Le culte du moi 1: Sous l oeil des barbares
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The Project Gutenberg EBook of Le culte du moi 1, by Maurice Barr s �This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and withalmost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away orre-use it under the terms of the Project Gutenberg License includedwith this eBook or online at www.gutenberg.netTitle: Le culte du moi 1 Sous l'oeil des barbaresAuthor: Maurice Barr s �Release Date: October 7, 2005 [EBook #16812]Language: FrenchCharacter set encoding: ISO-8859-1*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE CULTE DU MOI 1 ***Produced by Marc D'HoogheFrom images generously made available by gallica(Biblioth que nationale de France) at http://gallica.bnf.fr.� * * * * *LE CULTE DU MOISOUS L'OEIL DES BARBARESparMAURICE BARRESDE L'ACAD �MIE FRAN �AISE * * * * *NOUVELLE DITION�PARIS1911TABLEEXAMEN DES TROIS ROMANS ID OLOGIQUES.�SOUS L'OEIL DES BARBARESVoici une courte monographie r aliste �LIVRE IAVEC SES LIVRESCHAPITRE PREMIER.--Concordance_D �part inquiet_CHAPITRE DEUXI ME.--Concordance�_Tendresse_CHAPITRE TROISI ME.--Concordance�_D �sint �ressement_LIVRE IIA PARISCHAPITRE QUATRI ME.--Concordance�_Paris vingt ans_ �CHAPITRE CINQUI ME.--Concordance�_Dandysme_CHAPITRE SIXI ME.--Concordance�_Extase_CHAPITRE SEPTI ME,--Concordance�_Affaissement_Oraison * * * * *EXAMEN DES TROIS ROMANS ID OLOGIQUES�A M. PAUL BOURGETMON ...

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The Project Gutenberg EBook of Le culte du moi 1, by Maurice Barrs This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Le culte du moi 1  Sous l'oeil des barbares Author: Maurice Barrs Release Date: October 7, 2005 [EBook #16812] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE CULTE DU MOI 1 ***
Produced by Marc D'Hooghe
From images generously made available by gallica (Bibliothque nationale de France) at http://gallica.bnf.fr.
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LE CULTE DU MOI * * * * *                                    SOUS L'OEIL DES BARBARES par MAURICE BARRES DE L'ACADMIE FRANAISE                                    * * * * * NOUVELLEDITION PARIS 1911
                                   * * * * *
TABLE
EXAMEN DES TROIS ROMANS IDOLOGIQUES.
SOUS L'OEIL DES BARBARES
Voici une courte monographie raliste
LIVRE I
AVEC SES LIVRES
CHAPITRE PREMIER.--Concordance
_Dpart inquiet_
CHAPITRE DEUXIME.--Concordance
_ _ Tendresse
CHAPITRE TROISIME.--Concordance
Dsintressement_ _
LIVRE II
A PARIS
CHAPITRE QUATRIME.--Concordance
Parisvingt ans_ _
CHAPITRE CINQUIME.--Concordance
Dandysme _ _
CHAPITRE SIXIME.--Concordance
Extase _ _
CHAPITRE SEPTIME,--Concordance
Affaissement _ _
Oraison
* * * * *                                    
EXAMEN DES TROIS ROMANS IDOLOGIQUES
                                   * * * * *
A M. PAUL BOURGET
MON CHER AMI, _ _ _ Ce volume , Sous l'oeil des Barbares, mis en vente depuis six semaines,tait ignordu public, et la plupart des professionnels le jugeaient incomprhensible et choquant, quand vous lui apporttes votre autoritet voire amitifraternelle. Vous m'en avez continule bnfice jusqu'ce jour. Vous m'avez abrgde quelques annes le temps fort pnible ouncrivain se cherche un public. Peut-tre aussi mon travail m'est-il devenu plus agrablemoi-mme, grcecette courtoise et affectueuse comprhension par ovous ngligez les imperfections de ces pages pour y souligner ce qu'elles comportent de tentatives intressantes. _ Ah! les chres journes entre autres que nous avons passesHyres! _ Comme vouscriviez_ Un coeur de femme, _nous n'avions souci que du viveur Casal, de Poyanne, de la pliante madame de Tillire, puis aussi de la jeune Brnice et de cet idiot de Charles Martin qui faisaient alors ma complaisance. Ils nous amusaient parfaitement. J'ajoute que vous avez un art incomparable pour organiser la vie dans ses moindres dtails, c'est--dire donner de l'intelligence aux hteliers et de la timiditaux importuns;ce point que pas une fois, en me mettanttable, dans ce temps-l, il ne me vintl'esprit une rflexion qui m'attriste en voyage,savoir qu'tant donnle grand nombre de btes qu'on rencontretravers le monde, il est bien pnible que seuls, ou peu prs, le veau, le boeuf et le mouton soient comestibles._ _Et c'est ainsi, mon cher Bourget, que vous m'avez procurle plaisir le _ plus doux pour un jeune esprit, qui est d'aimer celui qu'il admire. Si j'ajoute que voustes le penseur de ce temps ayant la vue la plus _ nette des mthodes convenableschaque espce d'esprit et le got le plus vif pour en discuter, on s'expliquera surabondamment que je prenne la libertde vous adresser ce petit travail, ou je me suis proposd'examiner quelques questions que soulve cette thorie de la culture du Moi dvelopp lee dans_ Sous l'oeil des Barbares, Un homme libre _et _ Jardin de Brnice.
