L immolation de Mohamed Bouazizi a l épreuve de la psychanalyse / Fethi Benslama
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L'immolation de Mohamed Bouazizi a l'épreuve de la psychanalyse / Fethi Benslama

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Fethi Benslama est un psychanalyste tunisien qui a notamment publié La psychanalyse à l’épreuve de l’islam. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, ce psychanalyste décrypte l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi et explique pourquoi il a une résonance universelle dans le monde arabe. Selon lui, Mohamed Bouazizi en s’immolant ne s’est pas fondé sur une promesse de félicité céleste comme c’est le cas chez les kamikazes. Plutôt il a suscité par son immolation de l’effroi et de la culpabilité autour de sa mort que quiconque se sent anéanti par la société s’identifie à lui. L’acte d’auto-immolation de Mohamed Bouazizi dénude donc le modèle de martyr qui consiste à tuer délibérément les vies humaines et investit un nouveau modèle : celui de s’anéantir soi-même pour éviter d’être rien dans le monde. Voici la quintessence de l’interview de Fethi Bensala analysée et commentée.
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Extrait

L'immolation de Mohamed
Bouazizi a l'épreuve de la
psychanalyse
• Léon-Martin MBEMBO
Portrait de Mohamed Bouazizi -Photo Mbembo
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le psychanalyste Fethi Benslama
affirme que l'auto-immolation de Mohamed Bouazizi a changé le modèle de martyr.
Fethi Benslama est un psychanalyste tunisien qui a notamment publié La
psychanalyse à l’épreuve de l’islam. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, ce
psychanalyste décrypte l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi et explique pourquoi
il a une résonance universelle dans le monde arabe. Selon lui, Mohamed Bouazizi en
s’immolant ne s’est pas fondé sur une promesse de félicité céleste comme c’est le cas
chez les kamikazes. Plutôt il a suscité par son immolation de l’effroi et de la culpabilité
autour de sa mort que quiconque se sent anéanti par la société s’identifie à lui. L’acte
d’auto-immolation de Mohamed Bouazizi dénude donc le modèle de martyr qui
consiste à tuer délibérément les vies humaines et investit un nouveau modèle : celui
de s’anéantir soi-même pour éviter d’être rien dans le monde. Voici la quintessence de
l’interview de Fethi Bensala analysée et commentée.
Mohamed Bouazizi : l’anti-kamikaze
Si le kamikaze est le héros qui se sacrifie volontairement en se donnant la mort sans
se soucier des dégâts collatéraux sur les innocents dans le cadre d’une guerre qu’il
estime « théologiquement » juste, Mohamed Bouzizi, lui, est un anti-kamikaze affirme
Fethi Bensala. Il ne tue pas des vies humaines au nom de la promesse d’une
quelconque félicité céleste, mais il se donne plutôt la mort lui-même. Il s’est
auto-immolé. Et tout porte donc à croire qu’à travers son auto-immolation, Bouazizi ne
visait aucun paradis, parce que, théologiquement son acte est condamnable. Sa rétribution est le bouleversement des consciences par sa propre consumation et le
changement du modèle de martyr dans le monde arabe.
Auto-immolation : modèle de martyr de Mohamed Bouazizi
Mohamed Bouazizi est le symbole d’un homme désespéré qui s’est senti réduit à
l’impuissance, plus exactement à rien, à la suite d’un double tort qu’on lui a fait subir :
la confiscation de son étalage ambulant, son moyen de subsistance ; et une
humiliation, cette gifle donnée par un représentant de l’autorité, qui plus est une
femme, ce qui est grave sur l’échelle de l’outrage pour un homme dans le monde
arabe. Ainsi, soutient le psychanalyste tunisien, le choix de s’immoler signifie que la
vie n’était simplement plus vivable pour lui ; il ne voyait plus comme possibilité que
cette protestation radicale par l’auto-immolation. En fait, Mohamed Bouazizi ne s’est
pas d’abord donné la mort, il s’est anéanti.
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Le modèle de martyr de Bouazizi, à la différence de celui des kamikazes, concerne
chaque homme réduit par le qahr - un mot qu’on peut traduire par « impuissance
totale » - et qui préfère l’anéantissement plutôt que de vivre comme un rien.
Auto-immolation de Mohamed Bouazizi : acte fondateur du printemps arabe
