La vieille fille
127 pages
Français

La vieille fille

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome III. Septième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Ce qui, de Paris à Pékin, aurait fait remarquer le chevalier, était la douce paternité de ses manières avec ces grisettes 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782824710020
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LA V I EI LLE F I LLE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LA V I EI LLE F I LLE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1002-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LA V I EI LLE F I LLE
A MONSI EU R EUGÈN E- A UGUST E-GEORGES-LOU IS MI D Y
DE LA GREN ERA Y E SU RV I LLE,
Ing énieur au Cor ps r o yal des Ponts-et-Chaussé es,
Comme un témoignag e de l’affe ction de son b e au-frèr e ,
DE BALZA C.
    ont dû r encontr er dans certaines pr
ovinces de France plus ou moins de che valier s de V alois  : il enB e xistait un en Nor mandie , il s’ en tr ouvait un autr e à Bour g es,
un tr oisième florissait en 1816 dans la ville d’ Alençon, p eut-êtr e le Midi
p ossé dait-il le sien. Mais le dénombr ement de cee tribu valésienne est
ici sans imp ortance . T ous ces che valier s, p ar mi lesquels il en est sans
doute qui sont V alois comme Louis X I V était Bourb on, se connaissaient
si p eu entr e eux, qu’il ne fallait p oint leur p arler des uns aux autr es  ; tous
laissaient d’ailleur s les Bourb ons en p arfaite tranquillité sur le trône de
France , car il est un p eu tr op avéré que Henri I V de vint r oi faute d’un
héritier mâle dans la pr emièr e branche d’Orlé ans, dite de V alois. S’il e xiste
des V alois, ils pr o viennent de Charles de V alois, duc d’ Ang oulême , fils
de Charles IX et de Marie T ouchet, de qui la p ostérité mâle s’ est ég
a1La vieille fille Chapitr e
lement éteinte , jusqu’à pr euv e contrair e . A ussi ne fut-ce jamais
sérieusement que l’ on prétendit donner cee illustr e origine au mari de la fameuse
Lamothe- V alois, impliqué e dans l’affair e du collier .
Chacun de ces che valier s, si les r enseignements sont e x acts, fut,
comme celui d’ Alençon, un vieux g entilhomme , long, se c et sans fortune .
Celui de Bour g es avait émigré , celui de T ouraine s’était caché , celui d’ A -
lençon avait guer r o yé dans la V endé e et quelque p eu chouanné . La
majeur e p artie de la jeunesse de ce der nier s’était p assé e à Paris, où la Ré v
olution le sur prit à tr ente ans au milieu de ses conquêtes. A ccepté p ar la haute
aristo cratie de la pr o vince p our un v rai V alois, le che valier de V alois d’ A -
lençon avait, comme ses homony mes, d’ e x cellentes manièr es et p araissait
homme de haute comp agnie . ant à ses mœur s publiques, il avait
l’habitude de ne jamais dîner chez lui  ; il jouait tous les soir s, et s’était fait
pr endr e p our un homme très-spirituel. Son princip al défaut consistait à
raconter une foule d’ane cdotes sur le règne de Louis X V et sur les
commencements de la Ré v olution  ; et les p er sonnes qui les entendaient la pr
emièr e fois les tr ouvaient assez bien nar ré es. S’il avait la v ertu de ne p as
rép éter ses b ons mots p er sonnels et de ne jamais p arler de ses amour s,
ses grâces et ses sourir es commeaient de délicieuses indiscrétions. Ce
b onhomme usait du privilég e qu’ ont les vieux g entilshommes v oltairiens
de ne p oint aller à la messe  ; mais chacun avait une e x cessiv e indulg ence
p our son ir réligion, en fav eur de son dé v ouement à la cause r o yale . Son
princip al vice était de pr endr e du tabac dans une vieille b oîte d’ or or né e
du p ortrait d’une princesse Goritza, char mante Hongr oise , célèbr e p ar sa
b e auté sous la fin du règne de Louis X V , à laquelle le jeune che valier avait
été long-temps aaché , dont il ne p arlait jamais sans émotion, et p our
