LA COOPÉRATION INTERNATIONALE CANADIENNE DEPUIS 1985 TENDANCES ET ...
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LA COOPÉRATION INTERNATIONALE CANADIENNE DEPUIS 1985 TENDANCES ET ...

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        LA COOPÉRATION INTERNATIONALE CANADIENNE DEPUIS 1985  TENDANCES ET PERSPECTIVES         UNE ANALYSE DE L’ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DES ORGANISMES DE COOPÉRATION INTERNATIONALE (AQOCI)               FÉVRIER 2006
 
 TABLE DES MATIÈRES 
  Dates à retenir - conjoncture internationale et pays du Sud Dates à retenir - Canada et relations internationales Brève introduction 1.   Antécédences  2. L aide canadienne au développement vers 1985 2.1 Un portrait statistique 2.2 Dispersion géographique et sectorielle de l’aide canadienne 2.3 Les approches 2.4 Aide canadienne et opinion publique 2.5 Un programme d’aide hautement « participatif »   2.6 Optimisme relatif : le calme avant la tempête 3. La conjoncture internationale : 1985-2005 3.1 Endettement et ajustement structurel au Sud (années 1980) 3.2 L’illusion des « dividendes de la paix » 3.3 La révolution ratée du développement humain 3.4 Mondialisation de l’économie, mais aussi des grands enjeux 3.5 Une APD plus axée sur la lutte contre la pauvreté 3.6 Le Sommet du millénaire 3.7 Une nouvelle priorité : la « guerre contre le terrorisme » 3.8 Un nouvel acteur de premier plan : la société civile mondialisée 3.9 Recul du sous-développement ou du développement ? 4. La conjoncture économique et politique canadienne : 1985-2005 4.1 Des finances publiques déficitaires 4.2 Fierté nationale et coopération internationale 5. L aide internationale dans sa conjoncture actuelle 5.1 Une grande mutation 5.2 Faire mieux avec moins 5.3 Prévention des conflits et lutte contre le terrorisme 5.4 L’insoutenable fardeau de la dette 6. Le programme d aide canadien : un navire en quête de gouvernail 6.1 Aide, commerce et développement : chevauchements et contradictions 6.2 Une ACDI autonome pour la sauvegarde de l’aide 6.3 Le MAÉCI et son approche 3D 6.4 L’improbable concentration géographique de l’aide canadienne 6.5 Resserrement des priorités sectorielles : la quadrature du cercle ? 6.6 Vers une aide multilatérale canadienne moins éclatée 6.7 Quels résultats pour l’APD canadienne ? / Le cas du Bangladesh 6.8L’opinion publique canadienne 7. L ACDI et les ONG canadiennes : 1985-2005 7.1 Organismes à but non lucratif et aide au développement 7.2 Une dépendance persistante par rapport aux fonds publics 7.3 Des relations passablement détériorées 7.4 Les ONG canadiennes à l’heure de la concertation 7.5 Un partenariat à rebâtir 7.6 Une collaboration à redéfinir pour l’engagement du public 8. Défis et perspectives 2005-2015 9. Deux questions de fond et une nouvelle piste 9.1 De la navigation à vue à un recentrage de l’APD canadienne 9.2 « La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. » 9.3 Une coopération pour la diversité Bibliographie sélective
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 Dates à retenir - conjoncture internationale et pays du Sud   1964Création de la Conférence des Nations unes sur le commerce et le développement (CNUCED) 1969-70La notion d’APD et la barre de 0,7% du PNB d’ici à 1980 : Commission Pearson (1969) et assemblée générale des Nations unies (1970) Années 1970Débat autour du nouvel ordre économique international (NOÉI) et de la détérioration des termes de l’échange 1972-1973Premier choc pétrolier, avec récidive en 1982 1975Création du G-6 qui devient G7 en 1976 avec l’addition du Canada 1983-1984Crise humanitaire (sécheresse, famine) en Éthiopie et au Sahel (après celle de 1970-1972) Années1980 Décollage économique des nouveaux pays industrialisés (NPI) Surendettement au Sud : Mexique (1982), Pérou (1985)… Entrée en scène du FMI comme protagoniste du développement international : application des premiers programmes d’ajustement structurel durant la première moitié des années 1980 : Philippines, Ghana, etc. 1987Rapport de la Commission Bruntland sur le « développement durable » 1989Un nouveau concept né dans l’entourage de l’OCDE (CAD) : le « développement participatif » 1989-1990Implosion du communisme et fin de la guerre froide 1990Premier Rapport des Nations unies sur le « développement humain » 1990Prise de conscience de l’ampleur de la problématique du VIH/sida en Afrique 1992Un nouveau concept de la Banque mondiale : la « bonne gouvernance » 