Donner sans reprendre, un idéal à obtenir
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Donner sans reprendre, un idéal à obtenir

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Description

Donner sans reprendre, un idéal à obtenir L’homme se retourna. Malgré le manque de clarté, Gwen du constater qu’il était plutôt beau, ce qui éveilla chez lui cette jalousie à laquelle il n’avait jamais pu s’habituer. Il était l’aîné d’une famille de cinq enfants. A l’âge de trois ans il avait commencé à partager l’amour de ses parents avec son jeune frère, ensuite avec ses trois sœurs mais il n’avait jamais pu s’en accommoder. Une femme le regardait. Ca devait être la curiosité. Gwen connaissait les femmes. Il savait qu’elles n’en manquaient jamais. - Vous fumez? Elle avait déjà posé une question alors que l’homme se contentait de l’observer. Gwen ne répondis pas. Il était pourtant franc fumeur. Il ne se privait jamais quand il s’agissait de tirer une bouffée. Cigarette, cigare, pipe, à eau même, rien ne l’arrêtait quand il s’agissait de s’encrasser les poumons. Mais la femme n’attendit pas la réponse. A peine la question posée, elle s’éloigna d’un pas assuré vers une autre pièce qui devait être la chambre à coucher car elle se trouvait derrière la seule porte existante, hormis celle de l’entrée et une autre, vitrée, à travers laquelle on pouvait voir un lopin de terre, généreusement garni. La petite maison se présentait de plein pied, une seule pièce, spacieuse, très peu meublée mais de bon goût.

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Publié le 19 juin 2013
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Langue Français

