The Project Gutenberg EBook of Robert Burns, by Auguste Angellier This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org Title: Robert Burns Vol. II., Les Oeuvres Author: Auguste Angellier Release Date: December 8, 2008 [EBook #27451] Language: French Character set encoding: ISO-8859-1 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ROBERT BURNS *** Produced by Robert Connal, Christine P. Travers and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) Noteaulecteurdeceifchierdigtial: Seulesleserreursclariementintroduitesparletypographeontétécoirrgées. AUGUSTE ANGELLIER DOCTEUR ÈS LETTRES, PROFESSEUR À L'UNIVERSITÉ DE LILLE. ROBERT BURNS II LES ŒUVRES PARIS, HACHETTEET Cie. 1893. INTRODUCTION. Ons'étonnerapeut-êtredenetrouve,rdanslespagesquisuiven,taucunaperçusurlaformationdugéniedeBurns, aucunessaipourmontrerdequelsélémentsilsecompose,quellepartenrevientàlarace,aucilma,tauxhabitudesde vie.C'estdeparit-pirsquenousnoussommesinterdittoutetentaitvedecegenre.Nousconcevonsuneétudeaussi préciseetaussipousséequli'estpossibledelafairedescaractères,deslimites,delaforced'ungénie,ou,pourmieux dire,desesmanifestaitonsextérieures.Nousconcevonsaussiqu'onessayededéterminerlesconditionsdanslesquelles le génie s'est exercé. Quant au génie lui-même, à sa formation et à ses causes profondes, nous croyons que vouloir l'expliquer est une tentative au-delà de nos pouvoirs d'analyse. Ce n'est pas qu'on ne puisse supposer avec vraisemblance quelaraceaitunepartdanslaformationdugénie,etquelemiileu,etlemomen,tsi'lonveut,aientunepartdanslaforme desesœuvres.C'estlàunaxiomephliosophiquequ'onnepeutguèrediscuter.Maisdèsqu'onsortdecetteaffirmaiton générale,onestdansd'inextricablesdififcutlés.Quidira,eneffe,tcequirevientàlarace,sitantestqui'lyaitdesraces dans nos mondes mélangés et que les races aient un génie? Qui dira, chose peut-être plus importante, ce qui revient à uneallianceuniquedetempéraments,rapprochésàunmomentunique,etproduisantdeleurunionunecombinaison supéireureàeux?Quidiracequirevientàdesimpressionsd'enfance,innombrables,impercepitbles,ignorées,àdes accidentsdeconversaiton,àl'harmoniedel'entourageouauxréacitonscontreunentourageimpropice?Quidirales mlliiersdi'nfluencesdont'lénuméraiton,sielleétaitpossible,n'élucideraitencoreiren,maisdontlarencontre,lenœud,en des proportions inappréciables, ont contribué à former un esprit? Ce sont là d'indéchiffrables problèmes dont la complexitéesteffrayanteetdécourageante. Cetteétude,siellepouvaitêtrefaite,aulieud'êtreunegénérailsaitonetl'applicationd'uneformule,seraitlaplus particulière, la plus minutieuse qu'on puisse imaginer. Ce serait d'abord la possession indiscutable de tous les éléments ethniquesquisontentrésdanslacomposiitond'unhomme,etceseraitensuitelerelevé,jourparjour,desimpressions, fournies par la nature, les livres et la vie, qui ont pu agir sur lui. Ce serait une suite de monographies individuelles, travaliléesavecladernièreexactitudeetpousséesdanslesderniersdétails.Maisvouloirexpilquercesélaborations obscuresetincalculablesaumoyendequelquesafifrmaitonssimples,noncontrôlées,c'estrecommence,rpourleschoses mystéireusesdel'âme,lesexplicaitonsenfanitnesetsommairesquelessauvagesdonnentdesphénomènesphysiques. C'est'létatd'espirtleplusinscienitifquequ'onpuisseimaginer.C'est,àlafacedeschoses,unexercicevain,incertainet stérile. lIn'yapasd'étudeoùlifailleplussoigneusementsegarderdecettetendancepélirleusequecelledelalittérature anglaise.Unvigoureuxesprit,quisembleavoirététoutesavieprisonnierd'unedecessoluitonstropsimplesqu'on acceptedanslajeunesse,l'apendantlongtempsdominée.Nousdésironspalrerdeluiavectouteladéférencedueàson méirteetàsonlabeu.rÀcerespects'ajoutepournousunsentimentdegraittude,carc'estluiqui,parl'éclatdesespages, nous a conduit vers l'étude de la littérature anglaise. Sans doute, la même reconnaissance lui est due par plus d'un homme denotregénéraiton.Sonlivreaétécommeunefanfare,undrapeaudéployé,quionttournédececôtélesregards,excité lesenthousiasmesetleszèles.Mais,enfacedecegrandservice,ilestimpossibledenepasreconnaîtrequi'lafausséet, pourainsidire,obstrué,écrasél'étudedesœuvresilttérairesanglaises.Car,s'liestdifficliederésisterd'abordà 'lassurancedesesjugementsetà'lautoritédesonnom,onnetardepas,enyregardantdeplusprès,etlorsquel'habitude aengendrélafamiilarité,àvoirapparaîtrelesunsaprèslesautreslesfaiblessesdesonœuvreetlesdangersdeson système. Ilestinuitledi'nsistersurlesinexactitudesmatéirellesquiontfournilesmatériauxdetoutl'édiifce.Laconception histoirquedumélangedesdifférentesracesdelaGrande-Bretagneestdefondencombleincomplèteetfausse.Ce mélange est beaucoup plus compliqué qu'on ne semble le penser; la Grande-Bretagne est une cuve où ont été brassés ensembleetamalgamésvingtpeuplesdontquelques-unsrestentmystéireu[1]emtné'élsietutqce'lneructdestdelionaL. plus admise. On est disposé au contraire à en reconnaître la persistance et l'importanc[2],lesuo,sac.tnEaiouesllalrnCo PaysdeGalles,'lÉcosseetlI'lrandesontdesréservoirsassezrichesdesanggauloispouravoirfourniunelongue inliftraiton,etdesdistrictsassezpauvrespourquececourantsesoitétabilparl'attraitdesrégionsplusirchesetdesvilles. Aussi M. Matthew Arnold a pu soutenir, avec autrement de preuves et de vraisemblance, que la partie idéale et légère de lapoésieanglaiseestdueà'lespritgaulois.Lareprésentaitondumilieuphysiqueestinexacte.C'estunexerciceilttéraire, 'lamplificationd'unephrasedegéographeancienquisereprésenterai,tparouï-dire,unelîefabuleuse,jenesaisquelle vagueetlointaineCassitéirde,perdueauloinquelquepart,auxconfinsdumonde,dansdesbrumesetdesnuées.Mais 'lAngleterren'estpasunrocmoroseenveloppéd'unéternelbrouillard.C'estunecontréefertlie,grasse,heureuseet plantureuse autant que les Flandres ou la Normandie, et plus variée. Les terrains, cet élément si important d'un paysage, d'oùdépendtoutàfaitsanuanceetenpartiesatempérature,ysontdivers.Elleasessitesgais,légersdeilgnes,clairs decouleurs,tournésausoleiletréjouisparlui.Li'déed'unmilieucommunestunepureabstraction.Dansuneétendueun peuvastedepays,surtoutdansnoslaittudestempérées,lin'yapasunmilieu,liyenadescentainesquidiffèrentà quelquesileuesdedistance.Unreversd'unechaînedecolilnesn'estpaslemêmemilieuquelereversopposé.O,rpour étudier'linfluenced'unpayssurunhomme,ilnefautpasfaireunemoyennemétéorologiqueentredeslimitesd'unepure expressiongéographique,ilfautconnatîreinitmementlesdixileuescarréesoùliavécu.Demêmeiln'yapasunmiileu mora,lilyenaàl'infini.Telenfantestélevédansunevlliedeprovincecommeilyacentans;telautredansunvillagede montagne ou de côte comme il y a trois cents ans; tel