1992Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement : Rio 1992-1993Envol des investissements directs étrangers (IDÉ) dans certains pays du Sud 1993Fondation de Transparency International à Berlin 1995Sommet mondial sur le développement social (Copenhague) et Conférence des Nations unies sur les femmes (Beijing) 2000Sommet du millénaire aux Nations unies 2001Attaque à New York contre leWorld Trade Center 2001-2002On constate que les transferts de fonds vers le Sud par des ressortissants basés dans les pays riches et le Moyen-Orient pétrolier dépassent en importance l’APD. 2002La Banque mondiale se prononce contre les subventions agricoles du Nord. 2003Invasion de l’Irak par les États-Unis et leurs alliés (abstention canadienne, sauf en Afghanistan) 2005Adoption par l’UNESCO de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
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 Dates à retenir - Canada et relations internationales   1944Canada membre du FMI et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), du GATT (1948) et de l’OCDE (1961) 1956-1957Premiers Casques bleus canadiens et prix Nobel de la paix au diplomate Lester B. Pearson 1968Création de l’ACDI par décret ministériel 1970Création du Centre de recherches pour le développement international (CRDI, Ottawa) 1970Le Canada, membre fondateur de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) Années 1970ACDI contestée au Canada même par des groupes partisans d’un NOÉI 1972-1982Échec de la stratégie gouvernementale de diversification des marchés extérieurs Début des années 1980Second choc pétrolier, récession économique et croissance spectaculaire du déficit fédéral 1982Création d’un poste de ministre « junior » responsable de l’ACDI (Relations extérieures) -- remplacé en 1996 par un ministère de la Coopération internationale Années 1980Le Canada impose des sanctions économiques contre l’Afrique du Sud, pays de l’apartheid. 1985Ouverture des négociations avec les États-Unis sur le libre échange 1986Aide bilatérale canadienne entièrement accordée sous forme de subvention 1988Création par le parlement canadien du CIDPDD (rebaptisé Droits et démocratie) 1989Adhésion complète du Canada à l’Organisation des États américains (OÉA) 1991L’ACDI recentre sa mission autour du développement durable 1992Dernier rapport annuel imprimé de l’ACDI 1993Persistance du déficit fédéral : 42 milliards de dollars 1994 Coûts de la première année d’établissement des réfugiés du Sud comptabilisés dans l’APD  Entrée en vigueur de l’Accord nord-américain de libre-échange (NAFTA) Militaires canadiens engagés dans des missions de paix dans 21 pays 1996L’ACDI endosse la gestion basée sur les résultats et se veut une organisation « apprenante » 1997Entreprises, ONG, universités désormais en compétition pour les contrats de l’ACDI Signature à Ottawa de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction (Convention entrée en vigueur en 1999) 2000Le Canada signe la Déclaration de Varsovie « Vers une communauté de démocraties » 2005à l’initiative du Canada, les États membres de l’ONU endossent la « responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité » lorsqu’un État n’est pas disposé à le faire ou en mesure de le faire, au besoin en ayant recours à la force.  
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Brève introduction
  Ce document reflète avant tout le point de vue des ONG canadiennes. Il donne néanmoins un aperçu global de la coopération internationale du Canada au cours des 20 dernières années. Il tente de cerner les grandes tendances de l’aide canadienne, incluant celles qui ont marqué les rapports entre les organisations non gouvernementales (ONG) canadiennes et l’Agence canadienne de développement international (ACDI), principal acteur gouvernemental. Il resitue également ces grandes tendances dans le cadre plus général des relations internationales.  La lecture proposée dans ce document se veut provocatrice afin de susciter des débats qui permettront de cerner un peu plus clairement les trajectoires que suit la coopération canadienne et les courants d’idée qui la traversent. Ce document a été rédigé durant les semaines qui ont précédé les élections fédérales du 23 janvier 2006. Il est probable que le nouveau gouvernement conservateur n’endossera pas toutes les orientations données à l’aide au développement dans l’énoncé de politique internationale du Canada publié en 2005 par le gouvernement libéral sortant.  
