Le Feu (Les Médailles d’argile)
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Description

Henri de Régnier
Les Médailles d’argile : poèmes
eSociété du Mercure de France, 1903 (4 éd.) (pp. 20-21).
LE FEU
Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons.
Il est trop tard ...

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Extrait

Henri de Régnier Les Médailles d’argile : poèmes e Société du Mercure de France, 1903 (4éd.) (pp.20-21).
Rentre. Je ne vois plus ton visage. Rentrons. Il est trop tard déjà pour s’asseoir au perron Où la mousse est humide et la pierre mouillée. La serrure tend à nos mains sa clef rouillée ; La porte s’ouvrira toute grande pour nous Avec un bruit d’accueil que le soir fait plus doux ; Plus tard le gond rétif et le loquet rebelle Grinceraient, car toute demeure garde en elle, Taciturne, invisible et qui vit en secret, Une âme que l’on blesse ou que l’on satisfait. Obéis à son ordre et cède. Sois pieuse A cette âme éloquente, humble et mystérieuse Qui t’appelle. Sais-tu si quelque esprit divin N’habite pas la pierre où se tourmente en vain Son angoisse ? Es-tu sûr qu’il ne vive Plus rien de l’arbre dans la poutre et la solive Qui craquent sourdement et semblent s’étirer ?
Quelqu’un t’attend dans l’ombre et te regarde entrer. Va vers lui. L’âtre clair ébauche dans son rire Équivoque le masque à demi d’un Satyre Qui se crispe, s’efface et soudain reparaît. Ce tison rouge, c’est sa bouche qui rirait ; Cette flamme lui mit aux tempes deux oreilles ; La bûche chante avec un bruit rauque d’abeilles Et le feu tour à tour gronde et murmure et tord Des pampres embrasés autour des cornes d’or. La figure sylvestre, indécise et camuse Tour à tour se recule et tour à tour s’accuse. La voici qui s’éteint, la voici qui décroît Et qu’il n’en reste plus, éparse devant toi, Qu’un peu de cendre grise où rougeoie une braise ; Les abeilles ont fui et la ruche s’apaise, Mais si tu veux revoir le masque qui t’a ri Et que l’essaim bourdonne innombrable, il suffit, Pour les faire sortir de la flamme nouvelle, De jeter à la cendre où couve l’étincelle, Une à une, dans l’âtre, en offrande au Sylvain, Des écorces de hêtre et des pommes de pin.
LE FEU
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