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muséeI I Sainte-Marguerite : l’autre secret…La découverte de billets cachés dans la cellule du Masque de fer a permis à Andrew Macdonagh, officier irlandais au service du Roi de France sous l’Ancien Régime, de refaire parler de lui deux cents ans après sa disparition. Autopsie d’une résurrection par Marie Wallet,conservateur des musées de Cannes et Monique Pomey, restauratrice…Cannes Soleil : Dans quelle(s) circonstance(s) avez-vousdécouvert les billets écrits par Andrew Macdonagh ? Les cinq billets, liés entre eux par un fil très fin, étaient soigneusement enveloppés dans un petit paquet d’environ sept centimètres delongueur sur trois centimètres de hauteur.Monique Pomey : C’était en février 1990 au cours d’une visite au fort de Sainte-Marguerite qui avait pour but d’établir un devis de restauration des peinturesd’Alexandre Dumas. La découverte des billets demeurera le moment le plusmurales situées dans la cellule du Masque de fer. En observant cette peintureémouvant de toute ma carrière. étrange, mon regard a été attiré par un trou situé pratiquement au centre dutriptyque, près de l’épaule droite du personnage central, à 2 mètres 50 du sol. EnC.S. : Pourquoi avoir attendu près de dix ans avant deglissant ma main à l’intérieur, j’ai eu la grande surprise de découvrir un petit paquetreprendre les recherches ?d’environ sept centimètres de longueur sur trois de hauteur dans lequel se trouvaitM.W. : J’avoue que le manque de temps en est la raison principale. ...

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Langue Français

Extrait

m u s é e I I Sainte-Marguerite
La dÈcouverte de billets cachÈs dans la cellule du Masque de fer a permis ‡ Andrew Macdonagh, officier irlandais au service du Roi de France sous lÕAncien RÈgime, de refaire parler de lui deux cents ans aprËs sa disparition. Autopsie dÕune rÈsurrection par Marie Wallet, conservateur des musÈes de Cannes et Monique Pomey, restauratriceÉ
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Cannes Soleil : Dans quelle(s) circonstance(s) avez-vous dÈcouvert les billets Ècrits par Andrew Macdonagh ? Monique Pomey :CÕÈtait en fÈvrier 1990 au cours dÕune visite au fort de Sainte-Marguerite qui avait pour but dÕÈtablir un devis de restauration des peintures murales situÈes dans la cellule du Masque de fer. En observant cette peinture Ètrange, mon regard a ÈtÈ attirÈ par un trou situÈ pratiquement au centre du triptyque, prËs de lÕÈpaule droite du personnage central, ‡ 2 mËtres 50 du sol. En glissant ma main ‡ lÕintÈrieur, jÕai eu la grande surprise de dÈcouvrir un petit paquet dÕenviron sept centimËtres de longueur sur trois de hauteur dans lequel se trouvait une petite liasse de cinq billets liÈs entre eux par un fil trËs fin.
C.S. : Quelle a ÈtÈ votre premiËre rÈaction aprËs la dÈcouverte des Ècrits ? M.P. :JÕai tout de suite averti Marie Wallet et les billets ont ÈtÈ ouverts en sa prÈsence. A ce moment prÈcis, lÕÈmotion Ètait vÈritablement ‡ son comble. Sous lÕinfluence des lieux, nous Ètions pratiquement s˚res de dÈtenir un grand secret, dÕavoir trouvÈ un tÈmoignage de lÕun des plus cÈlËbres prisonniers de France ! Marie Wallet :Nous avons commencÈ ‡ Ètudier les documents dËs leur dÈcouverte. Les cinq billets Ètaient Ècrits ‡ lÕencre noire, dÕune main s˚re, sur des papiers dÈcoupÈs en morceaux de formats diffÈrents. LÕauteur sÕexprimait en franÁais et en anglais. Il y Ètait question de Montbarrey, ministre de la guerre de Louis XVI, de Cagliostro et lÕun des billets Ètaient mÍme signÈ Macdonagh. Nous nous sommes ensuite rapprochÈs du Consul dÕIrlande qui nous a fait savoir quÕil existait un mÈmoire rÈdigÈ en 1792 par Macdonagh lui-mÍme.
