La mobilité professionnelle : facteurs structurels et spécificités de lÎle-de-France
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Pour les personnes occupant un emploi, la mobilité professionnelle recouvre plusieurs types de changement : d’entreprise, de métier, de poste ou encore de niveau de qualification. Ces mobilités dépendent de la situation professionnelle initiale (niveau de qualification, spécialité professionnelle exercée, taille d’entreprise ) et des attributs sociodémographiques des personnes (genre, âge, niveau de diplôme, situation familiale ). Quel que soit le type de mobilité considéré, elle est toujours beaucoup plus importante chez les jeunes alors que les femmes apparaissent pénalisées par un moindre accès aux promotions et des risques accrus de mobilité descendante. Le fait d’utiliser les technologies de l’information et de la communication favorise les changements de postes au sein de l’entrepris ainsi que les changements de métiers ; il va également de pair avec des mobilités ascendantes plus fréquentes. En ce qui concerne la mobilité professionnelle, l’Île-de-France a un profil spécifique qui se distingue du reste de la France par la plus grande fréquence de certains types de mouvements : changements d’entreprise, changements de postes ou de métiers au sein des entreprises et promotions. Ces traits distinctifs s’expliquent par les particularités du marché du travail francilien : vaste dimension et forte densité d’emplois, proportion plus importantes de cadres D’autres facteurs explicatifs tiennent à un tissu productif singulier, avec, notamment, une forte proportion de grands groupes et de sièges sociaux. Les trajectoires professionnelles franciliennes combinent plus souvent des parcours au sein de marchés internes et de marchés professionnels.

