Les trois extases
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Extrait de mon roman entre Da Vinci Code et quelques nuances de Grey.

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Publié le 28 février 2015
Nombre de lectures 878
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

1 Le choc est brutal. J’en perds mon iPhone sur lequel j'étais en train de pianoter. Il tombe au sol dans un bruit qui n’a rien de rassurant sur son état. Je viens de tourner à l’angle de la rue et voilà, je me suis jetée la tête la première dans un inconnu plus grand et bien plus fort que moi. J’ai à peine le temps de réaliser que l’homme s’excuse. “Pardon.” Moi qui n’avait d’yeux que pour mon pauvre smartphone dont l’écran tactile est brisé, je relève la tête, intriguée par cette voix, à la fois grave et douce. Et là, j’en perds une deuxième fois mon souffle : un Apollon ! C’est le premier mot qui me vient à l’esprit. Je me sens vraiment stupide de penser àcemot mais je dois dire que cela correspond exactement à l’homme qui se tient devant moi. Je rougis immédiatement. Normal,c’estréellement un Apollon. Il doit être acteur ou mannequin ou quelque chose comme ça ! Je reste là, stupide, bouche ouverte à le regarder, ayant complètement oublié mon téléphone en miettes à mes pieds. Il se baisse pour le ramasser. Je ne vois plus que le haut de son crâne, avec ses cheveux châtains aux belles longues boucles dans lesquelles j’ai envie de passer mes mains. Il se relève lentement. “Je suis vraiment désolé, mademoiselle. Je crois que votre téléphone est hors d’usage.” Oui, continue à me parler. Ah oui, je dois fermer la bouche.
“Mademoiselle ? Vous allez bien ?” Enfin, j’arrive à retrouver le contrôle de mes muscles, je réussis à refermer  difficilement  cette bouche rebelle et je hoche la tête plusieurs fois. Je dois avoir l’air quiche. “Vous êtes certaine ? Vous n’ êtes pas blessée ?” C’est vrai que le choc a été particulièrement rude. Nous nous sommes heurtés à pleine vitesse, moi marchant d’un pas rapide et lui, presque courant. Il regarde sa montre. Stylée. Grande. Il a de la classe. Normal, c’est un mannequin. Dans son grand manteau brun, taillé sembletil sur mesure, il parait sûr de lui, les traits carrés, pas trop fins mais juste ce qu’il faut, avec une toute petite cicatrice au coin du menton. Il m’observe à nouveau. Son regard me fait fondre. Ce n’est pas possible des yeux comme ça. D’un vert profond, ils ont des reflets presque dorés. Oui dorés ! Quand je vais dire ça à Louise, elle ne va pas me croire. “Je dois y aller, j’ai rendezvous. Si vous êtes certaine que tout va bien ?...” “Oui, oui... merci...” j’arrive à peine à murmurer, toujours plus impressionnée par le David que j’ai devant moi que par le choc physique. Il hésite un instant. Il me tend ce qui me reste de mon téléphone. Nos mains se touchent. Je sens un délicieux petit courant qui passe. Qu’estce que c’est que ça ? C’est comme de l’électricité. Lui aussi parait surpris. Il sourit, un peu. Oh, ce sourire... Et soudain, j’ai envie de lui donner mon téléphone. Non pas le truc en mille morceaux que je tiens du bout des doigts. J’ai envie de lui griffonner mon numéro sur un bout de papier et de lui fourrer entre les mains. Appelezmoi quand vous voulez ! Dans ma tête, la lutte commence. Vous savez ? Avec cette petite voix qui vous parle dont on ne sait si c’est notre conscience, notre mental, notre esprit ou notre âme ? Je lui ai donné un nom : Rosie. Pourquoi ? Je ne sais pas... peutêtre parce que j’ai envie de voir la vie en rose. Mais ma Rosie à moi, elle n’est pas de ce style. Elle a un sacré caractère. Tranché. Et nous ne sommes que peu souvent d’accord. La preuve ?
Il est beau, non ? On n’est pas dans un feuilleton américain, ma fille, ressaisistoi.Rosie ! C’est un bel homme, tu ne peux pas le nier. J’attends qu’il ouvre la bouche... pour voir. Mais pendant que je bavarde dans ma tête, lui, il n’attend pas et s’écarte un peu. Après, un petit signe de la main, il fait brusquement demitour et part d’un pas rapide en direction de la vieille ville. Même quand il marche de dos, il est beau ! Ça suffit !me hurle Rosie,reprendstoi un peu. On dirait une midinette.N’empêche, je reste là, idiote à le regarder traverser la toute petite place avec ses platanes et la jolie fontaine qui murmure d’eau fraiche. Il disparait au coin de la rue. Je soupire. Il ne s’est même pas retourné. Je demeure là encore quelques instants, mes restes de téléphone entre les mains. “Impressionnée ?” dit une voix chantante. Je sursaute. Je me retourne et j'aperçois un vieil homme, assis dans l’ombre. Il a dû voir notre brusque “rencontre”. Je fais oui de la tête. “Ah,” ajoutetil avec philosophie, “parfois la vie vous fait goûter à la grâce. C’est fugace mais dieu que c’est bon, non ?” Je m’approche de lui. “Oui mais la grâce, elle est cruelle. Elle oublie que les femmes sont de chair et pas juste des statues ou des tableaux du XVIIe !” Il rit et reprend avec son accent du sudouest. “Je vais vous dire, il faut accepter ce que le hasard de la vie nous donne et nous reprend. C’est comme ça, on n’y peut rien. Pas la peine de se mettre en colère contre elle.” Il se gratte la tête. “Vous n’ êtes pas Albigeoise, vous ?” “Non, pas du tout. Je viens de la région de Lyon” Il a l’air un peu surpris.
