Vers une prosopographie des hérauts bretons médiévaux : une enquête à poursuivre - article ; n°3 ; vol.145, pg 1399-1426
29 pages
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2001 - Volume 145 - Numéro 3 - Pages 1399-1426
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Professeur Michael Jones
Vers une prosopographie des hérauts bretons médiévaux : une
enquête à poursuivre
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 145e année, N. 3, 2001. pp.
1399-1426.
Citer ce document / Cite this document :
Jones Michael. Vers une prosopographie des hérauts bretons médiévaux : une enquête à poursuivre. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 145e année, N. 3, 2001. pp. 1399-1426.
doi : 10.3406/crai.2001.16352
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2001_num_145_3_16352;
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COMMUNICATION
VERS UNE PROSOPOGRAPHIE DES HÉRAUTS BRETONS MÉDIÉVAUX
UNE ENQUÊTE À POURSUIVRE, PAR M. MICHAEL JONES
Peu de tentatives sérieuses ont été effectuées jusqu'à présent
par les grands savants du début des temps modernes ou des
chercheurs plus récents pour décrire systématiquement la car
rière et la fortune des hérauts et autres officiers d'armes au service
de la couronne ou des grands princes français à la fin du Moyen
Age1. Si quelques-uns d'entre eux ont néanmoins attiré leur
attention, c'est peut-être parce qu'ils laissèrent d'importantes
œuvres - comme le roi d'armes Anjou, dont le traité écrit du début
du XVe siècle est le premier compte rendu majeur d'un héraut sur
leur vie et leurs fonctions qui nous soit parvenu2, ou le héraut
Sicile, qui au milieu du même siècle remonta aux origines des
hérauts jusqu'à Jules César3- ou bien parce que, comme Gilles le
Bouvier, le héraut Berry, et Jean le Fèvre de Saint-Rémy, Toison
d'Or, ils rédigèrent d'importantes chroniques sur des événements
récents4. Cependant, à ma connaissance, on ne trouve rien d'équi
valent en France aux générations de recherches érudites qui ont
révélé les noms et les carrières des hérauts anglais de cette époque,
plus spécialement celui de leur contemporain, Guillaume Bruges,
le premier roi d'armes Jarretière5. L'absence d'un « Collège
1. Pour une bibliographie importante, voir R. Mathieu, Le système héraldique français,
Paris, 1946.
2. A. R. Wagner, Heralds and Heraldry in the Middle Ages, 2e tirage. Oxford, 1956,
p. 41-45, « Les réponses du Roi d'Armes Anjou » vers 1400, d'après Oxford, Bodleian
Library, ms. Rawlinson, C. 399, f° 76-80.
3. Parties inédites de l'œuvre de Sicile héraut d'Alphonse V roi d'Aragon, maréchal d'armes
du pays de Hainault, auteur du blason de couleurs, précédées d'une lettre, en forme de
préface, et d'une introduction, par feu le P. Roland, de la compagnie de Jésus (Société des
Bibliophiles belges, 22), Mons, 1867.
4. Les Chroniques du Roi Charles Vil par Gilles Le Bouvier dit le Héraut Berry, H. Cour-
teault. L. Celier et M. -H. Jullien de Pommerol éd.. Paris, Société de l'Histoire de France,
1979 ; Jean Le Fèvre de Saint-Rémv, Chronique, F. Morand éd., Paris, Société de l'Histoire
de France, 1876-1881. 2 vol.
5. H. S. London, The Life of William Bruges the First Garter King ofArms (Harleian
Society, t. CXI et t. CXII). Londres, 1970 ; Sir A. Wagner, Heralds ofEngland. AHistoryof
the Office and (hllege ofArms, 1967, résume une vie consacrée à l'étude scienti
fique des hérauts anglais. 1400 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
d'Armes » moderne français explique pour partie pourquoi
l'étude des hérauts a été sérieusement négligée pendant
fort longtemps6 ; un dédain républicain et par conséquent une
arrogance universitaire pour un groupe lié de façon si évidente,
par l'intermédiaire de l'obscure science héraldique, aux privilèges
de la noblesse, fourniront probablement d'autres raisons expl
iquant cette négligence, bien que la valeur de l'héraldique comme
outil auxiliaire permettant de comprendre des problèmes histo
riques plus importants, à l'instar des études codicologiques ou de
la sigillographie, ait évidemment été reconnue depuis longtemps7.
