Armand d’Artois Paysages d’août Le Parnasse contemporain : Recueil de vers nouveaux, Alphonse Lemerre (Slatkine Reprints), 1876 (1971) (pp. 3-3).
ARMAND D’ARTOIS
PAYSAGE D’AOÛT SONNET
Aux rayons de l’ardent soleil de thermidor, Sous le riche manteau de ses moissons, la plaine Semble assoupie, ainsi qu’une génisse pleine Que son labeur épuise et fait souffrir encor.
Aucun oiseau dans l’air pesant ne prend l’essor ; Seuls, planent ça et là de blancs flocons de laine. Un zéphyre léger et doux comme une haleine Fait onduler les champs d’orge et de seigle d’or.
Tout se tait, si ce n’est une rauque cigale Qui jette, à temps égaux, une note inégale Parmi le froissement joyeux des épis mûrs.
Soudain un cri perçant a réveillé l’espace… Et sombre avant-coureur des orages futurs, Noir, au milieu du ciel vermeil, un corbeau passe.