Le ventre de Paris
294 pages
Français

Le ventre de Paris

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Description

Le Ventre de Paris est le troisième roman de la série Les Rougon-Macquart. L’action se passe pour l’essentiel aux Halles centrales de Paris, construites par Victor Baltard entre 1854 et 1870, énorme bâtiment à structure métallique dans lequel les murs sont remplacés par des vitres, la plus grande innovation architecturale du Second Empire. Fasciné par les Halles, Zola en fait dans son roman une sorte de monstre, comme le seront plus tard le grand magasin dans Au Bonheur des Dames, l’alambic dans l'Assommoir ou la locomotive dans la Bête humaine. Extrait : C'était là qu'une bande de sergents de ville l'avait pris, dans la nuit du 4 décembre. Il suivait le boulevard Montmartre, vers deux heures, marchant doucement au milieu de la foule, souriant de tous ces soldats que l'Élysée promenait sur le pavé pour se faire prendre au sérieux, lorsque les soldats avaient balayé les trottoirs, à bout portant, pendant un quart d'heure. Lui, poussé, jeté à terre, tomba au coin de la rue Vivienne 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 36
EAN13 9782824702513
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
LE V EN T RE DE P ARIS
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
LE V EN T RE DE P ARIS
1878
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0251-3
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
   grand silence , et dans le désert de l’av enue , les v
oitur es de maraîcher s montaient v er s Paris, av e c les cahots r yth-A més de leur s r oues, dont les é chos baaient les façades des
maisons, endor mies aux deux b ords, der rièr e les lignes confuses des or mes.
Un tomb er e au de choux et un tomb er e au de p ois, au p ont de Neuilly ,
s’étaient joints aux huit v oitur es de nav ets et de car oes qui descendaient de
Nanter r e  ; et les che vaux allaient tout seuls, la tête basse , de leur allur e
continue et p ar esseuse , que la monté e ralentissait encor e . En haut, sur
la char g e des légumes, allong és à plat v entr e , couv erts de leur limousine
à p etites raies noir es et grises, les char r etier s sommeillaient, les guides
aux p oignets. Un b e c de g az, au sortir d’une napp e d’ ombr e , é clairait les
clous d’un soulier , la manche bleue d’une blouse , le b out d’une casquee ,
entr e v us dans cee floraison énor me des b ouquets r oug es des car oes,
des b ouquets blancs des nav ets, des v erdur es déb ordantes des p ois et des
choux. Et, sur la r oute , sur les r outes v oisines, en avant et en ar rièr e , des
1Le v entr e de Paris Chapitr e I
r onflements lointains de char r ois annonçaient des conv ois p ar eils, tout
un ar rivag e trav er sant les ténèbr es et le gr os sommeil de deux heur es du
matin, b er çant la ville noir e du br uit de cee nour ritur e qui p assait.
Balthazar , le che val de madame François, une bête tr op grasse ,
tenait la tête de la file . Il mar chait, dor mant à demi, do delinant des or eilles,
lor sque , à la hauteur de la r ue de Long champ , un sur saut de p eur le planta
net sur ses quatr e pie ds. Les autr es bêtes vinr ent donner de la tête contr e
le cul des v oitur es, et la file s’ar rêta, av e c la se cousse des fer railles, au
milieu des jur ements des char r etier s ré v eillés. Madame François, adossé e
à une planchee contr e ses légumes, r eg ardait, ne v o yait rien, dans la
maigr e lueur jeté e à g auche p ar la p etite lanter ne car ré e , qui n’é clairait
guèr e qu’un des flancs luisants de Balthazar .
― Eh  ! la mèr e , avançons  ! cria un des hommes, qui s’était mis à g
enoux sur ses nav ets. . . C’ est quelque co chon d’iv r ogne .
Elle s’était p enché e , elle avait ap er çu, à dr oite , pr esque sous les pie ds
du che val, une masse noir e qui bar rait la r oute .
―  On n’é crase p as le monde , dit-elle , en sautant à ter r e .
C’était un homme vautré tout de son long, les bras étendus, tombé la
face dans la p oussièr e . Il p araissait d’une longueur e xtraordinair e , maigr e
comme une branche sè che  ; le miracle était que Balthazar ne l’ eût p as