“J’étudie à l’université Champollion, ma dernière année en Histoire de l’Art, pour tout vous dire.” “Alors, vous vous y connaissez en chef d’œuvre,” il me dit en clignant de l’œil. “Oui, mais c’est la première fois que j’en voyais un vivant.” 2 “Qu’estce que tu as Emma ?” me demande Louise dès qu’elle me voit poser les clefs de l’appartement que nous partageons. “Rien je t’assure, tout va bien.” “Non, non, non. Je vois bien que tes joues sont encore rouges, tes yeux sont trop brillants.” Eh bien oui en rentrant, elle n’a pas pu s’empêcher de penser à cet étranger digne d'être sculpté par MichelAnge, paraitil... “Non, Louise, je me suis juste cognée à quelqu’un au coin de la place du Patus Crémat.” “Et tu dis ça comme si tu venais de gagner au loto ? Excusemoi mais, à part si c’était un George Clooney, je ne vois pas ce qui te fait sourire comme ça !” “C’était lui...” je souffle à demimots, un petit sourire flottant sur mes lèvres et le regard dans le vague. “Quoi ?” Louise bondit du canapé où elle était en train de lire et vient se planter devant moi. “Emma Beaucaire, j’exige que tu me dises toute la vérité et rien que la vérité ! Immédiatement.” Louise sera un jour une brillante avocate, c’est certain. Mais elle a tendance à faire déborder son côté “plaidoirie” dans sa vie personnelle. “Et si on s’asseyait ?” je lui dis, me rendant compte que soudain j’ai les jambes qui tremblent. “Thé ?” propose la future star du barreau. “Oui.” Je me laisse tomber sur une chaise devant la table de notre salonsalle à manger. C’est une belle table à pieds en bois sculptés et sur lesquels est posé une plaque de verre épaisse, très stylée. Je me débarrasse de mes chaussures qui me font un peu mal pendant que Louise s’affaire dans la cuisine. J’entends déjà l’eau qui bouillonne pendant qu’elle prépare deux tasses avec
deux sachets de Earl grey. Mon thé préféré. Elle me rejoint rapidement avec un plateau et deux tasses fumantes. “Vasy, raconte,” me ditelle toute excitée, “je veux tout savoir. Comment il s’appelle, qu’estce qu’il fait et quand vous allez vous revoir.” “Louise, qu’estce que tu racontes ?” “Non, toi tu racontes !” Je penche un peu la tête sur le côté avant finalement de me décider. “Bon, en rentrant, juste avant, à un coin de la place du Patus Crémat, je suis rentré dans George Clooney, ou du moins dans sa version française. Il s’est excusé poliment et puis il est reparti.” “C’est tout ?” “C’est tout.” “Et ça te met dans cet état ?” Je fais tourner ma cuillère dans ma tasse. “Quel état ?” “Cela fait quatre ans que l’on se connait, d’accord ? Jamais, je ne t’ai vu avec cet éclat dans les yeux même quand Nicolas t’as dit qu’il voulait sortir avec toi... et pourtant tu avais un petit faible pour lui, non ?” Je fronce les sourcils. “Un petit, Louise, un tout petit.” “Oui mais là, on dirait que c’est Nicolas puissance 10 qui vient de t’inviter à diner. Alors, qu’estce que tu me caches, hein ?” Je prends une gorgée de thé brûlant et je repose la tasse un peu plus brutalement que je ne l’aurais voulu. “Mais rien Louise ! Qu’est que tu peux être fouineuse parfois. Arrête de faire ton enquête. On n’est pas au prétoire, ici !” Elle fait la moue. “Emma, tu es sans doute la meilleure chose qui me soit arrivée depuis que je suis tombée dans ce trou perdu qu’est Albi. Je suis très heureuse d’être ton amie et je m’inquiète peutêtre un peu trop pour toi. Mais voilà, je te trouve bien trop innocente parfois. A Paris, la vie est différente, plus speed, plus dure. Ici, on vit dans un cocon mais on ne sait jamais et je ne voudrais pas que
tu fasses de mauvaises rencontres.” Elle boit un peu de son thé. “Tu es gentille Louise. Moi aussi j’apprécie aussi beaucoup de partager cet appartement avec toi. Je t’assure, il n’y a pas à craindre qu’un méchant séducteur parisien me fasse du mal.” Nous rions toutes les deux. “Ma rencontre de ce matin était fortuite, French George est reparti dans son monde et c’est tout. On ne risque pas de se revoir. Le seul souvenir qui me reste, c’est mon iPhone cassé.” “Tant pis. N'empêche qu’à ton âge, il est grand temps que tu te trouves un vrai copain, voire même une relation plus sérieuse.” Elle fait une pause et prend une voix faussement rauque. “Et puis, il est plus que temps que tu te laisses un peu plus aller, tu ne crois pas...” Je rougis et lui lance ma serviette à la tête en riant. “Louise ! Tu ne vas pas recommencer, non ? Tu voudrais que je me jette dans les bras du premier venu ?” Elle penche un peu la tête, une lueur taquine dans les yeux “C’est bien ce que tu as fait ce matin, non ?” “Oh toi !” et je lui lance la première chose qui me tombe sous la main, un exemplaire de Vogue, son magazine favori. (A suivre)
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