Frédéric Plessis—Le Parnasse contemporain, II Somnolence
Des vases blancs et bleus sur leurs tiges dorées, Droits, et fiers de la pourpre exotique des fleurs ; Une lampe d’albâtre avivant ses pâleurs, Clair de lune neigeux et calme des soirées ;
Des panneaux, où la main féminine agrafa Sur le satin, lamé d’or et d’argent, des armes ; Un sachet, exhalant la fleur des anciens charmes Dans l’ondulation soyeuse du sopha ;
Un miroir de Venise ; et sur la table frêle, Bois d’ébène incrusté de nacre qui reluit Aux rougeurs des tisons expirant dans la nuit, Une théière, un livre ouvert, une aquarelle ;
Peint de chaudes couleurs, un vitrail pressenti Derrière les plis blancs d’un long rideau qui traîne ; Ton sourire partout, solitude sereine ! C’est là ce que je veux connaître, anéanti.
Je goûterai, plongeur revenu des vertiges, À flots d’or l’onction chaleureuse des soirs, Évoquant dans les lourds parfums des encensoirs Mon Rêve sans couleur, sans forme et sans prestiges.