Le gel a flétri les rameaux Des érables et des ormeaux De nos bocages. Un frisson de mort a passé. Et le vent fauve et courroucé Tord les branchages
Au creux des sillons assoupis On ne voit plus tomber d’épis. Les nids sont vides ; Et les tyroliens ailés Quittent nos climats désolés Pour les Florides.
Un froid linceul voile les cieux. Son aspect sombre et soucieux Angoisse l’âme. Tout est morne, onde, champ, forêt. Et le soleil comme à regret Donne sa flamme.
Tout semble tressaillir d’effroi. La voix des cloches dans l’air froid Est sourde et fausse ; Et la feuille tombe des bois Comme un pleur de l’œil aux abois Sur une fosse.
Adieu les chansons du flot bleu ! Adieu les couchants d’or ! Adieu Les matins roses ! Adieu l’enivrant gazouillis De la brise dans les taillis ! Adieu les roses !
Plus de fleurs ! plus de chants d’oiseau ! Au fond du ravin le ruisseau Écume et tonne. Novembre est venu nous glacer. Et dans mon cœur je sens passer Le vent d’automne.