Elle est morte Platthis, morte la bonne vieille Qui, tout le long des jours anciens et des nouveaux A filé, dévidé, roulé les écheveaux De laine blanche dont débordait sa corbeille.
Si parfois s’inclinait la tête qui sommeille, Les doigts de la fileuse actifs et sans rivaux D’un geste inconscient poursuivaient leurs travaux ; Seule la Mort a pu mettre un terme à sa veille.
À peine fut trouvée en son pauvre taudis L’obole qui, glissée aux doigts enfin roidis, Paya le dur nocher de la dernière barque ;
Et Platthis a franchi le fleuve aux sombres eaux, Curieuse de voir si, mieux qu’elle, la Parque Savait tordre le fil et tourner les fuseaux.