Quand tu dors à que rêves-tu, Toi, leur seule et chère espérance ? À laquelle, ô cœur combattu, T’arrêtes-tu de préférence ? Est-ce à celle qui dort toujours Dans le cercueil au cimetière, Ame naïve et sans détours Dont tu méprisas la prière ? À celle qui ne dort jamais, Par la passion dévorée, Qui crut un jour que tu l’aimais Quand tu ne l’avais qu’admirée ? À celle qui dort près de toi Et, telle qu’une souveraine, Te sourit sans savoir pourquoi, Belle, indifférente et sereine ?
L’une, hélas ! fleur qui, pour s’ouvrir, Eût eu besoin d’une caresse, Loin de toi, n’a su que mourir Afin de prouver sa tendresse.
L’autre combat avec la mort, Ferme encor quoique exténuée, Pour te préserver du remord De te dire : « Je l’ai tuée ! »
À laquelle ?
La troisième, sans s’en douter, Cueille le fruit de tant de larmes. Oh ! celle-là, pour te dompter, Dis-moi, quelles sont donc ses armes ?
Quand autour de toi tout s’est tu,
Quand le foyer n’a plus de flamme, Quelle voix parle dans ton âme ? Quand tu dors à qui rêves-tu ?