                                   * * * * *
EXAMEN
Oui, il m'a sembl, en lisant mes critiques les plus bienveillants, que ces trois volumes, publisde larges intervalles (de 188891) n'avaient pas su dire tout leur sens. On s'est attach louer oucontester des dtails; c'est la suite, l'ensemble logique, le systme qui seuls importent. Voici donc un examen de l'ouvrage en rponse aux critiques les plus frquentes qu'on en fait. Toutefois, de crainte d'offenser aucun de ceux qui me font la gracieusetde me suivre, je procderai par exposition, non par discussion. Que peut-on demanderces trois livres? N'y cherchez pas de psychologie, du moins ce ne sera pas celle de MM. Taine ou Bourget. Ceux-ci procdent selon la mthode des botanistes qui nous font voir comment la feuille est nourrie par la plante, par ses racines, par le sol oelle se dveloppe, par l'air qui l'entoure. Ces vritables psychologues prtendent remonter la srie des causes de tout frisson humain; en outre, des cas particuliers et des anecdotes qu'ils nous narrent, ils tirent des lois gnrales. Toutl'encontre, ces
ouvrages-ci ontt crits par quelqu'un qui trouve _l'Imitation de Jsus-Christ_ ou la _Vita nuova_ du Dante infiniment satisfaisantes, et dont la proccupation d'analyse s'arrtedonner une description minutieuse,mouvante et contagieuse destats d'me qu'il s'est proposs. Le principal dfaut de cette manire, c'est qu'elle laisse inintelligibles, pour qui ne les partage pas, les sentiments qu'elle dcrit. Expliquer que tel caractre exceptionnel d'un personnage fut prparpar les habitudes de ses anctres et par les excitations du milieu oil ragit, c'est le pont auxnes de la psychologie, et c'est par lque les lecteurs les moins prpars parviennentpntrer dans les domaines trs particuliers oles invite leur auteur. Si un bon psychologue en effet ne nous faisait le pont par quelque commentaire, _ _ t que comprendrions-nous tel livre, l'Imitation , par exemple, don nous ne partageons ni les ardeurs ni les lassitudes? Encore la cellule d'un pieux moine n'est-elle pas, pour les lecteurs ns catholiques, le lieu le plus secret du monde: le moins mystique de nous croit avoir des lueurs sur les sentiments qu'elle comporte; mais la vie et les sentiments d'un pur lettr, orgueilleux, raffinet dsarm, jet vingt ans dans la rude concurrence parisienne, comment un honnte homme en aurait-il quelque lueur? Et comment, pour tout dire, un Anglais, un Norvgien, un Russe se pourront-ils reconnatre dans le livre que voici, oj'ai tentla monographie des cinq ou six annes d'apprentissage d'un jeune Franais intellectuel? On le voit, je ne me dissimule pas les difficults de la mthode que j'ai adopte. Cette obscuritqu'on me reprocha durant quelques annes n'est nullement embarras de style, insuffisance de l'ide, c'est manque d'explications psychologiques. Mais quand j'crivais, tout menpar mon motion, je ne savais que dterminer et dcrire les conditions des phnomnes qui se passaient en moi. Comment les euss-je expliqus? Et d'ailleurs, s'il y faut des commentaires, ne peuvent-ilstre fournis par les articles de journaux, par la conversation? Il m'est bien permis de noter qu'on n'est plus arrtaujourd'hui par ce qu'on dclarait incomprhensiblel'apparition de ces volumes. Enfin ce livre,--et voici le fond de ma pense,--je n'y mlai aucune part didactique, parce que, dans mon esprit, je le recommande uniquementceux qui gotent la sincritsans plus et qui se passionnent pour les crises de l'me, fussent-elles d'ailleurs singulires. Ces idologies, au reste, sont exprimes avec unemotion communicative; ceux qui partagent le vieux got franais pour les dissertations psychiques trouveront lun intrt dramatique. J'ai fait de l'idologie passionne. On a vu le roman historique, le roman des moeurs parisiennes; pourquoi une gnration dgote de beaucoup de choses, de tout peut-tre, hors de jouer avec des ides, n'essayerait-elle pas le roman de la mtaphysique? Voici des mmoires spirituels, desjaculations aussi, comme ces livres de discussions scolastiques que coupent d'ardentes prires. Ces monographies prsentent un triple intrt: 1Elles proposent formules_plusieurs les prcises de sentiments _ qu'ilsprouvent eux aussi, mais dont ils ne prennenteux seuls qu'une conscience imparfaite; 2Elles sont un _renseignement_ sur un type de jeune homme djfrquent et qui, je le pressens, va devenir plus nombreux encore parmi ceux qui sont aujourd'hui au lyce. Ces livres, s'ils ne sont pas trop dlays et trop forcs par les imitateurs, seront consults dans la suite comme documents;