Extrait

Donner sans reprendre, un idéal à obtenir
L’homme se retourna. Malgré le manque de clarté, Gwen du constater
qu’il était plutôt beau, ce qui éveilla chez lui cette jalousie à laquelle il n’avait jamais pu
s’habituer. Il était l’aîné d’une famille de cinq enfants. A l’âge de trois ans il avait commencé à
partager l’amour de ses parents avec son jeune frère, ensuite avec ses trois sœurs mais il n’avait
jamais pu s’en accommoder. Une femme le regardait. Ca devait être la curiosité. Gwen
connaissait les femmes. Il savait qu’elles n’en manquaient jamais.
- Vous fumez?
Elle avait déjà posé une question alors que l’homme se contentait de l’observer. Gwen ne
répondis pas. Il était pourtant franc fumeur. Il ne se privait jamais quand il s’agissait de tirer une
bouffée. Cigarette, cigare, pipe, à eau même, rien ne l’arrêtait quand il s’agissait de s’encrasser
les poumons. Mais la femme n’attendit pas la réponse. A peine la question posée, elle s’éloigna
d’un pas assuré vers une autre pièce qui devait être la chambre à coucher car elle se trouvait
derrière la seule porte existante, hormis celle de l’entrée et une autre, vitrée, à travers laquelle on
pouvait voir un lopin de terre, généreusement garni. La petite maison se présentait de plein pied,
une seule pièce, spacieuse, très peu meublée mais de bon goût. Elle revint avec dans les mains
une boîte qu’elle ouvrit dans un empressement qui la fit trembler, attirant le regard des deux
hommes qui se tenaient jusque là face à face, se scrutaient de pied en cape, tels deux chats égarés
cherchant à conquérir le même foyer. Les cigares qui la contenaient avaient du leur faire oublier
toute animosité car, à peine leurs yeux rencontrèrent le contenu de la boîte, qu’ils se perdirent
chacun dans leurs propres rêves, faits de volutes et de fumée.
Des cigares, Gwen avait eu l’occasion d’en goûter par le passé. C’était son père qui l’avait initié
à la façon dont il fallait se comporter quand un étranger vous invite à en fumer. Il prétendait que,
le plus souvent, c’était une façon de faire connaissance. « Celui qui t’offre le cigare ne cherche
qu’une seule chose, te mettre à l’épreuve. » Voilà ce que son père lui répétait avant chaque leçon,
et Gwen ne manqua pas de s’en souvenir quand la main tremblante de la femme se tendis vers lui,
prolongée par cette boîte à laquelle elle semblait vouer un véritable culte, si bien que son visage
transpirait la dévotion, un visage à la peau de lait, à peine ombré par une chevelure sombre et
tombante, longue et généreuse comme ses doigts qu’elle y glissait, d’un geste fragile mais rempli
d’une ferveur dont seules les femmes peuvent se venter d’être affublées. Aussi il y avait cette
boîte qu’elle tenait et qui n’avait pas manqué de raviver chez notre voyageur quelques souvenirs
jusque là enfouis. Il en possédait une semblable avant, c’était quand il était enfant. Personne ne
pouvait y toucher. Elle renfermait tout ce à quoi il donnait de l’importance. La boîte n’était pas
bien grande, à peine plus grande que celle qui se trouvait là sous ses yeux. Si bien que la plupart
du tant, elle ne contenait que de l’argent. Il n’avait alors pas plus de cinq ans, chaque objet
passant dans ses mains finissait inéluctablement en menue monnaie, qu’il comptait et recomptait
à longueur de journée. C’était comme ça qu’il avait commencé à aimer l’argent. Pour le peu de
place qu’il demandait.
- Combien?
- Je ne vous vends rien.
- Non bien sur.
Il n’avait pas pu s’en empêcher. Quel qu’était la boîte qui se présentait, il devait connaître le prix
de ce qu’elle renfermait. Rien ne lui semblait plus important. Le cendrier contenait l’équivalent
1Donner sans reprendre, un idéal à obtenir
d’au moins un paquet fumé. A peine l’homme eu t’il écrasé sa cigarette qu’il en alluma une
autre. Il s’adressa alors à Gwen.
- Ne faites pas tant d’histoire. Profitez. Vous n’en avez certainement jamais goûté de semblables.
Comme attirée par cette voie grave et enjouée. La femme avait déposé son regard sur l’homme.
Ses yeux disaient la crainte d’être abandonnée.
- Evitez donc de vous fier aux apparences. Je n’ai pas votre carrure, mais mon souffle n’en est
pas moins exercé.
- Décidément, vous me plaisez.
Gwen était petit, les épaules pas bien larges, mais centré, stable, la tête pas trop éloignée de la
terre. Le marin, lui, était grand, mais trop. C’est du moins ce qu’avait pensé Gwen quand la tête
de ce dernier se mis à flirter avec le plafonnier qui, malgré sa vétusté, avait l’air d’aimer ça. Si
bien que, à l’instant où l’homme s’était approché, son crâne luisant semblait sortis d’un rendez
vous intime avec le firmament. Gwen avait l’habitude de marcher le nez en l’air. Mais il avait
toujours préféré la terre. Ce qu’elle avait à offrir lui semblait plus à sa portée. Se pencher pour
ramasser, voilà ce qui le faisait vibrer. La première fois, c’était à l’âge où on commence à peine à
marcher, il avait trébuché sur une pièce de cinq franc. Tout de suite, ça avait été comme une
révélation. Il s’était enfin senti exister. Jusque là, rien ni personne n’avait pu lui procurer pareille
sensation. Le cliquetis du métal contre sa chaussure. Cette lueur découverte quand ses yeux
s’étaient baissés pour regarder. Tout avait contribué à cet émerveillement qui ne l’avait d’ailleurs
jamais quitté. Ce jour là, ses yeux s’étaient écarquillés et, à part la lourdeur du sommeil, rien
n’avait jamais pu les refermer. Il était à l’affut du moindre objet qui aurait pu lui faire revivre
cette sensation là.
Gwen était épuisé par le voyage qui l’avait mené jusque là. Il aurait voulu se reposer mais il
fallait d’abord qu’il fume un de ces cigares, histoire de se familiariser avec l’air qui se respirait
ici. Car il allait devoir rester, il le sentait. Ce n’était pas dans ses habitudes. Il n’aimait jamais
trop s’éterniser. Chaque lieu renferme sa propre histoire avec laquelle il fini toujours par se
familiariser. Et la famille, il n’avait jamais aimé ça. Trop de proximité. Sa boîte l’avait sauvé de
ça. Permis de s’éloigner. Prendre le large. Trouver une autre histoire à nourrir. Les femmes aussi
veulent faire l’histoire, c’est pour ça qu’elles font des enfants. Elles se sentent investies d’une
mission. Celle de Gwen était de se faire oublier. Noyer le souvenir de sa vie. Au fur et à mesure
que celle-ci se déroulait. Presqu’à son insu. Mais pas tout à fait.
- Permettez-moi d’en douter. Les hommes comme vous n’ont de l’estime que pour eux même.
D’ailleurs, il n’y a qu’à vous regarder. Tous ces tatouages…
- Question de peau.
- Oui, mais la vôtre. Vous arrive-t-il de tendre la main pour caresser?
Gwen se tourna alors vers la femme. Le mot « caresser » l’avait fait tressauter.
- Vous savez, il y a beaucoup de chats errant ici. Ils n’ont aucune envie d’être caressés. Martha et
moi, nous sommes comme eux. Nous avons toujours vécu ici. Notre mère nous a mis au monde
sur cette table, là. Elle ne nous a jamais pris dans ses bras.
Gwen était bluffé. Cette femme serait sa sœur. Du moins c’était ce qu’il pensait avoir compris.
Cet homme n’était pas clair. Rien ici ne l’était. Mais après tout, ce n’était pas son affaire. Sa
sœur, sa mère, rien que des histoires de famille… Mais quand même, cette femme…
2Donner sans reprendre, un idéal à obtenir
- Vous devriez essayer. Une étreinte, quelque fois…
- Alors, on se le fume ce cigare.
- On se le fume.
Elle n’avait pas bougé. Sa main tremblait toujours autant. Gwen se surpris alors à aimer ça. Ce
tremblement. Il eu soudain envie d’&#

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