La débâcle
526 pages
Français

La débâcle

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Description

La Débâcle est le dix-neuvième volume de la série les Rougon-Macquart, dont il constitue la conclusion historique. Le premier roman (la Fortune des Rougon) évoquait le coup d’État du 2 décembre, qui mit en place le second Empire

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
EAN13 9782824702414
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
LA DÉBÂ CLE
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
LA DÉBÂ CLE
1892
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0241-4
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
  de Mulhouse , v er s le Rhin, au milieu de la
plaine fertile , le camp était dr essé . Sous le jour finissant deA cee soiré e d’août, au ciel tr ouble , trav er sé de lourds nuag es,
les tentes-abris s’alignaient, les faisce aux luisaient, s’ esp açaient
régulièr ement sur le fr ont de bandièr e  ; tandis que , fusils char g és, les sentinelles
les g ardaient, immobiles, les y eux p erdus, là-bas, dans les br umes
violâtr es du lointain horizon, qui montaient du grand fleuv e .
On était ar rivé de Belfort v er s cinq heur es. Il en était huit, et les
hommes v enaient seulement de toucher les viv r es. Mais le b ois de vait
s’êtr e ég aré , la distribution n’avait pu av oir lieu. Imp ossible d’allumer du
feu et de fair e la soup e . Il avait fallu se contenter de mâcher à fr oid le
biscuit, qu’ on ar r osait de grands coups d’ e au-de-vie , ce qui ache vait de casser
les jamb es, déjà molles de fatigue . D eux soldats p ourtant, en ar rièr e des
faisce aux, près de la cantine , s’ entêtaient à v ouloir enflammer un tas de
b ois v ert, de jeunes tr oncs d’arbr e qu’ils avaient coup és av e c leur s sabr
es2La débâcle Chapitr e I
baïonnees, et qui r efusaient obstinément de brûler . Une gr osse fumé e ,
noir e et lente , montait dans l’air du soir , d’une infinie tristesse .
Il n’y avait là que douze mille hommes, tout ce que le g énéral
Félix D ouay avait av e c lui du 7 ᵉ cor ps d’ar mé e . La 1 ʳᵉ division, app elé e la
v eille , était p artie p our Fr œschwiller  ; la 3 ᵉ se tr ouvait encor e à Ly on  ;
et il s’était dé cidé à quier Belfort, à se p orter ainsi en avant av e c la 2 ᵉ
division, l’artillerie de réser v e et une division de cavalerie , incomplète .
D es feux avaient été ap er çus à Lor rach. Une dépê che du sous-préfet de
Schelestadt annonçait que les Pr ussiens allaient p asser le Rhin à
Mark olsheim. Le g énéral, se sentant tr op isolé à l’ e xtrême dr oite des autr es
cor ps, sans communication av e c eux, v enait de hâter d’autant plus son
mouv ement v er s la fr ontièr e , que , la v eille , la nouv elle était ar rivé e de la
sur prise désastr euse de Wissemb our g. D’une heur e à l’autr e , s’il n’avait
p as lui-même l’ ennemi à r ep ousser , il p ouvait craindr e d’êtr e app elé , p our
soutenir le 1 ᵉʳ cor ps. Ce jour-là , ce same di d’inquiète jour né e d’ orag e , le
6 août, on de vait s’êtr e bau quelque p art, du côté de Fr œschwiller  : cela
était dans le ciel anxieux et accablant, de grands frissons p assaient, de
br usques souffles de v ent, char g és d’ang oisse . Et, depuis deux jour s, la
division cr o yait mar cher au combat, les soldats s’aendaient à tr ouv er les
Pr ussiens de vant eux, au b out de cee mar che for cé e de Belfort à
Mulhouse .
Le jour baissait, la r etraite p artit d’un coin éloigné du camp , un r
oulement des tamb our s, une sonnerie des clair ons, faibles encor e , emp ortés
p ar le grand air . Et Je an Macquart, qui s’ o ccup ait à consolider la tente , en
enfonçant les piquets davantag e , se le va. A ux pr emier s br uits de guer r e ,