autre, abandonné, mène, dans les bas fonds des grandes villes, une existence de rapines comme en vie sauvage. Les états de civilisation où grandissent ces jeunes êtres sont séparés par descentainesd'années;lisnesontpascontemporains.Làencorechaquecasestàétudieràpar.tEnfinilestinulitede relever,dansledétai,ltantdenégligencesetdedistorsionsdefaits,aumoyendesquelles,enomettanticicequiest important,engrossissantlàcequine'lestpas,enétablissantdespointsdecomparaisonégalementdéfiguréset déformés, on obtient une apparence de logique. Ondirapeut-êtrequecenesontlàquedeserreursmatéirellesquiruinentl'appilcaitondusystèmesurunpointdonné.Il sepourraitquelescadresenrestassentsoildesetque,mieuxremplis,lisfussentcapablesdevérité.Maiscequi'lyade plusgrave,c'estque,dansquelquesconditionsqu'ilfûtappliqué,cesystèmeétaitcondamnéà'lavance,parcequela conception même en est radicalement défectueuse. L'idéederacepure,surlaquellereposetout'lédiifce,estlfottante,peusolideetcontroversée.Maisalorsmêmequ'elle auraitquelquechosed'exactpourlephysique,ellenepeutavoiraucunesoilditépourlemora.lEtcelapourdeuxraisons. D'abordparcequeirenneprouvequequelquesdifférencesdanslescaractèrescorporels,sifaiblesd'ailleursetsi superifcielles,lacourbed'unnez,lacouleurdesyeuxoudescheveux,entraînentdesdifférencesetdesdifférences capitalesdanslerégimeintellectuel.Ensuite,parcequelapsychologiedesracesestencoreplusproblématique.lIne sufiftpasd'appliquerquelquesadjectifsvaguesàquelquesdénominaitonsethnologiquespourobtenir'lâmed'unefraction del'humanité.Cettepsychologiesembled'ailleursimpossibleàétabil.rIln'yapasdecommunemesuredansles jugements moraux réciproques des races les unes sur les autres. Le jugement tombe autant sur celui qui juge que sur celui quiestjugé.L'excèsquejetrouveàquelquechosepeutn'êtrequ'unedéclaraitondemoninsuffisancesurcepointl-à.Le trop et le trop peu, qui sont au fond de toute appréciation, peuvent être un verdict sur moi plus que sur celui que je vise. Il n'yapourdeparelliessentencesaucuneéchelle,etàceconlfitaucunarbitrage.Detellesdécisionspeuventalimenterdes habitudes,dessatisfactionsd'espirt;ellesailmententdespréjugés,leplussouvent.C'estunsystèmequidétruitson appilcation;car,sitouthommeestlerésutlatd'unensemble,lecriitquequiprétend'lapprécierestunrésultatpareil.Ses appréciaitonsmanifestentavanttoutsonétatd'âme.Lafaçondontilvoitlesautresnedonneenréalitéderenseignements quesurlui-même.Ildéifnitparsesavissamanièredecomprendre.Nousnenousdissimulonspasquecettedififcutlé atteinttouteespècedecirtique,maisavecdeseffetsdivers.Ellepassesanslablesseràtraverslaciritquequisaitet avouequ'ellen'estqu'uneprédilecitonmoblie,ondoyante,unsystèmedepréférencesindividuelles,groupéesautourde certainesfacultésetsanscessemodiiféesparleschangementsquel'âgeapporte.Enrevancheelleanéanitttouteciritque quiprétendêtrescientiifque.Elledésorganiselacritiquequisi'ngénieàtrouverdescontrastes,desdissemblances,à marquerdesilmites,ànoterlesnuancesdegoû,tcequenousappellerionsvolontierslacritiquedifférenitelle.Dansles appréciationsd'œuvresétrangères,cegenredeciritqueconduitàdesécartsmonstrueuxetàdesconclusionsquin'ont pasdesens.C'estpourquoi,danslaviecommedanslalecture,notreeffortdoitseporteràcomprendrelefondscommun. Jusqu'oùvanotreadmiraiton,notreintelilgenceet,pourainsiparle,rnotrecoïncidenceavecunespri,tjusquel-ànous pouvonsaller:au-delà,lin'yaplusqu'obscuirté,contre-sensetparolesen'lai.r Enifnn'est-ilpasapparentqu'ilyaunecontradictionentretouteformulegénéraleetli'déedugénie?Lasciencen'a encoreexpilqué,niparlarace,niparlemiileu,niparlemomentl,esindividusd'uneextraordinairepuissancemusculaire. Encore moins est-elle capable de le faire pour ceux d'une extraordinaire capacité cérébrale. Ce qui constitue le génie est lapartd'excepitonetdephénomène.Ilya,dansceshommesraresouuniques,uneanomalie,unemonstruositéqui dépasse les conditions ordinaires ou en dévie. L'étude des génies, au lieu de fournir une loi générale, donnerait bien plutôt matièreàunesortedetératologieintellectuelle.Elleseraituneséiredecasparticuliers.Cetteétudeseraitpourchaque cas,trèsminutieuse,etcommenousledisionsplushau,telleserait'lenregistrementdetouslesrésultats,detoutesles inlfuencesdelaviedelanatureetdecettevieuniverselleetséculaireconservéedansleslivres.Réussît-onàlesnoter toutes,onn'auraitencorequeledénombrementmortetleseccataloguedesélémentsquiontforméunespirt,mais nullementleuraction.Carc'estdeleurrencontrequli'estsorit,etdeleurrencontreàli'nstantoùellesétaientencertaines proportionsetencertaineactivitéchacunevis-à-visdetoutes,enuncertainéquiilbrequin'aexistéqu'unefois.Sion demandaitàunsavantderendrecomptedescausesquiontdonnéàungraindeblésaformeparitcuilère,sagrosseu,r sonpoids,saphysionomiepropre,entredesmlilionsdegrainsdeblé,neluiimposerait-onpasunproblèmeinsoluble? Lesplusbellesgénérailsaitonsnepeuventdonnerquedesmoyennes;or,expliquerunobjetquimarquel'extrémitéd'une moyenne,parlamoyennemêmequ'lisertàforme,rc'estuncerclevicieux. Enoutre,n'est-cepasméconnatîre'lagenltepluspuissantpeut-êtredeformationdesâmesqued'ignorertoutcetrava,li purementaccidentel,différentpourchaquehomme,defécondaitonintellectuelle,quisefaitparlalectureoula conversation.Ilya,dansletransportdesidées,desfécondaitonsparelliesàcellesdontlesinsectessontlesouvriers lorsqu'ilsdéposentlepollendecertaineslfeurssurd'autreslfeursetcausentdescroisements.Onamalexpliquépar quellesecrèteaffinitéunepeupladegermaniques'estnourire,jusqu'àenfairelamoelledesesos,desrêvesd'unetribu sémitique,ensortequebeaucoupd'âmesanglaisesactuellessontunmélanged'âmesaxonneetd'âmehébraïque.Mais de pareils échanges sont incalculables pour les individus. Tel enfant qui, dans un grenier obscur, sous un ciel brumeux, aura émerveillé sa jeune âme desneuetellMiNiustimagndereinail'entouàcequicéahppe,lnsmoeitaldaéetiérn.ervlI quiaétédéposéenlui.Bienplus,cesalentoursmaussadespeuventêtreuneraisonpourqui'ls'enfonceets'enferme davantagedanscemilieuintéireu.rEntouscas,lesobjetsqui'lenveloppentserontirrémédiablementdéformésetpeut-êtren'enprendra-ti-lquecequipeuts'adapteràlavisionqu'liaenlui.Enréailté,i'lnteillgencedecetenfantauraété fécondéeparuneintelilgenceorientale.L'âmedeKeats,quipeut-êtreétaitelle-mêmeleproduitd'unmélangedesangset semblen'avoiréténullementsaxonne,nes'est-ellepasenivréedebeautégrecqueetnefut-ellepointpaïenne?Ilyaainsi deconitnuelsphénomènesdecroisementsintellectuels,dontlescondiitons,letravalietlesrésultatsnoussontignorés; cessemencespeuventvenirdelieuxdiversetopposés,sesuperpose,rfermente,ragirensemble,secombinerenun produitàchaquefoisunique.Ellessontinnombrables;leurscombinaisonsavecdesâmesinifniesd'oirgineetd'essences