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1. Antécédences
  1.1 Le Canada a participé à la guerre de Corée (1950-1953) au côté des États-Unis. Il été parmi les initiateurs du Plan de Colombo pour le développement économique de l’Asie du Sud et du Sud-Est (1951-1957), dont l’un des buts était de faire échec au communisme dans cette partie du monde. Le Canada ne s’est toutefois pas associé à la guerre du Vietnam, ni à la chasse aux communistes menée par les États-Unis en Amérique latine. Il a même maintenu ses relations diplomatiques avec Cuba.  1.2 Le Canada a été l’un des principaux piliers de l’Organisation des Nations unies (ONU). Historiquement, il en a été le 3eou 4ebailleur de fonds en importance. Il a vu les Nations unies comme une arène où il pouvait accroître son influence comme moyenne puissance. Il a été l’un des pionniers des missions de paix réalisées par les Casques bleus.  1.3 Les premiers engagements du Canada en coopération au développement international ont été réalisés, d’une part, à travers les institutions financières et les agences techniques des Nations unies et, d’autre part, cette fois sur un mode plus bilatéral, en Asie via sa contribution au Plan de Colombo. Outre la mise sur pied de l’ACDI en 1968, les fondations du programme d’aide du Canada ont été établies en 1970 avec le dépôt par le gouvernement d’un premier livre blanc en politique étrangèrePolitique étrangère au service des Canadiens, incluant un fascicule sur le développement international. C’est dans ce contexte que le gouvernement canadien a repris à son compte l’objectif d’allouer 0,7% de son produit national brut (PNB) à l’aide au développement.1Vers la fin des années 1960 et surtout au cours des années 1970, le Canada a mis en place des programmes d’aide à l’Afrique, tant francophone qu’anglophone, voulant ainsi à la fois refléter sa diversité culturelle et renforcer sa propre unité nationale. Les moyens croissants mis à la disposition de l’ACDI l’ont ensuite poussée à s’intéresser aussi à l’Amérique latine. Membre actif du Commonwealth et de la famille des pays francophones, le Canada n’avait alors qu’un statut d’observateur au sein de l’Organisation des États américains (OÉA).  1.4 Pays dont l’économie était beaucoup axée sur la production et l’exportation de matières premières et dépendante des technologies et investissements étrangers, le Canada aurait pu faire cause commune avec les pays en développement pour un nouvel ordre économique international (NOÉI) dans les années 1970. Pour contrebalancer l’influence des États-Unis et des autres grandes puissances, il aurait pu faire alliance avec certains pays scandinaves considérés comme progressistes. En étant admis au sein du G-7 en 1976, il a plutôt choisi de jouer dans la cour des « grands ».  1.5 À travers son programme d’aide, le Canada acquiert une certaine respectabilité internationale comme moyenne puissance. La coopération est considérée comme un domaine spécialisé où les questions techniques (le « comment faire ») sont prépondérantes. L’ACDI gère  donc avec une certaine autonomie les fonds de plus en plus importants qui lui sont confiés. En 1975-1976, le Canada affectait 0,53% de son PNB à l’aide publique au développement (APD), un sommet dans son histoire. L’enveloppe de l’APD canadienne a dépassé le milliard de dollars en 1977-1978. Les demandes reçues de toutes parts et les pressions politiques au Canada même ont poussé à une très grande dispersion géographique des ressources : pays pauvres membres du Commonwealth britannique, pays pauvres associés à la Francophonie, pays                                                  1Cet objectif venait d’être adopté par l’Assemblée générale des Nations unies, suivant une recommandation contenue dans le rapport d’une commission présidée par L. B. Pearson, premier ministre canadien de 1963 à 1968.
