La Trinité moderne : Sibony, Onfray, BHL, Onfray, postanarchiste iconoclaste
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Description


Avec la récente publication du Postanarchisme expliqué à ma grand-mère (octobre 2012, Galilée), Michel Onfray jette un pavé réjouissant dans la mare identitaire anarchiste et, plus largement, dans les marais militants des gauches critiques…
Action-CRItique-MEDias [Acrimed]. Née du mouvement social de 1995, dans la foulée de l’Appel à la solidarité avec les grévistes, notre association, pour remplir les fonctions d’un observatoire des médias s’est constituée, depuis sa création en 1996, comme une association-carrefour. Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante.
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Langue Français
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Extrait

Lacan ou la portée historique de la psychanalyse
entretien avec Julia Kristeva
version complète de l'entretien paru dansLe Point Références
Vous arrivez en France en 1966. Que représente alors pour vous Lacan ?
Un événement qui, comme la psychanalyse, fascine et dérange. Je préparais une thèse sur le Nouveau Roman et j’ai rencontré Philippe Sollers qui m’a emmenée aux séminaires de Lacan. Lévi-Strauss avait « structuré » les mythes et l’échange des femmes dans les sociétés dites primitives. Benveniste confrontait la linguistique structurale et générative à l’inconscient freudien et au panthéon indo-européen ; Goldmann remontait de Marx à Hegel ; la délicatesse de Barthes, attentif àTel Quel, énervait beaucoup la Sorbonne; Derrida, lui aussi à l’écoute de ces expériences de langage, réécrivait la phénoménologie de Husserl et Heidegger en grammatologie. Mais l’événement c’était Lacan. Il ne professait pas les classiques, ne récitait pas du préfabriqué, mais prêtait sa présence et sa parole aux rêves et aux angoisses de son auditoire, pour les transformer en pensée. Et cette pensée se construisait à haute voix devant nous, dans la chair d’une langue française aussi exigeante qu’onirique. J’avoue qu’au début le rituel théâtral, mi-surréaliste mi-catholique, de ce grand bourgeois me soulait. Mais puisque j’ai un seul vice, la curiosité, j’ai essayé de comprendre. Je me suis donc accrochée, et toujours avec les lumières de Sollers j’ai suivi son séminaire à l’Ecole normale, puis à la Fac de Droit.
Vous vous êtes alors lancée dans la psychanalyse ?
Pas toute de suite. J’ai d’abord commencé par lire Freud puisque son enseignement s’intitulait « Retour à Freud ». Mon éducation en Bulgarie m’avait orientée vers la philosophie allemande, mais ma connaissance du freudisme se limitait à la traduction bulgare deL’interprétation des rêvesque mon père avait pris soin de me faire lire, non sans l’avoir caché dans « l’enfer » de la bibliothèque familiale, car la psychanalyse était à l’Est considérée comme une science bourgeoise…
Lacan est devenu l’ami du couple que vous formez avec Philippe Sollers. Comment se comportait-il avec la jeune intellectuelle que vous étiez.
 « Ami » c’est trop dire et quant au « couple», la psychanalyse en fait une perpétuelle refondation. Chacun de nous entretenait avec Lacan des amitiés fondées sur une réelle séduction intellectuelle. La mienne a commencé à l’occasion d’une interview que je devais faire pour une revue de sémiologie : puisque sa théorie de l’inconscient « structuré comme un langage » semblait s’opposer à l’inconscient freudien compris comme un réservoir de pulsions, il fallait bien que la recherche sémiologique après Pierce et Saussure s’empare de ce renouveau ! Nous avons dîné ensemble à la Calèche, son restaurant habituel, et s’est immédiatement installée entre nous une très forte proximité fondée sur un respect réciproque. A la sortie du restaurant Lacan m’a demandé quel était le prénom de mon père. Je lui ai dit qu’il s’appelait Stoyan (variante bulgare de Stéphane), un « signiïant » dont mon père s’amusait à faire remonter l’étymologie à la racine latine «sto-stare »: « il tient ». Lacan s’est arrêté, contempla quelques longues minutes la lune, et ïnit par me dire: «Je vois que cela tient ». Je me souviendrai toujours de son regard, curieux, enveloppant et très respectueux. Finalement, je n’ai jamais fait l’interview, mais les échanges se sont poursuivis.
Pourtant, vous n’avez pas voulu qu’il soit votre analyste?
