Les littératures caribéennes francophones. Problèmes et perspectives - article ; n°1 ; vol.55, pg 103-121
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 2003 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 103-121
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Roger Toumson
Les littératures caribéennes francophones. Problèmes et
perspectives
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 2003, N°55. pp. 103-121.
Citer ce document / Cite this document :
Toumson Roger. Les littératures caribéennes francophones. Problèmes et perspectives. In: Cahiers de l'Association
internationale des études francaises, 2003, N°55. pp. 103-121.
doi : 10.3406/caief.2003.1488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_2003_num_55_1_1488LES LITTERATURES CARIBEENNES
FRANCOPHONES.
PROBLÈMES ET PERSPECTIVES
Communication de M. Roger TOUMSON
(Université des Antilles et de la Guyane française)
au LIVe Congrès de l'Association, le 8 juillet 2002
PRÉLIMINAIRES
Caractériser l'objet d'une littérature, quelle qu'elle soit,
n'est jamais chose aisée. La tâche est ici d'autant plus
ardue que l'analyse engagée a pour champ d'application
une littérature essentiellement problématique, dont le sta
tut signifiant fait toujours peu ou prou question (1). Dans
les contributions ici réunies sont examinés, selon une
logique d'ensemble, les traits distinctifs — caractères
manifestes et traits structuraux — du discours littéraire
caribéen francophone contemporain. Certes, s'il n'y a plus
lieu aujourd'hui, concernant la création littéraire antillaise
et guyanaise de langue française, de revendiquer une
autonomie désormais largement reconnue, celle-ci, répé
tons-le, n'en demeure pas moins trop souvent incomprise.
Epistémologiques, méthodologiques ou idéologiques, les
embarras de la critique sont encore très lourds. Dans les
(1) Roger Toumson, Le Discours littéraire afro-antillais de langue française,
thèmes, structures, significations, thèse de Doctorat d'État soutenue sous la
direction du Professeur Simon Jeune à l'Université de Bordeaux III, 1984. 104 ROGER TOUMSON
universités européennes, en France, en Italie, en All
emagne, en Angleterre ou en Espagne, mais aussi aux
États-Unis comme ailleurs, en Amérique latine ou encore
au Japon, des chercheurs en nombre croissant s'appli
quent à étudier les modes spécifiques de la production li
ttéraire dans les aires francophones de l'archipel des
Caraïbes. Malgré les efforts soutenus des uns et
autres, y compris des théoriciens et critiques littéraires
locaux au premier chef concernés, un constat de carence
doit encore être toutefois dressé. La théorie adéquate aux
pratiques littéraires du domaine considéré est encore à
venir. L'on s'en impatiente ici ou là, mais à plusieurs
indices il est d'ores et déjà permis de penser que le
moment d'une rationalité herméneutique, propice aux
synthèses systématiques, se fait proche pour qu'advienne
le discours critique approprié qui, dépassant les probl
ématiques obsolètes de type psycho-sociologique ou
ethno-anthropologique, selon la démarche conforme aux
lois générales de la théorie de la littérature, garantisse les
conditions de possibilité d'une poétique ajustée aux ci
rconstances du discours antillais (2) francophone.
Aussi bien le défi à relever est-il double puisqu'il y fau
drait, d'une part, éviter l'écueil des englobements réduc
teurs et, de l'autre, celui des exclusives atomisantes. Une
littérature n'est identifiable qu'aux caractères qui la don
nent pour elle-même dans les conditions de l'historicité
d'une expérience du monde dont elle fait récit. La tâche
de la critique est de connaître les œuvres dans leur irr
éductible singularité. Or il se trouve qu'aucune caractéris
tique générique ne donne accès à leur signification.