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pauvres des Amériques, etc. Dans cette rapide croissance tous azimuts des programmes d’aide canadiens, les considérations administratives l’ont largement emporté sur la réflexion quant aux meilleures pratiques d’appui au développement. À partir de 1982, l’ACDI a deux têtes : un ministre des Relations extérieures (nouveau poste) relevant du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international vient coiffer son président. L’agence fédérale perd alors sa relative autonomie par rapport au gouvernement. L’établissement de ses priorités se complique. L’ACDI peinera à persévérer dans ses orientations. Le fréquent changement des titulaires des deux postes de responsabilité ne sera pas très aidant.  1.6 Avant la création de l’ACDI, le ministère de l’Industrie et du Commerce avait administré le programme d’aide canadienne. En 1978, l’ACDI crée en son sein une Direction de la coopération industrielle pour aider les petites et moyennes entreprises canadiennes à se lancer en affaires dans les pays en développement, éventuellement en s’alliant à des partenaires du Sud. En 1984, cette unité est intégrée dans une Direction générale de la coopération avec le monde des affaires. Selon un commentateur, ces initiatives témoignaient de la « volonté du gouvernement d’imbriquer de façon plus formelle les enjeux commerciaux à l’intérieur de sa politique d’aide au développement » (Thérien 1988 : 82). Par ailleurs, jusque vers 1985, les projets d’infrastructures ont accaparé une grande part des programmes bilatéraux de l’ACDI. Les entreprises canadiennes, notamment dans le domaine du génie conseil (SNC, Lavalin…) en ont énormément profité. À la même époque, l’ACDI incluait dans plusieurs de ses programmes bilatéraux des lignes de crédit donnant aux pays bénéficiaires l’occasion d’importer à des conditions favorables du matériel de transport, de la machinerie, des appareils de télécommunication, etc. fabriqués au Canada. Il est bon de savoir que, durant les années 1970 et au début des années 1980, le gouvernement Trudeau a cherché, sans grand succès, à diversifier les partenaires commerciaux du Canada, jugé trop dépendant des États-Unis. En 1985, le Canada commença à négocier une entente de libre échange avec les États-Unis.  1.7 Avant même la création de l’ACDI, des ONG canadiennes, dont CUSO, SUCO et la Croix-Rouge, recevaient déjà des fonds fédéraux. Avec la mise en place de l’ACDI, la tendance s’est accentuée. Une direction des ONG fut aussitôt mise en place à travers laquelle l’Agence se donnait les moyens de verser aux ONG qui lui soumettaient des projets conformes à ses critères trois dollars pour chaque dollar collecté par elles dans le public. L’ACDI lance en 1971 un programme d’éducation du public au développement international, dont les ONG canadiennes deviennent vite les principaux clients. À partir de 1981, les ONG canadiennes ainsi que d’autres acteurs (universités, groupes professionnels, etc.) ont pu s’associer à la réalisation de projets bilatéraux de l’ACDI, notamment des projets de développement rural intégré (DRI) et d’immunisation. En 1983, la part de l’aide canadienne attribuée aux ONG canadiennes et internationales atteignait les 8,7%, une performance qui plaçait le Canada au deuxième rang des pays fournisseurs d’APD, après la Suisse (14,4%) et devant les États-Unis (7,4%) et les Pays-Bas (6,6%). Plusieurs ONG ont alors ouvert des bureaux dans divers pays en développement. Les collaborations entre l’ACDI et les ONG canadiennes prirent une ampleur exceptionnelle en 1984 et 1985 à travers l’opération Secours Urgence Afrique (SUA) : 47 d’entre elles entreprirent, avec l’appui financier de l’Agence, de réaliser 225 projets d’une valeur de 53 millions $. Suivant les pas du consortium South-Asia Partnership (SAP, lancé en 1981), SUA a ouvert la voie à d’autres initiatives comparables, entièrement gérées par les ONG participantes, dont Solidarité Canada Sahel (SCS). À travers ces consortiums, nombre de petites organisations ont pu développer une plus grande présence dans le Sud. Du point de vue des ONG canadiennes, la période allant de 1968 jusqu’aux compressions budgétaires de 1989 peut être caractérisée comme un « âge d’or ».  
