The Project Gutenberg eBook, La belle Gabrielle, vol. 1, by Auguste Maquet
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Title: La belle Gabrielle, vol. 1
Author: Auguste Maquet
Release Date: February 26, 2004 [eBook #11300]
Language: French
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LA BELLE GABRIELLE
PAR
AUGUSTE MAQUET
I
1891
NOTE DE L'ÉDITEUR
PRÉFACE DES OEUVRES COMPLÈTES D'AUGUSTE MAQUET
Auguste Maquet est né en 1813. Il fut un brillant élève du lycée Charlemagne où à dix-huit ans il devint un professeur suppléant très
remarqué. Il se destinait à l'enseignement, mais poussé par une irrésistible vocation vers la littérature indépendante, il abandonna
l'Université. Quelques poésies fort appréciées, quelques nouvelles écrites dans les journaux le mirent en rapport avec les jeunes
écrivains de cette féconde époque.
Fort lié avec Théophile Gautier, il composa quelques essais avec Gérard de Nerval et c'est par ce dernier qu'il arriva à connaître
Alexandre Dumas. Alors commença cette collaboration fameuse qui mit en quelques années Auguste Maquet sur le chemin de la
renommée. Nous n'entrerons pas dans le récit des causes qui la firent cesser, elles sont trop connues: entraîné dans le désastre
financier de son collaborateur, Auguste Maquet fut considéré comme un simple créancier, perdit le fruit d'un travail inouï, et ne put
obtenir comme compensation de pouvoir mettre son nom à côté de celui d'Alexandre Dumas sur tous les livres qu'ils avaient écrits
ensemble.
La liste en est longue puisqu'elle comprend: _Le Chevalier
d'Harmental, Sylvandire, les Trois Mousquetaires, Vingt Ans après, la
Reine Margot, Monte-Cristo, la Dame de Monsoreau, le Chevalier de
Maison Rouge, Joseph Balsamo, le Bâtard de Mauléon, les Mémoires d'unMaison Rouge, Joseph Balsamo, le Bâtard de Mauléon, les Mémoires d'un
Médecin, le Collier de la Reine, le Vicomte de Bragelonne, Ange Pitou,
Ingénue, Olympe de Clèves, la Tulipe noire, les Quarante-Cinq, la
Guerre des Femmes.
Les deux collaborateurs signèrent ensemble, au Théâtre: les Trois
Mousquetaires, la Jeunesse des Mousquetaires, la Reine Margot, le
Chevalier de Maison Rouge, Monte-Cristo, le Comte de Morcef,
Villefort, la Guerre des Femmes, Catilina, Urbain Grandier, le
Vampire, la Dame de Monsoreau.
Si la preuve de cette collaboration n'existait pas dans une foule de documents émanant de l'un et de l'autre de ces deux grands
travailleurs, elle serait tout entière dans l'énumération que nous venons de faire: car l'esprit se refusait à croire qu'un seul homme ait
pu suffire à cette tâche gigantesque. Et nous ne parlons ici que des ouvrages faits en commun.
Auguste Maquet a écrit seul: Le Beau d'Angennes, Deux Trahisons, une partie de l'Histoire de la Bastille, le Comte de Lavernie, la
Belle Gabrielle, Dettes de Coeur, la Maison du Baigneur, la Rose Blanche, l'Envers et l'Endroit, les Vertes Feuilles.
Au Théâtre, il a fait, seul: Bathilde, le Château de Grantier, le
Comte de Lavernie, la Belle Gabrielle, Dettes de Coeur, la Maison du
Baigneur, le Hussard de Bercheny.
Il a fait représenter, en collaboration avec Jules Lacroix, au
Théâtre-Français, Valéria; à l'Opéra, la Fronde, musique de
Niedermayer.
Il a encore composé une foule d'articles, de nouvelles, et plusieurs pièces de théâtre qu'il n'a pas signées, entre autres, le Courrier de
Lyon: il a été plus de douze années président de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques, et si, un jour, les remarquables
discours qu'il a prononcés en cette qualité dans maintes circonstances peuvent être réunis en un volume, les lecteurs pourront juger
dans ces belles pages que chez lui la pureté du style ne le cédait en rien à l'élévation des idées et des sentiments et au bonheur des
expressions.
Nous avons accompli notre tâche en mettant sous les yeux des lecteurs l'oeuvre énorme d'Auguste Maquet; à eux de juger
maintenant par quels efforts d'un travail surhumain il a conquis vaillamment la place que nous lui donnons parmi les grands écrivains
du siècle. Officier de la Légion d'honneur depuis 1861, il est mort le 8 janvier 1888 dans son château de Sainte-Mesme, gagné,
comme il le disait gaiement, avec sa plume seule. C'est là, dans cette chère retraite, qu'il recevait ses amis, et ils étaient nombreux:
c'est là qu'accouraient les jeunes auteurs, toujours bien accueillis, en quête d'un conseil toujours donné bon et désintéressé; c'est là,
qu'à la nouvelle de sa mort, ont afflué les regrets de tous, car tous aimaient et respectaient cette nature droite et loyale, ce grand
coeur et cette âme juste.
Juin 1891
* * * * *
LA BELLE GABRIELLE
I
FAMINE AU CAMP
Au revers du monticule qui domine la Seine entre Triel et Poissy, s'étendent plusieurs villages cachés à demi sous les roches ou dans
les bois.
Les roches se sont peu à peu recouvertes de vignes, et c'est pour ainsi dire le dernier raisin que le soleil de France consente à
échauffer, comme si, ayant épuisé la vigueur de ses rayons sur le Rhône, la Loire et la Haute-Saône, il n'avait plus qu'une stérile
caresse pour le Vexin et un froid regard pour la Normandie.
Ces pauvres vignes dont nous parlons eussent pu se réjouir au soleil de l'année 1593. Jamais plus chaude haleine n'était venue les
visiter depuis un siècle. Certes les raisins pouvaient bien mûrir cette année et donner à flots le petit vin taquin de Médan et de
Brezolles; mais ce que le soleil voulait faire, la politique le défit: au mois de juillet, il n'y avait déjà plus de raisins dans les vignes. La
petite armée du roi de France et de Navarre, du roi béarnais, du patient Henri, campait dans les environs depuis une semaine.
Depuis quatre ans, Henri, roi déclaré de France après la mort d'Henri III, disputait une à une toutes les pièces de son royaume;
comme si la France se fût jouée au jeu d'échecs entre la Ligue et le roi. Arques, Ivry, Aumale, Rouen et Dreux avaient sacré ce
prince, et pourtant il n'eût pu entrer à Reims pour recevoir la sainte-ampoule. Il avait des soldats, et pas de sujets; un camp, pas de
maison; quelques villes ou bourgades, mais ni Lyon, ni Marseille, ni Paris! A grand'peine s'étail-il établi à Nantes avec une cour
dérisoire, mi-partie chevaliers, mi-partie lansquenets et reîtres. Une brave noblesse l'entourait, le peuple lui manquait partout.—Qu'il
se fasse catholique! disaient les catholiques.—Qu'il reste huguenot! disaient les réformés.—Qu'il disparaisse, catholique ou huguenot!
disaient les ligueurs.disaient les ligueurs.
Henri, bien perplexe, bien gêné, parce qu'il se sentait gênant, bataillait et rusait, toujours soutenu par l'idée que le ciel l'avait fait
naître à onze degrés loin du trône, et que, si huit princes morts lui avaient aplani ces onze degrés, ce devait être pour quelque chose
dans les desseins de la Providence.
En attendant, replié sur lui-même pour méditer de nouveaux plans, comme aussi pour