Dusses-tu me punir de rompre la première Le serment imprudent qui fit pleurer l’amour ; Dusses-tu repousser l’invincible retour Qui ramène vers toi mon âme tout entière ; Cette raison cruelle, où se cache l’orgueil, M’adéjà coûté tant de larmes ! Va! la souffrance est un écueil Oùviennent se briser ses armes.
Et toi, le tiendras-tu ce funeste serment ? L’avons-nous prononcé ? . . . je m’en souviens à peine ; Ce n’est pas nous ! Sais-tu qui fit notre tourment ? C’est l’orgueil : il sépare, il ressemble à la haine. Lequel aurait pu dire, adieu, sans quelques pleurs ? Hélas ! lorsque, entraînés vers les mêmes rivages, Deux ruisseaux sont unis, forcent-ils les orages À diviser leurs flots parés des mêmes fleurs ? Si quelque main, contraire à leur pente chérie, Forçait l’un à couler vers un autre séjour, La plus faible moitié serait bientôt tarie, Et l’autre, en murmurant, sécherait à son tour.
Leurs limpides destins furent notre partage ; J’y revois nos amours comme au fond d’un miroir : Où sont tes yeux, ma vie ? . . . ah ! quand je peux les voir, Ilsm’en disent bien davantage !