cassé en deux d’un coup de sab ot. Madame François le cr ut mort  ; elle
s’accr oupit de vant lui, lui prit une main, et vit qu’ elle était chaude .
― Eh  ! l’homme  ! dit-elle doucement.
Mais les char r etier s s’imp atientaient. Celui qui était ag enouillé dans
ses légumes r eprit de sa v oix enr oué e  :
― Foueez donc, la mèr e  !. . . Il en a plein son sac, le sacré p or c  !
Poussez-moi ça dans le r uisse au  !
Cep endant, l’homme avait ouv ert les y eux. Il r eg ardait madame
François d’un air effaré , sans b oug er . Elle p ensa qu’il de vait êtr e iv r e , en effet.
― Il ne faut p as r ester là , v ous allez v ous fair e é craser , lui dit-elle . . .
Où alliez-v ous  ?
― Je ne sais p as. . ., rép ondit-il d’une v oix très-basse .
Puis, av e c effort, et le r eg ard inquiet  :
― J’allais à Paris, je suis tombé , je ne sais p as. . .
2Le v entr e de Paris Chapitr e I
Elle le v o yait mieux, et il était lamentable , av e c son p antalon noir ,
sa r e ding ote noir e , tout effilo qués, montrant les sé cher esses des os. Sa
casquee , de gr os drap noir , rabaue p eur eusement sur les sour cils,
découv rait deux grands y eux br uns, d’une singulièr e douceur , dans un
visag e dur et tour menté . Madame François p ensa qu’il était v raiment tr op
maigr e p our av oir bu.
― Et où alliez-v ous, dans Paris  ? demanda-t-elle de nouv e au.
Il ne rép ondit p as tout de suite  ; cet inter r og atoir e le gênait. Il p ar ut
se consulter  ; puis, en hésitant  :
― Par là , du côté des Halles.
Il s’était mis deb out, av e c des p eines infinies, et il faisait mine de v
ouloir continuer son chemin. La maraîchèr e le vit qui s’appuyait en
chancelant sur le brancard de la v oitur e .
―  V ous êtes las  ?
―  Oui, bien las, mur mura-t-il.
Alor s, elle prit une v oix br usque et comme mé contente . Elle le p oussa,
en disant  :
― Allons, vite , montez dans ma v oitur e  ! V ous nous faites p erdr e un
temps, là  !. . . Je vais aux Halles, je v ous déballerai av e c mes légumes.
Et, comme il r efusait, elle le hissa pr esque , de ses gr os bras, le jeta sur
les car oes et les nav ets, tout à fait fâché e , criant  :
― A la fin, v oulez-v ous nous ficher la p aix  ! V ous m’ embêtez, mon
brav e . . . Puisque je v ous dis que je vais aux Halles  ! D or mez, je v ous
rév eillerai.
Elle r emonta, s’adossa contr e la planchee , assise de biais, tenant les
guides de Balthazar , qui se r emit en mar che , se r endor mant, do delinant
des or eilles. Les autr es v oitur es suivir ent, la file r eprit son allur e lente
dans le noir , baant de nouv e au du cahot des r oues les façades endor mies.
Les char r etier s r e commencèr ent leur somme sous leur s limousines. Celui
qui avait inter p ellé la maraîchèr e s’allong e a, en gr ondant  :
― Ah  ! malheur  ! s’il fallait ramasser les iv r ognes  !. . . V ous av ez de la
constance , v ous, la mèr e  !
Les v oitur es r oulaient, les che vaux allaient tout seuls, la tête basse .
L’homme que madame François v enait de r e cueillir , couché sur le v entr e ,
avait ses longues jamb es p erdues dans le tas des nav ets qui emplissaient
3Le v entr e de Paris Chapitr e I
le cul de la v oitur e  ; sa face s’ enfonçait au b e au milieu des car oes, dont
les b oes montaient et s’ép anouissaient  ; et, les bras élar gis, e xténué ,
embrassant la char g e énor me des légumes, de p eur d’êtr e jeté à ter r e p ar un
cahot, il r eg ardait, de vant lui, les deux lignes inter minables des b e cs de
g az qui se rappr o chaient et se confondaient, tout là-haut, dans un
pullulement d’autr es lumièr es. A l’horizon, une grande fumé e blanche floait,
meait Paris dor mant dans la bué e lumineuse de toutes ces flammes.
― Je suis de Nanter r e , je me nomme madame François, dit la
maraîchèr e , au b out d’un instant. D epuis que j’ai p erdu mon p auv r e homme , je
vais tous les matins aux Halles. C’ est dur , allez  !. . . Et v ous  ?
― Je me nomme F lor ent, je viens de loin. . ., rép ondit l’inconnu av e c
embar ras. Je v ous demande e x cuse  ; je suis si fatigué , que cela m’ est p
énible de p arler .
Il ne v oulait p as causer . Alor s, elle se tut, lâchant un p eu les

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