Liban, pays de tourisme - article ; n°3 ; vol.34, pg 271-284
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1959 - Volume 34 - Numéro 3 - Pages 271-284
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Josette Kfoury
Liban, pays de tourisme
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 34 n°3, 1959. pp. 271-284.
Citer ce document / Cite this document :
Kfoury Josette. Liban, pays de tourisme. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 34 n°3, 1959. pp. 271-284.
doi : 10.3406/geoca.1959.2353
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1959_num_34_3_2353PAYS DE TOURISME LIBAN,
par Josette Kfoury
I. _ VOCATION TOURISTIQUE DU LIBAN
Terre de contacts et de contrastes, le Liban a de tous temps ouvert ses
portes à l'étranger. L'ancienne Phénicie, par ses activités commerciales,
l'attirait chez elle, et cette vocation commerciale et maritime a toujours
distingué le Liban de ses voisins au genre de vie continental et agricole.
« Le Libanais vit face au couchant, les yeux fixés sur les eaux bleues que
sillonnèrent les barques Cretoises, phéniciennes et grecques (...) les vaisseaux
relâchant aux Echelles (...), le regard vers cette mer que fréquentent les
bricks et les goélettes, les carcasses renflées des cargos modernes et les
coques effilées des cargos rapides» 1.
Aujourd'hui le tourisme et l'estivage tendent à devenir les ressources
essentielles de la montagne libanaise, où vit une population relativement
dense dont le niveau de vie resterait toujours modeste s'il dépendait enti
èrement de la production de la terre. L'émigration vers le Nouveau Monde,
l'Afrique, l'Australie et maintenant le Monde Arabe des Pétroles a été et
reste toujours nécessaire. Toutefois, le développement récent et méthodique
du tourisme ralentit sensiblement ce mouvement.
L'activité touristique, sensible dès la fin du xixe siècle, s'est pleinement et
rapidement développée depuis, provoquant de multiples activités annexes.
Mais, industrie de luxe et par cela même industrie de paix par excellence,
elle ressent profondément toutes les crises. Une guerre, une crise écono
mique grave, l'inimitié entre deux pays voisins suffisent à ralentir et même
souvent à suspendre tout à fait le mouvement touristique. Le Liban en a
souffert particulièrement l'année dernière.
Il existe au Liban deux sortes de tourismes, l'un saisonnier, l'autre perman
ent.
1. Thoumin, Géographie humaine de la Syrie centrale. Tours, 1936. JOSETTE KFOURY 272
Le tourisme saisonnier est d'ailleurs double, tourisme d'été et tourisme
d'hiver. En été l'affluence des visiteurs est incomparablement plus grande:
ce sont surtout des estivants des pays du Proche-Orient qui viennent dès le
mois de mai chercher dans les montagnes le repos et la fraîcheur. Ils peuvent,
en même temps, jouir de la mer et de la plage. En hiver, l'activité est moind
re, les sports d'hiver n'étant pratiqués que par les Libanais et par les rés
idants étrangers au Liban.
Quant au tourisme permanent, qui s'étend sur toute l'année, il intéresse les
pays lointains ; c'est un tourisme mondial. Il faut y ranger, entre autres, les
participants des croisières qui, à Noël et à Pâques, viennent visiter les Lieux
Saints, font escale pendant 48 à 72 heures au Liban, et se rendent alors à
Baalbeck, à Byblos et dans la vallée du Nahr el Kalb.
Ajoutons enfin tous les voyageurs pour affaires, transitaires et étudiants
qui effectuent des séjours plus ou moins longs et nombreux.
Petit pays montagneux, situé au bord de la Méditerranée Orientale,
enclavé au nord et à l'est dans la plaine syrienne et limité au sud par la
Palestine, le Liban jouit d'une situation géographique privilégiée, vers la
jonction de trois continents.
Le pays est petit — à peine 10 170 kilomètres carrés — assez ramassé sur
lui-même. Ces dimensions qui sont souvent un handicap par ailleurs, cons
tituent un avantage : tous les coins et recoins peuvent être facilement atteints,
et de bonnes routes d'intérêt à la fois général et touristique sillonnent le
pays dans tous les sens. D'autre part, le touriste peut jouir presque simulta
nément des agréments de la plage et de l'air pur et tonifiant d'une station
d'altitude (de Beyrouth à Sofar — 1 250 m — il y a 24 km, soit 35 à 40 mn
compte tenu des embarras de circulation). Au printemps, il est facile de skier
le matin et de nager l'après-midi.