infinimentdiversesmulitplientcetincalculableparunautreincalculable.Quellegénéralisationpeuts'aventurerdansce mystère?Etquelaveuglementdeprétendrelerésoudrepourdesespirtsdejadisquandnousignorons'lhistoireintérieure desespirtsaveclesquelsnousvivons,lesplusprochesdenous,deceuxmêmequinoussonltepluschers! Ilconvientd'ajouter,dureste,quecettestructureportelamarqued'unétatd'espirtdéjàdisparu:lafoiauxsolutions simplementmécaniquesdumatériailsmeconçusoussaformelapluspauvre.Elledated'unmomentoùilsemblequ'onait plutôt employé les termes que compris les procédés de la science. C'est le même genre de science dont un romancier contemporain a cru faire usage. Cet état d'esprit est maintenant abandonné, non seulement parce qu'on estime que certainesquestionsnesontpasencoreatteintesparlascience,bienqu'ellespuissent'lêtreunjour,maisencoreetsurtout parce qu'on a une idée plus exacte des exigences de la science elle-même. Ilnepouvaitdoncyavoirirendescientiifquedanscetessai.Ilpouvaits'ytrouvertoutauplusunereconsittuitonde certainesâmesoudecertainesépoques,appuyéesurlaconnaissancedesdébirslaissésparlestempsdisparus,qui sontlesélémentsdetoutereconstructionmatérielle;interprétéepar'lexpéirencedelavie,quiestlesoutiendetoute reconstrucitonmorale;nourireparlaconvicitond'uneressemblancedecertainssentimentscommunsàtraversdes siècles,quiestlaseulesourceoùnouspuisions,paranalogie,lasympathieetl'intelligencedeshommesanéanits.La preuveenestquelespagesquiontconservéleurvaleu,rdansleremarquableouvrageauquelnousfaisonsallusion,sont despagesdereconstituitonpittoresqueoumorale,pittoresqueleplussouvent.C'estsimplementlamiseenœuvrede renseignementscomplétéspardesconjecturespersonnellesouparlalogiqueadmisedecertainespassions,travali purementdramaitqueetartistiquet,ravaildetoutpointsemblableàceluid'unpeintrequiachèveunemosaïquedontilrelie les fragments. En d'autres termes, ce sont des tableaux, des descriptions et des commentaires. Encore ces pages seraient-ellesplusvraies,plusdignesdefoi,pluscomplètesetsurtoutplushumaines,si,auileud'êtretorduesetétirées parunearrière-pensée,elless'étaientsimplementmodeléessurlaréalitéetn'avaienteud'autreprétenitonqued'être descriptives.Enifndecompte,lesystèmeaaboutiàquelquespassagesdecirtiquelittérairequieussentmieuxétéécrits sans lui. Etceciesthorsdedoute,ca,rmêmeàcepointdevueplusétroit,cetteméthodeestpleinedi'nconvénients.Elle appauvirtlacirtique,etpourdeuxraisonsbienmanifestes.Ellelaissedansl'ombrelescaractèreslargementhumains, cathoilques,desœuvresd'ar;telleoubilelefondsdepassionscommunes,iléesàl'indestructiblepermanencedes instincts:amour,jalousie,dévouementmaternel,haine,ambiiton,quisontlamatièredesilttératures,pourneretenirqueles modeslocauxdanslesquelsellessemanifesten,tetquelquefoislesmoyensd'action.UnFrançaisqui,parjalousie,tue unefemme,àcoupsderevolve,rdansunfaubourgdePairs,estàpeuprèsdanslemêmeétatd'âmequ'unArabequien tueune,àcoupsdepoignard,dansuneruelledeBiskra.lIimportepeuque'lunaitunvestonetl'autreunburnous.L'orage intérieuraétélemême;s'lispouvaientexpilquercequli'sontéprouvé,lestracésdeleursmouvementspassionnels seraientsensiblementlesmêmesetpeut-êtrel'expressionn'enserait-ellepastrèsdifférente.IlexistedesOthellosde toute nuance de cheveux. Il y a plus de ressemblances entre deux hommes de races différentes et de même tempérament qu'entredeuxhommesdemêmeraceetdetempéramentsdifférents.Etsicetteméthodemanquedelargeurd'uncôté, ellemanquedeprécisionà'lautreextrémité.Elleperdledéta,lilesnuances,'laccentpersonne,l'loirginalitéindividuellequi esltamarqueetpourainsidireladécouverted'ungénie.Ellelaissedecôtécequelquechosedespécialquileconsittue. Dansl'étuded'unhommeexcepitonne,lilfautdémêle,rdétacheretdéterminerlequid proprium. Encore nos pouvoirs d'analyseetnosressourcesdenotaitonnoustrahissentli-sbienavantquenousarrivionsàcetteessence.C'estpourquoi nosjugementssurlesespritssonttoujoursinsufifsants,misérablementflottants,commenoseffortspourrendredansdes motslecharmeparticuilerd'unephrasemusicaleoul'arômed'unvin. Qu'est-cedoncsi,aulieudechercheràpénétrercequidistingueunespir,tnousnouscontentonsdefaireressoritrce par quoi il est semblable à d'autres? Nous ne possédons plus qu'une sorte de représentation émoussée, vague, pareille à cesfacesobtenuespardesphotographiessuperposéesoùlestraitsindividuelsontétéeffacés.Celapeutfournir quelquesrenseignementsàd'autressciences;maisenar,tli'ndividualitéesttou.tC'estjustementcequiestarirvéau disitnguécritiquedontnousparlons.Envoulanttrouveràbeaucoupd'espirtsdiversquelquescaractèrescommuns,en voulantlesréduireàunemêmeressemblance,liamutilélesuns,etlienestd'autresqu'ilapresquesupprimésouignorés. Sonsystèmeafausséetétrécil'imagedelalittératureanglaise.lIafaitcommelebûcheronquiéquarirtdesarbres:àla conditiond'élaguerlesrameauxetdefairetomberunepartiedesfeuillesetdesfleurs,illeurdonneuneindiscutable ressemblanceetunairdefamlileéviden.tMaisoùsonlteporl,taphysionomiedechaquearbre,lesracinesinnombrables, 'lexpansiondufeuillageverslesquatrecoinsduciel,lesfinesbranchesaéirennes,cellesquifrémissaientauxbrisesetsur lesquellesétait'loiseauchanteur?Ilestsortidecetteciritqueàcoupsdehacheunelittératureanglaisemonotone, alourdie, à plans peu nombreux et grossiers, sans variété et sans mouvement, trop à l'écart des autres pensées humaines, tropdépouilléedespassionspermanentesetgénérales,manquantàlafoisd'ampleuretdeprécision. L'échec,deplusenplusmanifeste,durobusteouvire,rsibienbâitetsibienoutlliépourlabesognequi'lavaitentrepirse, estuneleçondeprudence.Ilesttempsdedébarrasser'létudedesœuvreslittérairesanglaisesdetantd'expilcaitonsqui n'ensontpoint,delaphraséologieanglo-saxonnequineprouverien,decettesupersititondecaractèrescommuns.lIest temps de rendre aux caractères nationaux leur vraie place: ce sont des accidents dans les sujets qu'ont traités les auteurs et non des causes qui ont produit leur génie. Il est temps de rendre aux choses leur complexité immense, leur confusion inexplicableetleursapparentescontradictions.Ilesttempsd'examinersansparti-pirslaproducitontoujours déconcertantedegéniestoujoursinattendus.Sijamais,cequiestpeuprobable,carlesracesetlesmilieuxetles inlfuencesvontsemélangeantetsepénétrantdeplusenplus,onpeutétabilrdesgénéralisations,ceneseraqu'aprèsune suited'étudesdésintéressées,minuiteuses,véirifées,devantlesquelleslesgénérailsationshâtivesetlesafifrmaitonssans contrôle ne sont que des obstacles et des barrières. Riennepeutrendreplussensibleslesimpossibiiltésetlestrousdecesystèmequed'essayerd'enfaireuneappilcation précise.Prenons,parexemple,'lhommequifaitlesujetdecetteétude.