La voie du développement social au Kerala : Dialogue social et ...
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La voiedu développement social au Kerala : Dialogue social et action publique
T. N. KRISHNAN
INTRODUCTION 1 Le haut niveau de développement social atteint par l’État du Kerala est désormais légendaire (Nations Unies, 1975), ce qui a même soulevé la question suivante : y atil un modèle de développement du Kerala? (Franke et Chasin, 1992; Jeffrey, 1992; George, 1993). Il est inutile de tenter de répondre à la question de savoir s’il existe ou non un modèle de développement du Kerala puisque la plupart des auteurs, qu’ils soient pour ou contre, ne donnent pas de définition explicite du concept de modèle de développement. Leurs conclusions semblent être fondées sur une compréhension insuffisante des mécanismes sociaux et économiques de cet État. Un modèle du développement du Kerala est d’une grande pertinence tant qu’il se limite au développement social. Par contre, si l’on intègre aussi au modèle la notion de croissance économique, alors il n’existe pas de modèle de développement du Kerala. La question centrale est la suivante : le développement social estil possible dans un contexte où le revenu par habitant est faible et en dépit de ce facteur? La réponse serait affirmative si on analysait le cas du Kerala. Une croissance élevée du revenu peutelle promouvoir ou accélérer le développement social? Il est difficile de répondre à cette question. Elledevraitle faire, mais il se pourrait qu’un laps de temps considérable s’écoule avant que la transformation sociale intervienne. Tandis que l’initiative privée peut faire augmenter les taux de croissance des revenus, le moteur du développement social est invariablement l’action publique. Une étude comparative des différents niveaux de développement social des États indiens confirme cette hypothèse. Une augmentation du revenu par habitant ne suffit pas, à elle seule, à accélérer le taux de développement social. Les premières années du développement social au Kerala démontrent qu’une action publique vigoureuse pourrait en effet transformer le niveau de développement social et améliorer sérieusement les indicateurs sociaux même lorsque les revenus par habitant sont faibles. En outre, l’histoire récente du Kerala nous apporte la preuve que des taux d’augmentation moyens à forts du revenu par habitant accéléreraient le processus de développement social. Il est important de se rendre compte que la complémentarité entre la croissance du revenu et le développement social est probablement faible pour les revenus par habitant de faible niveau. Mais des actions publiques vigoureuses peuvent jouer un rôle compensatoire. Pour les hauts niveaux de revenus, les actions publiques compensatoires ne sont peut être pas aussi indispensables, puisque les incitations à entreprendre des initiatives privées permettant de développer l’infrastructure institutionnelle nécessaire au développement social sont suffisamment fortes. Pour les bas niveaux de revenu, la faiblesse de l’initiative privée pourrait expliquer le retard du développement social en l’absence d’action publique. L’histoire du Kerala ne prend toute sa valeur que dans le contexte d’une étude comparative. Le Kerala, qui est l’un des plus petits États de l’Union indienne, dépasse tous les autres en ce qui concerne le développement humain. L’IDH (indicateur du développement humain) est estimé à 0,775, comparé à 0,744 pour le Punjab, bien que le produit intérieur par habitant du Kerala soit de moitié inférieur à celui du Punjab. L’accès à l’éducation et aux soins médicaux explique en grande partie ces résultats. Le taux
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d’alphabétisation des femmes est passé de 38,9 % en 1961 à 86,9 % en 1991. Pour le Punjab, ces pourcentages sont, respectivement, de 14,1 et de 49,7 %. Au Kerala, l’espérance de vie à la naissance est d’environ 67,6 ans pour les hommes et de 73,8 pour les femmes pour la période 198891, tandis qu’au Punjab, les chiffres sont 65,6 et 65,3. Le taux de mortalité infantile est de 17 au Kerala, contre 61 au Punjab. Les données présentées au tableau 7.1 permettent de comparer le Kerala aux grands États indiens en termes des principaux paramètres économiques et sociaux du développement. Par rapport aux autres États indiens, le Kerala se caractérise surtout par son rapport de féminité, qui est relativement favorable aux femmes. Tandis que l’ensemble de l’Inde affiche un taux de 927 femmes pour 1 000 hommes, le Kerala se targue de 1 036 femmes (Samuel, 1991). Le Kerala affiche aussi les taux de natalité, de mortalité et de mortalité infantile les plus faibles de l’Inde. Les taux de mortalité et de mortalité infantile étaient de 18,4 et 17 au Kerala, comparés à, respectivement, 31,6 et 86 pour l’ensemble de l’Inde en 1992. Ces taux se traduisent en une espérance de vie d’environ 71 ans pour le Kerala, contre 59 ans en Inde. Le recensement de 1991 nous apprend également que le taux d’alphabétisation est de 90 % pour le Kerala et de 52 % pour l’Inde (voir Tableau 7.1). En 1992, le Kerala occupait la onzième place en termes de revenu par habitant. Tandis que le Kerala occupait la douzième place pendant l’exercice 197374 en termes de dépenses de consommation par habitant, la situation s’est considérablement améliorée et il occupe désormais la quatrième place au classement. En 197374, on estimait que 59,71 % de la population du Kerala vivait en dessous de seuil de pauvreté, mais pour la période 198788, ce taux est tombé à 32 % (Commission étatique de planification, 1993). Dans la liste des États les plus pauvres, le Kerala occupait la cinquième position en 197374, mais il est passé à la douzième place pour la période 198788. Puisque la pauvreté en Inde est mesurée en termes de dépenses de consommation par habitant, le recul de la pauvreté au Kerala est la conséquence directe de l’amélioration des dépenses de consommation par habitant. Pendant cette période, un grand nombre de travailleurs du Kerala ont migré vers les pays du golfe Persique et leurs envois de fonds expliquent essentiellement cette hausse de la consommation par habitant. Il est intéressant et important de noter que ni son niveau élevé de pauvreté, ni son faible niveau de revenu par habitant n’ont entravé l’amélioration des taux d’alphabétisation et des taux de mortalité au Kerala. L’État du Kerala a été constitué en intégrant le district du Malabar à l’État du TravancoreCochin en novembre 1956. Comme le Malabar était resté longtemps sous l’autorité directe des Britanniques, les indicateurs d’éducation et de santé y étaient comparables à ceux du reste de l’Inde au milieu des années 50. Le Malabar était donc considérablement en retard par rapport au TravancoreCochin (qui n’avait jamais été sous l’autorité britannique) en termes de taux d’alphabétisation et d’accès aux soins médicaux. L’histoire du développement social au Kerala depuis sa formation est en fait le récit de la façon dont ces écarts furent éliminés ou réduits et de l’adoption de politiques et de programmes à cet effet en l’espace de deux générations. La stratégie de base était la même : étendre à la région du Malabar les mêmes politiques et programmes appliqués auparavant par le Travancore et le Cochin. Il s’agissait d’une combinaison d’investissements publics et privés dans l’éducation et la santé, et d’incitations financières visant à encourager le secteur privé à créer et à diriger des institutions
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