie aux bonus des traders et supprimé les para-se donner les moyens de comprendre le dis fiscaux. Et demain, à Copenhague, tousmonde et ses menaces, de connaître l’autre les Etats du monde signeront le pacte d’unesans s’illusionner), résiliencese mettre en nouvelle croissance, saine, morale, en unsituation, psychologique et matérielle, de mot : verte.supporter les chocs et de repartir en cas Dans ce concert d’espérance ± l’espoir ned’accident), créativitésavoir transformer fait-il pas vivre ? ±, une voix solitaire et dissi-une menace en une opportunité, savoir ru-dente. Celle de Jacques Attali. Il ne croit passer donc), ubiquitéêtre prêt à mener plu-qu’on soit en train de s’en sorti .r Au con-sieurs vies dans le respect des principes traire. La crise s’ag-qu’on s’est donnés), pensée révolutionnaire grave, s’amplifie, sel’arme du dernier recours, quand il n’y a multiplie, se diver-plus d’autre choix que d’entrer en résis-sifie.Noussommestance.) e n t r é sd a n su nLes mêmes préceptes s’adressent aux in-nouveau«Moyendividus,auxentreprisesetauxnations.Jac-Age »où les crises,ques Attali en déploie l’application dans ces économiques et fi-différents domaines. nancières, se dou-blent de crises géo-p o l i t i q u e s ,LES DISCRÈTES VERTUS idéologiques, cli-DE LA CORRUPTION matiques, démo-par Gaspard Kœnig graphiques, sanitai-Grasset, 282 pages, 19 euros. res que personne, pour le moment, ne peut prétendre contrô-Ce livre est d’abord un très bel essai sur la ler. Dans un tel chaos, il y a peu à attendrecorruption qui sort des propos moralisants de gouvernements qui, en réalité, ne contrô-sur le «tous pourris». Il traite d’un para-lent pas grand-chose. On ne peut compterdoxe : comment se fait-il que la corruption, que sur soi-même.qui est la chose la plus répandue soit en Dans un tel contexte, vivre prend la formemême temps systématiquement condam-de la «survie », qu’il ne faut pas entendrenée ? Deuxième élément de l’intrigue : Gas-comme une petite vie, limitée et cherchantpard Koenig est un normalien d’une tren-à s’autosuffire. Survivre demande au con-taine d’années, agrégé de philosophie, qui, traire la plus grande énergie, la capacité dedans le même temps où il préparait, au sens se hisser hors de tout ce qui à tout instantgrec, cette apologie de la corruption, était la menace la vie. Survivre dépend d’une éthi-plume de notre ministre de l’Economie et que individuelle. Qui passe par un doubledes Finances, Christine Lagarde, pour la-mouvement. Le premier est un mouvementquelle il a rédigé de nombreux appels à la de résistance. Il ne faut pas céder aux illu-moralisation du capitalisme. Constat qui sionnistes,àtouscesbonimenteursquiouvresuruneinterrogationconcernant nous promettent que la crise est finie. Ainsil’éthique d’une génération souvent aussi la première partie de « Survivre aux crises »brillante que totalement lucide et désabusée, dresse-t-elle un inventaire systématique deune lucidité qui ne la condamne pas à se tout ce qui nous menace. Car nous ne som-retirer du monde, à s’en retrancher pour ne mes pas menacés par une catastrophe, maispas avoir à tremper dans tant d’infamies, par de multiples embûches qui ne respec-mais la conduit au contraire à chercher à s’y tent aucun ordre. Première maxime, donc :impliquer en restant au plus près de sa vé-pratiquer une éthique de la désillusion, re-rité. garder le monde en face, impitoyablement.Devant la corruption, Gaspard Koenig in-Ne jamais s’en remettre aux autres. Nevite d’abord à se déprendre du regard moral. compter que sur soi.Commencer par condamner interdit de voir Le second mouvement épouse le projetet de comprendre. Il ne s’agit pas plus d’en du Descartes du « Discours de la méthode »faire l’éloge. Ce ne serait qu’une autre ma-ou des «Règles pour la direction de l’es-nière de passer à côté. « Corruption » dési-prit ». Ilconsiste à se forger des maximesgne d’abord un phénomène naturel, celui de pour trouver le chemin qui permettrait àla dégradation nécessaire d’un être vivant. chacun de« marcher avec assurance en cetteQuand le mot passe dans le domaine moral, vie ».Jacques Attali appelle ces cheminsil ne se réduit pas à l’achat d’une personne