3Mais voici un troisime point qui fait l'objet de ma sollicitude toute spciale: ces monographies sont un enseignement . Quel que soit _ _ le danger d'avouer des buts trop hauts, je laisserais le lecteur s'garer infiniment si je ne l'avouais. Jamais je ne me suis soustraitl'ambition qu'a exprime un potetranger:Toute grande posie est un _ enseignement, je veux que l'on me considre comme un matre ou rien._ Et, par l, j'appelle la discussion sur la thorie qui remplit ces volumes, sur _le culte du Moi_. J'aurai ensuitem'expliquer de mon _ _ Scepticisme , comme ils disent.
* * * * *                                    
I--CULTE DU MOI
a.--JUSTIFICATION DU CULTE DU MOI
M'tant proposde mettre en roman la conception que peuvent se faire de l'univers les gens de notrepoque dcidspenser par eux-mmes et non pasrpter des formules prises au cabinet de lecture, j'ai cru devoir commencer par unetude du Moi. Mes raisons, je les ai exposes dans une confrence de dcembre 1890, au th��tre d'application, et quoique cette dissertation n'ait pastpublie, il me parat superflu de la reprendre ici dans son dtail. Notre morale, notre religion, notre sentiment des nationalits sont chosescroules, constatais-je, auxquelles nous ne pouvons emprunter de rgles de vie, et, en attendant que nos matres nous aient refait des certitudes, il convient que nous nous en tenionsla seule ralit, au Moi. C'est la conclusion du _ premier chapitre (assez insuffisant, d'ailleurs) de Sous l'oeil des _ Barbares . On pourra dire que cette affirmation n'a rien de bien fcond, vu qu'on la trouve partout. A cela, s'il faut rpondre, je rponds qu'une ide prend toute son importance et sa signification de l'ordre onous la plaons dans l'appareil de notre logique. Et le culte du Moi a reu un caractre prpondrant dans l'exposition de mes ides, en mme temps que j'essayais de lui donner une valeur dramatique dans mon oeuvre. gosme,gotisme, Moi avec une majuscule, ont d'ailleurs fait leur chemin. Tandis qu'un grand nombre de jeunes esprits, dans leur dsarroi moral, accueillaient d'enthousiasme cette chaloupe, il s'leva des rcriminations, les sempiternelles dclamations contre l'gosme. Cette clameur fait sourire. Il est fcheux qu'on soit encore obligd'en revenirdes notions qui, une fois pour toutes, devraienttre acquises aux esprits un peu dfrichs.Les moralistes, disait avec une haute clairvoyance Saint-Simon en 1807, se mettent en contradiction quand ils dfendentl'homme l'gosme et approuvent le patriotisme, car le patriotisme n'est pas autre chose que l'gosme national, et cetgosme fait commettre de nationnation les mmes injustices que l'gosme personnel entre les individus.En ralit, avec Saint-Simon, tous les penseurs l'ont bien vu, la conservation des corps organiss tientl'gosme. Le mieux ol'on peut prtendre, c'estcombiner les intrts des hommes de telle faon que l'intrt particulier et l'intrt gnral soient dans une commune direction. Et de mme que la premire gnration de l'humanitest celle oil y eut le plus d'gosme personnel, puisque les individus ne combinaient pas leurs intrts, de mme des jeunes gens sincres, ne trouvant pas,leur entre dans la vie, un matre,_axiome, religion ou prince des hommes_,qui s'impose a eux, doivent tout d'abord servir les besoins
de leur Moi. Le premier point, c'est d'exister. Quand ils se sentiront assez forts et possesseurs de leurme, qu'ils regardent alors l'humanitet cherchent une voie commune os'harmoniser. C'est le souci qui nousmouvait aux jours d'amour du _Jardin de Brnice_. Mais, par un examen attentif des seuls titres de ces trois petites suites, nous allons toucher, srement et sans traner, leur essentiel et leur ordonnance.
