L édition des manuscrits d Un Cœur simple - article ; n°1 ; vol.33, pg 171-186
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L'édition des manuscrits d'Un Cœur simple - article ; n°1 ; vol.33, pg 171-186

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1981 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 171-186
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Giovanni
Bonaccorso
L'édition des manuscrits d'"Un Cœur simple"
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1981, N°33. pp. 171-186.
Citer ce document / Cite this document :
Bonaccorso Giovanni. L'édition des manuscrits d'"Un Cœur simple". In: Cahiers de l'Association internationale des études
francaises, 1981, N°33. pp. 171-186.
doi : 10.3406/caief.1981.1906
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1981_num_33_1_1906L'EDITION
D' « UN CŒUR DES MANUSCRITS SIMPLE »
Communication de M. Giovanni BONACCORSO
(Messine)
au XXXIIe Congrès de l'Association, le 22 juillet 1980.
Après avoir longtemps tonné contre la critique, qu'il pla
çait « au dernier échelon de la littérature » (1), Gustave
Flaubert admettait plus tard qu'elle était arrivée à analyser
« finement le milieu où l'œuvre s'est produite et les causes
qui l'ont amenée », tout en soulignant, cependant, qu'on ne
se souciait pas de « la poétique insciente », de la « composit
ion », du « style », du « point de vue de l'auteur » (2).
Depuis lors, la critique a fait bien du chemin, et il y a
longtemps, par exemple, qu'on a compris l'importance des
variantes dans les études de style. Mais, pour être en mesure
de parler en toute connaissance de cause de l'art d'un écri
vain, et de pénétrer « l'œuvre en soi », aucun autre genre de
recherche ne saurait accomplir cette tâche mieux que la cri
tique génétique ; on s'en est rendu compte un peu partout, et
depuis plusieurs décennies on travaille finalement à la réali
sation d'éditions génétiques. Un premier bilan a été dressé
naguère, à l'occasion du Symposium organisé par le Centre
d'Analyse des Manuscrits Modernes (C.A.M.) ; on y a constaté
(1) Correspondance, lettre à Louise Colet, du 28/29 juin 1853, Paris,
Club de l'Honnête Homme, 1974, « Œuvres complètes de Gustave Flau
bert », t. 13, p. 368. Dans nos références, nous abrégerons le titre en
Corr. et l'édition en C.H.H.
(2) Ibidem, lettre à George Sand, du 2 février 1869, t. 14, p. 466. 172 GIOVANNI BONACCORSO
que, si l'édition d'œuvres poétiques a obtenu d'excellents
résultats, il n'en était pas de même pour les œuvres en prose.
« Les manuscrits en prose », affirmait René Anglade, « très
longuement et profondément travaillés posent aux éditions
critiques des problèmes qui ne semblent pas pouvoir être
résolus de façon véritablement satisfaisante » (3). Les man
uscrits de Flaubert étant parmi les plus « longuement et
profondément travaillés », il est naturel que cela ait constitué
le principal obstacle à leur édition, car leur transcription,
selon l'appareil chronologique de F. Beissner ou l'appareil
synoptique de H. Zeller, décrits par Anglade, rendrait le
texte illisible et enflerait démesurément le commentaire.
Mais il a suffi d'un coup d'œil aux brouillons de Madame
Bovary, en 1976, pour nous convaincre que l'étude des manusc
rits d'un écrivain tel que Flaubert était indispensable et
irremplaçable. Et puisque nous sommes de l'avis que les
manuscrits ne doivent point être considérés comme une
réserve de chasse, mais que, bien au contraire, ils doivent être
mis à la disposition de tout le monde, afin que tout le monde
puisse les exploiter, leur publication s'est imposée à notre
esprit. Comme ballon d'essai, notre choix s'est porté sur
Un cœur simple parce que nous estimions, entre autres
raisons, terminer le travail assez rapidement, vu qu'il s'agit
d'un conte. Voici, brièvement, les principaux problèmes qu'on
a dû résoudre pour mener à bien cette entreprise.