Àchaquepasnousallonsrencontrerdes difficultés.Etd'abordnousnesavonspascequec'estquelegéniedelaraceécossaise,nimêmetrèsclairementceque c'estquelaraceécossaise,si'lonentendparcesmotsautrechosequ'uncertaingrouped'hommes,fortdissemblables entreeux,qui,depuisuncertaintemps,ontvécuentrecertaineslimites,parlélemêmelangage,etpartagédesdesitnées communes,encorequecelles-cisoientnéesleplussouventdeconflits,deluttesmortelles,dedivergencesdansles intérêts,lescroyances,lessouvenirs,lesespérances,lesconcepitonspoilitques.Lespeuplessontparfoispareilsà l'équipaged'unvaisseauquisequerelleets'égorge;lissontentraînéstousdanslamêmedérivequin'estquelerésultat de leurs dissidences et discordes. Nous avons rencontré en Écosse des hommes blonds et des bruns, des gais et des mélancoliques,deslentsetdesvifs,dessensiblesetd'autresdurs;chezlesunslesidéesprocédaientparraisonnemen,t cequies,tparaît-i,llepirvliègedesraceslatines;chezd'autreselless'unissaientparbondsrapidesetanalogies imprévues;lesunsétaientsceptiques,lesautresabsolus;touteslesvariétésde'lespirthumainyétaient.Ceuxmêmes qu'oneûtpugrouperparlestraitsphysiquesétaientdifférentsd'intelligence,etsouventdesespritsdemêmefamilleetde mêmeshabitudesserencontraientdansdescorpsqu'oneûtrattachésàdestypesdistincts.Oùestlegéniedelarace,où estlaracedanscettediversitéinfiniedecorpsetdepensées?Noussavonsbienqu'onpeuttoujoursextrairedelamasse desécirvainsd'unpeuplequelquesécrivainsd'oùl'onextraitquelquespointsderessemblancequ'onréunitentreeux. C'estlàunjeupareilàceluiquiconsiste,surunfondoùsemêlentets'embrouillentunemutlitudedeilgnes,àformerun dessinenenisolantetenenreliantquelques-unes;onpeutdecettefaçonenformerài'lnfinietchacund'euxnesera jamaisqu'unamusementde'lœli.C'estainsiquelespetitsgarçonnetsfaçonnentunbateau,unchapeauouunberceau,en tirantensensdiversquelquesifcellesentrecroiséestenduesentreleursdoigts. Àcelas'ajoutequenousignoronsdequelleraceétaitBurns.Ceuxqui'lontconnudisentqui'lavaitlescheveuxetles yeuxnoirs,leteintbrunetbasané.Àlireleurportraitonleprendraitpourunméirdiona.lOnamesurésoncrâneettrouvé qui'létaitunpeuau-dessusdelamoyenne.Toutcelan'ariendescientifique,nemèneàrien.Nousignoronsencoreplus cequ'étaientsonpèreetsamère.Celle-ciavai,tdit-on,lesyeuxnoirsetelleétaitnéedansuncantonoùl'onprétendqu'li subsiste du sang celtique. Nous ne savons rien de son père, sauf quelques traits exceptionnels de caractère. Nous sommesdanslesténèbresencequiconcernelesascendantsdesdeuxparentsetlesmilleramiifcaitonsdesaïeux. Quand nous aurions encore tous ces renseignements, nous ignorons si la transmission des caractères physiques coïncide avec celle des caractères intellectuels ou moraux, si tous ceux-ci se transmettent intégralement d'un côté ou d'un autre; et danslecasoùlissetransmettentparitellemen,tc'est-à-diresiunenfantitentcertainstraitsmorauxdesamèreetcertains desonpère,nousignoronscequepeuventproduiredi'nattenduetdenouveaucesmélangesdecaractères.Lachimie desreproducitonsn'existepas.Nousignoronsenfinquellespeuventêtrelessautesd'héréditéavecleursempruntsdivers, leurscombinaisonsililmitées.Ensomme,nousnesavonspasscientifiquementcequ'onappelleunÉcossais,nisiBurns étaitunÉcossais,nisisonpèreetsamèreenétaient,nis'illeurressemblaitetàqueldegré.Carlinefautpasoublierque leshypothèsesdefiilationqu'onrencontredanssabiographierelèventduhâtifetgrossierempirismequinousser,tdans lavie,ànousfaire,paràpeuprès,uneidéesurlesgens.Ellescomportenttoutcequi'lyadeproblémaitqueet d'aventureuxdansnosappréciaitonsmoralesetdansnosexplicaitonsdescaractères.Cesontdesexpédientsetdes conjecturesderomancieretnondesprocédésetdesassurancesdesavan.tQueserait-cedoncpourdeshommessur lesquelsonn'aabsolumentaucundétail,pourChaucerouShakspeareparexemple?Mais,àybienrélféchi,rcelan'apas tantdi'mportance.Si,pendantqu'ilssontvivants,lesmembresdel'Académiefrançaisevoulaientifxeràquelleracelis apparitennen,taifndefournirdesrenseignementsauxcriitquesfuturs,lisnelepourraientpas,mêmeavecl'aidedeleurs confrères anthropologistes de l'Académie des Sciences. Allonsplusloin.Nousconnaissonsexactement,liestvrail,epaysagedanslequelavécuBurnsetaussi,partiellementl,a sociétédanslaquelleliagrandi.Encela,nousavonsuntrèsgrandavantage,carcesontdesrenseignementsquenous nepossédonspassurlaplupartdesgrandshommes.Mais,enréalité,enquoicelacontribue-t-ilàlamoindreexpilcaiton desongénie?Toutcelan'estquelemondedonitlaprispossession,oùils'estpromené.Celan'expilquepascequelque chosed'insaisissable,d'intransmissiblequis'estemparédecemiileu,'lamodiiféettransifguré;lamanièreparitcuilère dontunespritsaisitcequi'lentoure.Onacceptepourdesexpilcationscequin'estque'lénuméraitoneltadescriptiondes conditions dans lesquelles le génie s'est exercé; ou peut-être moins encore: les sujets, les occasions et le cadre de son œuvre simplement. Cela semble clair ici. Le climat est âpre et sombre, le pays dur et ingrat, la vie était pauvre et malheureuse, la société morose et austère; dans ces circonstances se forme et s'épanouit un des plus joyeux, sinon le plusjoyeux,despoètesmodernes,celuiquialerireleplusfrancetleplusabondan.tEtn'est-cepasunechosedignede remarqueque'lautreilvredegrandegaîtéquecesdernierscentansontprodui,tPickwickemalégénste,leicnusuostne quinepeu,tparaît-il,couvrirquedelatristesse?Tantilestvraiqueleluxeduclimatn'estpasindispensable,pasplusque celuidelavieoudesvêtements.Dèsquelesbesoinsessentielssontsauvegardés,dèsquel'hommenesouffrepas,cela suffitpoursagatîé;c'estassezquelecielnel'écrasepassousunecalottedeglaceoudelfamme,soitassezmodéré pourpermettredesréacitons.Ilfautencorenepasoubilerque,malgrélesrenseignementsquenouspossédons,nousne connaissonsquelesgrosreliefsdelaviedeBurns,quebiendesdétalis,etpeut-êtredesplusimportants,nous échappen.tEtlàencoreilfautsegarderdeprendrepourdescausesquiformentl'âmedescrisesquimodiifentlavieet nesontelles-mêmesquedesrésultatsetdesmanifestaitons. Enréailté,nousnesavonsriendelamystéireusegenèsedugéniedeBurns.Savéirtableformationestprobablement unhasardmystérieuxparlequeldesquailtéséparsesdansplusieursracesouplusieursgénéraitonsseréunissentenun seulhomme,serencontrent;unconlfuentimpénétrabledemillehérédités,transmisesparfoisd'unefaçonlatente,quise fondentenundon,nouriretévelliéouplutôtexercéparmillefaitsd'enfance,inaperçusde'lenfantlui-même:premières émotions de nature éprouvées sans être perçues, premières agitations du cœur, travaux, misères elles-mêmes, tout cela secombinantendesproportionsindéchiffrables.Et,àvraidire,cegénielui-même,cetteâmenousnepénétronspasen elle, nous ne la suivons que de