Comment Jean-Marie Le Pen a aidé Bucky à baiser pour la première fois ( et comment Will Smith lui a gâché )
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Description

Jean-Marie Le Pen, Will Smith, du japonais sur les murs, la première Playstation et les premiers émois internet et le premier rapport sexuel
Bucky va les découvrir...d'un coup.

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Publié le 04 septembre 2014
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Comment Jean-Marie Le Pen a aidé Bucky à baiser pour la première fois… (Et comment Will Smith lui a gâché)
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Benoit s'est toujours dit que ses premières vacances à la mer se passeraient sans ses parents, il pensait même que ça se serait passé le jour de ses 20 ans au moment où, millionnaire grâce à une invention permettant de se connecter à Internet via l'oreille interne, il n'aurait plus besoin de vivre sous le même toit que ses procréateurs et que donc, il aurait pu acheter un chalet au bord de la mer. Benoit était très rêveur du haut de ses 13 ans, et très éveillé. Même si il ne savait pas qu'un chalet ne se trouve pas au bord de la mer, ou alors le promoteur immobilier, adulte, est aussi béotien en terme de construction que Benoit. Car Bucky-comme il aime qu'on l'appelle-a d'autres passions dans la vie. Il n'en a qu'une précisément. Tout ce qui peut toucher de près ou de loin à la nouvelle technologie, Bucky le veut. Le désire. Son plus grand choc fut le noël de l'année dernièreoù ses parents lui ont offert la premièreSony Playstation. Le problème, c'est qu'il était assez bon à l'école pour avoir la console, mais pas assez pour avoir un jeu qui allait avec. Surtout que le prix de sortie de cette console, obligea son père à accepter un poste de vendeur de nuit dans un sex-shop tandis que sa mère profitait de l'absence de son père afin de s'offrir à d'illustres inconnus dans la chambre parentale. Pour ne pas que Bucky les rencontrent et ne se doute de quelque chose, sa mère fit installer sa chambre dans la cave en y ajoutant une télévision. Le rêve de Bucky prenait forme, surtout qu'il lui fallait un peu de nouveauté puisque pour seul amusement, il n'avait qu'un CD de démonstration avec la console qui ne lui laissait que peu de plaisir, si ce n'est de contrôler un T-Rex modélisé en 3D comme un manchot modéliserait Notre-
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Dame en pâte à modeler. Et je parle là d'un manchot très doué. Mais pas magicien. Il était tellement affamé de technologie qu'il accepta de partir en vacances avec un copain de classe juste pour pouvoir utiliser Internet. Il se dit malgré tout que quitter Paris, ville technologique, pour aller essayer Internet du côté de Saint-Jean-de-Monts, c'est une ironie presque aussi forte que son père qui rentre le soir pour regarder sa femme dormir fièrement, sans même avoir une seconde, l'idée de regarder la petite culotte remplie de sperme qu'elle mettra le lendemain matin à la machine. C'est aussi ça la force d'être la personne qui gère l'entretien des vêtements et de la maison, les preuves sont là et pouf… un coup d'éponge et elles disparaissent. Bucky était tellement ennuyé de jouer à sa démo qu'il entendait le lit grincer en semaine comme il grinçait un dimanche sur deux pour ses parents. Mais il s'en moquait. Il comptait les jours avant de partir en voiture vers une destination où il est le seul à se foutre de la mer, du sable et des chichis. Lui ce qu'il veut, c'est le clavier et... Internet. Et il sait que c'est demain.
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Il ne se souvient déjà plus des noms des parents d'Alexandre, son copain de classe. Il sait juste que l'autoradio de la voiture diffuse une musique qui le déprime. Il ne parle pas un mot d'anglais maisIt Must Have Been Lovede Roxette lui donne l'impression d'entendre quelqu'un qui n'arrête pas de se plaindre. De se plaindre d'être diffusé surChérie FMpeut-être, qui
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selon lui, prouve indéniablement que le groupe va à la mort. Marchant vers le bourreau, hache à la main, tandis que le peuple qui l'a jadis encensé, jette des fruits pourris au visage de son ancien idole. Bucky ne savait pas qu'il s'agissait d'un groupe, et pour être honnête il n'en avait rien à foutre à ce moment-là, lui il pense à l'ordinateur familial, à découvrir pour la première fois de sa vie Internet. Lui qui restait le plus clair de son temps cloîtré dans sa chambre, trépigne à l'idée d'entrer en contact avec des inconnus sur la Toile. Peu importe qui ils sont. En 2002 tout le monde se désintéressait de ceux qui étaient sur le net.
