Lettre de Chapelle écrite de La Bourdaisière
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Œuvres de Chapelle et de BachaumontLettre écrite de La BourdaisièreChapelleLETTREÉcrite de La Bourdaisière,meoù M de Pelissari l’avoit amené de Véret, et où il avoitmequitté M de Valentiné, à laquelle il adresse cette Lettre.Madame, qu’il m’a coûté cherCet adieu sur le bord du Cher,Dont l’indifférente manièreNe me put lors jamais ...

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Extrait

Œuvres de Chapelle et de Bachaumont Lettre écrite de La Bourdaisière Chapelle
LETTRE Écrite de La Bourdaisière, me où Mde Pelissari l’avoit amené de Véret, et où il avoit me quitté Mde Valentiné, à laquelle il adresse cette Lettre.
Madame, qu’il m’a coûté cher Cet adieu sur le bord du Cher, Dont l’indifférente manière Ne me put lors jamais cacher Combien j’avois à me fâcher Contre ma bonté coutumière, Qui me fait toujours relâcher Si vite à la moindre prière ! L’heure que, trop aimable et fière, Je vous vis brusquement marcher Et passer, sans moi, la rivière, Devoit bien être ma dernière. Si j’ai su me le reprocher, J’en prends à témoin la lumière De l’astre qui me vit coucher Et passer la nuit tout entière, Sans pouvoir jamais attacher Sur mes yeux mouillés ma paupière. Non, ce n’a point été le bruit De cent et cent tailleurs de pierre, Ni l’abbé, dont le nez au lit Gronde plus qu’au ciel le tonnerre ; Bien moins encor tout ce qu’on dit De Brandebourg, qui vient grand’erre, Ni du Suédois, qui le suit, Qui m’a tourmenté cette nuit, Et fait bien plus mortelle guerre Qu’ils ne feront, et qu’on ne fit Jamais ni sur mer ni sur terre.
Ah, nuit de tristesse et d’ennui ! Croirai-je que cet aujourd’hui Ne me soit pas encore pire, Et que je n’aie point ce soir Cette horrible réponse à lire ? Pourquoi donc tout ce désespoir, Seigneur Chapelle, ou bien beau sire ? Vous avez fait votre devoir ; Personne n’y trouve à redire.
Si cela m’arrive, en ce cas Que faire, malheureux ? Hélas ! Quel secours, quel autre remède Pourrai-je appeler à mon aide, Qu’un soudain et fameux trépas ? Desespéré, n’irai-je pas, Sur-le-champ et d’un même pas, Chercher quelque affreux promontoire, Et de son plus fier haut-en-bas Me précipiter dans la Loire, Pour me sauver entre ses bras ?
Sur une roche âpre et sauvage
Ici près un saint hermitage M’en offre un, propre à mon désir. Le plus déterminé courage Ne peut, sans d’horreur se saisir, Regarder le plus bas étage. La Loire, le vent et l’orage L’ont vu, depuis le premier âge, De mousse et d’écume moisir, Plutôt que céder à leur rage. À tout désespéré bien sage Il semblera fait à plaisir, Et son nom d’un heureux présage S’accorde à mon fervent désir D’obtenir des flots l’avantage D’être poussé juste au rivage Que vous avez daigné choisir Pour y recevoir leur hommage.
Mais, comme ce fleuve abandonne (Et, qui pis est, surtout l’automne) Les plus beaux et charmants endroits, J’ai, ma foi, peur, et je soupçonne Qu’un quiproquo, dont je frissonne, Pourroit bien, sans ordre et sans choix, Contre le droit, contre les lois, Qu’en pareil cas l’amour ordonne, Exposer mes os nus et froids Quelque part aux Sables d’Olonne, Plus loin même, au bordiroquois ; Où, pour une seconde fois, Manquant votre aimable présence, Je me redésespérerois. Votre Loire est un peu brouillonne ; Et, franchement, je ne saurois L’espérer si sûre et si bonne Que la mer le fut autrefois Pour Céix envers Alcione.
Craignant donc la rive inconnue, Il me vaut mieux prendre un bateau, Et, plutôt dessus que sous l’eau, Gagner la charmante avenue Qui mène au superbe château, Dont sur un riche et doux coteau Cent tours blanchissent dans la nue. Là, sitôt que j’aurai lié 1 Ma gribanneau plus prochain havre, Me traînant doucement à pié, J’irai vous faire autant pitié Et pas si peur que mon cadavre.
1. Lagribanne estun petit bâtiment de mer portant depuis trente jusqu’à soixante tonneaux, et garni d’un mât avec son hunier, d’une misaine et d’un beaupré. (S.-Marc.)
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