loin, par de grossiers contours. Même dans les rapports intimes avec ceux qui nous entourent, nous ne percevons les uns des autres que des apparences enveloppées et lourdes. Nul doute que le mécanisme,lejeuintéireurdesâmesnesoientinimaginablementpluscomplexes,plusriches,plusnuancésquelesactes etlesparolesquinouslesrévèlen.tNousnepossédonsdeBurnsquecertainsmomentsdeluiquisontsesœuvres.Elles sonltoindenousilvrersonêtreentie.rLesoirginesetlaformationdelaforcequilesacrééesnousrestentinaccessibles; decetteforceelle-mêmenousneconnaissonsquelesempreintes;nouspouvonslesétudieravecautantdesoinquenous le voulons, nous ne les dépasserons pas. Nousfaisonsdoncfranchementetuniquementcequ'onaappelédelacriitqueesthétique.Lapauvretédesrésutlatset, choseplusgrave,lafaussetédesméthodesdescritiquesquisedisentnouvellesetsupéireures,nousgarderontdenousy aventure.rBienquepraitquéespardesespritsingénieux,nourris,etassezfortspourpasseràtraversouassezsouples pourgilsserentrelesfaits,ellesaboutissent,pardesvoiesarbitraires,àdesconclusionsinsoutenablesoutellement dépouilléesqu'ellesperdenttoutesigniifcaiton.Enoutre,elleson,tpourêtrecequ'ellesprétendent,ceviceradicalqu'elles reposententièrementsurlacirtiqueesthétique,toutenladéclarantinsuffisanteoudémodée.Lesgénéralisationsetles
jugementsqu'ons'efforcedetirerdesœuvresilttérairesouartistiquesdoiven,tpourexister,passerparuneappréciation esthéitqueoumorale.lIsontlàleurracine.Or,pourlaplupartdesauteurs,cetteciritquen'estpasfaite;pourbeaucoup d'autreselleabesoind'êtrerefaite.Bienplus,liestàcraindrequ'ellenesoijtamaisterminée.Commelacritiquen'estque l'exposédecequ'unhommeou,àmettreleschosesaupluslarge,unegénérationacomprisetsenitd'unauteur,c'estun travalidoubledont'lundestermessemodifieetserenouvellesanstrêve.Lepointdebasedeceséchafaudagesestdans desterrainsenmouvement.Et,àvraidire,cesciritquesusurpentunnomquineleurrevientpas.Ellesson,tellesseront peut-être,desbranchesde'lhistoire,de'lanthropologie,delapsychologiehistorique,extrayantdesrenseignementsdela cirtiqueproprementdite.Ellestendentàdesgénérailsaitonstrèsvagues,tandisqueletermedelacritiqueest'lhommeet 'lœuvredansleurcomplexitéuniqueetirréducitble. Ledéfautdel'ancienneciritque,dont'linsuffisancesembleavoircontribuéàfairenatîrelesnouvelles,n'étaitpasd'être trop peu générale, comme on semble le dire, de ne pas avoir de portée; c'était, au contraire, de ne pas être assez étroite, denepasassezétreindre'lindividualitédespassagesoudesauteurs.Ellen'avaitpasdecontactassezdirectoude commerceassezprolongéaveceux.Tantôtelleseplaçaitàcôtédusujetetprenaitlesœuvresd'artcommedesprétextes pourdesconsidérationsmoralesdéveloppéessurunmodeoratoire.Tantôtellelesconsidéraitenquelquesortecomme desproducitonsabstraites,desreprésentantsdegenres;ellelesjugeaitd'aprèsdescanonsetdesrèglesensoi,avec desformesd'admirationconvenuesetunealluredidacitque.Enréailté,ellecherchaitdesloiset'labsolu.Ellelaissait échapperprécisémentcequelquechosedeparticulierquifaituneœuvred'art.Parlà,elleétait,aufond,danslamême voiequelescirtiquesgénérailsées,àlongueportée,dontonnousparle.Lesécirvainsrécentsquilesontlancéesne voientpasqui'lsvontjustement,avecd'autrespréoccupationsetsousd'autresvocables,verscetteatténuaiton,cette dliuiton,cetteévaporaitonde'lâmeindividuelledeschefs-d'œuvre.lIssonttourmentésparlemêmebesoinde'luniversel oùlebeaudispara.tîLeursjugementssontlfottantsetlâches.Encirtique,ilfauttoujoursavoirletournevisenmainetserrer sanscesse.CertainespagesdeRuskinouquelques-unsdesexquispassagesdeFromenitnsontdesmodèles d'examensquientrentdanslapersonnailtéd'untableau.LacriitquedeSainte-Beuvedoitsongrandmériteetsadurable valeuràlareconstitutionminuiteusedespersonnalités.Riennepeutêtrepluscontraireà'lespritdecesétudesque 'lisolementetlegrossissementd'unefacultédominante,sitantestquecemotaitunsens.Lacritiquedoits'efforcerde suivrejusqu'auboutlacréaiton,laquelleabouitttoujoursàl'individu,autrementellen'estquel'avant-projetetcommelerêve confusd'undieuimpuissan.t Assurément,lesrésultatsdelaciritquetellequ'elleestentendueicin'on,tàaucundegré,laprétentiond'être scienitfiques.Ceciestuntermedontonabuseetqu'onparatîconfondreaveclemotplusmodested'exacittude.lIn'yade sciencepossiblequelàoùilyadesloispermanentesi;ln'yadesciencepoursuiviequelàoùilyarecherchedeceslois; lin'yadescienceréellequ'àparitrdumomentoùlesfaitssenoientdanscesloisetoùl'amasdesobservaitonsfaitplace àuneformule.O,runeœuvred'artconsidéréedanscequilaconstitue,c'est-à-diredanscequiladifférencie,estun phénomèneàchaquefoisunique,irréductiblecomme'lexpressionduvisagedeceluiqui'laécrite.Àcausedecela,iln'ya pas,linesauraityavoirdeciritquescientifique,aumoinsencequiregardelafleurdugénie,lasaveurpropred'une œuvre.Cequ'onreitreradescientiifquede'lexamendesproductionsd'artneserajamaisqu'unfondscommun,normalet impersonne,linsipidepourl'admiraiton.Jesupposequ'unsavantdécouvrelaloidesondulationsdesvaguessurtelrivage, àcertaineshauteursdemarée,liaurafaitactedescience;maisl'artn'estpaslà;liestdansl'apparencedetelleoutelle vague,teljou,ravectelleformeettellenuance,soustellecaresseoutelchocdeventoudelumière,avectellebroderiede cristaloud'argen,ttellevoluted'or,telplissementd'acie,rteldéroulementazuré,ouglauque,ouplombé,telfrissonquin'a duréqu'uneseconde;c'estcettephysionomieparticuilèrequiestledomainede'ladmirationparcequec'estla personnalitédelavague.Demêmepour'lensembledecettetribudelfotsquichanteourugitsurleirvageetdoittoutesa beautéàsonémoitondumoment.Lerestenenousregardepas.C'estaffaired'hydrographie,destaitstiques,de moyennes,decolonneschiffréesetdelignesdecourbes.Lesgénérailsaitons,quisontlacouronnedelascience,ne représententquecequin'existepasenréailté'l;artexigedesréalités;ildemeureratoujoursincoercibleàlascience. D'autrepartonpeutaffirmerquecettecirtiqueesthéitque,c'est-à-direchargéedusenitmentd'admirationsanslequel 'lartn'aplusdesenseltesœuvresd'artplusderaisond'être,estunedesnécessités,unedesconditions,nousnedisons pasde'lexistenceintellectuelle,maisde'lexistenceelle-même.Celle-ci,eneffe,tqu'est-elledoncàchaqueinstantsinon unecombinaisonfugiitve,sanscesseécoulée,depensées,souvenirsouprévisions,empruntsaupasséouprélèvements sur l'avenir, ces derniers n'étant que des conjectures formées avec du passé et pour ainsi dire du passé jeté devant nous. Nous ressemblons à ces navires perdus sur des mers phosphorescentes, dont la route est éclairée par le sillage. En cela notre vie consiste. Le bonheur d'un homme, dès que son corps n'est pas en état de détresse, dépend de la nature de ces combinaisonsdontlejeuestlui.Lesensdubeauest,aveclesélansmorauxelt'aspirationverslevrai,undeslevainsdela