QUASI ORALITE DE L ECRITURE ELECTRONIQUE ET SENTIMENT
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Description

QUASI-ORALITE DE L'ECRITURE ELECTRONIQUE ET SENTIMENT DE COMMUNAUTE DANS LES DEBATS SCIENTIFIQUES EN LIGNE Philippe HERT

  • hybridation des aspects sociaux

  • semblables analyses ethnographiques d'interactions électroniques

  • manque d'indices sociaux

  • hybridation des pratiques sociales et des innovations technologiques

  • pratiques de communication

  • aspects rhétoriques de la communication

  • scientifique

  • forums pour la connaissance en science

  • communaute dans les debats scientifiques en ligne


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Langue Français

Extrait

 
QUASI-ORALITE DE L’ECRITURE ELECTRONIQUE ET SENTIMENT DE COMMUNAUTE DANS LES DEBATS SCIENTIFIQUES EN LIGNE
 
 
 
 
Philippe HERT
 
 et article propose d’analyser le processus de construction d’un sentiment de communauté à travers les interactions écrites se produisant au sein de forums de discussions sur Internet. Pour expliquer cette dynamique, j’adopterai une perspective à la fois sociologique et sémiotique. J’introduirai la notion de quasi-oralité de l’écriture à travers une réflexion sur l’utilisation de l’écriture électronique par un collectif. 
Les usages des listes et forums de discussions électroniques font l’objet d’une connaissance plus ou moins intuitive pour quiconque ayant pratiqué ce type d’échange. Pour les autres, il s’agit souvent de pratiques ésotériques, d’activités de “ cybernautes ” vivant apparemment dans un univers différent du leur. Entre ces deux positions, nous manquons largement de réflexions permettant de faire la médiation entre des pratiques minoritaires, non réellement analysées, et la majorité qui n’a souvent que les discours de la nouveauté de ces modes de communication sur lesquels s’appuyer. Banalisation d’une part, nouveauté radicale de l’autre. Or, si l’on peut parler de banalisation, c’est effectivement parce que les nouvelles pratiques s’inscrivent dans un tissu social déjà structuré. D’autre part, si l’on parle également de nouveauté, c’est parce qu’il y a bien des “ effets ” de ces technologies sur la communication. Penser ces effets n’est pas aisé, car le risque de tomber dans une forme de déterminisme technologique n’est pas absent : la technologie induit des effets sur la communication et semble donc déterminer les relations sociales à travers ce support. Ainsi, Kiesler et Sproull1 ont-ils considéré que la communication médiatisée par ordinateur était déterminée par les propriétés de la machine. Parce que les personnes qui utilisent ce média ne peuvent se voir, s’entendre et percevoir leurs attitudes, elles peuvent difficilement utiliser des éléments du contexte d’énonciation. Selon ces auteurs, ce manque d’indices sociaux aboutit à un plus grand anonymat et permet une participation plus large que dans des interactions menées en face à face. Parallèlement à cela, le temps mis pour atteindre un consensus est augmenté. Selon cette perspective, le média détermine donc le type d’interaction qui se produit.                              1 . KIESLER et SPROULL, 1991. 
 
4 Réseaux n° 97 Camper sur une telle position serait cependant trop simpliste : les effets dépendent énormément du rapport qu’établissent les individus avec le dispositif. Ce rapport implique aussi bien les aspects stratégiques de la communication (tous les aspects rhétoriques de la communication) que technologiques (ce que Michel de Fornel appelle les “ affordances ” d’une technologie2), cognitives (leur familiarité avec le dispositif, les compétences acquises), sémiotiques (le développement de systèmes symboliques particuliers à ce mode de communication, notamment à travers le rapport entre l’écriture et l’oralité) ou encore sociales (la position dans le cadre d’un débat, la défense de certains intérêts, le contexte de l’échange et la présence de certains acteurs). C’est l’ensemble de ces dimensions qui produit un effet à travers unehybridationdes aspects sociaux et technologiques (on peut d’ailleurs inclure les procédés rhétoriques parmi les technologies employées) dans le rapport développé par les usagers avec le dispositif technique3. L’analyse présentée ici se fonde sur deux ethnographies d’interactions entre scientifiques à travers Internet. Il s’agit essentiellement d’un débat qui s’est déroulé dans une liste de discussion électronique dédiée à la communauté STS (Science-Technologie-Société)4. Le second terrain d’étude sera présenté comme un contrepoint et concerne un ensemble d’échanges électroniques locaux entre chimistes d’une université française. De semblables analyses ethnographiques d’interactions électroniques ont déjà été menées, mais leur contenu n’avait pas de lien avec l’activité scientifique5. Une recherche du CRICT6 analyse par exemple les débats entre scientifiques en biologie concernant l’étude du génome humain. Cependant, ces travaux ne rendent pas compte de la manière dont la matérialité du support de communication interagit avec ce que ses utilisateurs y construisent à travers une écriture qu’ils inventent. Pour cela, il est peut-être nécessaire de trouver de nouveaux concepts propres à nous permettre de penser les pratiques de communication qui se développent à travers cet outil. C’est pourquoi j’introduirai ici la notion de quasi-oralité,                              2. FORNEL (de), 1994. 3. Sur l’hybridation des pratiques sociales et des innovations technologiques, voir par exemple BIJKER et LAW, 1992. 4Société est le nom sous lequel diverses recherches sur la Science Technologie et  STS : . construction sociale des sciences et des techniques se retrouvent. 5. BAYM, 1995 ; AYCOCK et BUCHIGNANI, 1995 ; VIDAL, 1999, par exemple. 6into Innovation, Culture and Technology, Brunel, University of West-. Center for Research London. Voir HINE, 1996.  
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