Nous nous connaissions trop pour qu’il devienne mon analyste. Au retour de notre voyage en Chine auquel il a renoncé au dernier moment pour des raisons personnelles, je suis allée le voir quand même, lui demandant de me conseiller quelqu’un de son école. Et le nom qu’il m’a suggéré était justement celui de l’ami intime… de son amie intime de l’époque.
Pourquoi ?
Je me le suis demandé. Peut-être parce qu’il avait besoin de me faire entrer dans son clan, son cercle érotique, comme si l’adhésion à sa pensée passait par une sorte d’inceste. Peut-être considérait-il que cela n’avait aucune importance, au fond, qu’une analyse devait dépassionner tout ça pour atteindre le vrai… Qu’est-ce qu’un psychanalyste ? Quelqu’un qui est en contact avec son inconscient et entretient en permanence un certain rapport avec la culture.
Mais un grand psychanalyste ? Il est libre avec son inconscient, et s’approprie si bien la culture ancienne et moderne que sa clinique et sa théorie sont capables de penser le présent…Toujours est-il que j’ai refusé de participer à ce jeu que Lacan me proposait, et j’ai intégré une autre formation, la Société psychanalytique de Paris.
Et il ne vous en a pas voulu ?
Comment serait-ce possible ? Vous savez, quand on passe comme moi du totalitarisme à Saint Germain des Prés, on est constamment dans une logique de mort et de résurrection : tu marches ou tu crèves. Pour marcher, j’avais trouvé ma solution : essayer de transformer la curiosité en créativité. D’interroger les situations et les idées qui me paraissaient intéressantes et d’en donner ma version. J’étais d’autant plus libre que je n’appartenais à aucune communauté, qu’elle soit celle des normaliens, des agrégés ou des militants en tout genre. Il me semble que Lacan respectait cet état de liberté. Et qu’il m’a même, d’une certaine manière, encouragée à persévérer dans mon indépendance.
Lors de la publication de mon livrePolylogue, en 1977, il a été intrigué par mon choix de la couverture : un essaim d’anges volants de Giotto. Je lui ai dit qu’il représentait la logique plurielle de l’imaginaire: le soi-disant « individu » éclate dans les variantes de ses sublimations, pas vraiment des expériences asexuées, mais des sexualités singulières et singulièrement traversées.
« Je vois, m’a-t-il dit en souriant, le contraire des membres d’une école, ils ne sont pas vraiment singuliers, hélas… Mais vous, vous n’avez pas besoin de tout ça ». Il a dissous son Ecole vers cette période. Il avait peur qu’on transforme sa pensée en pansement.
Mais vous-a-t-il inuencée dans votre pratique analytique ?
 Je pratique des séances longues, dans les meilleurs des cas trois fois par semaine, avec des interprétations de type freudien. N’est-ce pas l’attention freudienne au langage, telle que le fondateur de la psychanalyse l’impose dès
ses premières analyses des rêves, que Lacan reprend et ampliïe dans le contexte de la linguistique structurale ? Cette puissance du langage à verrouiller - mais aussi à déverrouiller- l’inhibition, le symptôme et l’angoisse, Lacan l’a mise en valeur en prétendant qu’il s’agit d’un simple « retour à Freud ». Modestie rhétorique ou déviation qui se protège ? J’y vois surtout une extrême attention portée à la langue maternelle, le français en l’occurrence, que Lacan installe au cœur de l’écoute psychanalytique. La langue maternelle, insiste-t-il en substance, est la voie royale pour entendre le singulier de chaque analysant. Et pour faire de chaque cure une expérience « poétique », au sens incommensurable de ce mot, qui révèle l’incommensurable de chaque être parlant. C’est ici que réside, me semble-t-il, le secret de cette étrange séduction qu’exerce la théorie lacanienne, totalement impénétrable pour ses divers détracteurs. A contre-courant des tendances de la psychanalyse globalisée qui réduit l’inconscient à des schémas abstraits voire « cognitifs », Lacan passe pour « frenchy », baroque ou littéraire…
Dans l’Etourdi, Lacan arme que le psychanalyste est un linguiste…
Oui, mais il adore aussi les « mathèmes » qui tracent des dispositifs intra- et inter-psychique transversaux au langage. Et n’hésite pas à modiïer ses positions d’inspiration structuraliste pour recommander, à la place de la « linguisterie », ce qu’il appellera « lalangue » : la « lalation » des bébés, le pré-langage infantile, les écholalies, mais aussi « la musique dans les lettres » à la façon de Mallarmé. Les limites de ces approches apparaissent lorsque l’interprétation psychanalytique s’enferme dans les jeux de mots, pures déconstructions formalistes de sons, voyelles et syllabes, ignorants les aects et les pulsions. Au contraire, l’originalité spéciïque de la psychanalyse réside précisément dans la conception « hétérogène » de l’activité signiïante chez l’être humain : à la fois énergie et sens, pulsion et signiïant.
