Les paysans
331 pages
Français

Les paysans

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Description

La Comédie humaine - Tome XVIII - Houssiaux, 1855. Extrait : La longue lettre écrite par le journaliste doit faire supposer aux esprits pénétrants qu’il avait atteint moralement et physiquement à cette phase particulière aux passions satisfaites, aux bonheurs assouvis, et que tous les volatiles engraissés par force représentent parfaitement quand, la tête enfoncée dans leur gésier qui bombe, ils restent sur leurs pattes, sans pouvoir ni vouloir regarder le plus appétissant manger. Aussi, quand sa formidable lettre fut achevée, Blondet éprouva-t-il le besoin de sortir des jardins d’Armide et d’animer la mortelle lacune des trois premières heures de la journée 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 15
EAN13 9782824710211
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES P A YSANS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES P A YSANS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1021-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LES P A YSANS
1A M. P . S.-B. GA V A U LT
.J. R   en tête de la Nouv elle-Héloïse  : « J’ai v u les
mœur s de mon temps, et j’ai publié ces ler es. » Ne puis-je p asJ v ous dir e , à l’imitation de ce grand é crivain  : J’étudie la mar che
de mon ép o que , et je publie cet ouv rag e .
Le but de cee Étude , d’une effrayante vérité , tant que la so ciété v
oudra fair e de la philanthr opie un princip e , au lieu de la pr endr e p our un
accident, est de mer e en r elief les princip ales figur es d’un p euple
oublié p ar tant de plumes à la p our suite de sujets nouv e aux. Cet oubli n’ est
p eut-êtr e que de la pr udence , p ar un temps où le p euple hérite de tous
les courtisans de la r o yauté . On a fait de la p o ésie av e c les criminels,
on s’ est apito yé sur les b our r e aux, on a pr esque déifié le pr olétair e  ! D es
se ctes se sont émues et crient p ar toutes leur s plumes  : Le v ez-v ous,
travailleur s, comme on a dit au tier s état  : Lè v e-toi  ! On v oit bien qu’aucun
de ces Ér ostrates n’a eu le courag e d’aller au fond des camp agnes
étudier la conspiration p er manente de ceux que nous app elons encor e les
faibles, contr e ceux qui se cr oient les forts, du p ay san contr e le riche . . .
2Les p ay sans Chapitr e
Il s’agit ici d’é clair er , non p as le législateur d’aujourd’hui, mais celui de
demain. A u milieu du v ertig e démo cratique auquel s’adonnent tant
d’écrivains av eugles, n’ est-il p as ur g ent de p eindr e enfin ce p ay san qui r end
le Co de inapplicable , en faisant ar riv er la pr opriété à quelque chose qui
est et qui n’ est p as  ? V ous allez v oir cet infatig able sap eur , ce r ong eur qui
mor celle et divise le sol, le p artag e , et coup e un ar p ent de ter r e en cent
mor ce aux, convié toujour s à ce festin p ar une p etite b our g e oisie qui fait
de lui, tout à la fois, son auxiliair e et sa pr oie . Cet élément inso cial cré é
p ar la ré v olution absorb era quelque jour la b our g e oisie comme la b
ourg e oisie a dé v oré la noblesse . S’éle vant au-dessus de la loi p ar sa pr opr e
p etitesse , ce Rob espier r e à une tête et à vingt millions de bras, travaille
sans jamais s’ar rêter , tapi dans toutes les communes, intr onisé au conseil
municip al, ar mé en g arde national dans tous les cantons de France , p ar
l’an 1830, qui ne s’ est p as souv enu que Nap olé on a préféré les chances de
son malheur à l’ar mement des masses.
Si j’ai, p endant huit ans, cent fois quié , cent fois r epris ce liv r e , le
plus considérable de ceux que j’ai résolu d’é crir e , c’ est que tous mes amis,
comme v ous-même , ont compris que le courag e p ouvait chanceler
devant tant de difficultés, tant de détails mêlés à ce drame doublement
terrible et si cr uellement ensanglanté  ; mais, au nombr e des raisons qui me
r endent aujourd’hui pr esque témérair e , comptez le désir d’ache v er une