"Tout se passe bien à l'arrière, dis donc vous m'avez l'air bien calme !" demande la mère en se penchant légèrement mais pas trop quand même car on sent qu'elle a mal au dos à cause de ses galipettes nocturnes.
Personne ne répond. Bucky car il était plongé dans ses pensées et Alexandre qui lui était plongé dans son sommeil.
Plus un mot ne sera échangé jusqu'à l'arrivée au pavillon, près du bord de mer. En descendant du véhicule, Bucky tombe nez à nez avec une pelouse totalement défraichie, de grandes parties sont jaunies par le temps et les anciens meubles que les parents d'Alexandre avaient oubliés de ranger. Bucky se tourne vers son pseudo-copain de classe. "Alexandre, tu ne m'avais pas dit que tu avais une super grande piscine ?" Alexandre est un peu gêné.
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"Si mais c'était pour rigoler, c'est une piscine gonflable en fait... tu vois la trace jaune au fond du jardin, elle va être là, Papa va la gonfler et on va pouvoir s'y baigner."
Bucky n'a jamais eu beaucoup d'humour, et il en a encore moins maintenant. En regardant la direction que montre Alexandre, il ne voit qu'un minable rond jaune. Mais le plus important c'est que si Alexandre lui a menti sur la superbe piscine au sol de 100 mètres de long, probablement que l'ordinateur de la chambre d'Alexandre est une vulgaire calculatrice ? Bucky commence à paniquer et part à la rencontre de la mère d'Alexandre. "Excusez-moi Madame, vous pouvez m'indiquer la chambre pour que je puisse poser mon sac ?" "Laisse mon mari va le f..." "Non Madame, j'ai été bien élevé et je dois m'occuper de mes affaires pour ne pas vous déranger !" Bucky peut parfois être un très bon menteur quand il le veut. Il peut même être pire puisqu'il s'imagine déjà arracher sa valise des mains de son hôte pour l'assommer avec, tout en écrasant le visage d'Alexandre dans une touffe jaunie de pelouse, tandis que le père, pétrit par la peur du charisme de Bucky, s'éloigne en courant dans un chaloupé plein de lâcheté et de vitesse. Heureusement pour tout le monde, la mère d'Alexandre accepta et indiqua la direction de la chambre. Bucky passe par le salon et s'arrête quelques secondes pour contempler une décoration d'un mauvais goût affreux. Même pour un enfant de 13 ans. Surtout pour un enfant de 13 ans. Comment peut-on encore avoir du papier peint avec des inscriptions japonaises ? Et surtout Bucky se demande si
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les parents d'Alexandre parlent japonais, ce dont il doute réellement. Un couple qui n'arrose jamais sa pelouse et qui la laisse pourrir à l'air libre sans honte ne peut pas parler japonais. Et si ça se trouve les sigles veulent dire "Ils ne parlent pas japonais ces enculés, et pour vous le prouver, nous allons inscrire le terme enculé partout sur les murs.". Bucky se ressaisit et se dit que pour comprendre cette blague qui vient probablement de naître de son esprit, il fallait savoir parler japonais, ce qui selon lui, est plutôt rare du côté de Saint-Jean-de-Monts. Après le papier peint, Bucky se fixe sur le tableau accroché près de la porte d'entrée représentant une plage avec du vrai sable jonché de petits coquillages collés au tableau. C'est si moche que Bucky se demande si cela a réellement été acheté ou si cela a été fabriqué par un des parents. En voyant comment Alexandre est habillé tous les jours à l'école, Bucky penche pour la deuxième option. La sensibilité artistique de la mère, sensibilité tellement fragile que personne n'ose lui dire que ce qu'elle a fait est totalement merdique. Et surtout que la mer c'est bleue... pas jaune comme elle a pu le peindre. Ou le colorier visiblement. En débordant. Sa petite valise à pleine main, Bucky a comme une révélation en ce mois de mai 2002. Alexandre n'est pas un enfant qu'on pourrait appeler beau. Il a une cicatrice tout au long du front à cause d'un accident de voiture. La radio devait être encore une fois surChérie FMet le couple qui avait encore un peu de vie a probablement tenté de mettre fin aux jours de la famille sur une musique de Jean Ferrat. Mais comme tout ce qu'ils ont l'air de tenter dans leur vie foire, ils ont