Le cli,mat est un atout appréciable, et du point de vue médical il possède
certaines qualités qui le font rechercher. La durée d'insolation de la côte
libanaise est de beaucoup supérieure aux meilleures stations suisses par
exemple, et, de plus, le Liban bénéficie de l'air marin.
En montagne, une sécheresse modérée jointe à une température fraîche
en été, explique le bien-être spécial que l'homme y éprouve. De grands ané
miques sont souvent envoyés par leur médecin pendant toute une année à
Sofar (1 250 m). Enfin, c'est dans la chaîne du Liban que se trouvent les
différents sanatoriums: Bhannès, Dahr el Bacheck... qui voient affluer de
nombreux malades étrangers, et principalement en provenance des pays
arabes.
Quant à la plaine intérieure de la Békaa, son climat sec, à l'abri des vents
méditerranéens humides, en fait une bonne zone de convalescence, très
recherchée par les rhumatisants et les asthmatiques.
D'une manière générale, le Liban est une station type de « Réaclimate-
ment » pour l'Européen regagnant son pays après avoir passé quelque temps
dans une région désertique ou tropicale. '
PAYS DE TOURISME 273 LIBAN,
Courbes de
niveau
équidistgntes
de 500 m.
ECHELLE 500^
q 1 m 20 • Km. о
Fig. 1. — Le Liban physique.
Mais le Liban fait aussi partie de ces pays de la Méditerranée Orientale
qui, s'ils attirent par leurs avantages naturels — douceur du climat, beauté
des sites — attirent autant sinon davantage par certains traits humains.
Souvenir des civilisations passées, mais plus que cela. Un Européen qui
débarque en Orient se trouve immédiatement saisi par une atmosphère tot
alement différente de la sienne, par une vie restée encore et malgré tout moins
•9 JOSETTE KFOURY 274
fiévreuse ; un engourdissement relatif lui fait oublier ou tout au moins envi
sager avec un très grand recul les problèmes de l'heure présente. Pour peu
qu'il s'éloigne de la capitale, le voilà plongé dans une vie quotidienne qui
n'a que très peu changé depuis des millénaires : les porteuses d'eau qui des
cendent vers la fontaine, l'âne monture fidèle du paysan, ces maisons aux
toits plats de terre battue, prolongent un genre de vie depuis longtemps
oublié en Occident. Et dans ce berceau des civilisations les évocations mythol
ogiques s'imposent presque à chaque tour de roue 2.
La communauté de langue et souvent de tradition avec les autres pays
arabes dont il est le débouché, a grandement favorisé le Liban. Un touriste
arabe préfère venir au Liban qu'aller à Chypre parce qu'il peut non seul
ement se faire comprendre mais aussi comprendre les chanteuses et les diseurs
de langue arabe dans les lieux où il va se distraire.
Il en est de même avec le touriste européen ou américain qui ne sera abso
lument pas dépaysé et cela grâce à la double civilisation dont jouit le Liban
et qu'il cherche par-dessus tout à préserver.
« Le voisinage de la radio et de la flûte de jonc, la somptueuse voiture
frôlant l'âne qui trottine le long des fossés, expriment les termes de ce pays
où les extrêmes se côtoient dans une grande fraternité qui favorise l'entr'aide
et proscrit la misère », dit M. Dunand 3.
Le Liban a également un très grand avantage aux yeux de l'homme d'af
faires arabe : c'est la proximité de ce pays avec son bureau et son commerce.
Une dépêche urgente lui parvient-elle? le voilà de nouveau installé sur son
fauteuil en face de ses employés. L'affaire réglée, il revient aussitôt au centre
où il a installé sa famille. Le tout n'a pris que quelques heures; il n'a pas
pour cela abrégé ses vacances.
En même temps que lieu de passage pour tous les touristes se rendant à
Jérusalem, le Liban est une escale presque obligatoire pour tous les avions
se rendant en Extrême-Orient. Alors que le port de Beyrouth ne joue plus
qu'un rôle très secondaire dans le mouveme

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