Quelques graffites inédits de la Graufesenque (Aveyron) - article ; n°1 ; vol.115, pg 188-212
26 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1971 - Volume 115 - Numéro 1 - Pages 188-212
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Robert Marichal
Quelques graffites inédits de la Graufesenque (Aveyron)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 1, 1971. pp. 188-
212.
Citer ce document / Cite this document :
Marichal Robert. Quelques graffites inédits de la Graufesenque (Aveyron). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 1, 1971. pp. 188-212.
doi : 10.3406/crai.1971.12613
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1971_num_115_1_12613COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 188
COMMUNICATION
QUELQUES GRAFFITES INÉDITS DE LA GRAUFESENQUE (aVEYRON),
PAR M. ROBERT MARICHAL.
Le site de La Graufesenque, près de Millau, au confluent de la
Dourbie et du Tarn, qui a été identifié avec le Condatomagos, le
« champ du confluent », de la table de Peutinger (segment 1 b2), est
l'un des plus riches de France en fragments de poteries sigillées.
« Chaque année, après les inondations et à la saison des labours, les
grèves de la Dourbie et les champs de La Graufesenque sont parse
més de tessons ». Les paysans les attribuaient aux mains des fées et
leur donnaient le nom de toroillets de los fadarelos1.
Dès 1802, dans sa Description du département de VAveyron, Monteil
signale à La Graufesenque les restes d' « une ancienne fabrique » et
note sur les tessons des inscriptions qu'il qualifie de « gothiques ».
Le baron de Gaujal, en 1819, dans son Tableau historique du Rouer-
gue, y reconnaît des fragments de « poteries romaines ».
Les premières explorations du site furent, peut-être dès 1862,
celles que poursuivit, dans sa propriété de La Graufesenque, l'abbé
Malzac, aumônier du couvent Notre-Dame de Millau, et les premières
fouilles proprement dites celles de l'abbé Cérès, aumônier d'un cou
vent de Rodez, qui, dès 1869, offrit au Musée des Antiquités natio
nales des céramiques ruthènes. Il continua ses fouilles jusqu'à sa
mort en 1887. Il a légué ses collections au Musée de la Société des
Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, mais une partie en fut perdue
ou dispersée2.
Les fouilles furent continuées de 1901 à 1906 par l'abbé Frédéric
Hermet, curé de L'Hospitalet-du-Larzac. Elles furent menées dans
des conditions difficiles : l'abbé Hermet ne pouvait fouiller qu'entre
la fin des moissons et le début des labours ; il devait combler ses
tranchées après chaque campagne pour les rouvrir l'année suivante.
Malgré cela il parvint à exhumer plus de 4.000 tessons et à dresser
1. A. Albenque, Inventaire de l'Archéologie gallo-romaine du département de l'Aveyron,
Rodez, 1947, in-8°, p. 83-88 et p. 201 ; L. Balsan, Les fouilles de La Graufesenque au
XIXe siècle et Hommage au chanoine Hermet, dans Mélanges Louis Balsan, V, extraits
des Procès- Verbaux de la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, XXXIX,
1968, p. 71-85. On trouvera, pour les graffltes, une bibliographie plus récente que celle
d' Albenque dans P.-M. Duval et R. Marichal, Un « compte d'enfournement » inédit de
La Graufesenque, dans Mélanges Piganiol, Paris, 1966, III, p. 1341. Pour la Terra
sigillata en général, cf. l'excellent exposé de H. Comfort, Realencyclopàdie de Pauly-
Wissowa, VII, suppl., col. 1295-1352, Stuttgart, 1940, que je cite dans la traduction
française du Dr. B. Hasler publiée dans les Travaux du Laboratoire de Céramologie de
Valence, I, 1968.
2. Cf. infra, p. 189. GRAFFITES INÉDITS DE LA GRAUFESENQUE 189
une liste de près de 200 noms de potiers. Grâce à lui, dès 1904, dans
son livre sur Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, Déche-
lette put reconnaître dans les manufactures de La Graufesenque
le plus important centre de production de céramiques sigillées de
l'Empire romain au ier siècle. L'abbé Hermet a lui-même publié en
1934, dans deux gros volumes in-4°, le résultat de ses découvertes
et des investigations qu'il avait poursuivies dans la plupart des
collections de l'Europe.