laquelle il s’était bau. Ce che valier , alor s âg é d’ envir on cinquante-huit
ans, n’ en av ouait que cinquante , et p ouvait se p er mer e cee inno cente
tr omp erie  ; car , p ar mi les avantag es dé v olus aux g ens se cs et blonds, il
conser vait cee taille encor e juvénile qui sauv e aux hommes aussi bien
qu’aux femmes les app ar ences de la vieillesse . Oui, sachez-le , toute la vie ,
ou toute l’élég ance qui est l’ e xpr ession de la vie , réside dans la taille . Mais
comme il s’agit des v ertus du che valier , il faut dir e qu’il était doué d’un
nez pr o digieux. Ce nez p artag e ait vig our eusement sa figur e pâle en deux
se ctions qui semblaient ne p as se connaîtr e , et dont une seule r ougissait
2La vieille fille Chapitr e
p endant le travail de la dig estion. Ce fait est digne de r emar que p ar un
temps où la phy siologie s’ o ccup e tant du cœur humain. Cee
incandescence se plaçait à g auche . oique les jamb es hautes et fines, le cor ps
grêle et le teint blafard du che valier n’annonçassent p as une forte santé ,
né anmoins il mang e ait comme un ogr e , et prétendait av oir une maladie
désigné e en pr o vince sous le nom de foie chaud , sans doute p our fair e
e x cuser son e x cessif app étit. La cir constance de sa r oug eur appuyait ses
prétentions  ; mais dans un p ay s où les r ep as se dé v elopp ent sur des lignes
de tr ente ou quarante plats et dur ent quatr e heur es, l’ estomac du che
valier semblait êtr e un bienfait accordé p ar la Pr o vidence à cee b onne ville .
Selon quelques mé de cins, cee chaleur placé e à g auche dénote un cœur
pr o digue . La vie g alante du che valier confir mait ces assertions
scientifiques, dont la r esp onsabilité ne pèse p as, fort heur eusement, sur
l’historien. Malgré ces sy mptômes, monsieur de V alois avait une or g anisation
ner v euse , consé quemment vivace . Si son foie ardait, p our emplo y er une
vieille e xpr ession, son cœur ne brûlait p as moins. Si son visag e offrait
quelques rides, si ses che v eux étaient ar g entés, un obser vateur instr uit y
aurait v u les stigmates de la p assion et les sillons du plaisir , car aux temp es
la pae d’oie caractéristique , et au fr ont les marches du palais montraient
des rides élég antes, bien prisé es à la cour de Cythèr e . En lui tout ré vélait
les mœur s de l’homme à femmes ( ladie’s man ). Le co quet che valier était
si minutieux dans ses ablutions que ses joues faisaient plaisir à v oir , elles
semblaient br ossé es av e c une e au mer v eilleuse . La p artie du crâne que
ses che v eux se r efusaient à couv rir brillait comme de l’iv oir e . Ses sour cils
comme ses che v eux jouaient la jeunesse p ar la régularité que leur
imprimait le p eigne . Sa p e au déjà si blanche semblait encor e e xtrablanchie p ar
quelque se cr et. Sans p orter d’ o deur , le che valier e xhalait comme un p
arfum de jeunesse qui rafraîchissait son air e . Ses mains de g entilhomme ,
soigné es comme celles d’une p etite maîtr esse , airaient le r eg ard sur des
ongles r oses et bien coup és. Enfin, sans son nez magistral et sup erlatif, il
eût été p oupin. Il faut se résoudr e à gâter ce p ortrait p ar l’av eu d’une p
etitesse . Le che valier meait du coton dans ses or eilles et y g ardait encor e
deux p etites b oucles r eprésentant des têtes de nègr e en diamants,
admirablement faites d’ailleur s  ; mais il y tenait assez p our justifier ce singulier
app endice en disant que depuis le p er cement de ses or eilles ses migraines
3La vieille fille Chapitr e
l’avaient quié . Nous ne donnons p as le che valier p our un homme
accompli  ; mais ne faut-il p oint p ardonner aux vieux célibatair es, dont le
cœur env oie tant de sang à la figur e , d’adorables ridicules, fondés p

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