Jésus-Christ en Flandre
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Jésus-Christ en Flandre

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Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome I. Quatorzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Les deux paysans, le père et le fils, restaient silencieux, résignés et soumis à la volonté de Dieu, en gens accoutumés à suivre instinctivement, comme les animaux, le branle donné à la Nature. Ainsi, d’un côté les richesses, l’orgueil, la science, la débauche, le crime, toute la société humaine telle que la font les arts, la pensée, l’éducation, le monde et ses lois 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 27
EAN13 9782824709789
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
JÉSUS-CH RIST EN
F LAN DRE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
JÉSUS-CH RIST EN
F LAN DRE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0978-9
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.JÉSUS-CH RIST EN F LAN DRE
A MARCELI N E DESBORDES- V ALMORE,
A v ous, fille de la F landr e et qui en êtes une des gloir es
mo der nes, cee naïv e tradition des F landr es.
DE BALZA C.
  assez indéter miné e de l’histoir e brabançonne , les
r elations entr e l’île de Cadzant et les côtes de la F landr e étaientA entr etenues p ar une bar que destiné e au p assag e des v o yag eur s.
Capitale de l’île , Midelb our g, plus tard si célèbr e dans les annales du pr
otestantisme , comptait à p eine deux ou tr ois cents feux. La riche Ostende
était un hav r e inconnu, flanqué d’une b our g ade chétiv ement p euplé e p ar
quelques pê cheur s, p ar de p auv r es nég o ciants et p ar des cor sair es
impunis. Né anmoins le b our g d’Ostende , comp osé d’une vingtaine de maisons
et de tr ois cents cabanes, chaumines ou taudis constr uits av e c des débris
de navir es naufrag és, jouissait d’un g ouv er neur , d’une milice , de four ches
p atibulair es, d’un couv ent, d’un b our gmestr e , enfin de tous les or g anes
d’une civilisation avancé e . i régnait alor s en Brabant, en F landr e , en
Belgique  ? Sur ce p oint, la tradition est muee . A v ouons-le  ? cee
histoir e se r essent étrang ement du vague , de l’incertitude , du mer v eilleux
1Jésus-Christ en F landr e Chapitr e
que les orateur s fav oris des v eillé es flamandes se sont amusés maintes
fois à rép andr e dans leur s gloses aussi div er ses de p o ésie que
contradictoir es p ar les détails. Dite d’âg e en âg e , rép été e de fo y er en fo y er p ar
les aïeules, p ar les conteur s de jour et de nuit, cee chr onique a r e çu de
chaque siè cle une teinte différ ente . Semblable à ces monuments ar
rang és suivant le caprice des ar chite ctur es de chaque ép o que , mais dont les
masses noir es et fr ustes plaisent aux p oètes, elle ferait le désesp oir des
commentateur s, des éplucheur s de mots, de faits et de dates. Le nar rateur
y cr oit, comme tous les esprits sup er stitieux de la F landr e y ont cr u, sans
en êtr e ni plus do ctes ni plus infir mes. Seulement, dans l’imp ossibilité de
mer e en har monie toutes les v er sions, v oici le fait dép ouillé p eut-êtr e de
sa naïv eté r omanesque imp ossible à r epr o duir e , mais av e c ses hardiesses
que l’histoir e désav oue , av e c sa moralité que la r eligion appr ouv e , son
fantastique , fleur d’imagination, son sens caché dont p eut s’accommo der
le sag e . A chacun sa pâtur e et le soin de trier le b on grain de l’iv raie .
La bar que qui ser vait à p asser les v o yag eur s de l’île de Cadzant à
Ostende allait quier le rivag e . A vant de détacher la chaîne de fer qui r
etenait sa chaloup e à une pier r e de la p etite jeté e où l’ on s’ embar quait, le
p atr on donna du cor à plusieur s r eprises, afin d’app eler les r etardatair es,
car ce v o yag e était son der nier . La nuit appr o chait, les der nier s feux du
soleil couchant p er meaient à p eine d’ap er ce v oir les côtes de F landr e et
de distinguer dans l’île les p assag er s aardés, er rant soit le long des mur s
en ter r e dont les champs étaient envir onnés, soit p ar mi les hauts joncs
des marais. La bar que était pleine , un cri s’éle va  :
― ’aendez-v ous  ? Partons.
