À Henri Cazalis - 30 Décembre 1863
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Description

Stéphane MallarméCorrespondance 1862-1871À Henri CazalisTournon, 30 Décembre 1863Mon bon Henri,Je ne veux pas laisser passer le nouvel an, sans te serrer la main. Pardonne à malettre son absurdité qui te permettra de te consoler de sa brièveté. Je suis ...

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Langue Français

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Stéphane Mallarmé Correspondance 1862-1871 À Henri Cazalis
Tournon, 30 Décembre 1863
Mon bon Henri, Je ne veux pas laisser passer le nouvel an, sans te serrer la main. Pardonne à ma lettre son absurdité qui te permettra de te consoler de sa brièveté. Je suis ahuri d'ennuyeux travaux. A peine ai-je fini de clouer des rideaux qu'il me faut donner des Notes, ― fantastiques, ― pour le Lycée qui me laisserait crever de faim, griffonner une trentaine de lettres à des gens que j'ai depuis longtemps négligés, et écrire, pêle-mêle, aux êtres chers. Cesse d'être inquiet, mon Henri. Je vais à merveille maintenant. Le temps est gris et glacial, ici, cela seul me rend maussade. Tournon est sur la route de tous les vents d'Europe : c'est un relais, et leur rendez-vous. Toute l'année, ils s'engouffrent furieusement dans les montagnes resserrées. Parfois, l'azur est æstival, et le vent soleil, tiède et vivifiant à travers les carreaux. Vous sortez, pour vagabonder dans la campagne, mais le vent malin fait mine de vous emporter à quelques lieues de là. Les bœufs sont tous décornés, et très peu de maris ont encore leurs bois. Hier, séduits par cet été lointain, et qui n'est qu'au ciel, nous nous sommes promenés. Nous étions glacés, outre que Marie, impuissante à lutter contre les bourrasques, se cramponnait aux arbres des chemins. Et personne à voir ! Tu sais, du reste, que je suis difficile et que des gens qu'Emmanuel trouve charmants, en province, me dégoûtent. ― Adieu, mon bon Henri. Ah ! que nous aussi nous regrettons le temps perdu, vilain qui nous as si peu vus ! Nous t'embrassons beaucoup, pour tes étrennes, et te souhaitons peu de bonheur, ― Il faut être lâche pour être heureux, ― et beaucoup de marrons glacés. A bientôt une lettre moins jourdelanesque, et qui soit digne de ta précédente, si adorable ! Ton
STÉPHANE
Marie est devenue rose et grasse. Ne la vois plus jaune.
[1] J'oubliais de te parler des papiers de mariage. Mon grand-père est aux cents-coups. Que ne m'as-tu écrit, dès que tu l'as reçu ? Je t'aurais envoyé des écus. Plus tard, je n'en avais plus, moi-même. Sérieusement, cela est grave. Je te prie en grâce, réponds-moi ""courrier par courrier"" ce qu'on te demande, que je te l'envoie. Outre que mon grand-père ne nous considère pas comme mariés tant que cela n'est pas finis ― ce qui est déplorable ― les formalités vont devenir beaucoup plus nombreuses et difficiles, parce que le délai des ""trois mois qui suivent la rentrée en France" est expiré. N'oublie pas cela, je t'en prie. Je t'embrasse encore, STÉPHANE
1. ↑Mallarmé avait entrepris de faire valider en France son mariage à Londres, dont ses grands-parents Desmolins avaient reconnu la légalité.
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