Ferragus
119 pages
Français

Ferragus

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome I. Neuvième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Pour la première fois depuis cinq ans madame Jules se coucha seule dans son lit, et fut contrainte de laisser entrer un médecin dans sa chambre sacrée. Ce fut deux peines bien vives. Desplein trouva madame Jules fort mal, jamais émotion violente n’avait été plus intempestive. Il ne voulut rien préjuger, et remit au lendemain à donner son avis, après avoir ordonné quelques prescriptions qui ne furent point exécutées, les intérêts du cœur ayant fait oublier tous les soins physiques. Vers le matin, Clémence n’avait pas encore dormi. Elle était préoccupée par le sourd murmure d’une conversation qui durait depuis plusieurs heures entre les deux frères 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782824709741
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
F ERRA GUS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
F ERRA GUS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0974-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.H IST OI RE DES T REIZE
1P RÉF A CE
 ’ , sous l’Empir e et dans Paris, tr eize hommes
ég alement frapp és du même sentiment, tous doués d’une assezI grande éner gie p our êtr e fidèles à la même p ensé e , assez pr ob es
entr e eux p our ne p oint se trahir , alor s même que leur s intérêts se tr
ouvaient opp osés, assez pr ofondément p olitiques p our dissimuler les liens
sacrés qui les unissaient, assez forts p our se mer e au-dessus de toutes
les lois, assez hardis p our tout entr epr endr e , et assez heur eux p our av oir
pr esque toujour s réussi dans leur s desseins  ; ayant cour u les plus grands
dang er s, mais taisant leur s défaites  ; inaccessibles à la p eur , et n’ayant
tr emblé ni de vant le prince , ni de vant le b our r e au, ni d e vant l’inno cence  ;
s’étant acceptés tous, tels qu’ils étaient, sans tenir compte des
préjug és so ciaux  ; criminels sans doute , mais certainement r emar quables p ar
quelques-unes des qualités qui font les grands hommes, et ne se r e cr
utant que p ar mi les hommes d’élite . Enfin, p our que rien ne manquât à
la sombr e et my stérieuse p o ésie de cee histoir e , ces tr eize hommes sont
r estés inconnus, quoique tous aient ré alisé les plus bizar r es idé es que
suggèr e à l’imagination la fantastique puissance faussement aribué e aux
Manfr e d, aux Faust, aux Melmoth  ; et tous aujourd’hui sont brisés,
disp er sés du moins. Ils sont p aisiblement r entrés sous le joug des lois civiles,
2Fer ragus Chapitr e
de même que Mor g an, l’ A chille des pirates, se fit, de ravag eur , colon
tranquille , et disp osa sans r emords, à la lueur du fo y er domestique , de millions
ramassés dans le sang, à la r oug e clarté des incendies.
D epuis la mort de Nap olé on, un hasard que l’auteur doit tair e encor e
a dissous les liens de cee vie se crète , curieuse , autant que p eut l’êtr e le
plus noir des r omans de madame Radcliffe . La p er mission assez étrang e de
raconter à sa guise quelques-unes des av entur es ar rivé es à ces hommes,
tout en r esp e ctant certaines conv enances, ne lui a été que ré cemment
donné e p our un de ces hér os anony mes aux quels la so ciété tout entièr e
fut o ccultement soumise , et chez le quel il cr oit av oir sur pris un vague
désir de célébrité .
Cet homme en app ar ence jeune encor e , à che v eux blonds, aux y eux
bleus, dont la v oix douce et clair e semblait annoncer une âme féminine ,
était pâle de visag e et my stérieux dans ses manièr es, il causait av e c
amabilité , prétendait n’av oir que quarante ans, et p ouvait app artenir aux plus
hautes classes so ciales. Le nom qu’il avait pris p araissait êtr e un nom
supp osé  ; dans le monde , sa p er sonne était inconnue . ’ est-il  ? On ne sait.
Peut-êtr e en confiant à l’auteur les choses e xtraordinair es qu’il lui a
ré vélé es, l’inconnu v oulait-il les v oir en quelque sorte r epr o duites, et jouir
des émotions qu’ elles feraient naîtr e au cœur de la foule , sentiment
