La haine, la misère, la peur...
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Frans Tassigny,
La haine, la misère, la peur ont toujours « su » où se forme leur ennemi : à l'extérieur de soi. La psychanalyse démontre que la menace est interne. Mais, elle ne l'est que pour une culture qui soit capable d'intérioriser, d'avoir séparé l'intérieur de l'extérieur. Toutes les formes de culture ne le font pas. Cette guerre des banlieues sans idéal, mais non tout à fait sans cause est évidement une guerre de défense culturelle, deux visions du monde s'affrontent, mais l'une doit se défendre contre elle-même, c’est-à-dire contre un désir inconscient, donc refoulé, qui la fait agir.
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Langue Français

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ynFransTassig
Des voitures calcinées, une école incendiée, des habitants desespérés, d’autres remontés et un ministre de l’Intérieur qui enfile son costume à la fois de pompier et de Père Fouettard. Les quartiers nord d’Amiens ont connu lundi soir une flambée de violence qui fera date. Bien que le scénario ne soit pas inédit en France , son ampleur a surpris.
« Il y a des incidents toutes les semaines. Mais on n’avait jamais vécu des faits aussi graves », souffle Gilles Demailly, le maire (PS ) de la commune, qui chiffre les dégâts en millions d’euros. Le bilan humain de cette bataille entre une centaine de jeunes encagoulés et les forces de l’ordre est lourd : seize policiers ont été blessés par des tirs de chevrotine et de mortier. Le bilan matériel aussi est conséquent : une salle de sport et une école primaire parties en fumée, un poste de police saccagé, vingt voitures brûlées et encore les cantines d’un collège endommagées
La haine, la misère, la peur…
Frans Tassigny, La haine, la misère, la peur ont toujours « su » où se forme leur ennemi : à l'extérieur de soi. La psychanalyse démontre que la menace est interne. Mais, elle ne l'est que pour une culture qui soit capable d'intérioriser, d'avoir séparé l'intérieur de l'extérieur. Toutes les formes de culture ne le font pas. Cette guerre des banlieues sans idéal, mais non tout à fait sans cause est évidement une guerre de défense culturelle, deux visions du monde s'affrontent, mais l'une doit se défendre contre elle-même, c’est-à-dire contre un désir inconscient, donc refoulé, qui la fait agir.
Ce n'est pas une guerre c'est une opération de police.... Mais ce que l'on oublie de dire c'est que cette opération de police est également confrontée à l'inadaptation d'une société aux villes dortoirs. Enfin, cette réaction du pouvoir avec ce besoin de punition revêt la forme d'une autojustification morale et juridique qui plonge ses racines dans les tréfonds de l'inconscient. Voilà pourquoi c’est celui-ci le véritable sujet-objet de ces troubles.
Cette rencontre entre un monde hostile et un homme fragile pose ou repose la question de
savoir si un peuple ou une culture a le droit de mettre un processus qui conduise, selon ses critères, à une existence plus policée de l'humanité ; à une République policière pour être en l'occurrence plus direct....L'Etat, la République a peut-être, suite à ces violences urbaines, l'occasion de rechercher une légitimité nouvelle, mais il se comporte dans une structure punitive (double peine) et figée. Certes, l'arabisme des agitateurs a joué un scénario impossible, comme s’ « ils » avaient des droits sur le territoire français.....En outre, la culture occidentale doit se défendre contre le moralisme qui la constitue et qui crée indirectement le primitivisme de l'autre : la culture des immigrés arabes. Ce moralisme compensatoire de l'ignorance d'autrui sert d'exutoire à un besoin ancien de punition et cache une conscience de culpabilité qui n'avait pas trouvé depuis la guerre d'Algérie l'occasion de se déculpabiliser.
Freud nous indique qu'il est dans la nature de l'Etat de faire de ses citoyens des sujets mineurs pour les rendre incapables de réagir avec un esprit critique, déjà Kant, dans sa réponse à la question « Qu'est-ce que les Lumières ? » décrivait les hommes comme incapables de penser et soumis au tutorat : les Lumières était un combat contre la dictature et l'obscurantisme. Notre époque " transitionnelle" et dépressive nous oblige donc à faire le deuil de nos illusions engendrées par la démocratie et la toute puissance de la Science. Lacan pensait déjà (Nanterre, MAI 68) que : « La Science, c'était par quoi les sociétés mortes ont l'air de se tenir comme parlantes ».Gageons que la psychanalyse ne quitte pas la tradition de sa propre démarche au bénéfice illusoire de positions bourgeoises signe d'un paradis perdu à jamais.
