Développement soutenable et réduction du temps de travail Thèse de doctorat Introduction de la deuxième partie Chapitre
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Description

Niveau: Supérieur, Doctorat, Bac+8
272 2 ème PARTIE L'ALTERNATIVE AU SEIN DU DEVELOPPEMENT SOUTENABLE

  • appui sur le modèle d'équilibre général

  • économie dans l'environnement

  • classiques aux néo

  • richesses naturelles

  • néo

  • main invisible du marché harmonisant les intérêts individuels

  • équilibre naturel

  • évolution de la pensée économique


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Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

272






2 ème PARTIE




L'ALTERNATIVE


AU SEIN


DU DEVELOPPEMENT


SOUTENABLE




273






Après l'investigation pionnière de certains théoriciens du développement et
parallèlement à l'implication de multiples institutions internationales, étatiques ou
associatives, la théorie a fait du développement soutenable ou durable un champ de recherche
devenu aujourd'hui considérable. Toutefois, traversée de contradictions, la théorie
économique ne fournit pas un cadre de pensée unifié pour explorer ce champ. Deux grandes
conceptions s'opposent. La première est une tentative d'intégration des contraintes
environnementales dans l'économie (Chapitre 4). Elle occupe une position dominante parce
qu'elle prend appui sur le modèle d'équilibre général néo-classique lui-même étant l’alpha et
l’oméga de la théorie. Cependant, les limites de cette approche et les questions qu'elle laisse
en suspens donnent une place à une seconde approche fondée sur la nécessité d'assurer ou de
respecter le processus de reproduction des systèmes vivants (Chapitre 5). Cette conception
s'appuie sur une critique de la précédente: toutes les deux forment donc les deux termes d'une
alternative dans la manière de concevoir le développement durable.
Mais, formuler les choses ainsi n’est pas la seule manière envisageable. Au
moins deux autres formulations sont possibles. D'abord, on peut considérer les deux
conceptions ci-dessus comme complémentaires: c'est le parti pris retenu surtout par les
économistes adeptes de la première, c'est-à-dire les néo-classiques toujours prêts à afficher
leur vocation à être le noyau du consensus. Ensuite, on peut considérer les deux conceptions
comme quasiment identiques, en tout cas, relevant de la même problématique, celle du
développement occidental dont le développement durable ne serait que le “dernier avatar”
selon le mot de Serge Latouche; c’est le parti pris d’une critique radicale. Nous montrerons
sur quels éléments se fonde notre choix de considérer le développement durable comme un
enjeu théorique et socio-politique qui reste encore ouvert malgré ses lourdes ambiguïtés; dans
ce but, nous serons conduit à discuter les multiples classifications qui ont été proposées pour
rendre compte de l’état de la recherche théorique sur la soutenabilité du développement avant
de formuler notre proposition de typologie autour des différentes conceptions de la valeur
(Chapitre 6).


274






Chapitre 4





La tentative d’intégration



des contraintes environnementales



dans l’économie








275





Les menaces pesant sur l’environnement dont nous avons dressé
l’inventaire dans le chapitre 2, l’accroissement des pollutions de toutes sortes provenant de
l’activité humaine ont amené les économistes à reconsidérer leur attitude traditionnelle face
aux ressources et aux biens naturels. Ils ont ouvert une voie de la théorie économique
actuellement en plein essor: l’économie de l’environnement qui représente une tentative
inédite pour ramener la nature et ses ressources à une catégorie économique (I). Nous
montrerons que, de ce fait, l’économie de l’environnement s’intègre dans le paradigme de la
croissance économique productiviste contribuant ainsi à faire du développement durable un
simple prolongement du développement tel qu’il a existé jusqu’à présent (II).




I- La démarche théorique de l’économie de
l’environnement.