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2. L aide canadienne au développement vers 1985   2.2 Un portrait statistique  En 1985-1986, l’APD canadienne se chiffrait à près de 2,25 milliards, soit 0,49% du produit national brut (PNB) canadien. Voici comment elle se comportait comparativement à 1975-1976 et 1995-1996 :   TABLEAU 11975-19761985-19861995-1996 Total en milliards $ 0,92,252,68 Part de l’APD canadienne sur 6,45,63,52 l’ensemble des contributions des pays membres du CAD (OCDE) en % % du PNB 0,530,490,36 Part de l’APD gérée par l’ACDI -75 %-     Programmes bilatéraux en % 563633,5 (dont aide alimentaire en % du total) (13)(7)(4) Programmes multilatéraux en % 3738,534 (dont aide alimentaire en % du total) (12)(7)(5) Programmes spéciaux* en % 41010 (dont aide alimentaire en % du total) -(1,5)(1) Initiatives du milieu des affaires -12 Aide humanitaire -12 Sociétés de la Couronne** 353,5 Bourses d’étude et autres*** --9 Coûts administratifs (non distingués)8****6      Les cinq principaux pays bénéficiaires Inde, Pakistan,Bangladesh,Bangladesh, Chine, de l’aide bilatérale canadienne Indonésie, BangladeIndonésie, PakistaInde, Ghana, Haïti TanzanieInde, Jamaïque Part de l’aide bilatérale canadienne 100% (?) 80% 50% pour PMA et liée (autre qu’alimentaire) Afrique subsaharien 66% autres pays  * ONG canadiennes et non canadiennes. ** Centre de recherches pour le développement international (CRDI) (1970), Petro-Canada International Assistance Corporation (1982-1991), International Centre for Ocean Development (1983-1992) et CIDHDD (1988, rebaptisé Droits et démocratie). *** Information sur le développement depuis 1991 ; coûts relatifs à l’établissement au Canada des réfugiés provenant des pays en développement depuis 1994 ; etc. **** Les données 1985-1986 fournies dans le Rapport annuel de l’ACDI pour cette année-là sont un peu différentes de celles qui figurent dans ce tableau. Par exemple, l’APD aurait représenté 0,46 % du PNB, son montant aurait été de 2,175 milliards $ et les coûts administratifs de l’ordre de 5%.  Sources : Morrison (1998) ; divers.                                                    2 la part du Canada avait chuté à 3%. Ce glissement est l’un des facteurs expliquant la perte d’influence duEn 2002, Canada sur la scène internationale.  
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En considérant l’évolution de l’aide canadienne au cours de la décennie précédant l’année 1985-1986 et de la décennie suivante, les points à signaler sont surtout les suivants :   une augmentation considérable du volume de l’aide entre 1975 et 1985 ;  une tendance à la baisse de la portion du PNB canadien affectée à l’aide au développement ;  une baisse significative de la part de l’effort canadien comparativement à l’effort général des pays dispensateurs d’aide au développement, et ce même si l’année 1975-1976 fut une année record à cet égard ;  décroissance de l’importance relative de l’aide bilatérale, surtout sensible entre les une années 1970 et 1980 ;  une remarquable décroissance de l’aide alimentaire, qui passe de 25 à 10% de l’APD canadienne.  Pour les gestionnaires de l’aide canadienne, qui avaient à leur disposition des sommes de plus en plus importantes, l’utilisation des surplus céréaliers canadiens a manifestement été une option fort commode. Dans les années 1970 et au début des années 1980, on était peu conscient des dommages qu’une aide alimentaire programmée pouvait infliger au développement agricole dans les pays du Sud.  2.2 Dispersion géographique et sectorielle de l’aide canadienne  En 1985-1986, l’aide bilatérale canadienne se distribuait comme suit : Asie : 43,5% Afrique : 41% Amériques : 14% Autres : 1,5% (Malte, Turquie, neuf petits pays du Pacifique)  Au total, plus de 110 pays ont alors bénéficié d’une aide directe du gouvernement canadien. Ce fut le cas d’une cinquantaine de pays d’Afrique (tous les pays africains, à quelques exceptions près : Libye, Afrique du Sud, Comores…), de 33 pays des Amériques et des Caraïbes et de 17 pays d’Asie.  