Vous avez donc été ïnalement plus loin dans l’analyse du langage que Lacan ?
 La recherche en psychanalyse existe, n’en déplaise à ses détracteurs, y compris sur la coprésence entre la sexualité et la pensée dans le langage. Après Melanie Klein, Winnicot et Bion en Angleterre. En France, les travaux de Piera Aulagnier, et surtout ceux d’André Green sur l’hétérogénéité du signiïant, ont orienté aussi mes propres travaux de sémioticienne et de psychanalyste attentive à Lacan. Je suis tout particulièrement intéressée par cette dimension du sens que j’appelle « sémiotique » et qui est de l’ordre du pré-langage, des mélodies et des intonations, dans lequel s’impriment les aects et des sensations propres aux relations pulsionnelles précoces
mère/enfant. L’analyste l’entend aussi bien dans la parole des déprimés, que chez des personnes qui, dans la société de l’image, réduisent leur expression verbale à des « éléments de langage », tandis que la vérité de leurs inconscients se dérobe, comme encryptée, dans ce registre plus archaque.
Que reste-t-il de Lacan d’un point de vue théorique aujourd’hui ?
Trois ouvertures dont nous n’avons pas encore pris la mesure.
 Il a rouvert les passerelles entre la psychanalyse et le vaste continent de la pensée : la philosophie, mais aussi la théologie, évidemment les sciences humaines, les autres sciences aussi. Sans cette respiration dont la psychanalyse s’origine,- n’oublions pas qu’avec Freud elle est un enfant des Lumières et de leur encyclopédisme,- la psychanalyse est condamnée à se réduire à une gouvernance psychologisante.
 En invitant les analystes à entendre l’inscription des traumas, joies et douleurs dans les plis du parler infantile, il redonne une vigueur inattendue à la diversité culturelle qui en a vraiment besoin aujourd’hui: la vérité de nos corps banalisés et globalisés passe par la langue native, c’est là que s’inscrit l’empreinte singulière de chaque sujet parlant. Et c’est donc par le multilinguisme qu’il pourra développer des créativités inattendues.
 Sans avoir systématisé sa pensée sur le féminin ni sur les religions, les apports de Lacan sur la « jouissance féminine » ou la « jouissance autre », s’ajoutant à son insistance sur la « fonction paternelle » et le « Nom du Père », constituent des fondements précieux pour penser l’histoire des religions, mais aussi la religiosité (en deçà et au-delà des religions, pas seulement monothéistes), et jusqu’au « besoin de croire » comme composante universelle des êtres parlant. Je dialogue avec ses positions dans mon livreThérèse mon amour consacré à Thérèse d’Avila, cette carmélite espagnole que j’ai découverte dans le séminaire de Lacan intituléEncore.
 Ses avancées redonnent à la psychanalyse sa portée historique et politique qui me parait être un enjeu essentiel de la découverte freudienne, mais que la psychanalyse actuelle tend à ignorer ou à occulter quand elle devient trop ésotérique ou simplement vulgarisée.
Le philosophe Slavoj Zizek a présenté Lacan à travers le prisme du cinéma hollywoodien : aurait-il apprécié ?
 Comme tous les « ismes », le lacanisme se laisse étrangler par ses écoles et disciples. Mais en semant à tous vents comme il l’a fait, l’événement Lacan invite aussi à être lu dans le texte, et il est important que la recherche en psychanalyse, ainsi que les analysants d’où qu’ils viennent, développent la polyphonie de son enseignement. Avec le risque que cela s’empile au Big mall de la marchandise psycho-spiritualiste, où tout se vaut et rien ne vaut rien. Pourtant la rigueur existe : elle consiste à s’en tenir aux fondamentaux de la théorie freudienne, selon laquelle la sexualité – qu’elle soit une tragédie ou une divine comédie- est accessible au langage, à condition de respecter le jeu du transfert et du contre-transfert. Un seul critère : la clinique. C’est elle qui nous protège des divagations somnambuliques des nouveaux gourous.
