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Niveau: Supérieur

  • mémoire


Cours étudiants Médecine DCEM II Deuil 2007 Jérome ALRIC, psychologue, UMSP Au cours de la vie, chacun d'entre nous sera amené à traverser une dizaine de moments de deuil réels (arrière G.P, G.P, Parents...). Chacun d'entre nous a été, est, ou sera donc confronté à cette question du travail psychique que le deuil impose. L'expérience du deuil (et donc de la mort de l'autre) est l'expérience qui nous approche le plus de la question de la mort. En effet, l'expérience de notre propre mort nous n'y aurons jamais accès (ou bien lorsque nous y aurons accès, nous ne serons ensuite plus là pour en parler). Donc, effectivement, c'est bien par la proximité de la mort de l'autre que nous sommes amenés à questionner notre propre mort. - Dans un premire temps, nous définierons le deuil, - puis nous parlerons de qu'est-ce qui est réactivé psychiquement lorsqu'on est confronté à une perte, - Puis, j'avancerai quelques éléments sur la difficile question de la normalité des réactiosn au deuil, c'est à dire comment distinguer ce quiest pathologique de ce qui ne l'est pas ! - Enfin, nous parlerons des différentes modalités de soutien psychologiques aux endeuillés. …….. Le deuil Etymologiquement, le mot deuil vient du latin dolus = “douleur”.