œuv r e destiné e à v ous donner un témoignag e de ma viv e et durable r
econnaissance p our un dé v oûment qui fut une de mes consolations dans
l’infortune .
DE BALZA C.
n
3Pr emièr e p artie
4CHAP I T RE I
QU I T ERRE A, GU ERRE A
A MONSI EU R NA T HAN.
A ux Aigues, le 6 août 1823.
    de délicieux rê v es au public av e c tes fantaisies,
mon cher Nathan, je vais te fair e rê v er av e c du v rai. T u me dirasT si jamais le siè cle actuel p our ra léguer de p ar eils song es aux
Nathan et aux Blondet de l’an 1923  ! T u mesur eras la distance à laquelle
nous sommes du temps où les F lorine du dix-huitième siè cle tr ouvaient,
à leur ré v eil, un châte au comme les Aigues, dans un contrat.
» Mon très-cher , si tu r e çois ma ler e dans la matiné e , v ois-tu, de ton
lit, à cinquante lieues de Paris envir on, au commencement de la
Bourg ogne , sur une grande r oute r o yale , deux p etits p avillons en brique r oug e ,
réunis ou sép arés p ar une bar rièr e p einte en v ert  ? . . . Ce fut là que la
dilig ence dép osa ton ami.
» D e chaque côté du p avillon ser p ente une haie viv e , d’ où s’é chapp ent
5Les p ay sans Chapitr e I
des r onces semblables à des che v eux follets. Çà et là , une p ousse d’arbr es
s’élè v e insolemment. Sur le talus du fossé , de b elles fleur s baignent leur s
pie ds dans une e au dor mante et v erte . A dr oite et à g auche , cee haie
r ejoint deux lisièr es de b ois, et la double prairie à laquelle elle sert d’
enceinte , a sans doute été conquise p ar quelque défrichement.
» A ces p avillons déserts et p oudr eux commence une magnifique av
enue d’ or mes centenair es, dont les têtes en p arasol se p enchent les unes
sur les autr es et for ment un l ong, un majestueux b er ce au. L’herb e cr oît
dans l’av enue  ; à p eine y r emar que-t-on les sillons tracés p ar les doubles
r oues des v oitur es. L’âg e des or mes, la lar g eur des deux contr e-allé es, la
tour nur e vénérable des p avillons, la couleur br une des chaînes de pier r e ,
tout indique les ab ords d’un châte au quasi-r o yal.
» A vant d’ar riv er à cee bar rièr e , du haut d’une de ces éminences que ,
nous autr es Français, nous nommons assez vaniteusement une montagne ,
et au bas de laquelle se tr ouv e le villag e de Conches, le der nier r elais,
j’avais ap er çu la longue vallé e des Aigues, au b out de laquelle la grande
r oute tour ne p our aller dr oit à la p etite sous-préfe ctur e de la
Ville-auxFay es, où trône le ne v eu de notr e ami des Lup e aulx. D’immenses forêts
p osé es à l’horizon, sur une vaste colline côto yé e p ar une rivièr e , dominent
cee riche vallé e encadré e au loin p ar les monts d’une p etite Suisse , app
elé e le Mor van. Ces ép aisses forêts app artiennent aux Aigues, au mar quis
de Ronquer olles et au comte de Soulang es, dont les châte aux et les p ar cs,
dont les villag es v us de loin et de haut donnent de la v raisemblance aux
fantastiques p ay sag es de Br eughel-de- V elour s.
» Si ces détails ne te r emeent p as en mémoir e tous les châte aux en
Esp agne que tu as désiré p ossé der en France , tu ne serais p as digne de
cee nar ration d’un Parisien stup éfait. J’ai enfin joui d’une camp agne où
l’art se tr ouv e mêlé à la natur e , sans que l’un soit gâté p ar l’autr e , où l’art
semble natur el, où la natur e est artiste . J’ai r encontré l’ o asis que nous
av ons si souv ent rê vé e d’après quelques r omans  : une natur e luxuriante
et p aré e , des accidents sans confusion, quelque chose de sauvag e et
d’éb ouriffé , de se cr et, de p as commun. Enjamb e la bar rièr e et mar chons.
» and mon œil curieux a v oulu embrasser l’av enue où le soleil ne
p énètr e qu’à son le v er ou à son coucher , en la zébrant de ses ray ons
obliques, ma v ue a été bar ré e p ar le contour que pr o duit une élé vation
6Les p ay sans Chapitr e I
du ter rain  ;

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