La fausse maîtresse
54 pages
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La fausse maîtresse

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Description

1842. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Hélas ! il faut l’avouer, au risque de rendre le capitaine moins intéressant, Paz, quoique supérieur à son ami Adam, n’était pas un homme fort. Sa supériorité apparente, il la devait au malheur. Dans ses jours de misère et d’isolement, à Varsovie, il lisait, il s’instruisait, il comparait et méditait 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 17
EAN13 9782824709864
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA F A USSE MAÎ T RESSE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA F A USSE MAÎ T RESSE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0986-4
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA F A USSE MAÎ T RESSE
DÉDI É A LA COMT ESSE CLARA MAF F EÏ.
   septembr e 1835, une des plus riches héritièr es du
faub our g Saint-Ger main, mademoiselle du Rouv r e , fille unique duA mar quis du Rouv r e , ép ousa le comte A dam Mitgislas Laginski,
jeune p olonais pr oscrit.
’il soit p er mis d’é crir e les noms comme ils se pr ononcent, p our
ép ar gner aux le cteur s l’asp e ct des fortifications de consonnes p ar
lesquelles la langue slav e pr otég e ses v o y elles, sans doute afin de ne p as
les p erdr e , v u leur p etit nombr e .
Le mar quis du Rouv r e avait pr esque entièr ement dissip é l’une des plus
b elles fortunes de la noblesse , et à laquelle il dut autr efois son alliance
av e c une demoiselle de Ronquer olles. Ainsi, du côté mater nel,
Clémentine du Rouv r e avait p our oncle le mar quis de Ronquer olles, et p our tante
madame de Sérizy . Du côté p ater nel, elle jouissait d’un autr e oncle dans la
bizar r e p er sonne du che valier du Rouv r e , cadet de la maison, vieux g ar çon
de v enu riche en trafiquant sur les ter r es et sur les maisons. Le mar quis
de Ronquer olles eut le malheur de p erdr e ses deux enfants à l’invasion
1La fausse maîtr esse Chapitr e
du choléra. Le fils unique de madame de Sérizy , jeune militair e de la plus
haute esp érance , p érit en Afrique à l’affair e de la Macta. A ujourd’hui, les
familles riches sont entr e le dang er de r uiner leur s enfants si elles en ont
tr op , ou celui de s’éteindr e en s’ en tenant à un ou deux, un singulier
effet du Co de civil auquel Nap olé on n’a p as song é . Par un effet du hasard,
malgré les dissip ations insensé es du mar quis du Rouv r e p our F lorine , une
des plus char mantes actrices de Paris, Clémentine de vint donc une
héritièr e . Le mar quis de Ronquer olles, un des plus habiles diplomates de la
nouv elle dy nastie  ; sa sœur , madame de Sérizy , et le che valier du Rouv r e
convinr ent, p our sauv er leur s fortunes des griffes du mar quis, d’ en
disp oser en fav eur de leur niè ce , à laquelle ils pr omir ent d’assur er , au jour
de son mariag e , chacun dix mille francs de r ente .
Il est p arfaitement inutile de dir e que le Polonais, quoique réfugié , ne
coûtait absolument rien au g ouv ernement français. Le comte A dam
app artient à l’une des plus vieilles et des plus illustr es familles de la Pologne ,
allié e à la plup art des maisons princièr es de l’ Allemagne , aux Sapiéha, aux
Radzivill, aux Rze wuski, aux Cartoriski, aux Le czinski, aux Iablonoski,
etc. Mais les connaissances héraldiques ne sont p as ce qui distingue la
France sous Louis-P hilipp e , et cee noblesse ne p ouvait êtr e une r e
commandation auprès de la b our g e oisie qui trônait alor s. D’ailleur s, quand, en
1833, A dam se montra sur le b oule vard des Italiens, à Frascati, au Jo ck e
yClub , il mena la vie d’un jeune homme qui, p erdant ses esp érances p
olitiques, r etr ouvait ses vices et son amour p our le plaisir . On le prit p our
un étudiant. La nationalité p olonaise , p ar l’ effet d’une o dieuse ré action
g ouv ernementale , était alor s tombé e aussi bas que les républicains la v