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même ratés leur suicide. En laissant malgré tout une cicatrice disgracieuse sur le front d'Alexandre. Un suicide pas totalement raté donc, un peu comme une barre transversale lors d'une finale de ligue des champions.(Ce n'est pas un but, mais on s'en souvient !) Bucky en vient alors à se demander si les parents d'Alexandre ne font pas exprès de mettre en scène une décoration d'un goût merdique pour offrir à Alexandre de réelles vacances, de vraies bouffées d'air car il n'est plus la chose la plus moche des alentours. En tout cas, il est plus beau que la décoration, ce qui lui fait du bien dans son estime de soi. Excepté qu'un papier peint peut se changer lui. Il n'a pas besoin d'estime, il a juste besoin de colle. Comme le front d'Alexandre il y a longtemps. Alexandre est comme le tableau avec la mer jaune. Il est raté mais comme c'est fait avec le cœur, on le garde, on s'y habitue. Ou alors le couple a de vrais goûts de merde... tellement mauvais qu'il rate même leur enfant. Bucky se dit qu'il remettra cette réflexion à plus tard. Il marche d'un pas lent en direction de la chambre d'Alexandre. Sans porte. Comment ne pas mettre de porte dans une chambre ? Se demande Bucky. Il aperçoit le lit superposé en bois. Il remarque que tout est dépareillé. Les oreillers, la couette, les draps. Même le bois n'a pas la même couleur. Il se dit que la mère d'Alexandre a du coller un lit sur l'autre et qu'il dormira clairement sur celui du dessus pour ne pas mourir lorsque le lit se cassera. Bucky jette sa valise sur le lit supérieur en plissant les yeux de peur que le lit ne tombe en morceau. Par miracle, rien ne se passe. Et quand bien même le lit se serait cassé, Bucky n'était plus
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que concentré sur l'énorme ordinateur de bureau au fond de la petite chambre. Bucky est comme hypnotisé.
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Bucky déteste les haricots verts. Quand sa mère lui déposait devant lui au moment du diner, il les jetait au sol. Quand c'était son père, il criait simplement qu'il n'y a que les tortues qui mangent des haricots verts. Là, au moment où la mère d'Alexandre pose l'assiette remplie d'haricots verts cuits à l'eau, Bucky n'émet aucun son. Rien. Il ne pense même pas à la tortue. Il ne pense qu'au moment où il pourra s'évader de cet ennuyeux repas où le seul maître de cérémonie est la télé, afin d'aller allumer l'ordinateur qui lui tend les bras. C'est cette télé qui va offrir le salut à Bucky. Il sentait qu'il y avait une tension forte qu'Alexandre et lui ne comprenaient pas. D'ailleurs, Alexandre ne comprenait pas grande chose en général selon Bucky, surtout en ce qui concernait les expressions. Un jour d'automne, Bucky jouait au foot avec ses copains de classe et il glissa grossièrement sur une des feuilles de l'imposant arbre de la cour. C'est alors qu'Alexandre aida Bucky à se lever avec pour seule phrase motivante : "C'est en tombant qu'on devient forgeron !" Il faut réellement être imbécile ou totalement con pour s'imaginer que cette expression existe. Car si une personne pense qu'elle existe réellement, cela voudrait dire qu'un homme qui tombe tous les jours devient par la force des choses un très bon forgeron. C'est à ce moment-là que Bucky se demanda si Alexandre était bête de nature, ou que ce don du non-esprit lui a été
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gentiment donné par ses parents. En ce moment même Bucky avait la réponse.
"Quelle heure il est ?" demanda le père à la mère, d'un ton aussi chaud que le steak encore congelé de l'assiette de Bucky (caché sous une montagne de haricots verts comme si il avait lui-même honte de sa cuisson). "Il est bientôt 20h, mais tu t'en fous on connait très bien ce qu'il va se passer, c'est magouilles et compagnie cette histoire, ça va être Jospin et Chirac au deuxième tour." répond la mère d'Alexandre avec tellement d'assurance que Bucky aurait cru ce qu'elle disait si il savait de qui elle parlait !