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Langue Français

Extrait

TRAVAIL-EMPLOI
La mobilité professionnelle :
facteurs structurels et spécifcités
de l’Île-de-France
Frédéric Lainé*
Pour les personnes occupant un emploi, la mobilité professionnelle recouvre plusieurs
types de changement : d’entreprise, de métier, de poste ou encore de niveau de qualif-
cation. Ces mobilités dépendent de la situation professionnelle initiale (niveau de quali-
fcation, spécialité professionnelle exercée, taille d’entreprise…) et des attributs socio-
démographiques des personnes (genre, âge, niveau de diplôme, situation familiale…).
Quel que soit le type de mobilité considéré, elle est toujours beaucoup plus importante
chez les jeunes alors que les femmes apparaissent pénalisées par un moindre accès aux
promotions et des risques accrus de mobilité descendante. Le fait d’utiliser les technolo-
gies de l’information et de la communication favorise les changements de postes au sein
de l’entreprise ainsi que les changements de métiers ; il va également de pair avec des
mobilités ascendantes plus fréquentes.
En ce qui concerne la mobilité professionnelle, l’Île-de-France a un profl spécifque
qui se distingue du reste de la France par la plus grande fréquence de certains types de
mouvements : changements d’entreprise, changements de postes ou de métiers au sein
des entreprises et promotions. Ces traits distinctifs s’expliquent par les particularités du
marché du travail francilien : vaste dimension et forte densité d’emplois, proportion plus
importante de cadres… D’autres facteurs explicatifs tiennent à un tissu productif singu-
lier, avec, notamment, une forte proportion de grands groupes et de sièges sociaux. Les
trajectoires professionnelles franciliennes combinent plus souvent des parcours au sein
de marchés internes et de marchés professionnels.
* Frédéric Lainé est chargé de mission au Centre d’analyse stratégique. Il travaillait auparavant à l’Observatoire régional de l’emploi et
de la formation d’Ile-de-France.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 431–432, 2010 37a mobilité professionnelle recouvre plu- restructurations industrielles. La question des L sieurs dimensions : changement de poste, mobilités professionnelles dans les territoires
d’établissement ou d’entreprise, de métier ou où une forte progression de l’emploi est prévue
de niveau de qualifcation pour les personnes dans le secteur des services à la personne est
en emploi, ou encore transitions entre chômage, enfn soulevée par Chardon et Estrade (2007).
inactivité et emploi (Amossé, 2003 ; Estrade,
2006 ; COE, 2009). Les mobilités entre chô- Le marché de l’emploi de l’Île-de-France
mage et emploi ont fait l’objet de nombreuses occupe une position singulière au sein de
études, qui s’inscrivent dans les débats sur la l’Hexagone. Le nombre d’emplois (5,5 millions
progression de l’instabilité de l’emploi (voir par en 2006 selon le recensement) y est ainsi plus
exemple Amossé, 2002 ; L’Horty, 2004) ou la de deux fois plus élevé que dans la première
sécurisation des trajectoires professionnelles. région de province, Rhône-Alpes et la densité
Les travaux sur la mobilité professionnelle en d’emplois quatre plus fois plus importante que
situation d’emploi concernent principalement dans le Nord-Pas-de-Calais – pourtant la région
le rôle de la promotion interne dans l’entreprise de province la plus dense. La proportion de
dans le contexte d’un effritement des marchés cadres (27 %) y est beaucoup plus élevée qu’en
internes aux entreprises (Germe et al., 2003). province (12 % en moyenne). C’est également
Ce type de mobilité a été également abordé sous un territoire marqué par de nombreux fux
migratoires interrégionaux ou internationaux l’angle des changements de groupes sociopro-
(Boulet et Omalek, 2005). Il est alors naturel de fessionnels (Monso, 2006) et, plus récemment,
se demander si la mobilité professionnelle fait sous celui des de métiers (François
preuve elle aussi d’une comparable singularité et Longin, 2007 ; Simonnet et Ulrich, 2009 ;
dans la région-capitale.Omalek et al., 2009).
La dimension régionale ou locale des mobilités Cet article se propose de mettre en regard les
professionnelles est principalement examinée différentes facettes de cette mobilité profes-
au travers de la mobilité externe : différen- sionnelle : à savoir les changements d’entre-
ces spatiales de chance de sortie du chômage prise, de métier, de poste ou de niveau de quali-
1(Duguet et al. 2006) ou différences dans l’in- fcation (1). Les facteurs explicatifs structurels,
tensité de la rotation de la main-d’œuvre. Dans d’ordre professionnel ou sociodémographique,
de chacune de ces dimensions seront mis en évi-cette perspective, on oppose les marchés ruraux
dence, ainsi que la spécifcité de l’Île-de-France du travail, où la rotation de la main d’œuvre
dans ce domaine.et la mobilité entre entreprises sont plus fai-
bles et les marchés urbains, en particulier ceux
On utilise à cet effet l’enquête Formation des grandes métropoles, où cette mobilité est
Qualification Professionnelle (FQP) de 2003. plus importante (Jayet, 1984 ; Gaigné, 2000).
Cette source statistique présente en effet l’avan-L’appariement entre offre et demande de travail
tage de mesurer les mobilités professionnelles serait ainsi plus facile et de meilleure qualité
sur un horizon de moyen terme (cinq ans entre sur les marchés urbains. D’autres auteurs met-
1998 et 2003) et permet de repérer, outre les tent plutôt l’accent sur l’impact des modes de
changements d’entreprise ou de profession, les gestion de la main d’œuvre de grandes entre-de poste ainsi que les modes d’ac-prises ou de secteurs fortement représentés au
cès au poste (cf. encadré).niveau local sur les mobilités professionnelles
(Coing, 1982 ; Destefanis et Vasseur, 1974).
Enfn, on s’interroge sur les relations entre le Des changements d’entreprise
fonctionnement des marchés locaux du travail
entrecoupés de période de non et le développement économique local. Ainsi
les marchés locaux du travail denses, dans la emploi chez les ouvriers et les
mesure où ils engendrent davantage d’échange employés non qualifés
de main d’œuvre entre frmes, sont censés jouer
un rôle décisif dans la création et la circula-
tion des connaissances (Combes et al., 2008). e changement d’entreprise constitue un
Certaines analyses des mutations économi- L mode majeur de mobilité professionnelle.
ques – en particulier celles liées à l’évolution
de l’emploi dans les différents métiers – souli-
1. La mobilité salariale n’est pas prise en compte. Se reporter à gnent les diffcultés éventuelles de reconversion
Dupray et Recotillet (2009) ou à Bruyère et Lizé dans ce même
professionnelle dans les zones touchées par les numéro.
38 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 431–432, 2010Au niveau national, 26 % des personnes en la quitter. Ces mobilités sont également plus fré-
emploi à la fois en 1998 et en 2003 ont changé quentes aux deux extrêmes de l’échelle des qua-
au moins une fois d’entreprise entre ces deux lifcations – chez les cadres et chez les ouvriers
dates. Ces changements sont associés à des non qualifés. Les logiques de trajectoires pro-
périodes de non emploi plus ou moins impor- fessionnelles sont en réalité différentes : une
tantes selon le niveau de qualifcation. Pour les mobilité souvent choisie et sécurisée chez les
cadres, ils s’accompagnent le plus souvent d’un cadres, alors que celle des ouvriers non qualifés
maintien continu dans l’emploi, et cela, en Île- procède du caractère précaire de leur emploi. La
de-France comme en province (cf. tableau 1). mobilité entre entreprises est également affectée
En revanche, la position sur le marché du tra- par la spécialité professionnelle exercée : elles
vail des ouvriers et des employés non quali- est plus fréquente dans les métiers de l’hôtel-
fés s’avère plus fragile : en Île-de-France, la lerie-restauration-alimentation ou des services
moitié des ouvriers non qualifés ayant changé aux particuliers, ainsi que dans les métiers de la
d’entreprise ont connu au moins une période de communication et des arts, métiers où prévaut
chômage ou d’inactivité. Cette précarité des tra- une gestion plus fexible de l’emploi.
vailleurs non qualifés a été souligné par Alonzo
et Chardon (2006). Elle est aussi plus accentuée dans les petites
entreprises et moindre dans la fonction publi-
Les facteurs explicati

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