penséeetparconséquentundesfacteursdelaviehumaine.Illapénètremêmeplusprofondémentparcequ'liestmêléà sesplaisirsoudésirssubatlernes.Onneconçoitpascequeseraitunespirtsanslui.Ceuxmêmesquiennient li'mportance,enraillentlapoursuiteetenproscriraientl'enseignement,verraientleurroutinequotidiennes'écroule,r disloquéeetdétruite,sion'lenreitrai.tLebien-êtreleplusmatéirelsedécomposerai.tCarquesontlairchesse,leluxe, peut-êtremêmeli'vresse,sanslesjouissancesesthéitquesqu'ellesévoquentsousuneformeinféireure.Onn'imaginepas ladévastaitonquecauseraitdansunpeuple'lanéanitssementdecerayon.Ilneluiresteraitplusderaisondevivrequele sentimentreligieuxquiaspireàlamor.t Dèslors,c'estunreprochesanspirsededirequecettecirtiqueestchangeanteetvariable.Ellereposesurlesable mouvantde'lesprithumain,nonsurunroc.Maissiellen'estpasabsolue,elleestnécessaire.Elleestunalimen.tEllese modifiecommelebléquinousnourri,tl'airquenousrespirons,leslfeursdontlafragiliténousenchanteet'lastresouverain quinourirttoutcelaetnous-mêmes.Nevivons-nouspasaumliieudechosesmobiles?Aumoyend'elles,n'atteignons-nouspaslaplénitudedenotreêtre,etquelques-unsdeshommesn'accomplissent-lispaslabeautésuprêmedontlarace estactuellementcapable?Levrailui-mêmenedéirve-ti-lpas?Ilnoussemblestableparcequenoussommestrèsbrefs dansunedeceslongueshabitudesdelanaturequenousprenonspour'léternité.Encorequi'lenpuissecoûteràcertains espirtsdereconnatîrequenosjugementsd'artn'ontirendedéifniti,fquecelanelesempêchepasdesaisirleplaisiret, 'joseraidire,deremplirledevoird'admiraiton.Lesmontagnesetleslfeuvesquenouscontemplons,entreles contemplaitonsdenosancêtresetcellesdenosifls,changent,nouslesavons.Cessommetss'abaissen,tdésagrégés parlesgels,lespluiesetlessolelis,etdeleureffirtementlescoursd'eaulentementsontcomblés;cesgrandiosesobjets denosenthousiasmess'amoindrissentetdisparatîront.Cependantilssemodiifentavecassezdelenteurpourqueleur culteait,vis-à-visdenosrapidespassages,unesorted'immutabliité.Notredevoirest,tandisquenousvivons,d'aspirer 'lairpurdecespicsetdecesplages,afinquenoscorpssoientsainsetqueceuxquiserontissusdenosreinsforment uneracerobuste.Ainsideschosesdel'espir.tQuellequesoitleurmuance,ellesdurentassezpourquenousypuisionsde quoifairenosâmesplusfortes,plusdéilcates,oumoinsgrossières,aifnquelesespritsnésdenousetformésparnous aientunpointdedépartplusélevé.Nousavonsbesoind'uneadmiraitonnourircièreetacitve.lIfautvivre! Lesciritques,àquelquebranchede'lartqu'ilsseconsacren,tnesontquelespétirsseursdecelevainetlesdistributeurs dupainsacré.Leurtâcheestdedécouvrirlebeau,delefractionner,delemettreàlaportéedeceluiquij,etédans'laction ouappréhendéparlelabeur,n'apointletempsdelerecherche,retpourtantleréclame,pourdonneràsesambiitonsouà sesbesognesleuréclatetleurcadreouleurrefugeetleurconsolation.C'estd'euxquelegoûtdubeau,paruneséirede chutes,descend,déformésouventetparfoisperverit,jusqu'auxcouchesinféireuresde'lhumanité,vientymouirren admirationsobscuresetrudimentaires,etamènedesinstantsdejoieoudedistraction,dereposoudi'déa,ltelsquels,aux plusbassesexistences.Oui!celaestvraiàlalettre.Lehautenseignementaritstique,qu'lis'épancheparlelivreoula parole,estcommeunfleuvequiemportedespaillettesd'or;ilpasseàtraversdescirblessuccessifs,deplusenplus appauvrietlimoneux;etcependant,grâceàlui,lederniermisérableseréjouitdetrouveruneparcellebirllante.Sanslui,la romanceducafé-concertquiestlapoésiede'louvireretli'maged'Épinalquiamuselepeittenfantpauvren'existeraient pas.Ilestleplusuitlequandliaunevertudepropagandeetunecontagiond'enthousiasme.Ilremplitunevéritablefonction sociale.Cesservicessuiffsentpourprotégerlacritiqueesthétique.Elleestchangeantemaisindestructible,parcequ'elle estnécessaired'unenécessitésanscesserenouvelée.Ellesubsisteraendehorsdestentaitvesdegénéralisations scientiifquesquinesemeuventplussurleterraindel'art.C'estcettecirtiqueetcettecriitqueseulequenousentendons faire, à un niveau aussi modeste qu'on voudra le jugeitrèse].edesmalaTablneisrevL[ LES ŒUVRES. CHAPITRE I. LES ORIGINES LITTÉRAIRES DE BURNS. LA POÉSIE POPULAIRE DE L'ÉCOSSE. Onapuvoir,dansl'étudebiographiquedecelivre,quelavieilttérairedeBurnssedivisenettementendeuxparties. Ellessontséparées'lunede'lautreparleséjouràÉdimbourg.Danslapremièrepéirode,saproduciton,endehorsdes poésiesnéesdesesaventurespersonnelles,secomposepresqueuniquementd'épîtresfamilièresetdepetitspoèmes descirptifs.Cespiècessortenttoutesdelavieilletraditionécossaise;ellesontunvifgoûtdeterroir;ellessonttoutes inspiréespardesfaitsréels:onpeutmettre,àcôtédechacundesmorceauxduvolumedeKilmarnock,li'ncidentquil'a provoqué.Ellesson,tenoutre,debeaucouplespluslonguesdesesœuvres.Danslasecondepériode,enlaissant toujoursendehorsuncertainnombredepiècespersonnelles,laproducitonconsistepresqueexclusivementenchansons. Elle est d'une inspiration toute différente de la première; elle porte, non plus sur des faits particuliers, mais sur des senitmentsgénérauxetsimples.Ellenecomptequedeseffortstrèsbrefs.Cependantlavied'unhommenesecassepas commeunebranchemorte;elleseromptplutôtàlafaçond'unrameauvert:lesfibresdupassépénètrentdansleprésen,t etcellesduprésentitennentencoreaupassé;liyadesinstantsoù'lonredevient'lancienhomme.C'estdansunedeces heures que Burns composaTam de Shanter,teirétselrap,erèinaiailamfla,etujtàaftieitntuoemièremàsaprapirtpaqu,la puissance comique, en même temps que par les dimensions. C'est un poème de la première période, égaré dans la seconde;maisc'estuneexceptionunique.DesortequeBurnsestlepremierpeintredemœursdesonpays,parcequ'lia écritavantsonséjouràÉdimbourg;etqui'lenestlepremierchansonnieret'lundespremierschansonniersdetousles pays,parcequ'liaproduitaprès. Àcequiaétéfourniparladeuxièmepartiedesavie,ilfautajouterunesériedepiècesoù'lonsentli'nfluencedela littératureanglaise.Ellessontimitéesdelapoésiede'lépoque,ouplutôtdel'époqueimmédiatementantéireure;ellessont plusabstraites;ellessontécirtesenanglaispur[3]lques-unquequeer.iBneilttréiaseessEll.eicrcxe'elnsoimuosulptnetne d'entreelles,comme'lÉlégie sur la Mort de Glencairn, ce ll esur James Hunter Blairuetrèsbelles,onp,ttneios considérertoutecetteporitondesonœuvrecommeadvenitce.Sionlaretranchait,onperdraitassurémentquelques remarquablesmorceaux,maisBurnsn'enresteraitpasmoinscequi'lest.C'es,tenlui,undétailetunecuirosité. lIaétépoèteécossais,forméparlailttératuredesonpays.Cependant,làencore,ilconvientd'examinerleschosesde près,etdebienmarquerquellespartiesdelapoésienaitonaleontagisurlasienne. Sionlaissedecôtécertainsvieuxpoèmesnaitonaux,qu'onappellepoèmesépiques,etquisontplutôtdeschroniques irmées,commeleBruce, de John Barbour (1316?