LE PROTESTANTISME EN NORMANDIE AU XVIe SIECLE

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LE PROTESTANTISME EN NORMANDIE AU XVIe SIECLE

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Extrait

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SOCIETE D'HISTOIRE DU PROTESTANTISME

Circulaire N°12

EN NORMANDIE

Juin 1994

"le souvenir huguenot"

Les deux articles qui figurent dans cette circulaire sont destinés à présenter le

protestantisme en Normandie de la manière la plus condensée possible, pour servir de canevas à une

étude de faisabilité d'un lieu d'histoire et de mémoire à Ducey. Le premier, concentré sur le 16ème siècle

est dû à la plume de Marc Venard. Le second est un résumé, par François Burckard, de l'article de M.

Reulos paru dans "La France Protestante. Histoire et lieux de mémoire".

Nous pensons que ces deux travaux vous intéresseront.

LE PROTESTANTISME EN NORMANDIE AU XVIe SIECLE

Dans l'histoire du protestantisme au XVIe siècle, la Normandie mérite une place à part. D'abord parce

que la réforme y a été particulièrement précoce et dynamique. Ensuite parce qu'elle y a parfois connu des

modalités originales. Enfin parce que le sort du protestantisme en France s'y est joué pour une large part, au

temps des guerres de religion.

En Normandie, la Réforme protestante s'est implantée à partir de trois foyers principaux:

- la ville et le duché d'Alençon, qui sont un apanage de Marguerite, soeur de François 1er, dont on connaît les

sentiments évangéliques ; elle y installe notamment son imprimeur, Simon Dubois, obligé de fuir Paris. Dès

1527, l'évêque de Séez en visite se préoccupe de lutter contre l'hérésie (A.D. Orne 1 G 144) ; en 1533, le curé

de Condé-sur-Sarthe est une des premières victimes de la répression en Normandie.

-la ville de Rouen et l'ensemble portuaire de Haute Normandie (Dieppe, Le Havre, tout récent) qui

sont en relation commerciale avec l'Europe du Nord ; et avec eux l'arrière-pays manufacturier dont Luneray est

le lieu le plus caractéristique.

−

-l'université de Caen, dont plusieurs professeurs ont été marqués par l'enseignement de Lefèvre

d'Etaples, et où très certainement, parviennent des livres de Luther et d'autres Réformateurs.

Après quoi, la progression du protestantisme en Normandie se suit presque uniquement à travers les

actes de répression relevés dans les archives du parlement de Rouen ou mentionnés par Crespin et par l'

Histoire ecclésiastique,

jusqu'en 1557 où celle-ci annonce fièrement qu'une Eglise a été dressée à Rouen, «la

deuxième ville du royaume». Au même moment, cette ville se classait en tête de toutes (avant même Paris)

pour le nombre des émigrants de la foi accueillis à Genève (150 entre 1549 et 1560). En 1559, plusieurs

Eglises de Normandie sont représentées au premier synode national tenu clandestinement à Paris. L'année

suivante, selon l'

Hist. Eccl., «en Normandie... il n'y avoit quasi bonne ville ni bon bourg où il n'y eust Eglise

dressée à l'exemple de Rouen, corne entre autres lieux à Dieppe, ... Luneray, Caen, Vire, Saint-Lô, Evreux»

.

C'est au nom des Eglises réformées de Normandie qui, selon lui, compteraient plus de 50.000 hommes, que

l'amiral de Coligny réclame la liberté de conscience et de culte lors de l'Assemblée des Notables réunie à

Fontainebleau à l'été 1560.

Relativement nombreux et puissant, le protestantisme normand présente quelques particularités

intéressantes. Il est marqué par un courant populaire qui l'apparente à l'anabaptisme: dès 1547, Calvin a dû

lancer une mise en garde contre un ex-franciscain de Rouen qu'il qualifie de «libertin spirituel». En 1560, un

autre prédicateur, admis d'abord comme ministre, ameute les foules par des propos hétérodoxes et

révolutionnaires qui font que l'Eglise protestante applaudit quand cet «anabaptiste» (c'est ainsi que le qualifie l'

Hist. Eccl.)

est arrêté et condamné par les autorités.