Plus de 33 pays ont obtenu 5 millions $ ou plus en aide bilatérale, soit 18 pays d’Afrique (sans compter l’Éthiopie et le Soudan : aide alimentaire), huit pays d’Asie et sept pays des Amériques. Trois pays asiatiques, le Bangladesh (100 M $), l’Indonésie (75 M $) et le Pakistan (66,5 M $), ont accaparé à eux seuls près de 30% de toute l’aide bilatérale canadienne.3  En 1985-1986, cette composante de l’aide canadienne se ventilait comme suit en points de pourcentage : - Agriculture (incluant foresterie et pêcheries) : 20 Aide alimentaire : 20 -- Transports : 16 - Énergie : 13,5 - Appui économique et financier aux gouvernements (incluant lignes de crédit) : 11,5 - Éducation et perfectionnement des ressources humaines : 8 4 - Autres : 11                                                   3Durant la première moitié des années 1960, à l’époque du Plan Colombo, la part de l’aide bilatérale canadienne attribuée à l’Asie approchait les 90% (Morrison 1998 : 455). 4Les proportions indiquées ici ont été calculées à partir des données du Rapport annuel de l’ACDI, 1985-1986.
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L’importance relative des secteurs variait sensiblement selon les continents. Dans les Amériques, les transports venaient en première position. En Asie, l’énergie se classait au troisième rang. Il est clair que l’approvisionnement en produits vivriers était l’un des grands axes de l’aide canadienne. Ce secteur représentait environ 475 M $ en 1985-1986 en comptabilisant l’aide alimentaire distribuée par la voie multilatérale : Programme alimentaire mondial, etc. Seules les contributions du Canada aux banques multilatérales de développement le dépassaient en importance avec des déboursés approchant les 550 M $, soit 25% de toute l’APD canadienne.  Résultat d’une multitude de compromis entre les besoins des pays demandeurs et l’offre de biens et services canadiens, l’aide bilatérale du Canada apparaissait trèséclatéetant sur le plan sectoriel que géographique. Pareille dispersion ne prédisposait guère à tirer les leçons des initiatives en cours, pas plus qu’à faire des économies d’échelle au niveau des coûts de gestion et d’administration.  2.3 Les approches  Les priorités de l’aide bilatérale résultaient d’un compromis entre les attentes du gouvernement d’un pays dit « de concentration » et l’offre de biens et services canadiens disponibles, telle que filtrée par l’ACDI. L’Agence avait pratiquement cessé en 1985 de réaliser directement, autrement dit par elle-même, des projets de développement dans le Sud. Son retrait ouvrait la voie à l’ère du « partenariat ».5  Les programmations par pays se décomposaient en une multiplicité de projets : par exemple, l’enveloppe de 15,6 M $ consacrée au Ghana en 1985-1986 comprenait pas moins de 32 projets. Au total, l’aide bilatérale était canalisée dans plus de cinq cents projets. Un tel fractionnement ne pouvait qu’amplifier les désavantages inhérents à une programmation déjà fort disparate par ailleurs.  Après avoir privilégié les gros projets d’infrastructure, l’ACDI avait jeté son dévolu sur les « petits projets » qui « offrent un double avantage : ils ont plus de chances d’être menés à bonne fin et il est plus facile d’en neutraliser les effets dommageables, le cas échéant » (Rapport annuel ACDI 1985-1986). Le rôle attribué aux ONG canadiennes dans la mise en œuvre des programmations bilatérales témoignait également d’un souci de sortir du cadre des projets bilatéraux réalisés par les agences gouvernementales des pays aidés. On considérait que ces structures captaient une part excessive des ressources des projets. L’ACDI était déçue des retombées, soit trop faibles, soit même négatives, que ce type de projets avait parfois sur les conditions réelles d’existence des plus démunis.6  L’année 1985-1986 a consacré une nouvelle génération de « projets », ceux destinés à réduire les déficits de la balance des paiements enregistrés par divers pays. Ainsi, le Zaïre (aujourd’hui la République démocratique du Congo), la Tanzanie et le Zimbabwe ont bénéficié de « projets » leur permettant d’économiser des devises tout en faisant l’acquisition de biens canadiens. Les produits canadiens étaient soit vendus aux gouvernements qui payaient en devises, soit
                                                 5ayant travaillé durant plusieurs années dans le cadre deL’une des raisons de cette réforme est que des contractuels projets mis en œuvre dans le Sud par l’Agence ont réclamé, par la voie des tribunaux, d’être reconnus comme fonctionnaires du gouvernement fédéral. Plusieurs de ces causes ont été tranchées en leur faveur. 6On a qualifié deby-pass strategyce recours aux ONG du Nord et, bientôt, du Sud pour rejoindre les pauvres.