JULIA KRISTEVA
Le Point Références NOS DERNIERS MAITRES Septembre-Octobre 2011
Paroles d’expert : Daniel Sibony, « écrivain, psychanalyste » (21 mars)
le 12 avril 2006
Dans les pages « Rebonds » deLibération, le 21 mars 2006, on pouvait lire une « tribune » de Daniel Sibony, « écrivain, psychanalyste », qui, en cette double qualité, se prononce sur le CPE sous le titre « Pourquoi la fourmi n’a-t-elle pas embauché la cigale ? »
Le psychanalyste parle
On ne se rend pas compte immédiatement que c’est le psychanalyste qui parle, quand il aIrme que l’afrontement autour du CPE est le produit d’un malentendu entre
- les jeunes qui ont raison d’être en colère, car si le CPE «n’aggrave rien, n’arrange rien», il «oIcialise une réalité injuste par l’Etat». - les employeurs qui ont raison de ne pas embaucher, car le droit du travail est un «droit draconien qui fait d’une vraie embauche un acte très coûteux et un mariage à vie ; qui empêche de congédier un employé-poids-mort-qui-ne-fait-pas-de-fautes-graves[1]. »
Quand soudain il lâche :
«On a compris depuis longtemps qu’il n’y a pas qu’un face-à-face entre des bras nus et un capital vorace ;il y a quelque chose que Marx n’a pas étudié : la mise en place de l’espace de travail, du décor pour s’activer ; la mise en acte du risque à prendre pour entreprendre de donner du travail à soi-même et à d’autres.Ce facteur de mise en place ou en scène perturbe le face-à-facefantasméentre la sueur du prolétaire et la plus-value qu’on en fait. Ce qui subvertit ce face-à-face, c’estla création d’un espace de rencontre dynamique et jouable; ce sont toutes les initiatives pour produire des lieux de travail où se crée de la valeur.»
Traduit en langue proFane, ce bavardage qui barbouille Marx avec une teinture de psychanalyse et de « management », ne veut rien dire, sinon que ce sont les entrepreneurs qui créent des entreprises.
L’écrivain fabule
Mais, décidément, tout cela est «un peu triste». Et pour détendre l’atmosphère, Daniel Sibony termine son article par une parabole, une «note gaie», citée ici en entier :
« Version française de la Cigale et la Fourmi :
La fourmi travaille dur tout l’été pendant la canicule : elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver. La cigale pense que la fourmi est stupide ; elle rit et joue tout l’été. L’hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie. La cigale grelotte et înit par convoquer une conférence de presse, où elle demande pourquoi la fourmi a le droit d’être au chaud et bien nourrie alors que les autres, moins chanceux, comme elle, ont froid et faim. La télévision organise des émissions en direct montrant la cigale grelottante et elle passe des extraits vidéo de la fourmi bien au chaud dans sa maison avec une table bien garnie. Les français sont frappés de ce que, dans un pays riche, on laisse sourir la cigale tandis que d’autres ont tout ce qu’il faut. Les associations manifestent devant la maison de la fourmi. Des journalistes multiplient les interviews demandant pourquoi la fourmi est devenue riche sur le dos de la cigale, et interpellent le gouvernement pour qu’il augmente les impôts de la fourmi aîn qu’elle paye sa « juste part ».
En réponse aux sondages, le gouvernement vote une loi sur l’égalité économique et une contre la discrimination. Les impôts de la fourmi sont augmentés, elle reçoit une forte amende pour n’avoir pas embauché la cigale comme aide. La maison de la fourmi est saisie par les autorités, elle n’a pas de quoi payer son amende et ses impôts. Elle quitte la France pour s’installer avec succès en Angleterre. La Télé fait un reportage sur la cigale qui va mieux : elle est en train de înir les dernières provisions de la fourmi bien que le printemps soit encore loin. L’ancienne maison de la fourmi, devenue logement social pour la cigale, se détériore car cette dernière n’a rien fait pour l’entretenir. Des reproches sont faits au gouvernement pour le manque de moyens. Une commission d’enquête est mise en place, cela coûtera 7 millions d’euros. En attendant, on dénonce
l’échec du gouvernement à redresser le problème des inégalités. Heureusement, un Premier Ministre hardi ît un plan, etc. »
Remarquons que Sibony ne va pas jusqu’à la morale de La ontaine :Et bien, dansez maintenant. Qui sous-entend la mort de la cigale. Si vous n’arrivez pas à arrêter votre Fou rire (jaune) suite à cette « note gaie », revenez sur le site dans un jour ou deux.
La solidarité entre les membres d’une société est réduite ici à l’exploitation des travailleurs par les Fainéants. Et donc toute solidarité, tout partage entre riches et pauvres sont sources d’injustice, et de ruine générale. Vive, donc, le chacun pour soi...
