Gambara
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Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome II. Quinzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : La vie d’une femme commence à sa première passion, dit Andrea, ma chère Marianna a commencé à vivre seulement du jour où elle a vu pour la première fois Paolo Gambara, il lui fallait une passion profonde à savourer, il lui fallait surtout quelque intéressante faiblesse à protéger, à soutenir. La belle organisation de femme dont elle est douée appelle peut-être moins encore l’amour que la maternité. Vous soupirez, Marianna ? J’ai touché à l’une des plaies vives de votre cœur. C’était un beau rôle à prendre pour vous, si jeune, que celui de protectrice d’une belle intelligence égarée. Vous vous disiez : Paolo sera mon génie, moi je serai sa raison, à nous deux nous ferons cet être presque divin qu’on appelle un ange, cette sublime créature qui jouit et comprend, sans que la sagesse étouffe l’amour. Puis, dans le premier élan de la jeunesse, vous avez entendu ces mille voix de la nature que le poëte voulait reproduire.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 29
EAN13 9782824709758
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
GAMBARA
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
GAMBARA
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0975-8
BI BEBO OK
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sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.GAMBARA
M. LE MARQU IS DE BELLO Y .
C’ est au coin du feu, dans une my stérieuse , dans une splendideA r etraite qui n’ e xiste plus, mais qui viv ra dans notr e souv enir , et
d’ où nos y eux dé couv raient Paris, depuis les collines de Belle v ue jusqu’à
celles de Belle ville , depuis Montmartr e jusqu’à l’ Ar c-de- T riomphe de
l’Étoile , que , p ar une matiné e ar r osé e de thé , à trav er s les mille idé es qui
naissent et s’éteignent comme des fusé es dans v otr e étincelante conv
ersation, v ous av ez, pr o digue d’ esprit, jeté sous ma plume ce p er sonnag e
digne d’Hoffman, ce p orteur de trésor s inconnus, ce pèlerin assis à la
p orte du Paradis, ayant des or eilles p our é couter les chants des ang es,
et n’ayant plus de langue p our les rép éter , agitant sur les touches d’iv oir e
des doigts brisés p ar les contractions de l’inspiration divine , et cr o yant
e xprimer la musique du ciel à des auditeur s stup éfaits. V ous av ez cré é
GAMBARA, je ne l’ai qu’habillé . Laissez-moi r endr e à César ce qui
app artient à César , en r egr eant que v ous ne saisissiez p as la plume à une
ép o que où les g entilshommes doiv ent s’ en ser vir aussi bien que de leur
ép é e , afin de sauv er leur p ay s. V ous p ouv ez ne p as p enser à v ous  ; mais
v ous nous de v ez v os talents.
Le pr emier jour de l’an mil huit cent tr ente et un vidait ses cor nets de
1Gambara Chapitr e
drag é es, quatr e heur es sonnaient, il y avait foule au Palais-Ro yal, et les
r estaurants commençaient à s’ emplir . En ce moment un coup é s’ar rêta
de vant le p er r on, il en sortit un jeune homme de fièr e mine , étrang er sans
doute  ; autr ement il n’aurait eu ni le chasseur à plumes aristo cratiques, ni
les ar moiries que les hér os de juillet p our suivaient encor e . L’étrang er
entra dans le Palais-Ro yal et suivit la foule sous les g aleries, sans s’étonner
de la lenteur à laquelle l’affluence des curieux condamnait sa démar che , il
semblait habitué à l’allur e noble qu’ on app elle ir oniquement un p as
d’ambassadeur  ; mais sa dignité sentait un p eu le théâtr e  : quoique sa figur e fût
b elle et grav e , son chap e au, d’ où s’é chapp ait une touffe de che v eux noir s
b ouclés, inclinait p eut-êtr e un p eu tr op sur l’ or eille dr oite , et démentait
sa gravité p ar un air tant soit p eu mauvais sujet  ; ses y eux distraits et à
demi fer més laissaient tomb er un r eg ard dé daigneux sur la foule .
―  V oilà un jeune homme qui est fort b e au, dit à v oix basse une grisee
en se rang e ant p our le laisser p asser .
― Et qui le sait tr op , rép ondit tout haut sa comp agne qui était laide .