Il faut souligner que le sentiment de ne plus compter, de compter pour rien, était
communément partagé par des tunisiens sous le régime Ben Ali. En fait, seul le
président tunisien Zin el-Abidine Ben Ali et son entourage dominé par la « dynastie
des trabelstie » - du nom de sa femme Lila Tabelstie - pouvaient, eux, se permettre
tout et les autres riens.
Cependant, l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi n’était pas destinée à provoquer
une révolution. Plutôt, elle a suscité de l’effroi et de la culpabilité autour de sa mort.
D’ailleurs, jusqu’à preuve du contraire, Bouazizi n’a laissé aucun message autour de
sa mort si n’est l’acte effroyable par lequel il a choisi de s’anéantir. Ce sont plutôt ses
proches et la communauté dans laquelle il vivait qui se sont sentis interpellés et ont
transformé le désespoir de Bouazizi en révolte. « Sans doute il y avait là, pour eux,
quelque chose d’insupportable, et qui concernait leur propre vie ». Voilà le ressort de
la révolte la plus noble et la plus puissante de ce qui va devenir le printemps arabe :
quand ma vie est atteinte par ce qui atteint celle de mon prochain, je m’identifie à sa
vie. Bouazizi est donc devenu un exemple, celui de chaque homme réduit par le qahr
et qui préfère l’anéantissement plutôt que de vivre comme un rien. Et le processus
d’universalisation de la révolte tunisienne provient de cette résonance.
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« Les femmes et les hommes arabes ont atteint un degré de conscience d’eux-mêmes
et de leurs existences tel qu’ils veulent maintenant compter un à un et ne plus être
considérés comme rien ou comme une mélasse humaine qui attend le jugement
dernier pour être pris en compte », conclut Fethi Bensala.
Sources :
Jeune Afrique n°2615, du 20 au 26 février 2011.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mohamed_Bouazizi
http://www.valas.fr/Mohamed-Bouazizi-l-Homme-qui-s-est-immole-Par-Daniel-Demey,1
98
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psychanalyse |
Suite101.fr http://suite101.fr/article/limmolation-de-mohamed-bouazizi-a-lepreuve-de-la
-psychanalyse-a30955#ixzz2CSK3Dfp2
http://suite101.fr/article/limmolation-de-mohamed-bouazizi-a-lepreuve-de-la-psychanal
yse-a30955
Fethi Benslama
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (novembre 2011).
Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez
des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter
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section « Notes et références » . (Modifier l'article)
Fethi Benslama est un psychanalyste tunisien de langue française, vivant à Paris,
professeur à l'Université de Paris VII où il dirige l'UFR de Sciences humaines
cliniques.
Sommaire [masquer]
• 1 Parcours
• 2 Pensée
• 3 Références
o 3.1 Bibliographie
o 3.2 Voir auss i
o 3.3 Liens externes
Parcours[modifier]
D’origine tunisienne où il a grandi et fait ses études secondaires, il vient en France en
1972 pour la psychanalyse, à la suite de la lecture qui l’a bouleversé de « La science
des rêves » de Freud, traduit en arabe par Moustapha Safouan. Il étudie la
psychopathologie à l’université Paris 7, au sein de l’UFR Sciences Humaines
Cliniques (dont il est aujourd’hui le directeur), département connu dans le monde
comme le lieu de la psychanalyse à l’Université. En même temps, il poursuit des
études en anthropologie à l’EHSS, auprès du fondateur de l’ethnopsychiatre Georges
Devereux.
À partir de 1985 et pendant 15 ans, il exerce comme psychologue clinicien dans une
consultation de l’Aide sociale à l’Enfance dans la banlieue nord de Paris, où il
rencontrera l’exclusion et la souffrance psychique des migrants et de leurs enfants.
De cette expérience, il tirera ses premiers travaux sur ce qu’il appellera « Clinique de
l’exil » dont la théorie s’oppose à l’approche culturaliste et ethniciste. Il développera
également des recherches sur la santé des migrants et leur rapport à la médecine
moderne.
À partir de 1987, il commence à exercer la psychanalyse sans appartenir à aucun
courant ou association connus, bien que ses travaux semblent le rapprocher de la
pensée de Jacques Lacan. Il rencontre également Jacques Derrida à l’occasion de sa
conférence « Le monolinguisime de l’autre », d’où naît des liens d’amitié et de travail.
C’est l’époque de

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