  • deuil

  • équilibre psychique

  • travail de deuil

  • moment de drame

  • sens précis

  • sentiment de perte d'espoir et d'impossibilité

  • dizaine de moments de deuil réels


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Extrait

Cours étudiants Médecine DCEM II
Deuil 2007
Jérome ALRIC, psychologue, UMSP
Au cours de la vie, chacun d’entre nous sera amené à traverser une dizaine
de moments de deuil réels (arrière G.P, G.P, Parents...). Chacun d’entre nous a
été, est, ou sera donc confronté à cette question du
travail psychique que le
deuil impose.
L’expérience du deuil (et donc de la mort de l’autre) est l’expérience qui
nous approche le plus de la question de la mort. En effet, l’expérience de notre
propre mort nous n’y aurons jamais accès (ou bien lorsque nous y aurons accès,
nous ne serons ensuite plus là pour en parler).
Donc, effectivement, c’est bien par la proximité de la mort de l’autre que
nous sommes amenés à questionner notre propre mort.
- Dans un premire temps, nous définierons le deuil,
-
puis nous parlerons de qu’est-ce qui est réactivé psychiquement
lorsqu’on est confronté à une perte,
-
Puis, j’avancerai quelques éléments sur la difficile question de la
normalité des réactiosn au deuil, c’est à dire comment distinguer ce
quiest pathologique de ce qui ne l’est pas !
-
Enfin, nous parlerons des différentes modalités de soutien
psychologiques aux endeuillés.
……..
Le deuil
Etymologiquement
, le mot deuil vient du latin dolus
= “douleur”.
Le premier sens du mot est “affliction”, à l’origine du sens qui donne
“sentiment de tristesse profonde, aspect lugubre”. Dès l’ancien français, au
11ième siécle, le mot prend son sens moderne de : “chagrin causé par la mort”.
Ce n’est qu’en 1823 qu’apparait l’expression “faire son deuil de quelque
chose” qui signifie : “renoncer”.
Enfin, le mot est devenu un terme de psychanalyse en ce qui concerne le
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processus de “travail du deuil”, c’est le travail qui agit dans le psychisme à la
suite d’une perte d’objet.
Dans un premier temps, définissons le deuil comme “un état de perte d’un
être cher s’accompagnant de détresse et de douleur morale et nécessitant un
travail intra-psychique (le travail de deuil) pour être surmonté.”
C’est une expérience psychique complexe qui intervient dans toutes les
circonstances où la mort nous enlève un être proche et aimé.
“Etre endeuillé”
:
- c’est “perdre un morceau de soi”;
on peut ramener des mots comme
“déchirement” ou “amputation”. Les affects causés par cette perte sont
d’autant plus forts que les liens instaurés avec le défunt étaient
intenses. La souffrance psychique consécutive à un deuil comporte
aussi une atteinte narcissique pour celui qui reste. La mort de l’autre
est un peu notre propre mort... celui qui part amène avec lui les
souvenirs qu’il avait de nous et de notre vie.
- C’est bien différent qu’être attristé par la mort de personne avec qui il
n’existe pas véritablement de liens. Je veux dire par là que la perte
d’un malade par exemple n’a rien à voir avec la perte d’un proche. Ce
qui est fréquent pour les soignants, c’est la réactivation de deuil
personnel à partir de situation professionnelle qui nous touche.
- c’est aussi de continuer de vivre après la perte de l’ être cher.
Psychiquement, le moment de la confrontation à la perte est un moment
de drame, il s’agit d’une crise, d’une épreuve.
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1. Deuil et normalité
Le deuil dit “normal”
L’état de deuil est définie comme une dépression normale
dans la
mesure où il y a un mouvement de régression psychique naturel et quasiment
automatique. L’atteinte narcissique est telle que des sentiments d’abandons sont
réctivés !
Cette dépression, dite réactionnelle est définie comme un état de tristesse
prédominant, avec une intense anxiété et une quête de réassurance est constante.
Ce temps peut bien entendu, durer de nombreuses semaines ou mois.
On dit souvent que c’est lorsque les pleurs commencent que l’on peut
parler de l’installation du travail du deuil. Mais avant le début du travail du deuil
qui est le travail de recolmatage, de reconstruction, cette période de l’immédiate
après la perte se repère à certains types de troubles.
1. Des symptômes affectifs peuvent être : la dépression, l’anxiété, la culpabilité,
la colère ou l’hostilié, l’anhédonie, la solitude.
2. Des manifestations comportementales : agitation, fatigue, pleurs.
3. Des troubles somatiques et des plaintes corporelles : sommeil, troubles de
l’appétit, perte d’énergie, plaintes corporelles de tous ordres.
4. Des altérations cognitives : ralentissement de la pensée, perte de la