oulaient mer e haut. La lue étrang e du Mouv ement contr e la Résistance ,
deux mots qui ser ont ine xplicables dans tr ente ans, fit un jouet de ce qui
de vait êtr e si r esp e ctable  : le nom d’une nation vaincue à qui la France
accordait l’hospitalité , p our qui l’ on inv entait des fêtes, p our qui l’ on
chantait et l’ on dansait p ar souscription  ; enfin une nation qui, lor s de la lue
entr e l’Eur op e et la France , lui avait offert six mille hommes en 1796, et
quels hommes  ! N’allez p as infér er de ce ci que l’ on v euille donner tort à
l’ emp er eur Nicolas contr e la Pologne , ou à la Pologne contr e l’ emp er eur
Nicolas. Ce serait d’ab ord une assez soe chose que de glisser des
discussions p olitiques dans un ré cit qui doit ou amuser ou intér esser . Puis,
2La fausse maîtr esse Chapitr e
la Russie et la Pologne avaient ég alement raison, l’une de v ouloir l’unité
de son empir e , l’autr e de v ouloir r e de v enir libr e . Disons en p assant que
la Pologne p ouvait conquérir la Russie p ar l’influence de ses mœur s, au
lieu de la combar e p ar les ar mes, en imitant les Chinois, qui ont fini p ar
chinoiser les T artar es, et qui chinoiser ont les Anglais, il faut l’ esp ér er . La
Pologne de vait p oloniser la Russie  : Poniato w ski l’avait essayé dans la
région la moins temp éré e de l’ empir e  ; mais ce g entilhomme fut un r oi
d’autant plus incompris que p eut-êtr e ne se compr enait-il p as bien
luimême . Comment n’aurait-on p as haï de p auv r es g ens qui fur ent la cause
de l’hor rible mensong e commis p endant la r e v ue où tout Paris
demandait à se courir la Pologne  ? On feignit de r eg arder les Polonais comme
les alliés du p arti républicain, sans song er que la Pologne était une
république aristo cratique . Dès lor s la b our g e oisie accabla de ses ignobles
dé dains le Polonais que l’ on déifiait quelques jour s aup aravant. Le v ent
d’une émeute a toujour s fait varier les Parisiens du Nord au Midi sous tous
les régimes. Il faut bien rapp eler ces r e vir ements de l’ opinion p arisienne
p our e xpliquer comment le mot Polonais était en 1835, un qualificatif
dérisoir e chez le p euple qui se cr oit le plus spirituel et le plus p oli du monde ,
au centr e des lumièr es, dans une ville qui tient aujourd’hui le sceptr e des
arts et de la liératur e . Il e xiste , hélas  ! deux sortes de Polonais réfugiés,
le Polonais républicain, fils de Lele w el et le noble p olonais du p arti à la
tête duquel se place le prince Cartoriski. Ces deux sortes de Polonais sont
l’ e au et le feu  ; mais p our quoi leur en v ouloir  ? Ces divisions ne se
sontelles p as toujour s r emar qué es chez les réfugiés, à quelque nation qu’ils
app artiennent, n’imp orte en quelles contré es ils aillent  ? On p orte son
p ay s et ses haines av e c soi. A Br ux elles, deux prêtr es français émigrés
manifestaient une pr ofonde hor r eur l’un contr e l’autr e , et quand on
demanda p our quoi à l’un d’ eux, il rép ondit en montrant son comp agnon de
misèr e  : «  C’ est un janséniste . » D ante eût v olontier s p oignardé dans son
e xil un adv er sair e des Blancs. Là gît la raison des aaques dirig é es contr e
le vénérable prince A dam Cartoriski p ar les radicaux français et celle de
la défav eur rép andue sur une p artie de l’émigration p olonaise p ar les
César de b outique et les Ale x andr e de la p atente . En 1834, A dam Mitgislas
eut donc contr e lui les plaisanteries p arisiennes.
― Il est g entil, quoique p olonais, disait de lui Rastignac.
3La fausse maîtr esse Chapitr e
―  T ous ces Polonais se prétendent grands seigneur s, disait Maxime de
T railles, mais celui-ci p aie ses dees de jeu  ; je commence à cr oir e qu’il a
eu des ter r es.
Sans v ouloir offenser des bannis, il est p er mis de fair e obser v er que la
légèr eté , l’insouciance , l’inconsistance du caractèr e sar mate autorisèr ent
les mé disances des Parisiens qui d’ailleur s r essembleraient p arfaitement
aux

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