par une autre, mais désigne le fait qu’une personne transige sur son idéal. La corrup-tion commence quand on transige sur ses principes, quand on s’accorde une tolé-rance, quand on cède, si peu soit-il, à la séduction. Qu’est-ce qui fait que les plus grands héros de l’histoire, les Richelieu, les Talleyrand, les Walpole, ceux dont la renommée est finale-ment la plus grande, ont été des corrupteurs s’ils n’ont pas été corrompus? C’est parce qu’on trouve chez eux un caractère, une manière de s’af-fronter dans sa r é a l i t ée ts o n âpreté, une capa-cité à en relever le défi sans se voiler la face qui témoigne à la fois de lucidité et de maîtrise de soi. G a s p a r d Kúnig invite en-suite à constater que la corruption est aussi univer-sellequuniver-sellement condamnée. Ce qui le conduit à reprendre úl’uvre et les paradoxes de Ber-nard Mandeville, l’auteur de la fameuse « Fa-ble des abeilles » :« Les vices privés font les bienfaits publics. »La civilisation, la richesse, l’opulence, la prospérité, les arts et les arts de vivre, tous ces biens ne sont pas, paradoxale-ment, les enfants de la morale et de la vertu. Il est facile à Gaspard Kúnig d’opposer à ce monde de fortunes et de jouissances, mais aussi d’embellissement, fruit des principes de plaisir et de jouissance, le caractère éco-nomiquement et culturellement désastreux des sociétés vertueuses, aussi pures que bu-reaucratiques. Mais le monde de la corruption n’est pas si gai que ça. D’abord parce que le monde moral peut toujours rattraper le corrupteur et le corrompu, le traduire devant les tribu-naux. Mais surtout parce que passer dans le monde réel, abandonner l’idéal, se paie, du sentiment d’une chute irrémédiable qui ne parvient à s’oublier que dans d’éphémères étourdissements. Pensons à Faust. Mais aussi parce que le monde de la corruption estceluidecontrats,dobligations,qui, comme le potlatch des peuples primitifs, engagent indéfiniment. Dès qu’on a reçu, il faut rendre. Quelle est donc la morale de la génération d’un Gaspard Kúnig ? C’est celle d’une gé-nération qui refuse tous les moralismes, tous les politiquement corrects, une génération qui se veut absolument lucide et sans illu-sion. Elle est bien celle de cette crise. Par cela même, elle ne peut pas se retrouver dans les « politiquementcorrects » qui sont comme autant de manières de refuser la réalité, cette réalité dont elle veut affronter l’âpre réalité. FRANÇOIS EWALD, PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS
La riche histoire du déclin de la France Il y a bien longtemps que la France s’inquiète de son déclin. Un universitaire roumain francophile s’est donné pour tâche de confronter la réalité à l’impression sur le long terme. Intéressant.
HÉGÉMONIE OU DÉCLIN DE LA FRANCE ? par Lucian Boia Les Belles Lettres, 240 pages, 23 euros.
Ledéclinismenestpasuneidéeneuve dans notre tradition intellectuelle. Le pre-mierouvragedanscetteveinefutpublié en 1849 sous le titre « De la décadence de la France». On regrette que le livre de Lucian Boia ne tienne pas la promesse de sonsous-titre,«Lafabricationdunmythe national » : l’histoire de la littérature décli-niste reste à écrire. Le propos de cet uni-versitaireroumain,francophoneetfranco-phile, n’en est pas moins intéressant: à traversunerelecturedenotrepassécollec-tif, il s’efforce de découvrir quelle part de réalitérecouvrele«mythe»dudéclin. Pour la puissancepolitique, économi-que,militaire),lediagnosticestnet:la France décline depuis deux siècles, la rup-er ture se situant à la fin du IEmpire, en 1815. Ce recul se lit essentiellement dans e ladémographie:àpartirduXVIIIsiècle, la population, à dominante paysanne, li-mite les naissances, pour des raisons qui tiennent notamment à la structure de la propriété agricole. Si le pays reste en 1800 lepluspeuplédOccident,ilnoccupeplus àlaveilledelasecondeGuerremondiale
que le cinquième rang européen. Ce recul expli-que, notamment, la faiblesse de l ’é m i g r a t i o n: c’est parce que la F r a n c eé t a i t beaucoup moins riche en hommes quelAngleterre sur le sol nord-américain qu’elle y a abandonné définitivementsespossessionsen1803et que l’anglais est devenu la langue univer-selle.¼) La France continentale l’a emporté sur la France maritime, elle a eu les yeux tournés vers l’Europe plus que vers le grand large : elle s’est laissée entraîner dans l’aventure napoléonienneaumomentoùlAngleterre devenait une puissance commerciale mondiale.Enrevanche,Boiacontestelin-terprétation « libérale » qui voit dans l’om-niprésence de l’Etat, depuis Louis XIV, la cause principale de notre déclin économi-que:linterventionnismeétatiqueaété sous Colbert, sous le Second Empire, et même pendant les Trente Glorieuses, l’ad-juvant indispensable de l’essor industriel.