concentration et de l’attention, troubles mnésiques.
5. Des attitudes particulières de l’endeuillé :
envers lui-même : auto-reproches, mauvaise estime de soi, sentiment de
perte d’espoir et d’impossibilité à être aidé, perte du sens de la réalité.
envers le disparu : recherche du disparu, imitation de ses comportements
voire de ses symptômes, fixation sur le défunt qui exclut tout autre centre
d’intérêt.
envers l’environnement : modification de la prise de substances
psychotropes, tabac, alcool..., fragilité particulière aux maladies.
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Le travail du deuil
On peut faire un parallèle entre le travail du deuil et la cicatrisation
d’une plaie. Plus que pour le corps, ici la durée de la cicatrisation est
extrêmement variable en fonction de l’histoire de la personne et de son
organisation psychique.
La réorganisation (psychique et physique) peut durer toute la vie. La fin
n’est jamais véritablement atteinte, au mieux, il ne persiste qu’une cicatrice
comme seul signe visible.
Et cette cicatrice peut rappeller à tout moment et à
tous,
l’histoire passée.
………
Si l’on refléchie en terme de phases repérables sur le plus grand nombre,
alors, on peut dire qu’il y a une succession de processus :
phase de détresse :
- Un processus de désinvestissement (de l’objet disparu),
phase de dépression :
- Une intériorisation et une identification à cet objet,
- Un processus de culpabilité (/ au fait de continuer à
vivre et d’investir autre chose)
phase d’adaptation :
- Un détachement.
Le deuil normal sera considéré comme achevé quand le sujet pourra
reprendre une relation affective ou un investissement équivalent en terme
d’énergie libidinale.
Mais c’est un processus très complexe : en effet, d’un côté, le sujet devra
mettre en place ses mécanismes de défense pour sa survie psychique et à la fois,
il devra travailler cette représentation de l’objet disparu, c’est à dire il devra
mettre des mots sur cette absence, reconstruire des souvenirs…
C’est cela que l’on peut appeller « avoir fait son deuil » : c’est lorsque
l’être perdu peut être pensé, évoqué sans trop d’angoisse ni de tristesse, lorsqu’il
occupe une place au niveau des souvenirs de l’endeuillé et plus largement, une
place dans les souvenirs de la famille.
De Broca nous dit : “Réécrire l’histoire du défunt, c’est permettre à
l’endeuillé de reconstruire sa mémoire, de la réhabiter, et donc de se
réhabiter”.
Mais je répète,
Chacun a son temps pour retrouver ou créer son nouvel
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équilibre psychique, le parcours est très variable selon sa personnalité, selon ses
convictions culturelles, religieuses... Chacun réagit de manière singulière.
Un deuil « bien fait » amène souvent une
transformation psychique.
En effet, longtemps après, les endeuillés disent parfois que cette épreuve a
été une “chance de croissance”...
Ce n’est bien sûr, pas la disparition elle même
qui fait « grandir »
mais
le sens donné à cette épreuve
pour l’endeuillé même
si c’est un cheminement qui prend des années.
Un deuil conduit jusqu’au bout peut amener une maturation de la
personne qui, de toute façon, ne sera “plus jamais comme avant”. Le sujet ne
peut plus faire comme s’il n’avait rien vécu, on peut rapprocher là tout ce que dit
Boris Cyrulnick sur
la résilience !
Et c’est au sortir de ce deuil dit “normal”, qu’il y a acceptation de sa
nouvelle identité de veuf ou de veuve, retour d’élan vital, construction de
nouveaux de projets, retour d’une vie socialisée et souvent nouvel objet
d’amour...
Traitement psychique des pertes
Le deuil implique une « impossibilité de retourner à la situation
antérieure » ; il s’agit donc de faire avec le manque, le vide, l’absence !
Ce que l’on peut repérer, c’est que psychiquement, la « capacité à faire un
deuil » renvoie directement à la « manière de faire avec le manque » ; c’est à
dire que cette capacité là est intimement liée à sa construction psychique et à son
histoire.
Alors, comment un sujet va réagir face à cette perte définitive ?
J’ai envie de dire en fonction de comment ont été traversé les deuils
« originaires »...
Je m’explique : Lorsqu’un sujet vit un deuil, c’est la façon dont les
premières pertes ont été vécuent qui va être réintérrogée. C’est en ce sens précis
que la manière d’accepter la perte d’une personne aimée est singulière et dépend
de notre histoire.
Le deuil originaire est lié aux premières séparations maternelles. La toute
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première épreuve est le sevrage : le sevrage c’est la fin de l’état fusionnel du
nourrissson d’avec sa mère. L’enfant doit renoncer au type de relation qu’il a
entretenu avec elle jusque là.