Comme toutes les œuvres d'art, les œuvres littéraires ont
une inscription historique. Leur valeur se mesure à l'apt
itude qu'elles acquièrent de révéler l'état d'une société
donnée au moment considéré. « En littérature, nous vou
lons comprendre, et il faut que nous comprenions. Car
(2) Edouard Glissant, « Le Discours antillais », Paris, Seuil, 1981. PROBLÈMES ET PERSPECTIVES 105
l'écrivain est créateur (3). » La littérature et l'histoire ont
des fonctions centrales pour la façon dont les hommes
conçoivent leur identité, dont ils appréhendent leurs rap
ports réciproques et dont ils agissent pour les modifier.
S'interroger sur les relations entre littérature et société
revient nécessairement à s'interroger sur l'usage que font
de leur littérature et de son histoire les membres d'une
société donnée. Les caractères distinctifs sont à trouver,
d'une part, au sens historique, et selon la perspective du
discours littéraire là construit ou reconstruit, dans les par
tages critiques qui s'y effectuent ; d'autre part, dans une
perspective formelle, dans la façon dont les modes d'écri
ture, d'expression et de représentation respectent ou
outrepassent les limites et démarcations des partages cr
itiques institués. Si une littérature ne s'identifie qu'aux
caractères historiques ou critiques qui la spécifient, elle ne
signifie, en tant que telle, que par rapport aux autres litt
ératures, qu'à la mesure de la conscience qu'elle prend de
ce qu'elle a de commun, en tant que littérature, avec les
littératures qui semblent lui être les plus étrangères. La li
ttérature est le lieu commun des symboliques, des imagi
naires et des discours communs aux divers mondes du
réel.
PÉRIODISATION
La littérature caribéenne francophone est aujourd'hui
encore peu ou mal connue. Il ne s'agit pas toutefois d'en
treprendre d'y remédier ici et maintenant en brossant
vaille que vaille un panorama, ni de rendre compte chro
nologiquement des circonstances d'une formation et des
étapes d'une évolution, ni de composer un tableau syst
ématique des occurrences et correspondances idéolo
giques, thématiques ou formelles de ce discours littéraire.
(3) Walter Benjamin, « Les Affinités électives de Goethe », cité dans Rainer
Rochlitz, « L'auto-réflexion de la société dans le médium de l'art », Paris, Magazine
littéraire, Walter Benjamin, « Les découvertes d'un flâneur », n° 408, avril 2002. 106 ROGER TOUMSON
C'est un cadre de réflexion qui est provisoirement dressé,
une analyse schématique y étant esquissée. Puisqu'il le
faut néanmoins — le préalable d'une mise en perspective
selon la visée de l'histoire littéraire étant nécessairement
un « prérequis » de l'état des lieux — , rappelons à grands
traits les étapes du parcours effectué du XIXe siècle au
XXe siècle.
Les Antilles de langue française — Haïti, Guadeloupe,
Martinique, Guyane — accèdent à l'existence littéraire à la
fin du XVIIIe siècle, pendant la période révolutionnaire.
L'importance qu'elles prennent dès lors dans les lettres
françaises ira croissante, sous le Premier Empire, pour
culminer à l'occasion du vaste débat philosophique et
politique suscité par l'abolition de l'esclavage. L'époque
comprise entre 1789 et 1850 voit se constituer la première
formation discursive de la littérature antillaise naissante.
Ces deux dates sont décisives. Elles délimitent la période
où se pose, avec une acuité dramatique, le problème des
rapports instaurés, dans le cadre du système colonial
esclavagiste de plantation et d'habitation, entre maîtres et
esclaves. Au cours du premier tiers du XIXe siècle, la société
créole connaît donc des conflits qui vont en s'aggravant.
Les antagonismes s'exaspèrent jusqu'à ce que le Gouver
nement Provisoire, en 1848, tente de les apaiser par l'abo
lition de l'esclavage. Le système esclavagiste alors s'e
ffondre. Les œuvres les plus marquantes évoluent en
fonction des événements et reflètent ces tensions. Obéis
sant à la commande de l'actualité, poètes et romanciers
créoles prennent rang, pour la plupart d'entre eux, d'écri
vains « engagés ». Défenseurs résolus du système escl

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