Développement soutenable et réduction du temps de travail Thèse de doctorat Introduction de la première partie Chapitre
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Description

Niveau: Supérieur, Doctorat, Bac+8
28 1 ère PARTIE LA REMISE EN CAUSE DU DEVELOPPEMENT

  • sélection des outils méthodologiques

  • garantie du caractère novateur du raisonnement

  • développement

  • crise du développement

  • remise en question théorique

  • réalité en économie

  • science economique


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Informations

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

28







1 ère PARTIE



LA REMISE EN CAUSE


DU DEVELOPPEMENT








29








Selon ses auteurs, ses promoteurs et ses partisans, le concept de
développement soutenable ou durable s'affirme de manière critique vis-à-vis du phénomène
de développement économique, et aussi vis-à-vis du corps de théorie et de doctrine du
développement. Cette ambition ne peut être comprise et appréciée qu'en replaçant la
perspective de développement soutenable dans le contexte de crise du développement
marquant la fin du XX° siècle et en analysant les rapports entre les deux concepts,
développement et développement soutenable. L'étude de ces rapports requiert au préalable
l'inventaire et la sélection des outils méthodologiques à notre disposition (Chapitre 1). Trop
souvent, l’analyse économique, à travers le paradigme de l’individualisme méthodologique et
le principe de rationalité, est coupée de toute analyse sociologique, ou, pire, a la prétention
d’annexer celle-ci. Retrouver les bases d’une analyse pluri-disciplinaire est indispensable à
une démarche dont la vocation se veut scientifique et dont l’ambition est de sortir des cadres
de pensée aujourd’hui défaillants. Nous pourrons ensuite analyser la crise du développement
et dresser la critique de celui-ci à la fois dans ses formes concrètes, marquées par le maintien
de la pauvreté sur toute la planète et un déséquilibre écologique croissant, et dans sa
conceptualisation à visée tant explicative que normative (Chapitre 2). En décrivant
l'émergence du concept de développement soutenable, il sera possible alors de montrer
l’ambiguïté de ce dernier dans la mesure où, tout en comportant une dimension critique vis à
vis du paradigme du développement, il en demeure pour une large part prisonnier (Chapitre
3). 30






Chapitre 1




La méthodologie de la critique




du développement













31





Il ne suffit pas qu'un mot nouveau apparaisse pour qu'il soit un concept. La
nouveauté ne confère pas a priori le statut de concept, encore moins la pertinence à celui-ci.
Ainsi, l'ajout des adjectifs soutenable ou durable au terme de développement n'offre pas la
garantie du caractère novateur du raisonnement qui le sous-tend pas plus que celle de sa
rigueur. Or, les problèmes que le développement durable est censé résoudre à la fin du XX°
siècle sont d'une telle ampleur, faire reculer la pauvreté et l'exclusion et protéger
l'environnement, que l'analyse économique dans son ensemble se trouve interpellée, à la fois
dans ses objectifs et dans ses méthodes.
Devant l'impossibilité de faire partager les bénéfices du développement
économique entre tous les habitants de la terre malgré les incantations en ce sens, devant
l'incapacité de produire un développement propre malgré les multiples recommandations en
faveur de l'environnement, les certitudes les mieux établies sont ébranlées, telles que la
croissance économique finit toujours par profiter à tout le monde, ou bien il y a toujours une
solution technique à un problème technique. La crise du modèle de développement
économique a fini par produire une crise de la pensée économique mais de manière déphasée
et incomplète: la crise du développement crée les conditions d'une remise en question
théorique mais sans en fournir toutes les clés. Pire, les schémas de pensée anciens et
inadaptés peuvent très bien continuer de fonctionner alors même que la réalité auxquels ils
sont supposés s'appliquer est différente ou a changé. En même temps, les schémas de pensée
nouveaux qui semblent revivifier la réflexion la reproduisent souvent à l'identique. L'analyse
critique doit donc être menée en permanence à deux niveaux: qu'est-ce que le développement
et la critique dont il est l'objet? qu'est ce que le développement durable et la critique dont il
est porteur et dont il peut également être l'objet?
L'objectif d'une telle démarche est donc double: proposer une intelligibilité
provisoire de la société et un décodage du discours sur celle-ci, parce qu'il nous paraît
impossible, et de toute façon non souhaitable, de séparer, aujourd'hui comme il y a deux
siècles, l'économie politique contemporaine de sa critique.
Mais pour y parvenir, il nous faut commencer par dresser le cadre
épistémologique de notre recherche (I). Nous pourrons définir ensuite les champs dans
lesquels s'exercera la critique (II).


32


I- Le cadre épistémologique.

Le discours économique ayant tendance à occuper une place grandissante et
surtout à évacuer tous les autres modes de représentation sociale, il est nécessaire de
s'interroger sur le statut de ce discours qui se présente en tant que science économique.
L'examen de l'objet et de la méthode de l'économie renvoie plus généralement à celui de
l'objet et de la méthode des sciences sociales, et cela d'autant plus que le développement,
durable ou non, met en jeu des questions économiques, sociologiques, démographiques,
politiques, culturelles, etc.
Le cadre épistémologique dans lequel nous évoluerons pour comprendre la
portée et les limites des concepts de développement et de développement durable peut se
définir à partir de trois thèmes: le rapport de la théorie à la réalité en économie (A), les
critères de scientificité (B) et les statuts différents du modèle, de la loi et de la tendance (C).


A- Théorie et réalité en économie.

Le rapport de la théorie à la réalité sociale (et en particulier à la réalité
économique) peut s'analyser sous trois angles: l'objet de la science économique, le parti-pris
philosophique à propos de la primauté entre cet objet et la pensée sur cet objet, et le rôle de la
vérification expérimentale.


1. Y a-t-il un objet de la science économique?

Ou bien on considère, comme la plupart des ouvrages consacrés à cette
question, qu'il existe, a priori, un objet de la science économique puisque cette science existe
(on en parle et elle parle) et qu'il n'y a pas de science sans objet, et, dans ce cas, le premier
travail du scientifique consiste à définir cet objet, ou bien on ne se satisfait pas de cet a priori
et on se demande s'il existe bien un objet réel dont pourrait se saisir la science économique.



33

1.1. La définition de l'objet.

Les épistémologues qui se placent dans l'optique de la première démarche
sont d'accord pour souligner les difficultés, mais à leurs yeux surmontables, auxquelles cette
définition se heurte.


a) La dissociation des faits économiques des autres faits sociaux.

Les économistes résolvent cette première difficulté en exogénéisant les
paramètres sociaux non retenus par le champ économique. Ainsi, l'environnement a été
généralement considéré comme une donnée exogène, ce que nous devons interpréter au pied
de la lettre comme "il nous est donné", c'est-à-dire "on en fait ce qu'on en veut". La
dissociation des faits économiques des autres faits sociaux par la science économique est
parallèle à la dissociation des impératifs économiques, principalement de rentabilité, de la
préservation des écosystèmes et de la promotion de tous les individus que l’on observe dans
la pratique.


b) La prééminence des faits économiques sur les autres faits sociaux.

La dissociation des faits sociaux a pour corollaire leur hiérarchisation: pour
beaucoup d'économistes, les faits économiques sont décisifs par rapport aux autres faits
sociaux. Cette hiérarchisation porte en germe la réducti

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