il avait quié Rognes, tout saignant du drame où il v enait de p erdr e sa
femme Françoise et les ter r es qu’ elle lui avait app orté es  ; il s’était ré
eng ag é à tr ente-neuf ans, r etr ouvant ses g alons de cap oral, tout de suite
incor p oré au 106 ᵉ régiment de ligne , dont on complétait les cadr es  ; et,
p arfois, il s’étonnait encor e , de se r e v oir av e c la cap ote aux ép aules, lui
qui, après Solférino , était si jo y eux de quier le ser vice , de n’êtr e plus un
traîneur de sabr e , un tueur de monde . Mais quoi fair e  ? quand on n’a plus
de métier , qu’ on n’a plus ni femme ni bien au soleil, que le cœur v ous
saute dans la g or g e de tristesse et de rag e  ? A utant vaut-il cogner sur les
ennemis, s’ils v ous embêtent. Et il se rapp elait son cri  : ah  ! b on sang  !
3La débâcle Chapitr e I
puisqu’il n’avait plus de courag e à la travailler , il la défendrait, la vieille
ter r e de France  !
Je an, deb out, jeta un coup d’ œil dans le camp , où une agitation
dernièr e se pr o duisait, au p assag e de la r etraite . elques hommes couraient.
D’autr es, assoupis déjà , se soule vaient, s’étiraient d’un air de lassitude
irrité e . Lui, p atient, aendait l’app el, av e c cee tranquillité d’humeur , ce
b el é quilibr e raisonnable , qui faisait de lui un e x cellent soldat. Les
camarades disaient qu’av e c de l’instr uction il serait p eut-êtr e allé loin. Sachant
tout juste lir e et é crir e , il n’ambitionnait même p as le grade de ser g ent.
and on a été p ay san, on r este p ay san.
Mais la v ue du feu de b ois v ert qui fumait toujour s, l’intér essa, et il
inter p ella les deux hommes en train de s’achar ner , Loub et et Lap oulle ,
tous deux de son escouade .
― Lâchez donc ça  ! v ous nous emp oisonnez  !
Loub et, maigr e et vif, l’air far ceur , ricanait.
―  Ça pr end, cap oral, je v ous assur e . . . Souffle donc, toi  !
Et il p oussait Lap oulle , un colosse , qui s’épuisait à dé chaîner une
tempête , de ses joues enflé es comme des outr es, la face cong estionné e , les
y eux r oug es et pleins de lar mes.
D eux autr es soldats de l’ escouade , Choute au et Pache , le pr emier étalé
sur le dos, en fainé ant qui aimait ses aises, l’autr e accr oupi, très o ccup é
à r e coudr e soigneusement une dé chir ur e de sa culoe , é clatèr ent, ég ayés
p ar l’affr euse grimace de cee br ute de Lap oulle .
―  T our ne-toi, souffle de l’autr e côté , ça ira mieux  ! cria Choute au.
Je an les laissa rir e . On n’allait p eut-êtr e plus en tr ouv er si souv ent
l’ o ccasion  ; et lui, av e c son air de gr os g ar çon sérieux, à la figur e pleine
et régulièr e , n’était p ourtant p as p our la mélancolie , fer mant les y eux v
olontier s quand ses hommes pr enaient du plaisir . Mais un autr e gr oup e
l’ o ccup a, un soldat de son escouade encor e , Maurice Le vasseur , en train,
depuis une heur e bientôt, de causer av e c un civil, un monsieur r oux d’
envir on tr ente-six ans, une face de b on chien, é clairé e de deux gr os y eux
bleus à fleur de tête , des y eux de my op e qui l’avaient fait réfor mer . Un
artilleur de la réser v e , maré chal des logis, l’air crâne et d’aplomb av e c
ses moustaches et sa barbiche br unes, était v enu les r ejoindr e  ; et tous les
tr ois s’ oubliaient là , comme en famille .
4La débâcle Chapitr e I
Oblig e amment, p our leur é viter quelque alg arade , Je an cr ut de v oir
inter v enir .
―  V ous feriez bien de p artir , monsieur . V oici la r etraite , si le lieutenant
v ous v o yait. . .
Maurice ne le laissa p as ache v er .
― Restez donc, W eiss.
Et, sè chement, au cap oral  :
― Monsieur e

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