* * * * *                                    
b.--THSE DESOUS L'OEIL DES BARBARES
Grave erreur de prterce mot de _barbares_ la signification de philistinsou debourgeois. Quelques-uns s'y mprirent tout d'abord. Une telle synonymie pourtant est fort opposenos proccupations. Par quelle grossire obsession professionnelle sparerais-je l'humaniten artistes, fabricants d'oeuvres d'art et en non-artistes? Si Philippe se plaint de vivresous l'oeil des barbares, ce n'est pas qu'il se sente opprimpar des hommes sans culture ou par des ngociants; son chagrin c'est de vivre parmi destres qui de la vie possdent un rve oppos celui qu'il s'en compose. Fussent-ils par ailleurs de fins lettrs, ils sont pour lui destrangers et des adversaires. Dans le mme sens les Grecs ne voyaient que barbares hors de la patrie grecque. Au contact destrangers, et quel que ft d'ailleurs le degrde civilisation de ceux-ci, ce peuple jaloux de sa propre culture prouvait un froissement analoguecelui que ressent un jeune homme contraint par la viefrquenter destres qui ne sont pas de sa patrie psychique. Ah! que m'importe la qualitd'me de qui contredit une sensibilit! Ces trangers qui entravent ou dvoient le dveloppement de tel Moi dlicat, hsitant et qui se cherche, ces barbares sous la pression de qui un jeune homme faillirasa destine et ne trouvera pas sa joie de vivre, je les has. * * * * *                                    Ainsi, quand on les oppose, prennent leur pleine intelligence ces deux termes _Barbare _ _ _re s et Moi . Notre Moi, c'est la mani re dont not organisme ragit aux excitations du milieu et sous la contradiction des Barbares. Par une innovation qui, peut-tre, ne demeurera pas infconde, j'ai tenu _ compte de cette opposition dans l'agencement du livre. Les concordances sont le r��it des faits tels qu'ils peuventtre relevs _ du dehors , puis, dans une contre-partie, je donne le mme fait, tel _ _ _ _ qu'il est senti au dedans . Ici, la vision que les Barbares se font d'untat de notreme, lle mmetat tel que nous en prenons conscience. Et tout le livre, c'est la lutte de Philippe pour se maintenir au milieu des Barbares qui veulent le plierleur image. Notre Moi, en effet, n'est pas immuable; il nous faut le dfendre chaque jour et chaque jour le crer. Voilla double vritsur quoi sont btis ces ouvrages. Le culte du Moi n'est pas de s'accepter tout entier. Cette thique, onous avons mis notre ardente et notre unique complaisance, rclame de ses servants un constant effort. C'est une culture qui se fait parlaguements et par accroissements: nous avons d'abord purer notre Moi de toutes les parcellestrangres que la vie continuellement
y introduit, et puislui ajouter. Quoi donc? Tout ce qui lui est identique, assimilable; parlons net: tout ce qui se collelui quand il se livre sans raction aux forces de son instinct. Moi, disait Proudhon, se souvenant de son enfance, c'tait tout ce que je pouvais toucher de la main, atteindre du regard et qui m'tait bonquelque chose; non-moitout ce qui pouvait nuire ou rtait sistermoi.Pour touttre passionnqu'emporte son jeune instinct, c'est bien avec cette simplicitque le monde se dessine. Proudhon, petit villageois qui se roulait dans les herbages de Bourgogne, ne jouissait pas plus du soleil et du bon air que nous n'avons joui de Balzac et de Fichte dans nos chambrestroites, ouvertes sur le grand Paris, nous autres jeunes bourgeois plis, affams de tous les bonheurs. Appliquez l'aspect spirituel des choses ce qu'il dit de l'ordre physique, vous avez l'tat de Philippe dans Sous l'oeil des Barbares . Les Barbares, _ _ voille non-moi, c'est--dire tout ce qui peut