Questions
Pourquoi un texte d’une telle vacuité a-t-il été publié dans un quotidien national ? Quels sont les critères qui ont présidé au choix d’être publié (Faisons l’hypothèse queLibéne manque pas de papier pour ses pages Rebonds) ? Nous n’y voyons qu’une seule raison : la notoriété de l’auteur (« écrivain psychanalyste »). C’est, au Fond, l’argument d’autorité. Comme c’est quelqu’un de connu, qui a produit des écrits respectables dans sa spécialité, il peut dire les pires bêtises sur un sujet qu’il ne connait visiblement pas : elles sont dignes d’être publiées.
Et ensuite, on s’étonne que les citoyens ne veulent plus payer pour lire cela et se tournent vers les gratuits...
Lionel Brabant
Notes
[1] Les tirets qui relient tous les mots de l’expression ont comme efet d’enlever toute humanité de celui dont on parle. Cela devient un archétype îgé, et non pas un être humain qui a sans doute des raisons (justiîées ou non) d’être un poids mort dans son entreprise.
Paranormal, dérives sectaires : cautions médiatiques sous couvert de libre information
parRichard Monvoisin, le 21 août 2006
Le fantasmagorique se paye parfois au prix fort. Nous publions ci-dessous, sous forme de « tribune », une analyse de Richard Monvoisin [1] inspirée de ses activités à l’Observatoire Zététique, et dénonçant la contribution que certains médias et journalistes apportent, sous couvert de libre information ou de pseudo-démocratisme, à l’entretien de croyances aliénantes. (Acrimed).
On croit souvent que, lorsqu’on investigue des phénomènes réputés paranormaux, le plus grand danger viendra de la sorcellerie, des esprits-
Frappeurs ou des envoûtements. C’est Faux. Le plus grand danger, c’est la désinFormation. Et elle peut être diaboliquement retorse.
J’ai eu la récente joie de parler au téléphone à un journaliste employé par Endémol. Grosse société de production télévisée, célèbre pour son rôle de pierre angulaire de l’esprit critique en rance [2], Endémol est aussi un plan de carrière dans le précariat pour les journalistes : l’un d’eux, pigiste travaillant sur un sujet dit « paranormal » en vint à contacterl’Observatoire Zététique[3], cette association Fondée en 2003 qui promeut l’investigation scientiîque des phénomènes dits étranges ou extraordinaires. L’OZ analyse aussi toutes les théories bizarres, saugrenues ou tout simplement controversées qu’elle trouve.
BreF, il eut afaire à moi, et me proposa d’intervenir sur une sombre afaire d’entité malFaisante, une Forme invisible qui aurait abusé d’une jeune Femme, il y a quelques années [4]. Histoire d’envoûtement connue, battue et rebattue, cela rentrait exactement dans notre champ de recherche. Je l’écoutais, mes oreilles les plus écarquillées possibles.
L’argument du « Qu’importe le acon »
Le journaliste me révéla en substance que l’idée était de présenter une émission au regard critique, pour une Fois. De creuser la question de cette possession, et d’y donner un point de vue scientiîque. Ravi, j’en étais à parler des syndromes de paralysie du sommeil et des hallucinations qui décrivent une bonne partie du ressenti efrayant des « possédé-es » [5], quand le journaliste crut bon d’ajouter sur un ton de reproche : « dïtes... euh... il ne Faut pas tout casser non plus ».
Bon... Déconcerté, j’entrepris alors la lourde tâche de décortiquer avec lui ce lieu commun classique, en pure perte, comme les événements me le montrèrent plus tard [6].
Les zététiciens, comme on les appelle, savent d’expérience que briser directement la représentation mentale, Fondée ou non, d’un individu sur un événement ou un souvenir est un exercice risqué : si la personne n’a aucune branche, aucun support auquel se raccrocher ensuite, l’exercice est aussi risqué que de balancer dans un lac un type sans bras, ou d’enlever les béquilles d’une personne paralysée en lui criant « marche ! » : les îgures réalisées peuvent être jolies, mais ce n’est pas très courtois
Intermède
Si je ne connais personne ayant jeté un manchot dans un lac, par contre des guérisseurs-miracles ordonnant à des paralytiques de marcher, il y en a. Deux évangélistes en ont Fait leur spécialité [7] : - le tristement célèbre Peter Popof, par exemple, qui malgré ses Fraudes démontrées par James Randi poursuit sa carrière [8] ; - Benny Hinn (ne pas conFondre avec Benny Hill) qui a réalisé encore quelques miracles le mois dernier aux ïles idji [9] .