Pourlerayonnementinternational,lan-cienne prééminence de la langue fran-çaise en Europe, au sein des milieux culti-e vés, a été favorisée au XVIIsiècle par le e reculdulatin,puissapéeauXIXparla montée des nationalismes ±et l’auteur n’est guère optimiste sur l’avenir de la francophonie.LereculdeParis,jadiscapi-taleartistiqueetlittérairedelOccident,est patent, mais on note sur le plan scientifi-que un regain du dynamisme hexagonal qui se lit, à partir des années 1960, au nombredeprixNobel.Maiscestsurle troisièmeregistre,celuiduniveaudedé-veloppement,quelepostulatdudéclinest le plus contestable : en richesse par habi-tant,enproductivité,laFrancetienthono-r a b l e m e n ts o nr a n gd ep u i s s a n c e moyenne. Lemythedudéclin±cestlidéelaplus intéressante ±est surtout un moteur de notrehistoire,parcequilappellele«re-nouveau».Lesphasesdechangement puisentleurélandansleconstatdunétat réel ou imaginaire de décadence. Sur ce plan, dit l’auteur,etles«NicolasSarkozy quatrièmed'unesériedontlesautrespro-er tagonistess'appellentNapoléonI,Napo-léonIIIetCharlesdeGaulle.»Affirmation hardie ± et sans doute un peu prématurée. GÉRARD MOATTI
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CHRONIQUE DU CERCLE DES ÉCONOMISTES PAR OLIVIER PASTRÉ Parlons de l’hydre protectionniste l y a, comme cela, des « motstion de sa monnaie) qui taraude I quifâchent».Silonbranditlabiendesgouvernementsaupre-menaceduprotectionnisme,tousmierrangdesquelslegouverne-lesbeauxespritsnontdecessedementaméricain)depuisquelques vousrenvoyerauxdéclarationsli-mois. minairesdestroisderniersG20,Faceàcettemenaceprotéi-quiconstituentautantdodesauforme,ilfautagir.Etvite.Com-libre-échange.Sarrêterlà,cestmençonspardirequetoute oublierunpeuvitedeuxfaitsma-formedeprotectionnismenest jeursdelhistoirecontemporaine.pasàproscrireenpériodede Dabordquecesdéclarationsver-crise,silonveutconserverun tueuses,énoncéeslamainsurlesemblantdidentitééconomique cúur,nontjamaisétéaussinom-nationale.Mais,danscedo-breusesquaudébutdesannéesmaine,ilvafalloirfairemoinsde 1930. On connaît la suite. Pardéclarations tonitruantes sur le ailleurs, statistique peu connue« patriotismeéconomique »et delOMC,17paysduG20ontmisagirdavantage«sousleman-enúuvredesmesuresclairementteau»,commesaventmerveilleu-protectionnistesdepuisleG20desementlefairelesEtats-Unisetle Washingtonennovembre2008.Japon.Maisilvafalloirsurtout Lespromessesnengagentdoncarrêterdese«voilerlaface»et queceuxquilesécoutent.entreprendrecollectivementun Soyonsclairs:mêmesilecom-véritableexamendeconscience. merce mondial baisse en 2009,D e u xp r io r ité sim m é d iate s pour la première fois depuis la créationduGATTenmars1948,Un vrai débat le protectionnisme généralisé sur l’« identité nestpasencoreuneréalité nationale » aujourdhui.Etlesmesuresprises parles17paysduG20restentse justifie pleinement encore de faible ampleur. Mais aujourd’hui. cestlà,justement,oùildevient Mais, décidément, nécessairededresserloreilleet deseplongerdanslhistoireduce n’est pas celui libre-échange. Deux constats mé-de M. Besson… ritent d’être faits ici. Tout d’abord, suruneperspectivedetroissiè-cles, le libre-échange a constitué lexceptionetleprotectionnisme larègle.Depuislesactesdenavi-danscedomaine.Dabordrelan-gationanglaisde1651interdi-cervigoureusementlecyclede