nuire ou rsister au Moi. Cette dfinition, qui s'illuminera dans _l'Homme libre_ et _le Jardin de Brnice_, est bien trouble encore au cours de ce premier volume. C'est que la naissance de notre Moi, comme toutes les questions d'origine, se drobenotre clairvoyance; et le souvenir confus que nous en conservons ne pouvait s'exprimer que dans la forme ambigudu symbole. Ces premiers c� �__ation hapitres des Barbares , le Bonhomme Syst me , duc dsole qu'avant toute exprience nous re��mes de nos matres, _Premires _ Tendresses , qui ne sont qu'un baiser sur un miroir, puis _� �_, assaillie dans une faon de tour d'ivoire par les Barb , Ath n ares sont la description sincre des couches profondes de ma sensibilit.... Attendez! voici qu'Milan, devant le sourire du Vinci, le Moi fait sa hauteducation; voici que les Barbares, vus avec une plus large comprhension, deviennent l'adversaire, celui qui contredit, qui divise. Ce sera l'Homme libre , ce sera Brnice . Quantce premier volume, _ _ _ _ je le rpte, point de dpart et assise de la srie, il se limitedcrire l'veil d'un jeune hommela vie consciente, au milieu de ses livres d'abord, puis parmi les premires brutalits de Paris. Je le vrifiaileurs sympathies, ils sont nombreux ceux de vingt ans qui s'acharnentconqurir etprotger leur Moi, sous toute l'cume dont l'ducation l'a recouvert et qu'y rejette la viechaque heure. Je les vis plus nombreux encore quand, non contents de clbrer la sensibilitqu'ils ont d'eux-mmes, je leur proposai de la cultiver, d'tre deshommes libres, des hommes se possdant en main.
* * * * *                                    
c.--THSE D'UN HOMME LIBRE
Ce Moi, qui toutl'heure ne savait mme pas s'il pouvait exister, voici qu'il se perfectionne et s'augmente. Ce second volume est le dtail des expriences que Philippe institua et de la religion qu'il pratiqua pour se conformer a la loi qu'il se posait d'tre ardent et clairvoyant. Pour parvenir dlibrmentl'enthousiasme, je me flicite d'avoir restaurla puissante mthode de Loyola. Ah! que cette mcanique morale, complte par une bonne connaissance des rapports du physique et du moral (oj'ai suivi Cabanis, quelqu'autre demain utilisera nos hypnotiseurs), saurait rendre de servicesun amateur des mouvements de l'me! Livre tout de volontet d'aspect desschcomme un recueil de formules, mais si rellement noble! J'y fortifie d'une mthode rflchie un dessein que j'avais formd'instinct, et en mme temps je l'lve.
A Milan, devant le Vinci, Philippepure sa conception des Barbares; en Lorraine, sa conception du Moi. Ce ne sont pas des hors-d'oeuvre, ces chapitres sur la Lorraine que tout d'abord le public accueillit avec indulgence, ni ce double chapitre sur Venise, qui m'est peut-tre le plus prcieux du volume. Ils dcrivent les moments oPhilippe se comprit comme un instant d'une chose immortelle. Avec une pitsincre, il retrouvait ses origines et il entrevoyait ses possibilits futures. A interroger son Moi dans son accord avec des groupes, Philippe en prit le vrai sens. Il l'aperut comme l'effort de l'instinct pour se raliser. Il comprit aussi qu'il souffrait de s'agiter, sans tradition dans le passet tout consacr une oeuvre viagre. Ainsi,force de s'tendre, le Moi va se fondre dans l'Inconscient. Non pas y disparatre, mais s'agrandir des forces inpuisables de l'humanit, de la vie universelle. De lce troisime volume, _le Jardin de Brnice_, une thorie de l'amour, oles producteurs franais qui tapageaient contre Schopenhauer et ne savaient pas reconnatre en lui l'esprit de notre dix-huitime sicle, pourront varier leurs dveloppements, s'ils distinguent qu'ici l'on a mis Hartmann en action.