-1395), ou leWallaceedrneHelynéMtres,elnncoauussiossuleonm, d'Henry l'Aveugle (1420?-1493?), la poésie écossaise, par quelques-unes de ses plus hautes branches, se mêle et se confond avec la littérature anglaise. Quelques différences de vocabulaire, quelques tours ou quelques termes spéciaux, quelquestraitsindigènes,nesuffisentpasàmettremêmeunemincehaieentrelesdeuxpoésies.LeCarnet du Roi, de JacquesI(1394-1437)estuneimitaitondeChaucer;leTestament de Cressida, de Robert Henryson (1425?-1498?) est laconitnuaitonduTroïlus et Cressidaglaieanpoèteuxeivmmê,udle«sanshésitation1(r?054251-)?0Ws.liilDambaun plusgranddespoètesanciensde'lÉcosse»[4], continua ces poèmes dans le goût du moyen-âge:le Chardon et la Rose, composéenl'honneurdeJacquesIVetdeMargaretTudor,fllieaînéedeHenriVIId'Angleterre,etleBouclier d'Or, des it né à«montrerl'inlfuencegraduelleetimperceptiblede'lamoursurlaraison,quandons'yilvresansréserv[5]», sont des allégoirestoujoursdanslegenredeChaucer.LeOriecld'ruoB«imprégné, dit Warton, de la moralité et des images duest Roman de la Rose etleetelruuelialFlaFde,Cdeucha.er[6]»té'Cneiaedteratdr.nOcnoitsallégoriesennetàunia écirreenÉcosse,aprèsqu'ellesétaienttombéesendésuétudeenAngleterr[7]. Gavin Douglas, évêque de Dunkeld, (1474-1522),donnaunetraducitondel'Énéidela première translation en vers d'un ouvrage classique, sauf les. C'était ConsolaitonsdelaPhilosophie, de Boece, «qui mérite à peine ce titre»[8]. Surrey lui a emprunté plus d'un passage, dans satraductiondesIIeetIVelivresde'lÉnéide[9]nisdya(DvadiLsdeSiresœuvreL.),5515?-9014le Songe, la Plainte de l'Écossesemeslxeopil,oùpsgemèoassiritesqutelipoqutilaehrusedsnopays,sontdelonémalse,degnséonsvisiet d'allégoires,unpeudanslegenredesTragiquesé,gnansd'abiAunassdecassiupdenodgAirpprtergnadeetsionevi colère. SaSatyre des Trois-Étatsemprelécsprie'uqtnattseellessÉcodumineenerdma,neesueirucis[10], est une morailtéquicontientunmélangedecaractèresréelsetallégoriques[11], et reste dans les intentions générales de ces œuvres.Lespeittespièceslyirquesamoureusesd'AlexanderScot,t(vers1562);lepoèmed'AlexanderMontgomery (1535?-1605?), laetelarPnuleeliserC, qui «commence comme une allégorie d'amour et se termine en honnête moral[12],»toelnsdatonseuqopéruelednnnetsdu.LessoA'cnar,mcmoetdomcdteeucdux,gntnostSeilritgoûsledan dessonnetsdeSurreyetSidney.Tousdeuxvécurentd'ailleursàlacourdeLondres,avecJacquesIetChalres.I DrummonddeHawthornden(1585-1649),'lamideBenJonson,àquicelui-ciallarendrevisite,àpied,deLondresà Édimbourg[13]es,euqissalcnoitacdu'édteoèpunt,eclotimsponocatiospird'inetedalohssemmouucdepmeomeab Renaissance.AuXVIIIesiècle,lemélangedesdeuxpoésiesestencoreplusparfai.tDespoèmescommelesSaisons, de Thomson, laTombee,delBia,rlMénestrel, de Beattie, sont purement anglais. La poésie anglaise a provigné dans un autresol,etproduitdesrejetonsqui,avecunlégergoûtdeterroir,itennentàelle.Cen'estpasdanscettepartiedela poésieécossaisequ'ilfautchercherlesinlfuencesquiontagisurBurns.Ilneconnaissaitguèrelesplusanciensdeces poètes,etceux,plusrécents,qu'liaadmirés,commeThomson,n'ontpaslaissédetracessensiblesdanssesœuvres. Maisau-dessousdecettepoésiedelettrés,liexistaitunepoésiepopulaire,trèsabondante,trèsdrue,trèssavoureuse, trèsoriginale.Elleétaitsortiedusol;elletraitaitdessujetsindigènesdanslelangageindigène,c'est-à-diredanslavairété dialecitqueanglaise«quirégnaitautrefoisdel'embouchurede'lHumberjusquedansleNord,etquepalraientégalement les indigènes du Yorkshire et de l'Aberdeenshire[14]»e'Cltseaplreadsnlseedialectequise.ssco'ÉdserreT-sessaBCetteformeseptentironaledel'anglaisavaitétélalanguelittérairede'lÉcossejusqu'àl'époquedeJacquesId'Angleterre. «L'anglaispurétaitdevenualorslemoyend'expressiondesilttérateursécossais,quandilsn'employaientpaslelaitn,etle vieux dialecte du Nord, modifié par le temps et les circonstances, était resté en usage dans la masse du peuple, et était même employé par les classes cultivées jusqu'au commencement de ce siècle. C'est ce dialecte qui a été au cœur de 'lÉcosse.Lesballades,leschansonsetd'autresœuvrespopulairesontétéécirtesenlui,etainsis'élevauneilttérature populaire écossaise, tout à fait distincte de la littérature anglaise, et jusqu'à un certain point inintelligible aux personnes qui palrent'langlaispur[15]»ehorEndelnutionvaauiquomudsctnemevhautesproductitirparpcoéhlsesnottiliaréser écossaisesdesmodèlesanglais,etavaitentraînélalangueécossaisedansleprogrèset,pourainsipalre,rle dépouillementdel'anglais,cevieuxlangage,ifdèleausol,étaitrestécequi'létait.«Enréalitél'écossaisest,pourla grandeparite,duvieilanglais.—Letempsaremplacé'langlo-teutoniqueparl'anglaismoderne,maisaépargnélescoto-teutonique, qui est encore une langue vivante[16]inims,uéteéiloitcésneiatdtnmaineetsesfon»Miasosnodrdéattiàiut n'êtreplusque«cedialectedelaconversationetdeproducitonsdisitnctementnaitonales[17]»Lauterppoltiétarilu'qreaiul servaitàexpirmerétaitencorebienvivanteauXVIIIesiècle,carelleavaitencorecegrandsignedevitalitéd'êtreenparite orale,deparlervraimentaupeuple.IlétaitnaturelqueBurns,avecsonéducaitonetsescirconstancesdeproduciton,lui prîtsesmodèlesetsesformesdepoésie.C'esteneffetcequiarriva,etc'estdececôtéquli'fautcherchersesorigines littéraires.Pourcomprendred'oùliestsoritetquelsmatéirauxliavaitsouslamain,c'estcettepoésiepopulairequ'lifaut connaître.Nousl'exposeronsavecquelquedétai,lparcequec'estuncoind'histoirelittérairepeuconnu,etqu'ony rencontred'allieursdejolieschosesetintéressantes.Ellesecomposaitdetroisélémentsprincipaux: Lesanciennesballades; Les chansons; Unesuitedepeittspoèmespopulairescomiquest,outàfaitparitcuilersà'lÉcosse. Enlesexaminantsuccessivemen,tnousverronsdansquellesproportionsBurnsapuiséàchacunedecestroissources. Cequli'anégilgédeprendrenousrenseignerapeut-êtreautan,tsurlespréférencesdesonesprit,quecequi'laemprunté [LeinverslaTalbedesmatèires]. I. LES VIEILLES BALLADE[18]. Lesballadessontdecourtsrécitsrhythmés,généralementdivisésenstrophes,etrelatantunfaithistoirque,fabuleuxou romanesque, qui, par l'héroïsme ou les malheurs des personnages, l'étrangeté ou le dramatique des circonstances, et souventparunmélangedesurnaturel,sortdesconditionsordinairesdelavie.Leurtraitcaractérisitqueestd'êtresurtout un récit, de présenter le sujet qu'elles traitent sous forme de narration. Ce sont des complaintes romanesques et héroïque[19]. Dansunpayssilongtempsagitéparlaguerreétrangèreetdéchiréparlesguerrescivlies,oùlesrivalitésdesclanset lesplliagesréciproquescouvraientlacampagnedecombatsetensanglantaientlesmoindresruisseaux,iln'estpas