Le premier problème concernait le déchiffrement. L'étude
des manuscrits n'a d'utilité que si le déchiffrement est inté
gral, y compris les ratures, pour les raisons que nous verrons
tout à l'heure ; or, il est notoire que non seulement les ra
tures, mais aussi les variantes et ajouts des brouillons d'Un
Cœur simple constituent un spectacle effrayant, et certains
d'entre eux ont été définis comme « totalement indéchif
frables » (4). Le désir de célébrer dignement le centenaire de
(3) R. Anglade, L'édition critique allemande moderne, ses enseignements
et ses limites, dans Les Manuscrits. Transcription, édition, signification.
Paris, Presses de TE.N.S., 1976, « Publications du C.A.M. », p. 113.
(4) Voir G. Flaubert, Trois Contes. Texte établi et présenté par R.
Dumesnil. Paris, Les Belles Lettres, 1957, p. 158. LES PROBLÈMES DE L'ÉDITION DE FLAUBERT 173
la mort de l'écrivain, et notre expérience des manuscrits
dont le déchiffrement n'était certes pas facile, tels que les
lettres de Du Camp à Flaubert (5), nous ont cependant
poussé à nous mettre à l'ouvrage, en commençant par les
brouillons. Les premiers résultats, peu encourageants, nous
amenaient bientôt à déchiffrer les manuscrits à rebours, c'est-
à-dire à remonter aux moins lisibles en partant des plus
lisibles. Nous avons ainsi pu nous familiariser beaucoup
rapidement avec l'écriture de Flaubert, si bien que la pre
mière phase du déchiffrement des manuscrits, représentés
par plus de 300 feuillets, était terminée au bout d'un an
environ.
Nous n'avons nullement l'intention de nous en faire un
mérite, car le mérite revient à Flaubert, ou pour mieux dire
à son travail méthodique. En effet, après avoir déchiffré les
premières pages, on a constaté qu'une nouvelle rédaction
reproduit la précédente jusqu'aux ratures, et parfois ju
squ'aux lapsus. Quand des ratures plus larges et plus épaisses
empêchaient le déchiffrement, on procédait à la comparaison
des différentes rédactions du passage en question pour ré
soudre la difficulté. Il a été ainsi possible de reconstituer
non seulement des termes et des syntagmes, mais des phrases
entières, rien qu'à l'aide de quelques jambages dépassant la
rature. La comparaison des différentes rédactions a égale
ment permis d'éviter de nombreuses fautes de lecture, et de
déchiffer les mots abrégés, même ceux qui sont représentés
par la seule lettre initiale. C'est là l'œuf de Colomb, grâce
auquel on a réussi à déchiffrer presque intégralement les
fameux brouillons flaubertiens, car les mots illisibles sont
inférieurs en moyenne à un pour cent ; et la plupart de ces
mots sont devenus illisibles à la suite de déchirures ou
d'abrasions du papier.
Le second problème concernait donc la recherche ou la
création d'un appareil critique constitué d'un nombre de
sigles à la fois restreints et parlants, de façon à pouvoir les
(5) Voir M. Du Camp, Lettres inédites à Gustave Flaubert. Introduzione
e note di G. Bonaccorso e R.M. Di Stefano, Messina, Edas, 1978 ;
« Iride », 1, planches I-VI. 174 GIOVANNI BONACCORSO
apprendre facilement et rapidement, et à éviter une quantité
de notes fastidieuses, c'est-à-dire d'un appareil permettant
une transcription génétique aisément lisible, car l'avenir des
éditions de manuscrits paraît étroitement lié à la solution de
ce problème. Parmi les éditions récentes, aucune n'avait rete
nu notre attention ; mais Carlo Cordié, bibliographe et biblio
phile eminent, nous a adressé à un célèbre imprimeur, qui
avait heureusement réalisé une édition comme celle que
nous projetions : la Miscellaneorum Centuria Secunda du
Politien, publiée en 1972 par Vittore Branca et Manlio Pastore
Stocchi, qui ont créé pour l'occasion un appareil critique
composé justement d'un petit nombre de signes diacritiques
parfaitement parlants. Cet appareil est axé sur un système de
flèches ascendantes et descendantes (les premières ayant de
un à quatre crans, les secondes de un à trois), servant à
indiquer la position que chaque variante occupe en interligne.
En outre, deux autres flèches en gras indiquent les variantes
se trouvant dans les marges supérieure et infér

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