En effet, c’est dès la toute petite enfance que nous apprenons à nous
séparer, à tolérer l’absence sans nous sentir abandonné.
C’est là que se joue
notre capacité à faire face aux deuils de la vie
. Très schématiquement, on peut
donc dire que tout deuil fait revivre cette situation antérieure, cette première
séparation maternelle.
Comment cela se joue-t-il ?
1.
L’enfant a d’abord l’illusion que sa mère lui appartient, qu’elle est à lui et
qu’il est entièrement l’objet de son désir. A ce stade là, la mère n’est que le “bon
objet” qui apporte réconfort et bien-être.
2.
Progressivement, le nourrisson va être confronté au fait que la mère a un
univers plus large; il va devoir accepter les départs successifs de sa mère,
occupée ailleurs.
L’enfant entre dans une
phase de dépression
. Cette phase dépressive est
donc une étape décisive dans la maturation du psychisme de l’enfant. Ce n’est
que peu à peu, avec douleur, que l’enfant, va parvenir à rétablir en lui un objet
interne bon et sécurisant.
3.
Le premier objet d’amour (la mère) est introjecté; c’est à dire l’enfant fait
passer du “dehors” au “dedans” les qualités inhérentes de l’objet perdu et n’a
plus besoin de l’objet réel.
Le nourrisson accompli donc ce douloureux et nécessaire travail de deuil
(C’est à dire il introjecte son premier objet d’amour, il intègre psychiquement)
même si là la perte n’est pas définitive.
La manière dont il parvient à sortir de la position dépressive occasionné
par l’absence constitue
le cliché
. Cliché sur lequel va se jouer et qui va
conditionner la qualité des deuils ultérieurs.
Tout travail de deuil renvoie à un renforcement de l’intériorisation de la
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relation avec le disparu. L’endeuillé cherche à réinstaller en lui-même l’objet
aimé, supporte mieux l’absence, grâce à cette présence interne, à ces
représentations apaisées !
……………..
“Deuil compliqué” et “pathologique”
Il nous faut dire un mot des deuils « compliqué” et “pathologique” même
si je rechigne un peu à psychopathologisr ce processus.
Le deuil reste une étape profondémment déstabilisante pour tous ceux qui
la vivent, mais elle l’est encore plus lorsque la personne endeuillée présentait
antérieurement une organisation psychique dites “pathologiques”. C’est la
question du “deuil compliqué” et du “deuil pathologique”. Il faut relativiser car
très souvent, on s’aperçoit que des personnes que l’on pressentaient fragiles
psychologiquement nous étonnent complètement pour ce qui concerne la
récupération psychologique à la suite d’un deuil !
Si on s’appuie sur des travaux de psychologues cliniciens et de
psychanalystes, on peut noter que « l’absence de peine » à la suite de la perte
d’une personne aimée est un signe qui peut alarmer. Mais là encore, chacun son
rythme, et chacun sa façon d’exprimer aussi !
Un point incontournable : la reconnaissance de la réalité de la perte passe
par une souffrance qu’il faudra traverser; cette phase est nécessaire pour intégrer
à terme la permanence de l’absence.
La littérature qualifie le “
deuil compliqué”
par un blocage du travail du
deuil avec le plus souvent prolongation de la phase dépressive.
Par exemple, les pensées restent bloquées sur un point particulier ou sont
en permanence tristes...
Un pallier encore au dessus, le
“deuil pathologique”
se qualifie par une
tristesse figée qui n’évolue pas et une absence de plaisir, de désir. On est proche
là du refuge dans la mélancolie où la personne devient insensibles aux
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sollicitations extérieures avec un ralentissement physique et psychique
important, sommeil déréglé, difficulté à se concentrer et perte de mémoire, des
douleurs physiques, idées de mort persistante et perte de l’estime de soi.
Dans des cas extrêmes, une expérience de deuil peut déboucher sur une
maladie mentale;
- du coté de la psychose maniaque; comportements maniaques avec négation de
la perte !
- du côté de la névrose obsessionnelle avec d’immuables rituels qui contiennent
l’angoisse !
- du côté de la pathologie hystérique. Dans ce cas, l’endeuillé se comporte
comme si le défunt était resté vivant. Ilthéatrâlise la chose, parle aux photos,
garde sa place à la table des repas, son lit et sa chambre avec toutes ses affaires
personnelles dans un cadre imaginaire. L’inflation de l’imagnaire évite la
confrontation au réel de l’absence…
Mais il est primordial de pointer que chacun a son temps et son style
de réaction pour faire face à l’inacceptable et pour continuer à vivre. Des
comportements qui peuvent nous paraître insensés sont parfois nécessaires
pour tel sujet ! Plus qu’ailleurs il faut donner de temps au temps et surtout
