INTRODUCTION.1 En donnant au public ce petit Dictionnaire des Barbaris-mes et des Solécismes les plus ordinaires en ce pays, je ne m dissimulepasquecetouvradg’eu,ngenrenouveau,seraac-cueilli par un grand nombre avec défaveur, les uns parce qu’ils croirontqu’ilestpropreàmroenrtauxétrangersjusqu’àquelpointlalanguedeFénélonetLademartines’estdéjàcorrompueenCanada,lesautresparcelsqut’riouverontqu’onparleetqu’on écrit assez biecnomme cela.Des personnes instruites mêmes,quin’onteuquepeudpeporratsaveclepeuple,surtoutcelui des campagnes, pourront croire que,epnoriucrhirmon Dictionnaire, j’ai été chercher des Barbarismes chez les Mic-macs et les Abénaquis. Je puis pourtant assurer qu’une propor-tionconsidérabledeslocutiovnicsieusesousurannéesquejesignale ici, je les ai entendu sortir de la bouche de personnes plusoumoinsinstruitesoujealiersecueilliesdansdeslivresousur des journaux imprimés en ce pays. Entourés de tous côtés par des peuples parlant la langue anglaise, mêlés à une population venue des îles britanniques, parlant ou balbutiant nous-mêmes cette langue de Swift et de FennimoreCooper,ilestimpoblsesiquenotreidiomen’enaitpas souffert. Aussi les anglicismes abondent-ils dans le français que nous parlons : tellement que, si nous n’y mettons ordre, bientôt, sans parler encoreaonsue-xuttoneoycrtangnsilteprimerenfrançais,nousparlnesrounlangagequineseranil’anglais ni le français ; tout comme nos ancêtres croyaient 1etsiaer-égnéoinnidtcceyC,rssearciàNibuérttasiofrapeuqnieB ralementconsidérécommel'oeudvereJean-PhilippeBoucher-Belleville.(Notice de la Bibliothèque nationale du Québec.) 5
s’énoncer en gaulois ou en latin lorsqu’ils ne parlaient qu’un jargonqu’onaappelélaluaengromane.Quineditpas,parexemple, parmi nouspa:yer une visite, transiger des affaires, cet homme vau£t100,000, etc ? J’ai plus d’une fois interrompu et repris cette tâche désa-gréable,etjel’auraissansdoàutlae,fin,toutàfaitabandonnée,si quelques-uns de mes concitoyens, jaloux de conserver intact le dépôt de cette belle langue, que nos pères apportèrent ici ave eux de la vieille France, ne m’avaient conjuré de la poursuivre. Quelqu’un me reprochera-t-il d’avoir inséré dans ce Dic-tionnaire des expressions et des mots trop notoirement vicieux, jeleurrépondraidanslelangdaegel’Évangile,que«cenesontpasceuxquisontsainsquionstoibnedemédecin,maislesma-lades,»end’autrestermesjqeuen’écrispaspourlessavans,mais pour les ignorans. J’écrissurtoutpourceuxqnu’iontpasunbondictionnaireà consulter. Mais,c’estparcequej’aisouspépqueceuxauxquelsjedes-tinecepetitouvragesavengtrlaammaire,quej’aiévitégénéra-lement d’insérer les Barbarismes et les Solécismes qui ont leur source : 1° dans le mauvais emploi d’un pronom ; coomn,mpero-nom indéfini, employé dans un sens déterminé,npoouus,r faute si générale en ce pays ; 2° dans le régime donné à une conjonction ; cqoumoim-e que, suivi d’un verbe à l’indicatif ou au conditionnel ; 3° dans le genre donné à un nom ; coumnemegoîtr,epour un goître,un sentinell,epourune sentinelle. 6