C.S.: NÕavez-vous pas ÈtÈ un peu dÈÁue quand vous vous Ítes rendue compte quÕil ne sÕagissait pas dÕun tÈmoignage du Masque de fer ? M.P. :Effectivement. Quand nous nous sommes aperÁu, Marie Wallet et moi-mÍme, que les Ècrits nÕÈtaient pas lÕÏuvre du Masque de fer, nous Ètions, il est vrai, un peu dÈÁues. Mais cette dÈception sÕest vite dissipÈe car dËs le dÈbut des ÒinvestigationsÓ nous avons compris que nous avions affaire ‡ un hommehors du commun. Il me fait dÕailleurs parfois penser ‡ un personnage dÕun roman
: lÕautre secretÉ
Lescinqbillets,liÈsentreeuxparunfiltrËsfin,ÈtaientsoigneusementenveloppÈsdansunpetitpaquetdÕenvironseptcenitmËtresde longueur sur trois centimËtres de hauteur.
dÕAlexandre Dumas. La dÈcouverte des billets demeurera le moment le plus Èmouvant de toute ma carriËre.
C.S. : Pourquoi avoir attendu prËs de dix ans avant de reprendre les recherches ? M.W. :JÕavoue que le manque de temps en est la raison principale. Mais lÕidÈe dÕachever lÕÈtude de ces billets dËs que nous le pourrions ne nous a jamais quittÈes
Qui Ètait Andrew Macdonagh ?
Andrew Macdonagh naÓt en 1738 dans le comtÈ de Sligo, en Irlande. Orphelin, il est confiÈ ‡ lÕ‚ge de douze ans ‡ son oncle, exilÈ en France. EntrÈ comme cadet dans la Brigade irlandaise, il servira pendant vingt-cinq ans au cÈlËbre RÈgiment de Dillon (infanterie irlandaise). Lieutenant pendant la Guerre de Sept Ans, il effectue deux campagnes en Allemagne et prend part ‡ la bataille de Marbourg (1761). Promu capitaine en 1770, il est fait chevalier de lÕOrdre de Saint-Louis. En 1774, Macdonagh Èpouse en secret une jeune irlandaise : Rose Plunkett. Mais le frËre de celle-ci convoite la fortune dÕun vieil aristocrate, le Comte OÕGara, dont Macdonagh est lÕhÈritier prÈsomptif. A force dÕintrigues et de complicitÈs, la famille Plunkett parvient ‡ capter lÕhÈritage. Trahi par sa femme, Macdonagh tente de sÕopposer ‡ leurs desseins, en vainÉ car les Plunkett, aidÈs dÕun officier corrompu, le Comte de Walsh-Serrant, obtiennent quÕune lettre de cachet soit dÈlivrÈe contre lui par le Prince de
Montbarrey, ministre de la Guerre. AccusÈ dÕinsubordination, il est arrÍtÈ en 1777 et emprisonnÈ ‡ Óle Sainte-Marguerite, o˘ il sera dÈtenu pendant douze ans et sept mois. LibÈrÈ pendant la RÈvolution en 1790, soutenu publiquement par Camille Desmoulins, Macdonagh fait bientÙt figure de symbole : victime dÕune ´administration inquiËte et arbitraireª quÕil dÈnoncera lui-mÍme dans un mÈmoire autobiographique (1792). Acquis ‡ la RÈpublique, il est rapidement rÈintÈgrÈ dans lÕarmÈe et nommÈ lieutenant-colonel. Mais ‡ la veille de combattre en VendÈe, il est dÈnoncÈ comme noble et relevÈ de ses fonctions. Peu aprËs, il soutient la cause de lÕindÈpendance irlandaise et participe, sous le commandement du GÈnÈral Hoche et du patriote Wolfe Tone, au dÈbarquement manquÈ de Bantry Bay (1796). RentrÈ en France, il meurt vers 1799 dans des circonstances mal connues.
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CÕest dans une petite cavitÈ, au centre de cette peinture murale situÈe dans la cellule du Masque de fer, quÕont ÈtÈ retrouvÈs, en 1990, les fragments de texte, tÈmoignage dÕAndrew Macdonagh, accusÈ dÕinsubordination et incarcÈrÈ en mai 1777 dans la prison dÕEtat de Sainte-Marguerite.