                                   * * * * *
d.--THSE DUJARDIN DE BRNICE
Mais peut-tre n'est-il pas superflu d'indiquer que la logique de l'intrigue est aussi serre que la succession des ides.... A la fin de Sous l'oeil des Barbares , Philippe, dcouragdu contact _ _ avec les hommes, aspiraittrouver un ami qui le guidt. Il faut toujours en rabattre de nos rves: du moins trouva-t-il un camarade qui partagea ses rflexions et ses sensations dans une retraite mthodique et fconde. C'est Simon, ce fameux Simon (de Saint-Germain). Lasspourtant de cette solitude, de ce dilettantisme contemplatif et de tant d'expriences menues, aux dernires pages d'_Un Homme libr _ e , Philippe est prt pour l'action. _Le Jardin de Brnice_ raconte une campagne lectorale. Ce que Philippe apprend, et du peuple et de Brnice qui ne font qu'un, je n'ai pasle reproduire ici, car je me propose de souligner l'esprit de suite que j'ai mis dans ces trois volumes, mais non pas de suivre leurs dveloppements. Une vive allure et d'lgants raccourcis toujours me plurent trop pour que je les gte de commentaires superflus. Qu'il me suffise de renvoyerune phrase des _Barbares_, fort essentielle, quelques-uns qui se troublent, disant:Brnice est-elle une petite-fille, ou l'me populaire, ou l'Inconscient? Aux premiers feuillets, leur rpondais-je, on voit une jeune femme  autour d'un jeune homme. N'est-ce pas plutt l'histoire d'uneme  avec ses deuxlments, fminin et mle? Ou encore,ctdu Moi  qui se garde, veut se connatre et s'affirmer, la fantaisie, le  got du plaisir, le vagabondage, si vif chez untre jeune et  sensible? Que ne peut-on y voir? Je sais seulement que mes troubles  m'offrirent cette complexitoje ne trouvais alors rien d'obscur.  Ce n est pas ici une enqute logique sur la transformation de la '  sensibilit; je restitue sans retouche des visions ou desmotions  profondment ressenties. Ainsi, dans le plus touchant des pomes,  dans la _Vita nuova , la Batrice est-elle une amoureuse, l'glise _  ou la Thologie? Dante, qui ne cherchait point cette confusion, y  _� � aboutit, parce qu' des mes, aux plus sensitives, le vocabulaire
 commun devient insuffisant. Il vivait dans une surexcitation  nerveuse qu'il nommait, selon les heures, dsir de savoir, dsir  d'aimer, dsir sans nom,_--et qu'il rendit immortelle par des  procds heureux. A-t-on remarquque la femme est la mmetravers ces trois volumes, accommode simplement au milieu? L'ombrelgante et trs raisonneuse des premiers chapitres des _Barbares_, c'est djcelle qui sera Brnice; elle est vraiment dsigne avec exactitude au chapitre Aventures d'amour , dans l'Homme libre , quand Philippe l'appelle _ _ _ _ l'Objet. Voilbien le nom qui lui convient dans tous ses aspects, au cours de ces trois volumes. Elle est, en effet, objective, la part sentimentale qu'il y a dans un jeune homme de ce temps.... Et vraiment n'tait-il pas temps qu'un conteur accueillt ce principe, admis par tous les analystes et vrifipar chacun de nous jusqu'au plus profond dsenchantement,savoir que l'amour consistevtir la premire venue qui s'y prte un peu des qualits que nous recherchons cette saison-l? C'est nous qui crons l'univers,telle est la vritqui imprgne chaque page de cette petite oeuvre. De lleurs conclusions: le Moi dcouvre une harmonie universellemesure qu'il prend du monde une conscience plus large et plus sincre. Cela se conoit, il cre conformmentlui-mme; il suffit qu'il existe rellement, qu'il ne soit pas devenu un reflet des Barbares, et dans un univers qui n'est que l'ensemble de ses penses rgnera la belle ordonnance selon laquelle s'adaptent ncessairement les unes aux autres les conceptions d'un cerveau lucide. Cette harmonie, cette scurit, c'est la rvlation qu'on trouve au _Jardin de Brnice_, et en vrity a-t-il contradiction entre cette derniretape et l'inquitude du dpart _Sous l'oeil des Barbares_? Nullement, c'tait acheminement. Avant que le Moi cr��t l'univers, il lui fallait exister: ses durets, ses ngations, c'tait effort pour briser la coquille, pourtre.