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Les violences urbaineshttp://liberalisme-democraties-debat-public.com/spip.php?article58
Elles répondent à deux approches totalement opposées, complémentaires, mais contradictoires : l’approche sociologie et anthropologique. La violence urbaine suscite de nombreuses publications depuis plusieurs années parce qu’elle choque notre conception de la vie. Les sociétés occidentales ont pensé avoir éradiqué la violence de la vie publique et privée ; or cette violence refait son apparition dans le domaine public. Françoise Héritier a cherché à étudier le phénomène de violence sous ses différentes formes lors de plusieurs colloques. La question de la violence est particulièrement complexe à étudier car ses formes ont varié selon le temps et les cultures. Dans certains groupes, la violence est tolérée, alors que dans d’autres, elle est totalement prohibée, bannie. La violence dérange et devient alors scandaleuse. Dans la société occidentale, la violence a été évacuée selon un processus lent et long ; c’est ce qui est communément appelé civilisation. Norbert Elias s’est penché sur ce problème de la prohibition de la violence. Dans l’évolution de la société, la violence privée a été prise en charge par l’Etat. L’homme ne peut plus se venger et la violence légitime n’appartient plus qu’à l’Etat. La violence privé a fait une résurgence dans l’espace public depuis une quinzaine d’années. Le sport est peut être caractérisé comme un déplacement de la violence vers un auto contrôle. Ted Gurr souligne le fait que la violence peut s’interpréter comme une réaction à une situation de frustration en raison du décalage entre une aspiration élevée et la possibilité d’une réalisation médiocre. C’est ce qu’il appelle
l’anomie. Définition de la violence urbaine. Les formes de la violence collective des jeunes ont lieu autant dans l’espace public de la banlieue due du centre ville. Ces formes de violences sont faiblement organisées et doivent être distinguées de la délinquance des mineurs . La violence urbaine va du plus simple vandalisme à l’émeute et à la guérilla urbaine ; elle passe par une grande diversité de formes. Ces formes de violence sont : razzia dans les commerces ; rodéo de voitures volées ; racket et dépouilles ; rixes entre bandes provocation et injures verbales ou gestuelles contre les adultes du voisinage et les agents des institutions ; agression physique ; trafics divers dont la drogue ; attaque de commissariat et de bâtiments publics ; saccages et pillages divers. La question des violences urbaines est ancienne : il y a eu des émeutes urbaines à Chicago (1919), Harlem (1935), dans diverses villes de USA ( 1943), à Watts et Détroit (1962), à Los Angles (1992) - pour cette dernière émeute, il faut noter que la communauté chinoise est intervenue violemment pour mettre fin aux pillages des bandes d’afro-américains. En France, la première émeute date de 1981 aux Minguettes (banlieue de Lyon), puis à Vaulx en Velin (1990), Sartrouville et Mantes-la-Jolie (1991), Toulouse le Mirail et Montauban (1999) Quant à Strasbourg, les émeutes sont périodiques (quartier Cronembourg). Perspective sociologique En France, les cibles de la violence sont homogènes : les institutions publiques (police, EDF/GDF, poste, écoles, transports, commerçants). Il s’agit essentiellement d’institutions qui sont en rapport avec les moyens d’intégration et qui proposent quelque chose qui n’existe pas ou peu dans le pays d’émigration. L’attitude envers ces institutions est comme si la confiance avait été perdue. D’autre part, les affrontements entre bandes existent comme aux Etats-Unis, mais à une moindre mesure. Les formes de la délinquance aux Etats-Unis ont baissé depuis les années 80. Le déclin de la criminalité est due à l’efficacité de la politique répressive (politique de tolérance zéro, ce qui permet à certains sociologues français de montrer le système américain comme un des plus répressifs. La violence est toujours décrite comme gratuite, sans revendication. Elle prend pour cible les institutions constitutives du lieu de résidence. C’est une réaction des jeunes face à l’exclusion. Sébastien Roche met en avant la notion d’incivilité, c’est-à-dire l’absence de civilité. Pour se faire entendre et respecter, la personne doit hausser le ton. L’espace public ne doit pas être approprié par quelqu’un. La civilité implique une certaine neutralité dans cet espace. Pour qu’il y ait civilité, il faut ne pas imposer à l’autre sa spécificité. Les violences urbaines relèvent de l’incivililté. Elles remettent en cause le fonctionnement de la vie collective basée sur le respect mutuel, la communication et l’échange. Les incivilités produisent un sentiment d’inquiétude et se traduit par des dégradations : bris de vitres, de boites aux lettres, de graffitis, etc. La