Mars aux MusÈes2003: opÈration gratuitÈ
Gr‚ce ‡ lÕopÈration ÒMars aux MusÈesÓ, lÕensemble des musÈes municipaux de Cannes, Antibes, Nice, Carros, Monaco et Vence ainsi que les deux musÈes dÈpartementaux des Arts Asiatiques et des Merveilles seront ouverts gratuitement ‡ tous les Ètudiants de lÕUNSA (UniversitÈ Nice Sophia-Antipolis) sans limite dÕ‚ge et ce pendant toute la durÈe du mois de mars, afin de leur faire connaÓtre les diffÈrentes activitÈs proposÈe et les inciter ‡ la visite. Le conseil municipal cannois a par ailleurs dÈcidÈ dÕÈlargir cette dÈcision aux chÙmeurs et aux Rmistes, une mesure de solidaritÈ pour permettre ‡ tous de profiter de la qualitÈ des expositions proposÈes par les musÈes de la citÈ cannoise. Deux cours dÈlocalisÈs sont prÈvus aux musÈes de Cannes : le mardi 4 mars 2003, le musÈe de la Mer accueillera les Ètudiants en formation continue en techniques de commercialisation orientation marketing et multimÈdia de lÕIUT de Cannes. Le lundi 10 mars, le musÈe de la Castre sera visitÈ par les Ètudiants en premiËre annÈe dÕethnologie de la FacultÈ de Lettres de Nice.
Rens. : MusÈe de la Castre TÈl. 04 93 99 75 34 / 04 93 38 55 26 Service de lÕAction Culturelle de lÕUNSA TÈl. 04 92 07 66 07
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tout au long de ces annÈes. Les recherches ont finalement repris lÕannÈe derniËre et se sont conclues par une visite aux archives militaires installÈes ‡ Vincennes.
C.S. : Pour en revenir ‡ Macdonagh, pouvez-vous nous parler de ses conditions dÕemprisonnement ? M.W. :Andrew Macdonagh a ÈtÈ arrÍtÈ le 11 avril 1777 ‡ Paris et transfÈrÈ, en mai de la mÍme annÈe, ‡ la prison dÕEtat de lÕÓle Sainte-Marguerite. L‡, Ècrira-t-il dans sonMÈmoire, ´enseveli dans le mÍme cachot o˘ longtemps avant moi le fameux Masque de fer avait ÈtÈ oubliÈ, mes oppresseurs me regardaient comme perdu pour la sociÈtÈ.ª DÈpeint par Monsieur de Robaud, commandant du fort jusquÕen 1784, comme un conspirateur et un espion des Anglais, il est privÈ de tout moyen de communication avec lÕextÈrieur. On lui retire Ègalement tout objet susceptible de lÕaider ‡ soudoyer ses gardiens : ´ boucles de souliers et de jarretiËres ; agrafe de col, montre, argent.ª Successeur de Robaud, Jean-Baptiste de Mongrand ordonnera mÍme quÕon le fouille au corps deux fois par jour. MalgrÈ ces contraintes, il parviendra ‡ transmettre des placets ‡ la Reine et au nouveau ministre de la Guerre pour rÈclamer ´justice (et) libertÈ.ª RestÈe vaine, cette derniËre tentative lui vaudra ´ deuxmois de cachot ‡ la chaÓne et sur la paille.ª Il est finalement libÈrÈ ‡ la RÈvolution au bout de douze annÈes et sept mois de dÈtention.
C.S. : Ces conditions dÕemprisonnement Ètaient-elles habituelles ? M.W. :La justice sous lÕAncien RÈgime Ètait totalement diffÈrente de celle que nous connaissons aujourdÕhui. Toute justice dÈpendait du roi qui, lui-mÍme, tenait son pouvoir de Dieu. Il pouvait la dÈlÈguer ‡ des juges mais aussi lÕexercer directement. LÕenfermement dans une prison dÕEtat, telle Sainte-Marguerite, Ètait le fait du roi. On y entrait sans jugement, en vertu dÕune lettre de cachet ´ de par le Roy ª et pour une durÈe indÈterminÈe ´jusquÕ‡ nouvel ordre.ª Le prisonnier nÕÈtait ni condamnÈ, ni dÈshonorÈ, simplement puni. Reflets dÕune sociÈtÈ trËs hiÈrarchisÈe, les conditions de dÈtention Ètaient variables dÕune personne ‡ lÕautre.
C.S. : Les recherches sont aujourdÕhui achevÈes. Une exposition est-elle prÈvue ? M.W. :Le vernissage de lÕexposition est effectivement prÈvu le 22 mars prochain. Des fac-similÈs ont ÈtÈ rÈalisÈs et seront prÈsentÈs dans une vitrine au musÈe de La Mer, afin de prÈserver les documents originaux. Des panneaux seront Ègalement installÈs qui permettront aux visiteurs de connaÓtre la vie dÕAndrew Macdonagh, ses conditions de dÈtention au fort de Sainte-Marguerite ainsi que les conditions dÕemprisonnement sous lÕAncien RÈgime.
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