Le cadre théorique de l'économie de l'environnement ne peut être compris
que s'il est replacé dans l'évolution de la pensée économique, des classiques aux néo-
classiques, au sujet des ressources naturelles.
Cette évolution est caractérisée par une mise en perspective de l’ordre
naturel et de l’ordre social, et par deux glissements successifs:
- Sans confondre l’ordre naturel qui résulte de la volonté divine et
l’ordre social qui résulte de la main invisible du marché harmonisant les intérêts individuels,
Adam Smith fut certainement influencé par l’oeuvre de l’historien naturaliste Carl Von
1Linné mettant en évidence une organisation de la nature garantissant un équilibre naturel,
c’est-à-dire un équilibre de la nature et un équilibre spontané.




1. Nous nous référons à VIVIEN F.D., Bioeconomics and sustainable development, Symposium international,
Paris, 16-18 mars 1994, Modèles de développement soutenable, Des approches exclusives ou complémentaires
de la soutenabilité?, Université Panthéon-Sorbonne, C3E (Centre Economie-Espace-Environnement), AFCET,
volume II, p. 875-886. 276



- La terre et les ressources naturelles étaient considérées comme rares
1par Malthus qui, dans son Essai sur le principe de population , analysait les risques d'une
croissance démographique supérieure à la croissance des produits de la terre. C’est surtout
sur la terre qu’insistait Ricardo qui, dans ses Principes de l'Economie Politique et de l'Impôt,
expliquait l'existence d'une rente différentielle par la rareté des terres fertiles. Plus tard,
2Jevons, dans La question du charbon , affirma que la suprématie de la Grande Bretagne due
au charbon ne serait que passagère. Cependant, entre-temps, Say avait opéré une première
rupture avec les classiques anglais en affirmant dans son Cours complet d'Economie
Politique (1829): “(Les richesses naturelles) nous sont données gratuitement et avec
profusion par la nature, comme l’air que nous respirons, la lumière du jour, l’eau qui nous
désaltère, et une foule d’autres choses dont l’usage nous est devenu familier, que nous en
jouissons sans y penser. (...) En supposant que les hommes pussent créer des richesses
naturelles ils n’auraient aucun motif pour s’en donner la peine; on peut faire artificiellement
de l’air respirable; mais ce n’est que comme une expérience de chimie; car, si nous en
faisions pour notre usage, il nous faudrait payer ce que la nature nous offre gratuitement.
D’un autre côté les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les
obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas
3l'objet des sciences économiques.” On relève ici l'extraordinaire abus de la notion de
réciproque: à supposer que les ressources soient inépuisables, elles seraient alors gratuites,
mais qu'est-ce qui permet de renverser la proposition pour déduire de la gratuité des
ressources leur caractère inépuisable? Ricardo s’était révélé une fois de plus meilleur analyste
que Say parce qu’il n’inversait pas la proposition et faisait de l’inépuisabilité la cause de la
gratuité, et non de cette dernière le signe de l’inépuisabilité, ainsi qu’en témoigne le passage
suivant: “Lors d’un premier établissement dans un pays où abondent les terres riches et
fertiles, seule une très faible proportion d’entre elles est mise en culture (...) Il n’y aura alors
pas de rente, car personne ne paiera pour l’usage du sol, alors que nombre de terres ne sont
pas encore appropriées et restent disponibles pour quiconque décide de les cultiver. Suivant
les principes généraux de l’offre et de la demande, aucune rente ne pourra être versée pour
une telle terre au même titre que l’on ne paiera pas pour l’usage de l’air, de l’eau ou de tout
autre don de la nature existant en quantité illimitée. (...) De même, pour produire leurs

1. MALTHUS T.R., Essai sur le principe de population, 1798, 1803, éd. fr. Paris, Flammarion, 1992, 2 tomes.
2. JEVONS W.S., The coal question: an inquiry concerning the progress of the nation, and the probable
exhaustion of our coal-mines, London, Macmillan, 1865.
3. SAY J.B., Cours complet d’économie politique pratique, Paris, Guillaumin, Librairie, 1840, tome 1, p. 65-66,
68. 277
marchandises, le brasseur, le distillateur et le teinturier utilisent sans cesse l’air et l’eau;
1mais ces agents, dont l’offre est illimitée,

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