                                   * * * * *
II.--PRTENDU SCEPTICISME Et maintenant au lecteur informde reviser ce jugement de scepticisme qu'on porta sur notre oeuvre. Nul plus que nous ne fut affirmatif. Parmi tant de contradictions que, notre entre dans la vie, nous recueillons, nous, jeunes gens informs de toutes les faons de sentir, je ne voulus rien admettre que je ne l'eusseprouven moi-mme. L'opinion publique fltritbon droit l'hypocrisie. Celle-ci pourtant n'est qu'une concessionl'opinion elle-mme, et parfois, quand elle est l'habiletd'un Spinoza ou d'un Renan sacrifiant pour leur scuritaux dieux de l'empire, bien qu'elle demeure une dfaillance du caractre, elle devient excusable pour les qualits de clairvoyance qui la dcidrent. Mais de ce point de vue intellectuel mme, comment excuser des dguiss sans le savoir, qui marchent vtus de faons de sentir qui ne furent jamais les leurs? Ils introduisent le plus grand dsordre dans l'humanit; ils contredisent l'inconscient, en se drobantjouer le personnage pour lequel de toute ternitils furent faonns. coeurde cette mascarade et de ces mlanges impurs, nous avons eu la passion d'tre sincre et conformenos instincts. Nous servons en sectaire la part essentielle de nous-mme qui compose notre Moi, nous hassons cestrangers, ces Barbares, qui l'eussent corrod. Et cet acte de foi, dont reurent la formule, par mes soins, tant de lvres qui ne
savaient plus que railler, il me vaudrait qu'on me dt sceptique! J'entrevois une confusion. Des lecteurs superficiels se seront mpris sur l'ironie, procdlittraire qui nous est familier. Vraiment je ne l'employai qu'envers ceux qui vivent, comme dans un mardi-gras perptuel, sous des formules loues chez le costumierla mode. Leurs convictions, tous leurs sentiments, ce sont manteaux de cour qui pendent avilis et flasques, non pas sur des reins maladroits, sur des mollets de bureaucrates, mais, disgrce plus grave, sur desmes indignes. Combien en ai-je vu de ces nobles postures qui trs certainement n'taient pas hrditaires!... Ah! laissez-m'en sourire, tout au moins une fois par semaine, car tel est notre manque d'hrosme que nous voulons bien nous accommoder des conventions de la vie de socitet mme accepter l'trange dictionnaire ovous avez dfini, selon votre intrt, le juste et l'injuste, les devoirs et les mrites; mais un sourire, c'est le geste qu'il nous faut pour avaler tant de crapauds. Soldats, magistrats, moralistes,ducateurs, pour distraire les simples de l'pouvante ovous les mettez, laissez qu'on leur dmasque sous vos durs raisonnements l'imbcillitde la plupart d'entre vous et le remords du surplus. Si nous sommes impuissantsdgager notre vie du courant qui nous emporte avec vous, n'attendez pourtant pas, dtestables compagnons, que nous prenions au srieux ces devoirs que vous affichez et ces mille sentiments qui ne vous ont pas cotune larme. Ai-je eu en revanche la moindre ironie pour Athndans son Srapis, pour ma tendre Brnice humilie, pour les pauvres animaux? Nul ne peut me reprocher le rire de Gundry sur le passage de Jsus portant sa croix, ce rire qui nous glace d _ _ry non p ans Parsifal . Seulement, Gund lus je ne jetterai pas la rprobation, parce que, si nerveuse, elle-mme est bien faite pour souffrir. Toujours je fus l'ami de ceux quitaient misrables en quelque chose, et si je n'ai pas l'espoir d'aller jusqu'aux pauvres et aux dshrits, je crois que je plairaitous ceux qui se trouvent dans untat fcheux au milieu de l'ordre du monde,tous ceux qui se sentent faibles devant la vie. Je leur dis, et d'un ton fort assur:Il n'y a qu'une chose que nous connaissions et qui existe rellement parmi toutes les fausses religions qu'on te propose, parmi tous ces cris du coeur avec lesquels on prtend te rebtir l'ide de patrie, te communiquer le souci social et t'indiquer une direction morale. Cette seule ralittangible, c'est le Moi, et l'univers n'est qu'une fresque qu'il fait belle ou laide. Attachons-nousnotre Moi, protgeons-le contre lestrangers, contre les Barbares. Mais ce n'est pas assez qu'il existe; comme il est vivant, il faut le cultiver, agir sur lui mcaniquement (tude, curiosit, voyages). S'il a faim encore, donne-lui l'action (recherche de la gloire, politique, industrie, finances). Et s'il sent trop de scheresse, rentre dans l'instinct, aime les humbles, les misrables, ceux qui font effort pour crotre. Au soleil inclind'automne qui nous fait sentir l'isolement aux bras mme de notre matresse, courons contempler les beaux yeux des phoques et nous dsoler de la mystrieuse angoisse que tmoignent dans leur vasque ces btes au coeur si doux, les frres des chiens et les ntres.Un tel repliement sur soi-mme est desschant, m'a-t-on dit. Nul d'entre vous, mes chers amis, qui ne sourie de cette objection, s'il se conforme la mthode que j'expose. Ce que l'on dit de l'homme de gnie, qu'il s'amliore par son oeuvre, estgalement vrai de tout analyste du Moi. C'est de manquer d'nergie et de ne savoir os'intresser que souffre
