Chroniques d un queutard - 3
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Chronique d'un queutard – 3 « Une place pour chaque chose, et chaque chose en son temps » Je n'avais ni la place ni le temps en elle. La place ?

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Publié le 07 juin 2013
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

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Chronique d'un queutard – 3
« Une place pour chaque chose, et chaque chose en son temps »
Je n'avais ni la place ni le temps en elle.
La place? C'était une jeune fille mince, squelettique, une vrai poupée anorexique que j'aurais aussi bien pu retourner dans tous les sens comme un jouet, ou briser chaque os d'un coup de reins, d'une pression trop forte, ne serait-ce que de m'allonger sur elle sans l'espace vital que lui procurait mes coudes.
Le temps ? La petite sœur d'une amie, une petite sœur enfermée dans sa bulle de jeux vidéos et de mangas, une petite sœur qui pouvait ne pas décrocher un mot au restaurant japonais quand le serveur lui apportait sa commande digne d'un menu enfant, ou qui pouvait exploser d'une hystérie juvénile en pleine rue, se mettant à chanter sans retenue du François Pérusse, des publicités à la con... Même si j'avais moi aussi connu cette période de repli sur soi-même, d'investissement absolu dans sa passion allant jusqu'à l'aveuglement, je ne pouvais pas l'aider à s’en sortir, et je n'en n'avais pas l'envie. Ni le temps. C'est une thérapie à long terme de changer une personnalité forgée depuis une quinzaine d'années, et moi, j'avais déjà bien assez à faire avec ma petite personne.
Alors ?Alors le lien du vice. Elle, qui a des pulsions et des fantasmes inavouables mêmes à ses plus proches connaissances, moi qui était déjà un pervers patenté, qui pouvait passer des heures avec elle à fantasmer sur des jeunes garçons, des transsexuels, des hermaphrodites éphébiens comme seule la culture japonaise sait nous en fournir. Nous nous imaginions initier de jeunes prépubères à la sexualité encore indéterminée, chacun notre tour. Parfois l'être dominant et vicieux, griffant, léchant les larmes et le sang, parfois le partenaire plein de douceur et de compréhension. Nous inversions les rôles dans nos têtes, jouant au bon et au mauvais flic avec notre petite victime, dans tous les détails possibles.
Entre nous, les baises n'étaient pasla hauteur de nos discussions. Des coups rapides, à moitié tirés, interrompus par son envie de discuter ou mon érection vacillante. À se mater des hentai en se masturbant jusqu'à ce que je sois assez dur pour enfiler une nouvelle capote et remettre ça. Déception. Des deux côtés. Je ne lui ai pas apporté la virulence fantasmatique qu'elle cherchait, ou la tendresse qu'elle attendait parfois, APRÈS. J'étais devenu l'homme de l'écoute intime, attentif aux désirs même si je ne pouvais les assouvir qu'à l'aide de mes doigts ou de ma langue au lieu de ma queue.
De mon côté, je bandais beaucoup plus en lui parlant sur Internet qu'elle la tenant face à moi, offerte. Une initiation ratée à la sodomie qui a enlevé le peu d’intérêt qu'il me restait pour elle. Elle m'avait appris un matin qu'elle m'avait sucé, fait bandé pendant la nuit. Je n'en ai aucun souvenir. Elle aurait avalé mon orgasme que j'aurais à peine grogné.
La suite? Des discussions sans saveur, tournant toujours aux mêmes sujets, et pour elle un investissement sentimental que je n'avais pas, et qu'elle m'a reproché jusqu'à la fin malgré mes avertissements.
« Comment peux-tu être un amant aussi fantastique et un ami aussi exécrable ? »
Une question qui a parsemée la bouche de toutes mes partenaires.
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