étonnantquecescomplaintesaientsurgidetoutesparts.LesBorderssurtou,tavecleursluttesincessantes,leurétatde guerreconitnuelle,leurssurprises,leursrazzias,enontfournileplusgrandnombre.Maisd'autresgrandsfaitshistoriques s'y retrouvent conservés. Les invasions des Norvégiens[20]résistance des outlaws réfugiés dans les bois, la [21], les luttes entre les gens des Basses-Terres et les Highlander[22], les croisades[23]setleddni'nepéncdacoerentesl,leslut Anglais[24]ruaSteriles,eaMsedtnruaev[t25], ont laissé des échos lointains, et donné naissance à un certain nombre de ballades. Quandonouvreunrecuelidecesrécits,onentredansunmondedeviolenceetdeforce,oùlaviehumaineestsoumise à une perpétuelle hécatombe. Presque tous sont dramatiques; un grand nombre tragiques; quelques-uns atroces. Les sujetsfavorissontdescombats,desenlèvements,desvengeances,desapparitionsdespectres,descirmescommis, découverts,etchâitéspardeterriblesreprésailles.CesontdesbataillessurlafronitèreentreÉcossaisetAnglais,plutôt entretroupesdegrandschefslocauxqu'entrearméesroyales,avecdesdéifsàlafaçondeshéroshomériques,des mêléesfuireusesetacharnées,oùleslfèchesvolentets'enfoncentdanslespoitirnesjusqu'auxplumes,oùleslances éclaten,toùlesblessésl,esjambescoupées,combattentsurleursgenou[26]edsnoursiexcdessontCe.freebooters, qui vontplilerenAngleterre,enleverdestroupeaux[27]. lIsvolèrentlavachenoireetblancheetlebœufrouge[28]. Cesontdesexécuitonsdecesbandits,pendussoitparlesAnglais,soitmêmeparleroid'Écosse,etàquila sympathie du peuple ne manque pa[29]. Ce sont desfeudsmifasdeesllaperlielcalsn,ndettassauxve,eesrentsdeinha corse[30]radaseardidehupsscoia,nedmucéteéx.tnoseCers,pourallerédilrvredsecmaenserfntraeslehcxuavlàvne' danslesforteressesdeBerwickoudeCarilsle[31]veleon:rramuralaladeescaoniu,talnvielèennon,ierdgaeleutno,elli prisonnierchargédesesfers,onpiquedesdeux;lesclochessonnent,c'est'lalarme;onestpoursuivi;onarirveàune irvièregrossie;onlatraverse,et,quandonestsurl'autrebord,oninvitelesAnglaisàenfaireautan.t Traverse, traverse, lieutenant Gordon, Traverse, viens boire le vin avec moi, Carilyauncabaretauprèsdi'c,i Eitlnet'encoûterapasunpenn[32]. Dansquelques-unesdecesballades,ledramevajusqu'àl'atroce.DansEdom de Gordon, le chef, qui a donné son nomàlaballade,seprésenteaveccinquantehommesdevantlechâteaudeTowie,oùlachâtelaineestenferméeavec sestroisenfantsI.llasommedeserendre. Descendezversmo,ibelledame, Descendez vers moi, descendez vers moi; Cette nuit vous reposerez dans mes bras, Lematin,vousserezmaifancé[33.] Lamèrerefuse.Ilfaitmettrelefeuauchâteau.Laflammemonte;lafuméeétouffelesenfantsquiselamententlesuns après les autres; puis viennent les réponses désespérées de la mère. C'est là que se trouve cette scène à la fois touchante et affreuse. Oh,alorspalrasallifechéire, Elleétaitfrêleetmignonne: «Oh!roulez-moidansunepariededraps, Etdescendez-moipar-dessuslamuraille». Ils la roulèrent dans une paire de draps, Et la descendirent par-dessus la muraille, Mais, sur la pointe de la lance de Gordon, Elle fit une chute mortelle. Oh!jolie,joileétatisabouche, Et rouges étaient ses joues, Etclarie,claireétatisachevelure, Sur laquelle le sang rouge coule. Alors, avec sa lance lli a retourna; Oh!quelafacede'lenfantétatipâle! Il dit: «Tu es la première que jamais »J'aiesouhaitévorirevivre». lIlatournaetlaretourna, Oh!quelapeaudel'enfantétatiblanche! «J'auraispuépargnercettedouceface Pourdevenirlesdéilcesd'unhomme. Alerte, partons, mes joyeux compagnons, Jepressensuntristedesitn. Jenepuisregardercettedoucefigure Qui est là gisante dans l'herb[34]». Laflammegagnelamèrequimeurtenembrassantsesbébés.Sonmariarirve,semetàlapoursuited'Edomde Gordon,etlemassacreavectoutesonescorte.Puis,revenantverslesmassesbrûlantesoùestenseveiltoutcequi'laime, ils'yprécipite.lInerestedanscettescènedecarnagequelajeuneiflleétenduesurl'herbe.Uneautreballadesurunsujet analogue, lI'ncendie de Frendraughte,rèspsti'lohépalatiuiqnodoaénnepuoh'demmoà,seencore.Unetrtspue-ttêerpri unefausseréconciilaiton,estenferméedansunetouràlaquellelefeuestmis.Ilyaunpassageoùund'entreeuxcire,à travers les barreaux de fer de la fenêtre, ses dernières recommandations, tandis que son corps est consumé, qui est une chose horrible. Jenepuispassauter,jenepuispassortri, Jenepuisarirveràtoi, Ma tête est prise dans les barreaux de la fenêtre, Mespiedsbrûléssedétachentdemo.i Mesyeuxboullientdansmatête, Machairaussiestrôite, Mesentraillesboulilentavecmonsang, N'est-cepasunehorirbleangoisse? Prends les bagues de mes doigts blancs, Qui sont si longs et étroits, Etdonnel-esàmabelleDame, Làoùelleestassisedanssonchâteau. Jenepuispassaute,rjenepuispassorit,r Jenepuispassauterversto,i Ma partie terrestre est toute consumée, Ce n'est plus que mon âme qui te parl[35]. CesatrocitésjustifientlejugementdePrescott:«Bienquelesscènesdesplusvieillesballadessoientempruntéesau XIVesiècle,lesmœursqu'ellesaccusentnesontpassupéireuresàcellesdenossauvagesde'lAméirqueduSud.[36]» À ces tueries d'armées ou de clans, à ces forfaits de bandes de brigands, s'ajoutent des drames de famille. Une marâtreempoisonnesabelle-flil[37]fneU.niatlusérceipall'qu'iteumeemmrasno[38]Un frère tue sa sœur parce qu'on. neluiapasdemandésonconsentementpoursonmairage[39] d'Écosse est devenue enceinte d'un seigneur llif e. Une anglais;sonpèrefuireuxlafaitmettresurunbûche[40]uqi'lapéuoésunefemmeUne.meerèmennosiopilfonsercpascontre son gré[41]seL.recoensteenolpulsivevtnrusensdesalanceda,seseloivtnelsceesviérsptan.ma'Lrourtsut,ouxae femmesont'lénergie,lesemportementsdesenitmentsetd'actes,desmâles.Ellesn'hésitentdevantrien,nidevantles faitgues,nidevantlespéirls.Lesenlèvementssontfréquents.Lesamantss'enfuientàcheva;llepèreetlesfrèresles poursuivent,lesrattrapent;ons'arrête,onitrelesépées,onsebatsurlabruyère. Lesépéesfurenittréesdesfourreaux, Etlisseprécipitèrentaucomba,t Etrougeetroséétatilesang Quicoulasurletalussemédeils[42]. Parfois l'amant triomphe laissant les frères étendus sur le sol. Il appuya son dos contre un chêne, Et assura ses pieds sur une pierre; Etliacombattucontrecesquinzehommes, Et il les a tués tous hormis un seul; Maisliaépargnélechevailerâgé Pourrapporterlesnouvellesauchâteau. Quandileutrejointsabelledame, Jepensequi''llembrassatendremen:t «Tuesmonamou,rje'taigagnée, Et nous parcourrons librement la forêt verte.[43] Ilarirveaussiquel'amants'éloigneblessémortellement.C'estlesujetdelapluscélèbreetdelaplustouchantedeces ballades,the Douglas Tragedy. lIlamitsurunchevalblanccommelai,t Etlu-imêmesurunchevalgrispommelé; Un cor de chasse pendait à son côté, Etliss'éloignèrent,chevauchantlégèrement.