constitution de rassemblement équivaut à une appropriation de l’espace public... Face à cette situation, les pouvoirs publics se sont efforcés à mettre en place des moyens en personnels et matériels pour lutter contre l’incivilité. Ce sont les professions de l’hospitalité : concierges, gardiens, contrôleurs... et création de nouveaux métiers : îlotiers, standard d’écoute, etc. Perpective anthropologique. Dans cette perspective, il n’y a pas de problème de violence. Ce qui est mis en avant c’est la dimension culturelle de la violence. C’est la thèse soutenue par David Lepoutre dans Cœur de banlieue. Il a repris l’analyse de la violence dans une perspective contemporaine. La violence fait partie de la culture de rue. Il s’agit de restituer à la violence son cadre spécifique en dehors de la délinquance juvénile. C’est la subculture de rue ou sous-culture des adolescents qu’il étudie dans une vision où la violence physique est « positivée ». La question qui se pose est de savoir comment, du côté des acteurs, cette violence est valorisée. Il s’agit donc de constituer en objet d’étude le comportement et les attitudes d’affrontement où le corps est profondément valorisé. Le corps est instrument, signe et enjeu de communication. Ces comportements s’établissent selon un mode
d’échange et de vengeance. Elle se manifeste par des rixes, des batailles, des combats sportifs. D. Lepoutre met en valeur le caractère apprécié par l’ensemble de la classe d’âge, le phénomène de fascination, d’ivresse collective. La bagarre est appréciée du groupe d’adolescent. Ces bagarres sont des rituels mettant en jeu trois types d’acteurs dont le rôle peut être interchangeable selon les circonstances : protagonistes ; provocateurs ; séparateurs. La provocation permet de recréer la coordination, l’unité du groupe. La violence fait partie intégrante de l’espace public ; il y a un apprentissage de cette violence sous forme de spectacle qui se donnent au grand jour. Le jeune doit apprendre à se défendre. Ce qui est valorisé dans cette violence c’est la manière de dominer sa peur. Il faut donc faire l’expérience du courage et de la force. Il s’agit en final de se construire une réputation qui sera reconnue par les autres. Cette réputation intériorise des codes spécifique aux groupes de jeunes. Les aînés jouent à la fois le rôle d’incitateur à des actions violentes, de provocateur et de protecteur des plus jeunes. Les parents interdisent l’usage de la violence dans la rue et à l’école, mais ils l’utilisent pour en interdire les pratiques ; il en résulte une ambiguïté de l’éducation ( ?). La violence est un trait spécifique de cette culture de rue ; l’emploi de la force physique est légitimée dans cette culture ; elle devient un mode de relation et obéit à des codes. La force physique n’exclut pas la gentillesse, la relation à l’autre, l’amitié. Dans la culture de rue, tout est mis en scène ; rien n’est intériorisé. Les valeurs de la culture dominante définissent la virilité comme modèle et possibilité de contrôle de soi. Dans les sociétés traditionnelles, la violence est introvertie. Dans la culture de rue, le sport devient la discipline médiatrice entre la culture dominante et la culture de rue.
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·trop de violence!soit mais...26 mars 2008 13:13, par Jean-Léon Beauvois
Merci pour ces informations et analyses. Tout est vrai dans ce que vous dites. Mais je persiste à dire que tout ce qu’on considère comme des "raisons" de la violence, tout cela a déjà existé et ne se traduisait pas, à d’autres moments historiques, par de la violence urbaine. Alors, ou on dit "c’est trop compliqué puisqu’il y a tant de facteurs qui interviennent" ou on cherche un modèle qui puisse rendre compte du fait qu’une foule de facteurs susceptibles de se traduire en violence et qui, habituellement ou autrefois, ne se traduis(ai)ent pas par de la violence, à l’instant historique t, je dis bien : à l’instanthistoriquet, vont produire de la violence. Ce modèle implique de nouvelles variables qui interviennent à cet instant historique, en contemporanéïté avec la violence et qui ne sont pas liées aux histoires individuelles et leurs échecs ou à l’histoire des groupes. C’est la différence entre une variable comme l’écart entre le "niveau d’aspiration" et le "niveau de réussite" (en quelque sorte une "raison" de la violence) et une variable comme la "force des modèles de violence" (au ciné, à la télé...). Ces "nouvelles variables, elles, jouent en contemporanïté avec la violence et l’accompagnent. Je ne voulais pas dire beaucoup plus que ça.
Une remarque : ce n’est pas là, de ma part, une approche "sociologique", mais une approche "psychosociale" fortement inspirée de celui que certains considèrent comme le plus grand psychologue : Kurt Lewin.
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