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écoulés sur les marchés locaux, les recettes en monnaie locale constituant alors des « fonds de contrepartie » disponibles pour des petits projets de développement.7  À en juger par les multiples références qui y sont faites dans le Rapport annuel 1985-1986, cette année-là fut assez décisive en ce qui a trait à l’adoption par l’ACDI de l’approche IFD : intégration de la femme dans le développement.  2.4 Aide canadienne et opinion publique  En 1985, « trois Canadiens sur quatre étaient d’avis que leur pays devait poursuivre, voire amplifier ses efforts pour aider les pays du tiers monde » (Rapport annuel ACDI 1985-1986).8 Le sondage de 1985 avait été réalisé peu après l’opération Secours Urgence Afrique, qui découlait elle-même de la grande famine qui venait d’affliger les populations sahéliennes et éthiopiennes. SUA fut considérée comme un franc succès.  En 1985-1986, le Programme de participation du public (PPP) de l’ACDI a géré une enveloppe de 9 M $. Ces fonds ont été attribués à plus de 150 organisations ou institutions canadiennes qui ont réalisé pas moins de 334 activités de sensibilisation du public.  2.5 Un programme d’aide hautement « participatif »  La propension hyper distributive de l’ACDI ne se limitait pas à l’éducation du public et aux programmes bilatéraux, sans parler des contributions accordées par l’Agence ou le ministères des Finances à une gamme d’institutions ou d’initiatives multilatérales. Cette propension se manifestait aussi en coopération industrielle : 500 petits projets ont été réalisés par 400 entreprises avec un apport financier de l’ordre de 28 M $ de l’ACDI. En outre, en 1985-1986, pas moins de 130 ONG, institutions d’enseignement, associations religieuses et autres ont obtenu des fonds des programmes spéciaux de l’ACDI pour des projets d’appui au développement dans le Sud.  Pour des raisons, semble-t-il, de politique intérieure canadienne, il fallait que chacune des provinces canadiennes ou même que toute région importante d’une province ait sa part de l’APD. Selon les mots de Mme Catley-Carlson, présidente de l’ACDI de 1983 à 1989, il fallait qu’il y en ait « un peu pour tout le monde » (Morrison 1998 : 442).9C’est là où l’on voit que l’aide canadienne était conditionnée au moins autant par une offre canadienne extrêmement différenciée que par les attentes des gouvernements et sociétés civiles des pays du Sud. D’une façon plus générale, on peut dire que l’émiettement de l’aide canadienne découlait d’un souci de répondre à une multitude de situations et de problèmes malgré des ressources limitées.  2.6 Optimisme relatif : le calme avant la tempête  En 1985 parurent deux ouvrages marquants qui conclurent que l’aide des pays riches avait contribué de manière importante au développement du tiers-monde. L’un de ces ouvrages fut publié par l’OCDE à l’occasion de son 25eanniversaire :Vingt-cinq ans de coopération au développement. Signé par Robert Cassen, de l’institut IDS de l’Université de Sussex, et intitulé                                                  7Les ONG canadiennes présentes sur le terrain ont eu assez largement accès à ces fonds pour leurs projets. 8Un autre document de l’ACDI a établi cette proportion à 82%, un sommet pour la période 1978 à 1993. Réf. : « Données d’analyse de l’opinion publique en vue de l’examen de la politique étrangère », directions générales des communications de l’ACDI et du MAÉCI, février 1994. 9Cela se vérifie sans doute de nos jours encore.  
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