En ce moment, un homme app ar ut à quelques p as de la jeté e  ; le pilote ,
qui ne l’avait entendu ni v enir , ni mar cher , fut assez sur pris de le v oir . Ce
v o yag eur semblait s’êtr e le vé de ter r e tout à coup , comme un p ay san qui
se serait couché dans un champ en aendant l’heur e du dép art et que
la tr omp ee aurait ré v eillé . Était-ce un v oleur  ? était-ce quelque homme
de douane ou de p olice  ? and il ar riva sur la jeté e où la bar que était
amar ré e , sept p er sonnes placé es deb out à l’ar rièr e de la chaloup e s’
empr essèr ent de s’asse oir sur les bancs, afin de s’y tr ouv er seules et de ne
p as laisser l’étrang er se mer e av e c elles. Ce fut une p ensé e instinctiv e et
rapide , une de ces p ensé es d’aristo cratie qui viennent au cœur des g ens
2Jésus-Christ en F landr e Chapitr e
riches. atr e de ces p er sonnag es app artenaient à la plus haute noblesse
des F landr es. D’ab ord un jeune cavalier , accomp agné de deux b e aux
lév rier s et p ortant sur ses che v eux longs une to que or né e de pier r eries,
faisait r etentir ses ép er ons dorés et frisait de temps en temps sa moustache
av e c imp ertinence , en jetant des r eg ards dé daigneux au r este de l’é
quip ag e . Une altièr e demoiselle tenait un faucon sur son p oing, et ne p arlait
qu’à sa mèr e ou à un e cclésiastique du haut rang, leur p ar ent sans doute .
Ces p er sonnes faisaient grand br uit et conv er saient ensemble , comme
si elles eussent été seules dans la bar que . Né anmoins, auprès d’ elles se
tr ouvait un homme très-imp ortant dans le p ay s, un gr os b our g e ois de
Br ug es env elopp é dans un grand mante au. Son domestique , ar mé
jusqu’aux dents, avait mis près de lui deux sacs pleins d’ar g ent. A côté d’ eux
se tr ouvait encor e un homme de science , do cteur à l’univ er sité de
Louvain, flanqué de son cler c. Ces g ens, qui se méprisaient les uns les autr es,
étaient sép arés de l’avant p ar le banc des rameur s.
Lor sque le p assag er en r etard mit le pie d dans la bar que , il jeta un
r eg ard rapide sur l’ar rièr e , n’y vit p as de place , et alla en demander
une à ceux qui se tr ouvaient sur l’avant du bate au. Ceux-là étaient de
p auv r es g ens. A l’asp e ct d’un homme à tête nue , dont l’habit et le
haut-dechausses en camelot br un, dont le rabat en toile de lin emp esé n’avaient
aucun or nement, qui ne tenait à la main ni to que ni chap e au, sans b our se
ni ép é e à la ceintur e , tous le prir ent p our un b our gmestr e sûr de son
autorité , b our gmestr e b on homme et doux comme quelques-uns de ces
vieux F lamands dont la natur e et le caractèr e ing énus nous ont été si bien
conser vés p ar les p eintr es du p ay s. Les p auv r es p assag er s accueillir ent
alor s l’inconnu p ar des démonstrations r esp e ctueuses qui e x citèr ent des
railleries chuchoté es entr e les g ens de l’ar rièr e . Un vieux soldat, homme
de p eine et de fatigue , donna sa place sur le banc à l’étrang er , s’assit au
b ord de la bar que , et s’y maintint en é quilibr e p ar la manièr e dont il
appuya ses pie ds contr e une de ces trav er ses de b ois qui semblables aux
arêtes d’un p oisson ser v ent à lier les planches des bate aux. Une jeune
femme , mèr e d’un p etit enfant, et qui p araissait app artenir à la classe
ouv rièr e d’Ostende , se r e cula p our fair e assez de place au nouv e au v enu. Ce
mouv ement n’accusa ni ser vilité , ni dé dain. Ce fut un de ces témoignag es
d’ oblig e ance p ar lesquels les p auv r es g ens, habitués à connaîtr e le prix
3Jésus-Christ en F landr e Chapitr e
d’un ser vice et les délices de la frater nité , ré vèlent la franchise et le
natur el de leur s âmes, si naïv es dans l’ e xpr ession de leur s qualités

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