Théophile Gautier — Premières PoésiesLe Marais À MON AMI ARMAND E***.Ainsi près d’un marais on contemple volerMille oiseaux peinturés…AMADIS JAMYN.En chasse, et chasse heureuse !ALFRED DE MUSSET. C’est un ...
Ainsi près d’un marais on contemple voler Mille oiseaux peinturés… AMADIS JAMYN. En chasse, et chasse heureuse ! ALFREDDEMUSSET.
C’estun marais dont l’eau dormante Croupit,couverte d’une mante Parles nénuphars et les joncs : Chaquebruit sous leurs nappes glauques Faitau chœur des grenouilles rauques Exécutermille plongeons ;
Labécassine noire et grise Yvole quand souffle la bise Denovembre aux matins glacés ; Souvent,du haut des sombres nues, Pluviers,vanneaux, courlis et grues Ytombent, d’un long vol lassés.
Sousles lentilles d’eau qui rampent, Lescanards sauvages y trempent Leurscous de saphir glacés d’or ; Lasarcelle a l’aube s’y baigne, Et,quand le crépuscule règne, S’ypose entre deux joncs, et dort.
Lacigogne dont le bec claque, L’œiltourné vers le ciel opaque, Attendlà l’instant du départ, Etle héron aux jambes grêles, Lustrantles plumes de ses ailes, Ytraîne sa vie à l’écart.
Ami,quand la brume d’automne Étendson voile monotone Surle front obscurci des cieux, Quandà la ville tout sommeille Etqu’à peine le jour s’éveille Àl’horizon silencieux,
Toidont le plomb à l’hirondelle Toujoursporte une mort fidèle, Toiqui jamais à trente pas N’asmanqué le lièvre rapide, Ami,toi, chasseur intrépide, Qu’unlong chemin n’arrête pas,
AvecRasko, ton chien, qui saute Àta suite dans l’herbe haute, Avecton bon fusil bronzé, Tablouse et tout ton équipage, Vienst’y cacher près du rivage, Derrièreun tronc d’arbre brisé.
Tachasse sera meurtrière ; Auxmailles de ta carnassière Biendes pieds d’oiseaux passeront, Ettu reviendras de bonne heure, Avantle soir, en ta demeure, Lajoie au cœur, l’orgueil au front.