Il existe pourtant des signes encourageant de changement et des
preuves que l'intérêt porté aux hérauts et à l'héraldique de la fin
du Moyen Âge est en train de se développer plus largement ; les
leçons tirées d'autres disciplines des sciences sociales ont eu un
impact. Par exemple, la sémiotique des devises et manifestations
héraldiques est désormais soumise à un examen minutieux8, et
une autre approche - dont les pionniers furent des historiens
d'époques différentes du Moyen Âge -, celle de la prosopographie
et de l'étude collective de groupes, peut aussi conduire à engran
ger une bonne récolte, comme l'a montré Stéphane Thuret dans
une étude solidement documentée sur les hérauts et poursuivants
au service de Philippe le Bon, duc de Bourgogne9. Leur présence
dans d'autres maisons piïncières comme celle de René d'Anjou a,
évidemment, été relevée ; l'esquisse de leur hiérarchie en cours de
développement et de leur statut naissant, le nombre croissant
aussi de hérauts au service princier, particulièrement au XVe siècle
et culminant, semble-t-il, vers 1480-1520, est à présent considérée
dans toute sa valeur10.
6. Peut-être aussi la disparition après la bataille de Poitiers de l'équivalent de l'Ordre
de la Jarretière, toujours actif, l'Ordre de l'Étoile, et le remplacement au XVIe siècle du
grand ordre chevaleresque royal français médiéval, l'Ordre de Saint-Michel, pourraient
compter au nombre des explications probables.
7. Cf. M. Balard, Bibliographie de l'Histoire médiévale en France (1965-1990), Paris, 1992,
Chap. XX, Sciences auxiliaires de l'histoire médiévale, p. 433 sq., pour une assez maigre
récolte dans ces deux domaines.
8. L. Hablot, La Devise, mise en signe du prince, mise en scène du pouvoir. Les devises et
l'emblématique des princes en France et en Europe à la fin du Moyen Age, thèse de doctorat,
Université de Poitiers, décembre 2001 ; Torsten Hiltmann, Université de Dresde, est en
train de rédiger une thèse sur les traités héraldiques français du XVe siècle, sous la
direction de Gert Melville et Michel Pastoureau.
9. S. Thuret, Les Officiers d'armes du duc de Bourgogne, Philippe le Bon (1419-1467), d'après
les comptes de la recette générale de toutes les finances du duc de Bourgogne, mémoire de
maîtrise, Université de Paris IV-Sorbonne, 1993, dont MM Contamine et Schnerb m'ont
aimablement communiqué une copie.
10. Voir M. Keen, Chivalry, New Haven-Londres, 1984, p. 125-142, pour qui les hérauts
accomplissent une prêtrise séculière à la fin du Moyen Âge, tandis que Ph. Contamine,
c Office d'armes et noblesse dans la France de la fin du Moyen Âge », Bulletin de la Société PROSOPOGRAPHIE DES HÉRAUTS BRETONS 1401
Cependant, si l'évolution générale des offices d'armes et des
fonctions de hérauts dans la France de la fin du Moyen Âge a été
assez bien établie11, la mise en œuvre d'un travail comparatif bien
plus important s'avère encore nécessaire, tant il semble évident
qu'il existait en pratique des variations importantes et que les
occasions offertes aux hérauts différaient radicalement d'une
administration princière à l'autre. Par exemple, au moment où
ceux-ci commencèrent à prendre de l'importance, un grand
nombre de disparités apparurent : parmi les plus jeunes frères de
Charles V, il semble que des variations considérables se soient
exprimées dans les activités des hérauts12, à l'instar de celles
confiées par d'autres dirigeants de l'époque - ainsi Louis de Mâle,
comte de Flandres, semble avoir seulement utilisé les hérauts de
façon modérée13, tandis qu'on peut retracer certains épisodes de
la carrière du Roi d'armes Navarre, responsable de l'un des plus
importants armoriaux de la fin du Moyen Age, grâce à la survi
vance fortuite de comptes révélant les nombreuses tâches que lui ;
fit accomplir son maître Charles II, à des fins diplomatique ou
autres à la même époque14. Comment pourrons -nous comparer la

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