santlentréedanslesportsbritan-Doha,totalementabsentàcejour niquesauxnaviresdecommercedesdébatsduG20.Faut-ilalléger étrangers)jusquaurefuslagendadelOMCcommelepré-dObamadoffrirunlibreaccèsconisentcertainsou,aucontraire, auxpneuschinoissurlemarchélenrichir,notammentenmatière nord-américainenseptem-environnementale,commejele bre2009,lelibre-échangenapense?Alalimite,peuimporte. triomphéquaucoursdeladé-Cequiimportecestdagir.Etsi-cennie 1860, marquée par le traitémultanément il faut aussi agir delibre-échangefranco-anglais,pourmoderniserlagouvernance signéparNapoléonIIIdansledelOMCqualifiéede« moyen-dos de son Parlement) et, à unâgeuse »par Pascal Lamy, son di-bien moindre degré, depuis le mi-recteur, lui-même) pour faire en lieu des années 1960.sorte que ce «vieux machin» A un moindre degré disons-prenne enfin des décisions. Enfin, nous, car si le protectionnisme adernière idée, pourquoi ne pas été combattu depuis plusieurs« officialiser »le protectionnisme décennies,ilsestaussiconsidé-pourmieuxlecontrôler?Pour-rablementsophistiqué.Lesbar-quoinepascréerunobservatoire rièresdouanières,lesplusvisi-mondialduprotectionnismeper-bles,ont,certes,étélevéespourmettantauxpaysquiprotègent la plupart. Mais les formes duleurs frontièresce qui, dans cer-protectionnismesesontvertigi-tainscas,sejustifiepleinement) neusementdiversifiées.D«obs-desexpliqueret,souscertaines taclesnontarifaires»ONT)enconditions,deconvaincre? protectionnismesocialouenvi-Unvraidébatsurl«identité ronnemental,lapalettedesme-nationale»sejustifiepleinement sures de restriction des échangesaujourd’hui. Mais, décidément, est,depuistroisdécennies,decenestpasceluideM.Besson¼ plus en plus chatoyante. Et cela même sans compter le protec-Olivier Pastré est professeur tionnismemonétaireladévalua-à l’université Paris-VIII.
LA REVUE DU JOUR
La dernière loi sanitaire décortiquée
Le dossier.La loi « Hôpital, patients, santé et territoires » (en abrégé HPST) est la plus récente « grande loi » dans le domaine de la santé. Le projet contenait 33 articles. Le texte voté en comporte 135. C’est dire à la fois la densité, la complexité et le degré de controverse rattachés au sujet… Avec une visée globale de modernisation, ces dispositions – très discutées – instituent les agences régionales de santé (ARS) (à la tête desquelles on trouvera de futurs « préfets sanitaires »), luttent contre les déserts médicaux, réforment le secteur dit « médico-social », révisent la gouvernance des établissements. De la matière donc, qui va progressivement s’incarner à travers les nombreux décrets d’application qui commencent à être publiés. Le sujet est parfois difficile d’accès pour le non-spécialiste. Il est lourd d’enjeux pour tout un chacun, ce que montre bien ce dossier.
La publication.La très sérieuse « Revue de droit sanitaire et social » ne se veut pas vraiment grand public. Dirigé par le professeur de droit Michel Borgetto, ce bimestriel de référence devrait cependant être lu (ou au moins parcouru) par tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux 30 points de PIB de dépenses sociales… J. D. «LaloiHôpital,patients,santéetterritoires»,«Revuededroit sanitaireetsocial»,septembre-octobre09.2
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