le jeune homme moderne, si prodigieusement renseignsur toutes les faons de sentir. Eh bien! qu'il apprennese connatre, il distinguera osont ses curiosits sincres, la direction de son instinct, sa vrit. Au sortir de cettetude obstine de son Moi,laquelle il ne retournera pas plus qu'on ne retournesa vingtime anne, je lui vois une admirable force de sentir, plus d'nergie, de la jeunesse enfin et moins de puissance de souffrir. Incomparables bnfices! Il les doitla science du mcanisme de son Moi qui lui permet de variersa volontle jeu, assez restreint d'ailleurs, qui compose la vie d'un Occidental sensible. J'entends que l'on va me parler de solidarit. Le premier point c'tait d'exister. Que si maintenant vous vous sentez libres des Barbares et vritablement possesseurs de votreme, regardez l'humanitet cherchez une voie commune ovous harmoniser. Prenez d'ailleurs le Moi pour un terrain d'attente sur lequel vous devez vous tenir jusqu'ce qu'une personnenergique vous ait reconstruit une religion. Sur ce terrainbtir, nous camperons, non pas tels qu'on puisse nous qualifier de religieux, car aucun doctrinaire n'a su nous proposer d'argument valable, sceptiques non plus, puisque nous avons conscience d'un problme srieux,--mais toutla fois religieux et sceptiques. En effet, nous serions enchantque quelqu'un survnt qui nous fournt des convictions.... Et, d'autre part, nous ne mprisons pas le scepticisme, nous ne ddaignons pas l'ironie.... Pour les personnes d'une vie intrieure un peu intense, qui parfois sont tentes d'accueillir des solutions mal vrifies, le sens de l'ironie est une forte garantie de libert. * * * * *                                    Au terme de cet examen, oj'ai resserrl'ide qui anime ces petits traits, mais d'une main si dure qu'ils m'en paraissent maintenant tout froisss, je crains que le ton dmonstratif de ce commentaire ne donne le change sur nos proccupations d'art. En vrit, si notre oeuvre n'avait que l'intrt prcis que nous expliquons ici et n'y joignait pas des qualits moins saisissables, plus nuageuses et qui ouvrent le rve, je me tiendrais pour malheureux. Mais ces livres sont de telle naissance qu'on y peut trouver plusieurs sens. Une besogne purement didactique et toute de clartn'a rien pour nous tenter. S'il m'y fallait plier, je rougirais d'ailleurs de me limiter dans une froide thorie parcellaire et voudrais me jouer dans l'abondanterudition du dictionnaire des sciences philosophiques. Aurais-je admis que ma contribution doublt telle page des manuelscrits par des matres de confrences sur l'ordinaire de qui j'eusse paru empiter! Nul qui s'y mprenne: dans ces volumes-ci, il s'agissait moins de composer une chose logique que de donner en tableauxmouvants une description sincre de certaines faons de sentir. Ne voici pas de la scolastique, mais de la vie. De mme qu'la salle d'armes nous prfrons le jeu utile de l'pe aux finesses du fleuret, de mme, si nous aimons la philosophie, c'est pour les services que nous en attendons. Nous lui demandons de prter de la profondeur aux circonstances diverses de notre existence. Celles-ci, en effet,elles seules, n'veillent que le billement. Je ne m'intresse mes actes que s'ils sont mls d'idologie, en sorte qu'ils prennent devant mon imagination quelque chose de brillant et de passionn. Des penses pures, des actes sans plus, sontgalement insuffisants. J'envoyai chacun de mes rves brouter de la ralitdans le champ illimitdu monde, en sorte qu'ils devinssent des btes vivantes, non plus d'insaisissables chimres, mais destres qui dsirent et qui souffrent. Ces ides odu sang circule, je les livre nonmes ans, nonceux qui viendront plus tard, maisplusieurs de mes
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