Après un tour de g alerie , le jeune homme r eg arda tour à tour le ciel
et sa montr e , fit un g este d’imp atience , entra dans un bur e au de tabac, y
alluma un cig ar e , se p osa de vant une glace , et jeta un r eg ard sur son
costume , un p eu plus riche que ne le p er meent en France les lois du g oût. Il
rajusta son col et son gilet de v elour s noir sur le quel se cr oisait plusieur s
fois une de ces gr osses chaînes d’ or fabriqué es à Gênes  ; puis, après av oir
jeté p ar un seul mouv ement sur son ép aule g auche son mante au
doublé de v elour s en le drap ant av e c élég ance , il r eprit sa pr omenade sans
se laisser distrair e p ar les œillades b our g e oises qu’il r e ce vait. and les
b outiques commencèr ent à s’illuminer et que la nuit lui p ar ut assez noir e ,
il se dirig e a v er s la place du Palais-Ro yal en homme qui craignait d’êtr e
r e connu, car il côto ya la place jusqu’à la fontaine , p our g agner à l’abri des
fiacr es l’ entré e de la r ue Fr oidmante au, r ue sale , obscur e et mal hanté e  ;
une sorte d’ég out que la p olice tolèr e auprès du Palais-Ro yal assaini, de
même qu’un majordome italien laisserait un valet néglig ent entasser dans
un coin de l’ escalier les balay ur es de l’app artement. Le jeune homme
hésitait. On eût dit d’une b our g e oise endimanché e allong e ant le cou de vant
un r uisse au gr ossi p ar une av er se . Cep endant l’heur e était bien choisie
p our satisfair e quelque honteuse fantaisie . P lus tôt on p ouvait êtr e
sur2Gambara Chapitr e
pris, plus tard on p ouvait êtr e de vancé . S’êtr e laissé convier p ar un de ces
r eg ards qui encourag ent sans êtr e pr o v o cants  ; av oir suivi p endant une
heur e , p endant un jour p eut-êtr e , une femme jeune et b elle , l’av oir
divinisé e dans sa p ensé e et av oir donné à sa légèr eté mille inter prétations
avantag euses  ; s’êtr e r epris à cr oir e aux sy mp athies soudaines, ir résistibles  ;
av oir imaginé sous le feu d’une e x citation p assagèr e une av entur e dans un
siè cle où les r omans s’é criv ent pré cisément p ar ce qu’ils n’ar riv ent plus  ;
av oir rê vé balcons, guitar es, stratagèmes, v er r ous, et s’êtr e drap é dans le
mante au d’ Almaviva  ; après av oir é crit un p oëme dans sa fantaisie , s’ar
rêter à la p orte d’un mauvais lieu  ; puis, p our tout dénoûment, v oir dans la
r etenue de sa Rosine une pré caution imp osé e p ar un règlement de p olice ,
n’ est-ce p as une dé ception p ar laquelle ont p assé bien des hommes qui
n’ en conviendr ont p as  ? Les sentiments les plus natur els sont ceux qu’ on
av oue av e c le plus de répugnance , et la fatuité est un de ces sentiments-là .
and la le çon ne va p as plus loin, un Parisien en pr ofite ou l’ oublie , et le
mal n’ est p as grand  ; mais il n’ en de vait p as êtr e ainsi p our l’étrang er , qui
commençait à craindr e de p ay er un p eu cher son é ducation p arisienne .
Ce pr omeneur était un noble Milanais banni de sa p atrie , où quelques
é quip é es libérales l’avaient r endu susp e ct au g ouv er nement autrichien.
Le comte Andr e a Mar cosini s’était v u accueillir à Paris av e c cet empr
essement tout français qu’y r encontr er ont toujour s un esprit aimable , un
nom sonor e , accomp agnés de deux cent milles liv r es de r ente et d’un
char mant e xtérieur . Pour un tel homme , l’ e xil de vait êtr e un v o yag e de
plaisir  ; ses biens fur ent simplement sé questrés, et ses amis l’infor mèr ent
qu’après une absence de deux ans au plus, il p our rait sans dang er r ep
araîtr e dans sa p atrie . Apr es av oir fait rimer crudeli affanni av e c i miei
tiranni dans une douzaine de sonnets, après av oir soutenu de sa b our se
les malheur eux Italiens réfugiés, le comte Andr e a, qui avait le malheur
d’êtr e p oëte , se cr ut libéré de ses idé es p atriotiques. D epuis son ar rivé e ,
il se liv rait donc sans ar rièr e-p ensé e aux plaisir s de tout g enr e que Paris
offr e gratis à quiconque est assez riche p our les acheter . Ses talents et sa
b e auté lui avaient valu bien des succès auprès des femmes qu’il aimait
colle ctiv ement autant qu’il conv enait à son âg e , mais p ar mi lesquelles il
n’ en distinguait encor e aucune . Ce g oût était d’ailleur s sub ordonné en
lui à ceux de la musique et de la p o ésie qu’il cultivait depuis l’ enfance

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