analogue à celui qui agitait Macpher son quand le nom d’Ossian, sa cré atur e ,
s’inscrivait dans tous les lang ag es. Et c’était, certes, p our l’av o cat é cossais,
une des sensations les plus viv es, ou les plus rar es du moins, que l’homme
puisse se donner . N’ est-ce p as l’incognito du g énie  ? Écrir e l’ Itinéraire de
Paris à Jérusalem , c’ est pr endr e sa p art dans la gloir e humaine d’un siè cle  ;
mais doter son p ay s d’un Homèr e , n’ est-ce p as usur p er sur Dieu  ?
L’auteur connaît tr op les lois de la nar ration p our ignor er les eng ag
ements que cee courte préface lui fait contracter  ; mais il connaît assez
l’ Histoire des Treize p our êtr e certain de ne jamais se tr ouv er au-dessous
de l’intérêt que doit inspir er ce pr ogramme . D es drames dég ouant de
sang, des comé dies pleines de ter r eur s, des r omans où r oulent des têtes
se crètement coup é es, lui ont été confiés. Si quelque le cteur n’était p as
rassasié des hor r eur s fr oidement ser vies au public depuis quelque temps,
il p our rait lui ré véler de calmes atr o cités, de sur pr enantes trag é dies de
famille , p our p eu que le désir de les sav oir lui fût témoigné . Mais il a choisi
3Fer ragus Chapitr e
de préfér ence les av entur es les plus douces, celles où des scènes pur es
succèdent à l’ orag e des p assions, où la femme est radieuse de v ertus et de
b e auté . Pour l’honneur des T r eize , il s’ en r encontr e de telles dans leur
histoir e , qui p eut-êtr e aura l’honneur d’êtr e mise un jour en p endant de celle
des flibustier s, ce p euple à p art, si curieusement éner gique , si aachant
malgré ses crimes.
Un auteur doit dé daigner de conv ertir son ré cit, quand c e ré cit est
véritable , en une espè ce de joujou à sur prise , et de pr omener , à la manièr e
de quelques r omancier s, le le cteur , p endant quatr e v olumes, de
souterrains en souter rains, p our lui montr er un cadav r e tout se c, et lui dir e , en
for me de conclusion, qu’il lui a constamment fait p eur d’une p orte
caché e dans quelque tapisserie , ou d’un mort laissé p ar még arde sous des
plancher s. Malgré son av er sion p our les préfaces, l’auteur a dû jeter ces
phrases en tête de ce fragment. Ferragus est un pr emier épiso de qui tient
p ar d’invisibles liens à l’Histoir e des tr eize , dont la puissance natur
ellement acquise p eut seule e xpliquer certains r essorts en app ar ence sur
natur els. oiqu’il soit p er mis aux conteur s d’av oir une sorte de co queerie
liérair e , en de v enant historiens, ils doiv ent r enoncer aux bénéfices que
pr o cur e l’app ar ente bizar r erie des titr es sur lesquels se fondent
aujourd’hui de lég er s succès. A ussi l’auteur e xpliquera-t-il succinctement ici les
raisons qui l’ ont oblig é d’accepter des intitulés p eu natur els en app ar ence .
F ERRA GUS est, suivant une ancienne coutume , un nom pris p ar un
chef de D é v orants. Le jour de leur éle ction, ces chefs continuent celle
des dy nasties dé v orantesques dont le nom leur plaît le plus, comme le
font les p ap es à leur avénement, p our les dy nasties p ontificales. Ainsi les
D é v orants ont Trempe-la Soupe IX , Ferragus XXII , Tutanus XIII ,
MascheFer IV , de même que l’Église a ses Clément X I V , Grég oir e IX, Jules I I,
Ale x andr e V I, etc. Maintenant, que sont les D é v orants  ? D é v orants est le
nom d’une des tribus de Compagnons r essortissant jadis de la grande
asso ciation my stique for mé e entr e les ouv rier s de la chrétienté p our r ebâtir
le temple de Jér usalem. Le Compagnonage est encor e deb out en France
dans le p euple . Ses traditions puissantes sur des têtes p eu é clairé es et sur
des g ens qui ne sont p oint assez instr uits p our manquer à leur s ser ments,
p our raient ser vir à de for midables entr eprises, si quelque gr ossier g énie
v oulait s’ emp ar er de ces div er ses so ciétés. En effet, là , tous les instr
u4Fer ragus Chapitr e
ments sont pr esque av eugles  ; là , de ville en ville , e x

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