Les fouilles ont été reprises en 1950 par MM. Albenque et Balsan
et poursuivies après la mort d' Albenque, en 1951, par M. Louis Bal
san, conservateur du Musée Fenaille à Rodez et directeur de la So
ciété des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron. L'État a loué, avec
promesse d'achat, un terrain de 4.000 mètres carrés, et les fouilles
peuvent être désormais poursuivies de façon vraiment scientifique1.
L'une des découvertes les plus originales des fouilles de La Grau
fesenque a été celle de soixante-quinze grafntes gallo-romains in
scrits à la pointe sèche dont la plupart sont des comptes de potiers
tels que ce graffite n° 16 b (fig. 1), l'un des moins abîmés des graffîtes
encore inédits. En dehors de La Graufesenque on n'en connaît guère
qu'une dizaine d'autres provenant d'une dizaine de fabriques dis
persées sur tout le territoire de l'Empire : plusieurs d'entre eux,
notamment l'un qui provient de Montans et un second de Blickweiler
dans le Palatinat rhénan, sont tout à fait comparables et tendent
donc à prouver que ce que les graffîtes de La Graufesenque peuvent
nous révéler sur l'organisation des manufactures de céramique peut
être étendu à toutes les manufactures romaines du premier siècle
de notre ère.
De plus, ces graffîtes contiennent des mots gaulois : c'est grâce à
eux, entre autres, que nous connaissons les dix premiers nombres
ordinaux en cette langue ; trois, dont un inédit, qui ne sont pas des
comptes, sont d'ailleurs entièrement en gaulois.
Les deux premiers graffîtes découverts, qui provenaient des fouilles
de l'abbé Cérès, ont été publiés en 1882 et 1884 par Héron de Ville-
fosse dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de France : ils
avaient disparu et n'étaient plus connus que par des dessins lors-
qu'en 1961 l'un d'eux a été retrouvé au Musée du Louvre et republié
en 1966 par M. P.-M. Duval et moi-même dans les Mélanges Piganiol.
Quarante et un autres ont été trouvés par l'abbé Hermet et pu
bliés par lui, avec des photographies, à Rodez, en 1923, et, à nouveau,
en 1934, au tome n de son livre sur La Graufesenque.
Trente-cinq nouveaux tessons ont été découverts depuis 1950,
1. Cf. L. Balsan, Recherches archéologiques autour de Condatomago, op. cit., p. 44*57.
1971 13 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS 190
douze ont été publiés dans la Revue des Études anciennes, en 1951,
par Albenque, puis, en 1952 et 1953, par André Aymard1.
Vingt-trois autres sont restés inédits et MM. Balsan et P.-M. Duval
ont bien voulu m'en confier la publication. Ils paraîtront également
dans la Revue des Études anciennes.
Fig. 1.
Je voudrais brièvement vous présenter les plus intéressants
d'entre eux.
Douze de ces nouveaux graffites sont aussi des comptes. On y a
vu successivement « des bordereaux de commande établis par un de
ces Negotiatores artis cretariae que nous font connaître certaines ins
criptions »2, des bordereaux d'expédition3, des comptes d'enfourne
ment, c'est cette dernière hypothèse qui est généralement admise
depuis l'étude de M. P.-M. Duval, Composition et nature des graffites
de La Graufesenque, parue dans les Études celtiques en 19564 et les
lectures nouvelles que nous avons faites : furnus primus, furnus
secundus, incepit furnus dans le graffîte publié par Héron de Ville-
fosse et dans un autre graffîte retrouvé aussi au Louvre nous ont
paru, à M. Duval et à moi-même, apporter un nouvel argument en
faveur de cette interprétation. On verra plus loin que l'examen que
1. Les graffites publiés par Hermet ont reçu la cote H. 1 à H. 44, ceux publiés par
Albenque et Aymard la cote A. 1 à A. 17, les inédits celle de 13 B à 35 B.
2. Déchelette, Les vases ornés de la Gaule romaine, I, Paris, 1904, p. 91.
3. Hermet, Les graffites de La Graufesenque, p. ix.
4. T. VII, p. 251-268, 2 pi. GRAFFITES INÉDITS DE LA GRAUFESENQUE 191
j'ai pu faire des originaux à Rodez en compagnie de M. Balsan, et
grâce à lui, en décembre dernier, en donne une nouvelle confirmation.
Parmi les

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