se garder de psychiatriser trop vite !
Peut-on aider quelqu’un à faire un deuil et comment ?
Les différentes modalités de soutien
70 % des gens meurent à l’hopital. On comprend que les soignants sont
naturellement amenés à accompagner des personnes en deuil, tout au moins
pendant la période du deuil aigü.
Pour une pratique soignante à l’hôpital, “moins on en dit, mieux on
accompagne”. C’est à dire, l’endeuillé ne demande qu’à être écouté sur ses
angoisses et ses peurs… De plus, les mots sont de toute façon impuissants à
colmater cette douleur.
Dans ces moments extrêmes, il s’agit pour les soignants :
- de ne pas fuir,
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- simplement d’être véritablement présent,
- et prendre du temps,
- Etre prêt à contenir et à recevoir l’endeuillé et sa souffrance.
Pour ce qui est de l’aide au travail de deuil, c’est autre chose !
Les endeuillés sont plus en demande qu’avant de rencontrer des
professionnels et ce, pour plusieurs raisons.
- Les rituels de deuil ayant quasiment disparus, l’endeuillé est
irrémédiablement renvoyé à lui-même. Il lui reste donc à inventer une
façon convenable de vivre et de dire son deuil.
- La société tolère de moins en moins le débordement d’émotions : il
faut taire les émotions... En effet, il est interdit d’exprimer trop
longtemps du chagrin. Même dans le cercle familial, au bout d’un
certain temps, on ne parle plus du disparu. La demande serait plutôt
d’aller de l’avant, d’« oublier », on se détourne du sujet, on se
protège...
Voilà pourquoi certains endeuillés ont besoins de rencontrer quelqu’un
pour pleurer, dire, se souvenir…
quelqu’un qui entende et qui reconnaisse
l’endeuillé comme un sujet souffrant.
……
Avec ce que l’on a dit de la construction psychique, on comprend qu’il est
difficile d’aider quelqu’un à faire un deuil dans la mesure où on n’a pas
directement accès à ce cliché dont nous parlions plus haut, à cette organisation
psychique qui favorise ou entrave le processus d’acceptation de la perte.
Néanmoins, un travail de parole peut faire jouer à minima les
représentations de l’objet perdu et des liens à l’objet perdu et peut aider…, peut
aider l’endeuillé à trouver du sens à cette épreuve.
Je passe sur le techniques de travail mais je vous dis simplement que
l’endeuillé n’a pas besoin de consolation… La « consolation » revient à « faire
taire ». L’endeuillé semble plutôt en quête d’un espace de liberté pour pouvoir
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exprimer sa souffrance.
…………
Les formes compliqués et pathologiques du deuil doivent être traités :
-
médicalement par des traitements spécifiques (pour les états dépressifs ou
maniaques fortement installés),
-
Mais des molécules seules n’ont jamais résolues le problème du deuil. Freud
écrit même : “il ne viendrait à l’esprit de personne de traiter le deuil de façon
médicale”,
il faut donc privilégier les dispositifs qui permettent une parole.
Les dispositifs de parole peuvent être :
1. Un groupe d’entraides pour personnes endeuillées.
Il s’agit là parfois simplement dans un premier temps de rompre le
silence, qui est une des plus grande souffrance des personnes en deuil. On ne
parle pas faute de vouloir protéger l’autre. Chaque personne vient échanger avec
d’autres ce qu’elles vivent. Chaque personne ayant vécue un deuil, le groupe
permet par un partage d’expérience une
identification très aidante
. De plus,
l’appartenance au groupe recrée du lien social. Le groupe ne peut remplacer une
thérapie lorsqu’elle est nécessaire.
2.
un travail de thérapie individuelle.
Là, on essaie là de mettre du sens pour
que le passé, les pertes prennent sens pour une meilleure possibilité de vivre ce
qu’il reste à vivre. Le travail de la parole permet aussi d’apprivoiser les
représentations vis à vis du disparu !
Le but étant de construire avec la personne
des stratégies personnelles pour faire avec l’absence !
Conclusion
La grande catastrophe aujourd’hui, c’est qu’avec les ravages de la
normalisation de la psychologie,
« on demande à endeuillé de faire son deuil
comme on fait son lit, sa toilette, ses courses… Il faut être raisonnable »
.
Mais c’est un processus qui n’a rien à voir avec la raison !
Je l’ai déjà dit, soyons tolérant, chacun construit son échafaudage
psychologique avec son « style » pour « faire face à l’inacceptable » et pour
continuer à vivre. Même en ce qui concerne le temps, le travail de deuil n’a
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peut-être pas forcément de fin définitive, on n’est jamais guéri une fois pour
toute, il s’agit plutôt d’un processus sans cesse à renouveler, à requestionner…
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