"Non je pense que Chirac il a trop énervé les Français, avec la dissolution et tout ça, il ne contrôle plus rien, il faudrait un bon retour de l'extrême gauche pour foutre un coup de pied au cul à toute cette classe politique là ! Un peu de bon sens et laisser le peuple enfin parler !"
Bucky découvrait le père d'Alexandre mais il avait l'impression d'avoir entendu la phrase de celui-ci mot pour mot à la télé. Et répétée par plusieurs personnes. Il fixe la grosse touffe frisée du père, et soudain il l'imagina avec un visage de mouton à bêler pour rien. Tandis que la mère d'Alexandre s'était transformée en poule. Bruyante et secouant ses ailes coincées dans sa robe aux couleurs criardes. Alexandre ne changea pas dans l'imagination de Bucky. Il était déjà assez moche pour lui en remettre une couche. Soudain le silence. Morbide et incroyablement sourd. Nous n'entendions plus que la télévision. A l'écran, deux hommes, un
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dégarni avec 20,0% et un autre dégarni binoclard, à droite, avec 17,0%. Une voix provenant de la télévision éclaira les lanternes de Bucky sur l'identité de cette réunion du troisième âge. "Jacques Chirac avec 20% des voix et énorme surprise Jean-Marie Le Pen semble devoir être le second avec 17% des voix, viennent ensuite Lionel Jospin 16% et..." Bucky n'entendra jamais les noms des autres candidats puisque le père change de chaine immédiatement comme pour essayer de se rassurer sur la blague qu'il vient d'entendre. Blague de très mauvais goût à voir son visage. Il passe sur la première chaine. Une autre voix d'homme : "... qui seront Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen." Le père change de chaine sans s'arrêter et toutes les chaines semblent s'être liguées contre lui pour lui jouer un sale tour. La mère d'Alexandre commença à crier de douleur, comme si elle était prise d'une crampe au ventre. Bucky ne comprend pas ce qu'il se passe tandis qu'Alexandre se mit à pleurer sans que lui-même ne sache pourquoi. "Moi je les trouve gentil tous les deux !" Il n'y avait même plus la télé pour remplir ce silence que Bucky venait de créer. Ni même les pleurs d'Alexandre. Bucky recevait le regard de la mère comme une agression subtile mais violente. Bucky pense qu'elle va s'emparer du steak congelé pour lui fracasser la tête. "Dégagez dans votre chambre bordel de merde !" Pris de peur, Bucky et Alexandre cavalèrent à toute vitesse dans la chambre. Mais la voix du père résonnait jusque dans la poitrine des enfants.
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"Putain, vous vous rendez pas compte de qui est cet enculé de Jean-Marie Le Pen hein ? Vous vous rendez pas compte parce que vous êtes trop cons ! Restez dans votre chambre pendant qu'on regarde les infos putain ! Allumez l'ordinateur et ne nous emmerdez plus !" Les yeux de Bucky s'illuminèrent lorsque ces mots ont retentis dans sa poitrine. Pour toute la France, Jean-Marie Le Pen était un connard, mais à cet instant, aux yeux de Bucky, cet homme est un dieu, celui qui a trouvé une solution inextricable à un problème. Et que si il était là où il est, c'est probablement en trouvant des solutions à des problèmes. Bucky se penche et allume l'unité centrale de l'ordinateur. Un bruit de ventilateur se lance et Bucky a le sourire jusqu’aux oreilles. Il se sent comme un jeune motard qui sort pour la première fois la Harley Davidson de ses rêves, qu'il vient d'acheter avec des économies de bouts de chandelles. Après toutes les étapes du démarrage, Bucky se retrouvait enfin devant son graal, comme Gainsbourg devant Bardot. Comme un voyeur devant l'origine du monde. Comme un puceau devant un porno. Bucky était là, souris à la main. Tremblotant, dû à la montée rapide d'adrénaline et à l'ouverture de la chambre sans porte depuis laquelle peut débouler le père. Ce risque probable amoindrissant le plaisir de Bucky. Il double-cliqua sur l'icone Club-internet et un fort grésillement résonna dans la chambre. Bucky était pris de panique une nouvelle fois. Mais les parents d'Alexandre s'en moquaient. Le son de la télé était tellement fort qu'il couvrait même les insultes du père sur celui que Bucky était encore en train de remercier dans son esprit : Jean-Marie Le Pen. Alexandre était prostré dans son lit. Il devait déjà dormir.
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