12 diférences se cachent entre ces deux images.
Sauras-tu les relever ?
S’il convient d’être doux et d’avoir du tact vis-à-vis de croyances « afectives », en revanche casser un mythe, c’est-à-dire soupeser la Faiblesse d’un scénario explicatiF d’une catégorie de phénomènes, aîn que d’éventuels spectateurs puissent se rendre compte que l’origine d’un de leurs maux ne provient peut-être pas d’entités immatérielles, relève non d’un choix, mais bien d’un devoir : ne pas le Faire reviendrait à encourager une non-prise en charge, ou une prise en charge discutable du problème, comme les exorcismes. Expliquer que l’autisme n’est pas une conséquence d’un mauvais amour maternel comme le Faisait croire Bettelheim [10], que le Sida ou les auto-combustions humaines ne sont pas des châtiments divins [11], et que la sensation d’être paralysé dans son lit n’est pas la preuve qu’un succube [12] est venu voler votre semence, ou qu’un incube est venu vous inséminer : à moins de Faire de la littérature de îction, tout ceci me semble être le moindre qu’on puisse demander à un média.
Au journaliste d’Endémol, j’ai ensuite raconté mon expérience de la conFérence du Père Brune au Festival Science rontières en 2004 : un parterre de personnes majoritairement âgées, le père Brune parlant d’icônes et vendant ensuite à la pelletée ses livres sur la TransCommunication nstrumentale (TC) avec l’au-delà, et mes collègues et moi nous regardant, hésitant quant à la marche à suivre : devons-nous dénoncer en public le caractère vampirique de ce genre de pratique s’abreuvant directement à la plaie des deuils ? Ou Ferions-nous mieux de nous taire, pour ne pas briser une croyance à laquelle nous n’aurions pas le temps de substituer quoi que ce soit d’autre ? Que dire à une dame qui croit parler depuis dix ans avec sa îlle morte ? Nous avons opté, raisonnablement, pour le silence. Mais les dents serrées.
De même pour Carlotta Moran, la Fameuse possédée. l convient d’être prudent devant une personne ayant vécu des choses similaires. TouteFois, devant un écran, il en va de la probité journalistique que de proposer les alternatives valables à ces scénarios de possession. Le journaliste se retrouve dans la position de certains des étudiants de pharmacie auxquels je Fais cours, et qui s’écrient : « Efectivement l’alternative (anti-rides, ADN végétal, leurs de Bach, homéopathie) n’est pas valable en tant que telle... mais elle rapporte. Et si les gens la demandent, au Fond, tout le monde est content. ». Le journaliste, Faisant un dossier se terminant de Façon « ouverte », croit donner du rêve aux gens. À son insu, il crée de l’aliénation, et se réconForte à l’idée que les spectateurs sont ravis. Je ne vois pas une énorme diférence avec les propos que pourrait tenir un vendeur d’hérone cynique : au Fond, l’acheteur est content. Cela illustre un point Fondamental de la zététique : l’argument purement publicitaire du « si celui qui achète et celui qui vend sont contents, tout va bien » n’est vrai que si les deux parties en présence ont accès aux mêmes inFormations, et possèdent bien les
enjeux et les risques de chacune des alternatives. Or, le pharmacien sait plus que le client. Le journaliste sait plus que le spectateur. Endémol sait bien que socialement parlant, ses émissions ne vont pas dans un sens d’une stimulation de l’intelligence des téléspectateurs. Ne pas le dire aurait-il un prix ?
Onfray, postanarchiste Michel iconoclaste . Ou l’actualité d’un pragmatisme libertaire
10 décembre 2012 ParPhilippe Corcuf
http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcu/101212/michel-onfray-postanarchiste-iconoclaste-ou-l-actualite-d-un-pragm
Avec la récente publication duPostanarchisme expliqué à ma grand-mère(octobre 2012, Galilée), Michel OnFray jette un pavé réjouissant dans la mare identitaire anarchiste et, plus largement, dans les marais militants des gauches critiques…
Diérences et fraternité de la chair : Michel Onfray et moi
J’ai une série de diférences avec Michel OnFray, dans le parcours politique (mes insertions successives dans des organisations politiques, du PS au NPA, alors qu’il s’en est prudemment tenu à l’écart) comme dans les réFérences intellectuelles privilégiées (je suis plus à l’aise avec Marx, Wittgenstein, Merleau-Ponty ou
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